Comment est né le groupe ?
Quand je jouais avec Orville Brody, je me suis trouvé des affinités avec le contrebassiste, Mr Tof. Il avait déjà vu le Rio Cinéma Orchestra en concert et il a adoré. On est devenu très copain. J’étais en tournée l’été 2016 avec mon projet solo et lui il était en tournée avec un trio mais un des musiciens n’était plus disponible pour une date et donc il nous a proposé de monter, avec Tonio (Marinescu Ndlr), un trio de rock’n roll au pied levé. J’en ai parlé à Tonio qui m’a tout de suite dit oui. Il nous fallait un nom en urgence. On venait de parler du film « Les Tontons Flingueurs ». J’ai proposé les Volfonis et tout le monde a trouvé ça bien !
Vous avez fait le concert ?
Bien sûr, on a joué du rock classique en trio moi, Mr Tof et Tonio et tout le monde a apprécié. On nous a calé tout de suite une date au Bistrot de la Cité à Rennes pour la rentrée 2016 et voilà c’était parti.
Vous ne faisiez que des reprises ?
Oui mais à la fin du concert au Bistrot de la Cité, Seb de Beast-Records nous dit : « J’aime bien, je sortirai bien un disque, faites-moi 10 titres, moitié reprises, moitié compositions originales ». Je sentais bien le truc et tout de suite on a commencé à composer. Malheureusement Tonio est décédé cette année-là. On l’a remplacé par Georges (que nous avons remercié il y a 2 ans) à la batterie et on a été programmé au Festival de Binic l’été suivant. On n’avait pas encore enregistré et sorti l’album. Quand ils ont sorti le programme du festival il y avait un lien pour nous mais ça arrivait sur la page d’un groupe de rap de Bordeaux. Je me suis aperçu à ce moment-là qu’il y a pleins de groupes qui s’appelaient comme nous. Un jour j’ai reçu un message d’un groupe de Bordeaux qui faisait du rythm’n blues, qui tournait depuis 15 ans et qui portait ce nom. Ils me demandaient d’en changer.
Et alors ?
Je voulais changer de nom, principalement parce que nous on jouait du rockabilly et du rock. On ne se revendiquait absolument pas d’Audiard avec le côté franchouillard, même si j’adore le film et Audiard… Beast-Records voulait qu’on conserve ce nom et là j’ai proposé, Wolfoni avec ce jeu de mots avec Wolf.
Tu définirais ça comment ta musique : c’est du rock, du rockabilly… ?
On joue électrique, on a une batterie : on fait du rock’n’roll ! Sur scène et sur l’album on reprend les Ramones sauce rockab’ si on peut dire.On joue du rock un peu comme peut le faire Brian Setzer ! Un bon mélange.
Vous ne craignez pas les puristes ?
Non, pas du tout ! On n’est pas des puristes et franchement le côté uniforme me fatigue ! J’aime beaucoup le rockabilly mais et il existe une scène mondiale très vivace. Les puristes, on les trouve surtout dans le public !
Mais vous avez une contrebasse !
Oui, parce que le contrebassiste vient vraiment du milieu rockabilly. Il a commencé là-dedans et il a toujours un groupe de rockab’ !
Le groupe commence vraiment à être reconnu par le public et les médias ?
Oui parce que nous faisons les choses très sérieusement ! On est tous intermittent avec le groupe et franchement ce projet est super fun à jouer. A la base je me suis retrouvé chanteur et puis le contrebassiste a commencé à vouloir chanter et je le pousse à le faire. Un jour on reprenait « Folsom Prison Blues » de Johnny Cash et j’ai proposé au batteur de la chanter car il la connaissait, ce qu’il a très bien fait avec une super voix. Sur le nouvel album on chante tous plusieurs titres… donc oui c’est sérieux parce qu’on a un label, on sort des disques, on fait des concerts mais on continue à faire un truc très fun en se faisant plaisir, ce qui est essentiel !
Tu parlais de Johnny Cash : c’est votre plus grosse influence ?
Pas du tout, il fait partie des influences mais c’est un peu occulter d’autres choses. Par exemple, il y a des instrumentaux dans Wolfoni, dont un que j’ai repris du Rio Cinéma Orchestra.
Ce serait quoi vos influences ?
Carl Perkins, Johnny Burnette, les Ventures, Restless, Slim Harpo, Link Wray… le rock des années 50/60. Par exemple, j’adore la surf-music ! Notre contrebassiste, qui pourrait passer pour un puriste, adore le punk rock, notamment les Ramones ! Moi, je suis un gros fan de Cramps et de Heavy Trash aussi…
Mais le groupe ne cesse de progresser et de prendre de l’importance ?
Bien sûr, avec notre nouveau batteur, Clément, qui a produit notre album, tout s’est fait dans une alchimie humaine parfaite et inattendue. Il n’y a jamais de problème entre nous, il y a une bonne entente. On peut jouer partout : de la Salle de la Cité à dans la rue ! Cette musique provoque l’adhésion du public !
Mais vous avez quand même des attributs du rockabilly, je pense notamment à votre contrebassiste !
Lui, oui, il vient de là : il a le look, c’est naturel, pas une pose et c’est un vrai personnage à la fois sur scène et dans la vie. Je l’appelle « le Jean Gabin du rockabilly ». Et moi j’ai toujours travaillé ce style ça fait partie des bases, comme le blues… On ne veut pas rentrer spécialement dans le circuit rockabilly mais on acceptera toujours de jouer dans leurs festivals s’ils le veulent ! Tof le connaît bien et il sait que ça « ronronne » un peu. C’est un mec qui est ravi d’avoir rencontré des mecs comme nous : ça le change !
Le groupe est-il en train de « décoller » ?
Décoller, je ne sais pas. Il avance en tous cas… même si on prend les choses les unes après les autres avec beaucoup plus de propositions pour Wolfoni que sur mes autres projets. C’est un groupe qui est plus fédérateur que les autres. Sur mon projet solo j’aime que l’on m’écoute, que l’on fasse attention à ce que je fais, alors qu’avec Wolfoni je lâche prise et quand je monte sur scène avec le groupe j’ai toujours 25 ans. Ça c’est magique (rires) !
Est-ce que tu ne penses pas que Wolfoni joue la musique « universelle » ?
(Rires) Waouh !!! En matière de rock ? Oui je le pense. C’est un groupe qui peut plaire à tous les publics. Ça fait danser aussi, c’est une musique intemporelle !
Mais c’est une musique instinctive qui n’a pas été pensée ?
Oh oui, on joue ce que l’on sent. Par exemple, sur le nouvel album il y a des compositions moins sophistiquées que sur le premier. Ça peut paraître bizarre mais j’aime de plus en plus être un guitariste de rock’n’roll. On ne s’ennuie plus à faire des trucs compliqués : on joue et voilà !
Et vous chantez en anglais ?
Cette musique est à la base en anglais et puis nous les bretons on a toujours ce côté : « on est prêt de l’Angleterre », « après Brest c’est New York »… Le vrai rock’n’roll transmet des textes simples, sur des choses essentielles, les mots doivent swinguer.
Vous pourriez ouvrir le groupe à d’autres musiciens : un pianiste, un sax ou un autre guitariste ?
Non, je ne pense pas. Peut-être que pour un enregistrement on pourrait rajouter un instrument pour donner une autre « couleur » mais on restera un trio je pense. C’est particulier comme formule : chacun connaît son rôle et doit assurer.
Vous avez joué où ?
En Bretagne principalement parce que c’est là où on peut le plus jouer en France. J’ai un petit réseau dans le nord de la France vers la frontière belge… On a joué à Montreuil aussi mais pas à Paris : on s’en fout un peu de jouer là-bas !
C’est quoi vos projets ?
On sort le deuxième album, on a quelques dates mais c’est compliqué de relancer le truc après le Covid. La batteur a un autre groupe, moi j’ai ma carrière perso et Crocodile Boogie, où je joue juste de la guitare et j’adore ça, et Tof a aussi son autre groupe.
Ce serait quoi ton modèle de groupe ?
Les Stray Cats ce serait un peu facile… les Cramps, pas pour l’attitude on est pas aussi sexy, mais pour cette façon de s’approprier des morceaux inconnus et les inclure au répertoire, on essaie de faire ça aussi… Je ne sais pas trop… C’est juste du rock’n’roll avec une bonne rythmique !
Tu ne penses pas que ton disque est un peu le disque obligatoire musicalement pour faire découvrir aux enfants ce qu’est le rock ?
Houlà ! C’est un disque très spontané, qui a été fait en trio et c’est vraiment important. On a fait le disque en deux jours et les voix en direct. On voulait que le disque soit comme ça. Je me suis interdit de refaire des trucs, il sonne comme il doit sonner. C’est un disque dont on est fiers. J’ai un vrai plaisir à le réécouter.
C’est un disque qui dégage un vrai plaisir !
Tant mieux : c’est le but. On s’amuse beaucoup, on ne se pose pas de questions et ça s’entend sur l’album !
Tu veux dire quoi pour la fin ?
J’ai tout dit avant !
Pascal Karels (guitariste de Frakture, qui a beaucoup joué avec Gil et présent à l’interview Ndlr) : Moi je voudrais dire que j’ai beaucoup appris à son contact : c’est un musicien très ouvert qui m’a permis de faire des choses assez bien.
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