Il est né comment ce disque ?
Par accident ! Je voulais me changer les idées à une époque où beaucoup de potes venaient de partir, des gens comme Fred Loret ou Tonio Marinescu. J’ai enregistré avec des amis australiens qui étaient de passage. Les lendemains de concert, la plupart du temps on voyait si Jibé (Polidoro, réalisateur et guitariste du disque, NDLR) pouvait ouvrir son “suppa soup“ studio. Parfois il pouvait et parfois il ne pouvait pas, on voyait… Je voulais faire des covers et une collection de chansons que j’aimais bien. Sur le disque, les deux seuls musiciens présents du début à la fin sont Gil (Riot, NDLR) et Jibé (Diem, réalisateur de l’album, NDLR). C’est eux la trame de l’album ! Mais c’est vraiment des chansons ajoutées les unes à la suite des autres sans logique précise.
Ça a commencé quand ?
Il y a un an et demi à peu près, mais à la base je ne savais même pas si j’allais le sortir. Je voulais juste m’amuser avec des potes, essayer de nouvelles choses.
Tu définirais comment le disque et ta musique ?
Du Swamp rock peut-être (un mélange de folk et de blues du sud des Etats-Unis, NDLR) ou tout simplement du rock. Il y a un peu de blues, de country et du rock seventies avec une énergie punk !
C’est un son qui vient plus du sud des USA ?
En fait mes influences sont surtout Melbourne et Memphis. Ce sont les deux villes qui m’ont inspiré, que ce soit en blues, en punk, en rock et même en pop. Cela restera toujours mes deux destinations préférées.
Tu l’as fait où et avec qui ?
Il y a les Australiens Pete Ross and the Sapphire ou Midnight Scavengers. Mais ceux qui ont suivi le projet du début à la fin, ce sont Gil Riot et Jibé Diem, qui a le studio où nous avons enregistré. C’est eux qui m’ont mis en confiance et qui m’ont aidé à produire. Tout a été fait de manière très spontanée, je suis instinctif et je n’avais pas trop de recul sur ce qu’on avait fait, mais l’idée de faire un album a fini par germer.
Il y a cinq compos et cinq reprises : Dogs D’Amour, Beasts Of Bourbon, Johnny Cash, Compulsive Gamblers et un texte de Billie Holiday.
Si tu viens chez moi, tu trouveras 200 à 300 disques de country qui ont été faits entre 1967 et 1977 (l’âge d’or de cette musique), eh bien tous ces disques sont faits comme ça : un mélange de compos et de reprises et toujours 10 titres. Ça a été la recette de Johnny Cash à la grande époque Columbia entre autres. Il faut partager et retravailler des chansons. Pour les Dogs D’Amour, c’est un hommage à deux potes qui ont disparu et à nos années glam destroy. Pour ce qui est des Beasts of Bourbon, je jouais déjà ce titre avec les Dead Horse Problem, et puis j’avais envie de rendre hommage à Spencer P. Jones (le guitariste du groupe, ndlr), qui venait de disparaître.
On peut faire un parallèle avec Nick Cave ?
C’est très flatteur mais je ne suis plus un grand fan, il reste un frontman hors norme mais mis à part quelques albums, il peut parfois être soporifique. Je trouve personnellement qu’en Australie beaucoup d’élèves ont dépassé le maître, des Spoils à Kill Devil Hills. À force de trop intellectualiser sa musique, le message est devenu certes poétique mais parfois indigeste (ce n’est que mon humble avis). Je le préfère avec Grinderman, quand cela devient plus physique et plus intense.
Tu en es où par rapport à Head On ? Parce que là, on a l’impression que tu as voulu faire une récréation !
Avec Head On, on sort un six titres dont on est super fiers, mais le projet est en suspens. Quand le guitariste est à 150 km et le bassiste à 100 km, c’est compliqué. Si le groupe ne peut pas ou alors très peu répéter, c’est chiant : il ne progresse pas. Pourtant ça a été notre gros projet, qui nous a emmenés un peu partout. Quand tu es dans un groupe, soit tu joues, soit tu ne joues pas mais tu ne fais pas les choses à moitié. Tu dois organiser ta vie pour faire le truc correctement et c’est parfois très compliqué. On a tous des side projects différents et intéressants qui nous occupent pas mal (Bed Bunker / Torrey Canyon / Bokkassa / Cannon Fodder / Sweat Dream). De toute façon, mieux vaut que ce soit court et bon que long et chiant. Les vieux groupes qui jouent toujours le même répertoire me font de la peine la plupart du temps.
L’album s’appelle « Family Affair » et un morceau s’appelle Jim, comme ton fils : c’est un album familial ?
Non, je l’ai appelé comme ça parce que la plupart de mes potes zicos ont été sollicités pour cet album. Ça pouvait parfois ressembler à une réunion familiale avec ses bouffes arrosées et ses discussions passionnées. JY Gargadennec, un super photographe, avait pris une photo de mon fils et moi à cette époque. Cela m’a semblé naturel de l’utiliser pour la pochette et puis comme mon fils est beau, c’était plus vendeur (rire).
Ça se passe comment sur scène ?
On a deux sœurs canadiennes, Stella qui a 20 ans et Pialli, 25, qui vient du cirque. Elles assurent la section rythmique et les harmonies vocales en plus d’apporter énormément de fraîcheur. Je voulais un groupe mixte avec des gens de tout âge. Il y a aussi Gil Riot et Jibé aux guitares. Ça sonne vraiment très Swamp. On est passé en mode électrique pour les live, et j’ai l’impression que ça marche plutôt bien.
Sur scène, c’est énergique mais aussi mélodique : tu n’as pas envie que cela soit plus « rock » ?
Le projet est bien défini et chacun connaît son rôle. C’est varié mais super cohérent avec des morceaux plus rock Stonien et des morceaux plus mid tempo, voire country hantée. J’ai toujours aimé le Gun Club ou les Beasts of Bourbon, ce genre de groupe qui sait alterner les tempos.
Tu as d’autres reprises sinon, à part celles du disque ?
Non, après ce ne sont que des originaux. On a des compos qui sont prêtes et qu’il faut enregistrer. Tout a été très vite. J’ai la chance de travailler avec des gens qui comprennent vite ce que je veux et ça marche tout de suite. Humainement et musicalement ça fonctionne très bien. On va tout déchirer !
Tu vas donc sortir un nouveau disque ?
Oui, on va enregistrer en live ! De toute façon, il faut toujours enregistrer en live. On va faire 10 titres, on retravaillera sans doute l’affaire avec un peu d’overdub pour les voix et les guests s’il y en a, et voilà ! Ce sera chez Franck (Head On Ndlr), dans son studio “Fly House”. Je le ferai mixer par Arthur, de l’abri 101, et masteriser par Loki Lockwood, en Australie, un mec que je connais bien et qui fait toujours un super boulot.
Pourquoi les Australiens sont-ils aussi forts ?
Parce qu’ils n’ont pas été chouchoutés ! Parce que les programmes tv et les radios ne diffusent pas de la daube, parce que c’est le public qui décide de la notoriété d’un groupe pas la presse… Pour jouer là-bas, il faut se battre. À Melbourne tu as 100 clubs qui tournent 7 j/7, ce qui te fait environ 300 groupes par soir dans les clubs, pratiquement 365 jours par an… Tu as plutôt intérêt à être bon si tu veux sortir du lot.
Il a été reçu comment, le disque ?
Bien, surtout par les médias web et fanzines, de bonnes chroniques et des passages radios. On a tout vendu en vinyle, il me reste juste des CD. Nos distributeurs notamment australiens et américains nous ont pris pas mal de copies et c’est parti très vite à ma grande surprise. On a tout écoulé en quelques mois (comme quoi un attaché de presse n’est pas toujours nécessaire…), on espère le re-presser rapidement en attendant le nouvel album.
Tu pourrais aller jouer en Australie ou aux USA avec ce projet ?
J’ai déjà joué là-bas mais pas avec ce projet. On pourrait. J’en ai déjà parlé aux autres. Le problème c’est le budget pour y aller et surtout d’accepter l’éventualité de perdre un peu d’argent vu le prix des billets d’avion. L’avantage d’aller en Australie c’est que s’il te manque un ou deux zicos pour une raison ou pour une autre, il y aura toujours du monde sur place pour faire le job. J’ai joué là-bas sous le nom de Head On and Aussie friends avec Fred et Tony des SIXFTHICK, James Mc Cann et d’autres super mecs qui ont juste écouté les titres la veille du concert sans répéter au préalable. Cela ne nous a pas empêchés de faire un super concert. Spencer P. Jones, Brian Hooper et pleins d’autres potes étaient présents ce soir. Quel putain de souvenir !
C’est quoi tes projets ?
On a pas mal de bonnes dates à venir, on va faire tourner les nouveaux titres. Ensuite on va se mettre à bosser sérieusement sur le nouvel album.
Tu veux dire quoi pour la fin ?
Écoutez les disques de Spencer P. Jones, cela peut vous sauver la vie.
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