Pouvez-vous vous présenter ?
Tom Byars : Salut, mon nom est Tom Byars aussi connu sous le pseudo de Limey Lemon. J’étais guitariste, compositeur et aussi chanteur pour Out of the Fire.
Randy Cooksey : Bonjour, mon nom est Randy Cooksey et j’étais batteur de Out of Fire.
Parlez nous de votre passé musical
Tom Byars : J’ai commencé la musique au lycée dans un groupe appelé Ray Ugly and the Dogs. Après le lycée, j’ai enregistré et composé mes premières chansons en studio avec mon groupe Tom and the Teenagers. On faisait de la pop new wave tendance bubble gum. Je me suis toujours considéré avant tout comme un auteur-compositeur-arrangeur, et ensuite seulement comme un musicien.
Randy Cooksey : J’ai commencé la batterie très jeune, vers 8 ou 9 ans. Avant cela, je jouais du piano, puis du violon. Pendant que je jouais dans OOTF, j’ai emprunté une guitare et un ampli à Tom et j’ai commencé à apprendre à en jouer. Je crois que j’ai toujours été chanteur, du moins aussi loin que je me souvienne mais dans Out of the Fire je jouais de la batterie !
Quand et comment est né Out of the Fire ?
Tom Byars : En 1981, j’ai déménagé à Los Angeles avec mon frère Pat et mon ami Marco Fox, et nous avons formé mon groupe Tom and the Teenagers. Pendant plusieurs années, nous avons donné des concerts dans la plupart des clubs punk de Los Angeles : ON Klub, Lhasa Club, Cathay de Grande, Club 88, Club Lingerie sur Sunset Boulevard…
En 1984, le groupe s’est séparé, puis Marco et moi avons formé Out of the Fire. Mon camarade de fac Pete Nalda (accordéoniste et claviériste émérite venant d’Abilène) nous a rejoints aux claviers et nous avons passé une annonce pour recruter un batteur et un guitariste. Pete m’a aidé à co-écrire le premier album d’Out of the Fire. Ce fut une expérience formidable qui m’a permis de perfectionner ma méthode d’écriture. En 1981, j’ai vu The Unknowns jouer au Madame Wong’s, dans le quartier chinois de Los Angeles. Le Madame Wong’s était à la fois un restaurant et une salle de concert… Cette soirée reste encore dans mon cœur tant d’années après…
C’est lors de ce gig que j’ai rencontré Bruce Joyner. Quelques temps plus tard, je travaillais dans un studio d’enregistrement et Bruce cherchait un endroit pour enregistrer son deuxième album solo, « Slave Of Emotion » (qui sortira sur Closer Records en 1984). J’étais l’ingénieur du son sur cet album et c’est à ce moment-là que nous sommes devenus de très bons amis et des partenaires d’écriture. Après plusieurs années à composer ensemble, nous avons enregistré l’album « Hot Georgia Nights » en 1986. J’ai composé la musique et produit l’album. Peter Buck est venu jouer de la guitare sur trois morceaux. Nous avons donné de nombreux concerts et plus tard, Julie Patchouli (qui a aussi officié dans les Pandoras) nous a rejoints à la basse. En 1989, nous avons fait une tournée à travers le pays, en direction de l’Est, et nous avons fini par jouer au légendaire CBGB. Ensuite, j’ai décidé de retourner en Caroline du Sud en 1990, où Bruce Joyner m’a rejoint et nous avons créé une nouvelle version de Out of the Fire avec quelques-uns de mes vieux amis : John Jones, Shannon Mims et Randy Cooksey à la batterie.
Randy Cooksey : Dans les années 80, Tom a formé un groupe appelé Out of the Fire à Los Angeles. Quelques années plus tard, il s’est installé à Spartanburg, c’est là que nous nous sommes rencontrés. Tom et John Jones ont d’abord créé un groupe nommé The Haints et ils cherchaient un batteur. J’ai commencé à jouer avec eux et nous avons finalement décidé de changer de nom. Tom a suggéré Out Of The Fire, puisqu’il avait déjà eu un groupe portant ce nom. Bruce est ensuite venu nous rendre visite à Spartanburg et a tellement apprécié le groupe qu’il a décidé de s’y installer et de nous rejoindre. Nous avons ensuite accueilli le multi-instrumentiste Shannon Mims et nous étions alors prêts à conquérir le monde (ou du moins notre petit coin de paradis !).
Combien d’albums d’Out Of Fire sont sortis à l’époque ?
Randy Cooksey : La formation de Los Angeles avait déjà sorti un album chez Blast Records (« Into the Frying Pan » en 1988) ainsi que quelques singles. La formation de Spartanburg avait également enregistré quelques singles pour les magazines, les clubs et nos amis, mais il s’agit cette fois, avec « The Lost Tapes », de notre premier album studio, même s’il va sortir 34 ans après que nous l’ayons enregistré !
Pourquoi le groupe n’a-t-il pas continué ?
Randy Cooksey : Certains d’entre nous ont fini par déménager dans d’autres villes pour des raisons professionnelles, personnelles, etc. Tom, Bruce et Shannon ont travaillé ensemble dans d’autres groupes, de façon intermittente, au fil des ans.
Tom Byars : Les drogues, nos démons, puis la chute dans les abimes de l’indifférence…
Un album inédit d’Out of Fire, période Spartanburg, sortira prochainement. Quand, comment et avec qui a-t-il été enregistré ?
Randy Cooksey : L’album a été enregistré en septembre 1991 aux studios John Keane à Athens, en Géorgie. Peter Buck, de R.E.M., en a assuré la production. Mitch Easter, qui avait produit les premiers albums de R.E.M. et de nombreux autres artistes, est venu jouer et chanter sur quelques titres. David Barbe, qui avait joué dans un groupe d’Athens appelé Mercyland, travaillait alors aux studios John Keane et a finalement participé à l’ingénierie du son. Il formera plus tard le groupe Sugar avec Bob Mould. L’idée de cette collaboration avec Bob a d’ailleurs germé pendant les sessions d’enregistrement.
Pourquoi cet album n’est-il jamais sorti ?
Randy Cooksey : On ne l’a jamais vraiment terminé avant que le groupe ne se sépare. On avait parfois parlé de se retrouver pour le terminer, mais on ne l’a jamais fait. On a tous fini par se consacrer à d’autres projets. Après le décès de Bruce, j’ai décidé de fouiller dans nos vieilles bandes et j’ai retrouvé cette démo deux pistes. C’est une démo qui sonne super bien, mais ce n’est pas forcément ce qu’on imaginait pour le produit final. Il y a encore des paroles inachevées et des parties instrumentales qu’on voulait ajouter ou réenregistrer. En la réécoutant maintenant, je me dis qu’on aurait dû être plus satisfaits, mais on était très perfectionnistes à l’époque !
Philippe Gilard : ceci-dit, pour une démo, vu la qualité du groupe, la dynamique de l’enregistrement comme la classe absolue des arrangements, on est loin d’entendre pareil OVNI de nos jours ! Je ne n’imagine pas ce que vous souhaitiez à la fin, mais en l’état, vous avez pondu un album d’une qualité incroyable !
Tom Byars : Pour la petite histoire les bandes originales avaient soi-disant brûlées dans la bibliothèque d’un studio, mais elles ont été retrouvées l’année dernière par un petit miracle !
Quelles étaient vos influences musicales lors de l’enregistrement de cet album ?
Randy Cooksey : J’allais avoir 21 ans lorsque nous avons enregistré cet album. Parmi mes artistes préférés à l’époque, il y avait R.E.M., The Cure, Camper Van Beethoven, The Replacements, The Cult, The Church, The Beatles, XTC… principalement ce qui était considéré comme du « College rock » à l’époque aux États-Unis.
Tom Byars : Nous avions tous des influences musicales différentes, couvrant un très large spectre, mais pour moi, elles allaient des Beatles aux groupes Punk new-yorkais qui me trottaient constamment dans la tête.
Comment décrirais-tu cet album ?
Tom Byars : Une pièce sonore éphémère, un témoin de la brillance pop punk des années 1980 se fondant dans l’océan sonore de la scène d’Athens de l’époque.
Randy Cooksey : Je pense qu’il s’inscrit parfaitement dans le genre « College Rock ». J’étais le benjamin du groupe. Certains des autres protagonistes étaient influencés par des groupes des années 60 et 70, notamment le Surf Rock et le Garage Rock, genres que j’ai beaucoup appréciés après avoir rejoint le groupe. C’est un album très éclectique, tout en conservant un son distinct, personnel et cohérent.
L’album sortira sur un nouveau label, « Prairie Dogs Music ». Comment en avez-vous entendu parler ?
Randy Cooksey : Tom avait déjà discuté avec Philippe Gilard pour son groupe Lemonmnm, ainsi que pour l’organisation d’un hommage à Bruce après son décès.
Tom Byars : Cela fait longtemps, depuis 2012, que nous travaillons avec Philippe Gilard, déjà pour les deux derniers albums de Bruce Joyner sortis chez Closer Records mais aussi pour mon prochain album de Lemonmnm. Nous sommes toujours en étroit contact ensemble.
Comment ce label a-t-il vu le jour ?
Randy Cooksey : Je crois que Philippe a dit : « On devrait créer un label », et voilà (rires) !
Philippe Gilard : C’est à peu près çà oui ! Cela fait un moment que Jack Menant me tanne pour que je monte un label, mais, connaissant le travail que cela implique et vu l’état du marché du vinyl pour le genre de musique que l’on aime, l’idée ne m’intéressait que de très loin, voire pas du tout ! Nous avions l’intention, Tom, Bruce et moi, d’enregistrer un album acoustique pour la fin de l’année 2025. Puis… arriva le décès soudain de Bruce… Le fait notamment que ses funérailles se soient déroulées dans la plus grande discrétion, voire la plus grande confidentialité, m’a subitement motivé pour sortir un vrai hommage à Bruce et à son immense talent. Nous nous sommes concertés avec Tom et avons décidé de monter un label ensemble vu que nous avions beaucoup de matériel et pas mal d’enregistrements inédits en studio ou en live). Nous nous sommes dit qu’il nous fallait, de quelque manière que ce soit, honorer la mémoire de notre ami. Tom a monté un concert Mémorial (avec l’aide de Don Fleming) qui a eu lieu le 9 août dernier, date d’anniversaire de Bruce, à Atlanta. Don Fleming était le grand ami de Bruce, il est connu pour avoir produit Sonic Youth, Hole, Teenage Fan Club… mais c’était aussi un grand ami de Bruce depuis le groupe qu’ils avaient ensemble en 1978, The Stroke Band. De mon côté et avec l’aide de Tom et d’une équipe de mercenaires, nous avons monté le label pour sortir un album hommage, au moins. Pour rester cohérent, on a appelé le label « Prairie Dogs Music », le morceau « Prairie Dog » étant un morceau cosigné par Bruce et Tom. C’est un peu une histoire de famille et, au départ, une manière de donner un bel hommage à Bruce Joyner qui était un Homme fantastique, empli de simplicité et d’humanité. Comme dirait Alain Feydri, il aurait pu être un personnage de Jim Thompson ou de Faulkner, un des rares Gentil de cette littérature du Sud des USA, un de ceux qui incarnent le Bien de façon naturelle… Ils ne sont pas légions…
Qui fait partie du label ?
Randy Cooksey : Un groupe atypique de créatifs européens et nord-américains aux profils similaires mais très différents, tous supervisés par Philippe.
Philippe Gilard : Bon, je vais détailler un peu plus (rires) ! Nous avons monté une association de type Loi 1901. Nous sommes tous bénévoles et mus par une même idée du rock’n’roll. Nous partageons nos compétences pour faire vivre un projet commun avec une certaine éthique qui nous est chère. Les seuls bénéfices iront sur des sorties de groupes éventuelles à venir. Pour être plus clair et dévoiler l’équipe, par ordre d’apparition, le président c’est moi (John Wayne Supermarket, Closer Records…), le coprésident c’est Tom Byars, le secrétaire c’est Jack Menant, un ami qui a bossé chez New Rose, Média 7, Closer et que je connais bien. Il gère la communication et la promo au sens large, il est méticuleux, a la plume facile et nous expose toujours les avantages et désavantages que peuvent occasionner des décisions prises à l’emporte pièce. Le trésorier c’est Fred Mosrite, un archiviste et collectionneur de Rock Australien et de Garage Bands. Vous avez du le croiser à Binic ou au Cosmic Trip ! On le rencontre dans tous les concerts en France et à l’étranger et il est très sérieux, c’est un commercial de formation qui a bossé dans des assos solides et vertébrées de Blues notamment (Festival de Cahors entre autres choses…). Parmi les autres membres fondateurs, nous avons toi, François de Buzz on Web, cheville ouvrière qui s’occupe de la promo mais aussi des crowdfundings. Je tenais à t’avoir avec nous comme nous avons un éthique « populaire » partagée ! Pour la France, nos autres alliés sont Gladys de Cahors, une amie de Fred, elle est comptable de profession et elle va grandement l’aider à faire les comptes. Il y a aussi Jeff Oz, un fou furieux informaticien qui bossait pour la Silicone Valley et qui demeure un vrai expert en référencement (on ne comprend pas toujours ce qu’il nous explique mais il sait où il va…), Alain Feydri, mon écrivain préféré et mon partenaire de « poulpe parties », qui nous fait des bios, celles qui figureront sur les disques et en en-tête de crowdfunding et enfin Pierre Chaissac, notre pote qui se charge des plates-formes de streaming. Pour le versant Outre Atlantique, nous avons Franco Caré, de Toronto, un graphiste fabuleux avec qui je bosse pour mon groupe JWS depuis plus de 15 ans. Il a aussi un groupe Garage appelé Bad Wheels dont nous sommes tous fans. Le petit dernier c’est Randy Cooksey, le batteur originel de Out of the Fire, un taiseux mais super efficace, c’est par exemple lui qui nous a déterrées les bandes originales de Out of The Fire et les a transférées en digital. Voilà les différents mercenaires qui participent au projet et donnent de leur temps pour une cause que l’on ne croit pas forcément perdue.
Quelle est son ambition ?
Randy Cooksey : Excellente question ! (Rires)
Philippe Gilard : Juste sortir de bons disques avec une certaine éthique (voire une éthique certaine) de respect des groupes, des artistes et du public que nous pourrons éventuellement avoir. J’aimerais que nous restions disponibles, sans prétention, juste une équipe avec des rôles bien définis même si nous sommes tous assez polyvalents. Même si les sollicitations se multiplient, nous répondrons à toutes et nous écouterons avec attention toutes les démos. Ça c’est mon boulot en particulier et je répondrai toujours à tous les groupes. Bref, nous sommes ouverts à tout le monde, dans la limite de nos goûts et de nos références, et toutes les sorties seront votées de manières démocratique entre tous les membres du label.
Quelles sont les différentes étapes avant la sortie de l’album ?
Randy Cooksey : Je fais simplement ce qu’on me dit.
Philippe Gilard : Moi aussi ! Ce sera un long cheminement ! Déjà la préparation de l’appel participatif, les différentes étapes et étages, leur chiffrage etc. Ensuite, la tenue quotidienne du crowdfunding entre 6 à 8 semaines (il faut du matériel : interviews, vidéos etc…). Après, il nous faudra réaliser tous les envois postaux. Enfin, viendront les ventes une fois que le crowdfunding sera terminé : site de vente internet, disquaires… Puis l’organisation de concerts et de showcases… Tom Byars vient jouer en France en avril 2026… Bref, c’est un long processus et heureusement que nous sommes beaucoup à réfléchir dessus et qu’une partie du label s intéresse en particulier à sa mise en œuvre.
Quels sont vos différents projets après la sortie de l’album ?
Philippe Gilard : Le premier projet c’est Out of the Fire ! Je reste assez pragmatique, si celui-ci fonctionne relativement bien, nous pourrons, s’il y a lieu, financer d’autres albums avec un crowdfunding moindre selon les fonds de caisse. Le deuxième serait l’album de Lemonmnmn le groupe actuel de Tom Byars. Nous avons aussi de quoi faire un magnifique album hommage à Bruce Joyner avec des inédits et des lives de très bonne qualité… Après, nous avons, dans l’absolu plein de projets en gestation (des groupes canadiens comme Bad Wheels, hollandais comme Miners of Muzo, français comme John Wayne Supermarket…) mais pour l’instant c’est illusoire, je voudrais déjà que le premier appel participatif soit une réussite et nous sommes en train de nous y atteler !
Un dernier mot !
Randy Cooksey : Nous sommes vraiment impatients de sortir enfin cet album après l’avoir mis de côté pendant plus de trente ans. Nous n’avions pas les bandes multipistes originales pour pouvoir les rééditer, donc le son est vraiment identique à l’enregistrement original. Philippe a fait un excellent travail de mastering. Je trouve que l’enregistrement, ainsi que les chansons elles-mêmes, ont vraiment bien vieilli. J’espère que vous prendrez plaisir à l’écouter !
Philippe Gilard : On a besoin de tout le monde et on compte sur vous !
Tom Byars : La musique est un véritable réconfort. Bisous, depuis East Point, Géorgie (siège de lemonmnm) xoxoxo !
Spéciale dédicace à Véronique Pauvert, Franco Caré, Fred Mosrite et Jack Menant.
https://fr.ulule.com/out-of-the-fire/
https://prairie-dogs-music.com/





