En 2020 sortait « So blind to see » l’album de Frakture. Que s’est-il passé depuis cette période ?
J’espérais beaucoup de cet album. Malheureusement, il a été étouffé par la crise sanitaire, comme pour beaucoup d’artistes. Malgré tout, il a reçu quand même une bonne visibilité, notamment à travers la presse spécialisée. Mais ça a été quand même un coup de massue qui a calmé un peu mes ardeurs musicales pendant un temps. Un projet demande beaucoup d’investissement et je n’avais pas envie de rebondir tout de suite. Cette période m’a cependant été propice à me tourner vers d’autres univers. J’ai ainsi commencé à travailler sur le projet musical initié par Fanfan Daho (la sœur d’Etienne) avec un artiste très talentueux, Oden, un Ovni musical lyrique. Fanfan avait écrit une pièce de théâtre qui a été présentée. Elle m’a demandé d’écrire une chanson pour le final.
Pourquoi se lancer en solo ?
En 1981/82 je l’avais déjà fait sous le nom Sergeï Papail and the Scarlet Empresses. Je travaillais avec Pascal Trogoff. Nous avons fait deux concerts qui sont restés mémorables, et dont un a été remasterisé et sorti sur l’album « 30 Dreizig Eine Anthologie » sorti en 2011 sur le label Brouillard Définitif. Je voulais renouer avec cette expérience qui offre une liberté de création totale, sans les contraintes d’un groupe. Enregistrer des titres dont on se dit qu’on en a seul la maîtrise artistique est un luxe incroyable. Et puis c’est aussi une manière d’exprimer ce que l’on a au plus profond de soi. C’est aussi nourri de l’expérience de sa propre vie, de ses joies, ses peines, ses échecs.
Sergeï Papail (and the Faceless) est-il un hommage à Frakture (Cf Sans visage)
?
C’est bien sûr un clin d’œil mais pas seulement. C’est une façon de mettre aussi au cœur de ce projet quelqu’un qui compte énormément pour moi, Karels. Une face cachée mais dont l’ombre traverse aussi mon univers. C’est aussi mettre un mot sur des formes de pudeur qui traverse mes textes.
Quelles étaient tes influences au moment de l’enregistrement de l’album ?
Aucune, comme toujours, car je n’écoute quasiment pas de musique. Peut-être simplement l’amour face à un monde qui s’écroule...
https://www.youtube.com/watch?v=o79V8nKnJ1U
Où a été fait l’album et avec qui ?
A Rennes, dans le studio de Philippe Maujard. Philippe a été déterminant dans ce projet. Sans lui, je ne sais pas si j’aurais sorti ce disque, en tout cas pas sous cette forme. Dès l’enregistrement du premier titre, nous nous sommes dits que nous allions travailler ensemble. Une belle osmose artistique que je n’osais imaginer. La progression de l’album a été fluide et constructive, sans divergences d’appréciation. Audacieuse aussi. Philippe a beaucoup de talent.
Pourquoi ce titre d’album « Native » ?
Philippe a trouvé ce titre sur un morceau qui n’en avait pas encore. Et je me suis dit que c’était le mot que je cherchais pour qualifier toutes mes influences. Un retour sur des valeurs essentielles, sur mes racines musicales, artistiques en général. Un retour sur ce qui m’avait construit. Un mot également dont la traduction est impossible...
Quels musiciens participent aux disques ?
Outre Pascal Karels à la guitare et Philippe Maujard aux parties électroniques, Sam Stoner a apporté une touche très délicate, aux sonorités celtiques, sur le morceau "So Close". Je tenais absolument à ce que Sam participe à ce disque, d’abord par amitié, mais aussi par sa touche "So british" et son talent. Pierre Corneau est également présent. Incontournable, lui aussi, en terme d’amitié. Son jeu est à l’image du bonhomme, discret et solide en même temps. Et puis surtout ma jeune fille, Irina, avec sa voix magique et aérienne. Donner l’occasion de faire ses premiers pas sur disque à sa fille est toujours émouvant. Ma fille aînée, Marleen, m’avait déjà accompagné sur un disque de Frakture. Irina est donc sortie de son univers de travail hermétique de travail sans relâche pour, non seulement, graver sa voix, mais aussi m’accompagner sur la reprise de Nico, "The Fairest of the seasons" à l’occasion du festival Art Rock à Saint-Brieuc. Je suis très fier de tout celà.
Pourquoi cette reprise de Nico, « The Fairest of the seasons » ?
Parce que pour moi, Nico et le Velvet font partie des racines profondes. Ce côté fragile, subtil, poétique est essentiel pour moi. Il caractérise aussi ce que doit être la musique : l’émotion. A des années-lumière de la démonstration, que je déteste. Et puis la mélodie est touchante et belle.
Le son de l’album est plus synthétique avec une rythmique moins présente que ce que tu as fait avant : pourquoi ce choix ?
C’était un choix initial. Je ne voulais pas de tonalités rock pour lesquelles j’ai déjà donné. Ce côté synthétique a été apporté dès le début par Philippe Maujard, à ma demande. Et il le maîtrise à la perfection ! Quant au côté rythmique, il est bien présent, mais distancié du rock.
Le chant est en français sur les 2/3 de l’album, pourquoi ?
Au début je voulais faire l’album tout en français. Mais j’aime aussi l’anglais qui traduit des émotions différentes. Un album solo doit dévoiler l’artiste, le faire sortir de sa pudeur. Le chanter dans sa langue est donc essentiel. C’est aussi une façon d’écrire différente, d’articuler les mots avec les sons avec une approche plus profonde.
Ton chant est plus posé que sur les morceaux de Frakture, était-ce une volonté pour toi ?
Oui parce qu’il s’agit d’un album de chansons, qui raconte des sentiments et des histoires. Et comme je le disais précédemment, c’est le texte qui porte la chanson, pas la musique.
Vas-tu faire des concerts avec ce nouveau concept ?
Oui, cet automne vraisemblablement. Un premier au Noktambül car le format s’y prête bien. Et j’ai aussi une proposition à Paris.
Comment cela va-t-il se passer ?
Nous allons être obligés d’adapter le format avec une partie bande sonore, pour garder des éléments de production, et une partie instruments, basse et guitare. Je ne jouerai que certaines parties harmoniques de basse. Et je suis à la recherche d’une ou d’un bassiste pour les parties principales. J’en connais mais ils sont tous overbooked !
Quel est ton rapport avec la scène rennaise parce que tu sors un album qui est dans la lignée de la « grande » scène rennaise ?
Je me sens profondément ancré dans la scène rennaise qui m’a tout apporté. Elle fait partie de mes racines natives !
Il sort quand et chez qui le disque ?
Le disque est sorti le 10 mai en CD. Il est disponible chez le distributeur, Coop Breizh et sur toutes les grandes plateformes commerciales ainsi que les plus gros disquaires. Il sortira en digital incessament.
L’importance de l’image pour toi ?
Il était important pour moi que cette question soit le mot de la fin. C’est Richard Dumas qui a mis en lumière mon album. Il le souhaitait et moi aussi. Seul lui était capable de se promener à travers mes mots et mon âme. Ses images provoquent donc chez moi beaucoup d’émotion. Sans ce regard, les chansons de mon album n’auraient pas la même saveur...
https://www.facebook.com/sergei.papail.and.the.faceless?locale=fr_FR
https://www.coop-breizh.fr/