Les Ririboys ou une histoire de Scooterboys

mardi 4 février 2025, par Franco Onweb

Cela faisait un moment que je voulais parler du mouvement scootériste. Dans la suite des différentes interviews sur les Mods, je voulais présenter ces amoureux du scooter. Suite à différentes demandes et recherches, j’ai rencontré les Ririboys, un groupe d’amoureux du scooter qui participent à ce mouvement depuis plusieurs années.

J’ai demandé aux principaux membres des Ririboys, Arnaud et Thibaud, de m’expliquer ce que veut dire être un scooterboy aujourd’hui et comment ils vivent cette passion au quotidien. Bienvenue dans un monde où l’amour des deux roues se conjuguent avec l’amitié et la passion, tout en gardant un esthétisme de vie

Pouvez-vous vous présenter ?

A : Arnaud alias Junior. J’ai 31 ans, je suis graphiste j’habite à Marseille et je suis membre des Ririboys
T : Thibaud, Originaire de Montpellier, j’ai 38 ans. Je suis membre fondateur des Ririboys.

Arnaud alias Junior
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Ça se monte quand et comment les Ririboys ?

T : C’était en 2016 à Montpellier. On se croisait avec quelques mecs lors des Rdv du scooter club local officiel. On ne se reconnaissait pas forcément dans ce type d’organisation. Beaucoup trop conventionnel pour nous. On s’est rapidement regroupé autour de notre boisson anisée fétiche à déconner sur tout et n’importe quoi. Petit à petit nos multiples influences et notre approche du scooterisme nous ont réunis. Notre rencontre avec Junior lors du rallye des Gones 2016 aura concrétisé le début des Ririboys.

Comment est née cette passion pour le scooter ? Est-ce que c’est cette passion qui vous a emmené vers les subcultures Mods et Skinheads ?

T : Pour ma part je viens du mouvement Ultra. Membre Butte Paillade durant de nombreuses années, je me suis naturellement intéressé aux subcultures qui gravitent autour. D’abord par une approche vestimentaire avec de nombreux codes communs puis musicaux par la suite. J’aimais aussi la mécanique et le design 70’s. C’était une évidence pour moi de trainer en vespa.
A : Pour moi, c’est presque pareil ! Je suis encarté commando ultras’ 84 Marseille depuis une dizaine d’années. C’est là-bas que j’ai rencontré des membres du Va fanculo scooter club (Marseille). Qui m’ont fait découvrir la scène et tous les codes graphiques, vestimentaires. J’ai toujours été fasciné par les cultures 60’ 70’ notamment dans la musique, cinéma, mode et design. Quadrophenia et Caro Diario on était une sorte d’élément déclencheur aussi.

Le Scooter pour vous c’est un truc de liberté entre potes alors que pour les autres c’est quelque chose de très formel ?

T : Effectivement, la notion de liberté est primordiale chez les Ririboys. Notre délire, c’est de bouger aux guidons de nos scooters en tôle, traverser les villages, les villes pour nous rendre dans des runs ou rallyes. Sur place, on retrouve nos potes, on installe nos tentes sur le campsite, on sort l’apéro et … AVANTI RIRIBOYS
A : Oui c’est une certaine évolution de notre culture déplacement que l’on a pu vivre en tant que supporter. On a parcouru de nombreux kms en J9 et bus, c’est désormais en scooter que ça se passe pour nous.

Thibaud, co-fondateur des Ririboys
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Le mouvement scootériste est souvent lié aux mouvements Mods, Skinheads ou Casual. Avez-vous développé votre culture grâce au scooter ?

R : Clairement ! Cette passion nous a permis de rencontrer énormément de personnes au fil des années. On pense immédiatement à nos amis du chiffre Organ-ization avec qui on partage d’excellents moments.

Ça consiste en quoi votre club : il y a des réunions, des rendez-vous obligatoires ?

R. C’est avant tout une bande de potes. Que l’on considère comme les 8 membres actifs. Nous ne sommes ni une asso ni même un scooter club (légalement). Il n’y a pas de hiérarchie ni de politique. Seulement de la convivialité, de l’apéritif, de la sous-culture et du scooter naturellement. Chaque saison il y a des événements scootéristes, ou musicaux qui tournent autour de cette culture. Nous déterminons un calendrier dans le but de nous retrouver le plus souvent possible pour représenter nos couleurs et foutre le OaÏ (rire)

Les Skinheads actuels, comme les Mods, manquent de « jeunesse ». Vous avez 31 et 38 ans. Qu’en pensez-vous ?

T : Nous sommes conscients du vieillissement de la scène. Contribuer à son rajeunissement est pour nous une vraie fierté. Les soirées du Marseille Jerk club organisées par Junior en sont un véritable exemple. On peut y croiser différentes générations et styles.

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Vous avez amené la culture Ultra sur vos scooters ?

A : Oui, le folklore ultra (Stickers, bâches, drapeaux, torches) fait partie de notre identité. Ririboys ça vient de Ricard ?
R : Littéralement, c’est la contraction de RICARD et SCOOTERBOYS

Pour être un RIRIBOYS, faut-il s’y connaitre en mécanique ?

R : Nous roulons exclusivement sur des scooters anciens. Nous parcourons régulièrement des centaines de bornes lors de nos périples. Foutre les mains dans le cambouis ne nous enchantent pas mais ça fait partie du truc.
Vous avez quand même des règles ?
R : Pas besoin de règles chez les RIRI, les choses se font naturellement.

Quel est votre rapport aux années 60 ?

T : Nous avons beaucoup de références de cette époque. Nos scooters, certains codes vestimentaires, nos goûts musicaux, nos influences déco mais nous vivons avec notre temps. Nous ne cherchons pas à imiter à tout prix les gens qui ont vécu dans cette période. Tu peux me croiser en short / espadrilles la journée et en 3 boutons le soir. Empêche-moi !
A : J’adore chiner des objets ou fringues pour continuer d’alimenter ma « collection » mais comme évoqué j’ai aussi des fringues de mon temps qui s’inspirent de cette époque.

Les Ririboys sur la route
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Mais n’est-ce pas cela être Mods ? Vous respectez la culture, notamment de l’élégance, mais avec des codes actuels.

A : C’est probable, je n’ai pas la prétention de dire ce qu’est un « vrai mod » mais je pense qu’il est impératif de prendre en compte cette culture si vaste.

Est-ce que cet amour de cette culture et du scootérisme vous a aidé dans vos vies professionnelles et personnelles ?

A : Cela m’a beaucoup apporté sur le plan professionnel. Je suis graphiste et ces esthétiques sont de vraies sources d’inspiration dans mon quotidien.
Tu veux dire que c’est une culture globale qui t’a aidé au quotidien ?
A : J’aime l’idée d’appartenir à un groupe, à un mouvement. Du coup ça m’a permis de « rentrer dans la case modernist ». Dire que ça m’aide au quotidien je ne sais pas mais c’est une certaine fierté. J’aime me retrouver dans mon chez moi avec mes disques mes objets mon univers oui !

Cela se passe comment avec les autres clubs ? Il y a des rendez-vous obligatoires ?

R : Au fil des années nous avons rencontré de nombreux clubs avec qui nous nous sommes liés d’amitié. C’est toujours avec grand plaisir que l’on se retrouve chaque saison. Nous avons organisé le « Riri Steady Go » à Avignon en 2024 en collaboration avec Alain N°9 et Cyril Cucumber. C’était notre premier véritable évènement avec 2 Soirées (concerts + Dj’s). Nous étions honorés de voir des potes scooterboys venir des 4 coins de France. Tout le monde s’est régalé, c’était cool.

Quel est le grand rendez-vous du scootérisme en France ?

R : Il y en a plein chaque année. Les runs organisés par les grands clubs comme les Vulcans, le Scooter club du Sud Est et le Palmarium sont pour nous des références en la matière.

C’est une culture assez souterraine. Vous n’avez pas envie d’avoir plus de lumière sur vos rassemblements et votre culture ?

T : C’est assez paradoxal. Évidement que j’aimerais voir plus de jeunes dans les runs mais ce n’est pas pour autant que je souhaiterais voir la scène plus populaire et commerciale. L’idée de faire partie d’un mouvement un peu « underground » me convient parfaitement.
A : Le contenu que je relaie sur les réseaux rencontre un vrai succès. C’est une façon pour nous de mettre à l’honneur la scène et pourquoi pas attirer des plus jeunes.

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Vous voulez rester une culture pas une mode ?

R : Exactement !

Comment fait -on pour être un scooterboy ?

T : Difficile pour moi de te répondre par contre Arnaud peut t’expliquer comment on fait pour être un RIRIBOYS (rires).
A : Commençons par prendre un verre (tube de préférence) y mettre environ 4cl de Ricard et 10cl d’eau puis 2 glaçons. Trouver un ririboys pour trinquer puis déguster. C’est une première étape déterminante. Reste plus qu’à répéter l’affaire jusqu’à ce qu’on te propose de devenir RIRI (rires)
T : Il y a une notion de cooptation pour rentrer dans le groupe. Les derniers membres ont été introduits par d’autres. Il n’y a pas véritablement de règle. On doit juste partager les mêmes passions et avoir la mentalité RIRIBOYS. Les choses se font assez naturellement. On n’a pas forcément pour objectif d’avoir plus de membres.

Comment reconnait-on un RIRIBOYS ?

A : Chaque membre du noyau possède le R souvent cousu sur sa parka. C’est notre symbole d’appartenance à la famille riri. On crée aussi pas mal de matos (stickers tshirts..) qu’on donne ou vend aux potes.
T : Ça sent le pastaga, ça parle fort, c’est sympa et ça porte un casque jaune.
A : C’est un clin d’œil aux Vespas Clubs Britanniques des années 60 ou 70 qui roulaient en parka et casques jaunes. On a retrouvé des archives de cette époque et cela nous a beaucoup inspiré.

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Vous vous réclamez des Ultras et auprès du grand public, ce mouvement a très mauvaise réputation.

A : Déjà il y une différence entre ultras et hooligan ! J’invite les gens qui pensent ça à venir dans un stade. (Vélodrome de préférence). C’est finalement très festif ! La violence n’est qu’une minorité que les médias mettent en avant. Perso je trouve ça merveilleux de voir autant de gens avec la même passion au même endroit. Comme dans les rallyes scooters d’ailleurs.

Quelle est la place des femmes dans ce mouvement ?

A : Malgré l’idée qu’on peut s’en faire, nombreuses sont celles que l’on retrouve sur un scooter ou sur le dancefloor jusqu’au bout de la nuit.
Quels sont vos projets ?
T : On s’est créé en 2016 et on prépare un bel évènement pour nos dix ans. Cette année, on se déplacera dans les différents rallyes, soirées ou concerts comme on a l’habitude de le faire…

Ce serait quoi la bande son idéale pour rouler en scooter ?

A : « Green Oignon » de Booker T. c’est un bon gros classique qui fonctionne très bien.
T : Je pense immédiatement au talentueux groupe les Suttles de nos 2 frères Ririboys Max & Fred avec « Papercut » Elle met la patate celle-là ! Et puis, il y a nos délires tracks qui nous suivent depuis le début :Regg’Lyss avec l’incontournable Mets de l’huile et Piero et sa recette disco !!!

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