L’authentique culture des Mods racontée par Alexandre Saillide-Ulysse part 3

mercredi 14 août 2024, par Franco Onweb

Comme promis, nous poursuivons durant cet été 2024 notre plongée dans l’authentique culture des Mods avec Alexandre Saillide-Ulysse, fondateur du club 75 M.N.S et du site « Le Cercle Modernist ». Cet entretien didactique et détaillé, nous révèle le rayonnement et l’influence des Mods sur de nombreuses autres cultures et au sein de la société contemporaine.

Les deux premières parties de ce captivant entretien nous ont permis de mieux connaître et comprendre l’origine, les fondements et certaines spécificités de la culture Mod. Durant cette troisième partie, Alexandre Saillide- Ulysse nous dévoile plus en profondeur la richesse et l’hétérogénéité de la culture Mod, tout en soulignant le caractère particulier de la véritable scène Mod.

Les Mods sont connus pour être smart, peux-tu nous parler de cette culture de l’élégance vestimentaire ?

La culture de l’élégance vestimentaire est un élément fondateur et primordial pour les Mods. Au fil du temps, l’élégance vestimentaire est même devenue un véritable marqueur identitaire pour désigner les Mods. Cette passion pour l’élégance vestimentaire, devenue une véritable obsession pour certains Mods, est issue d’une longue et riche histoire. Les différents témoignages, sources vérifiées, permettent de faire émerger certaines influences qui vont être les matrices de cette culture très spécifique de l’élégance vestimentaire des Mods. Je vais donc aborder synthétiquement et d’une manière non exhaustive la culture de l’élégance vestimentaire des Mods, qui est justement largement abordée par mon livre « Style de Vie Modernist ».

Alexandre Saillide-Ulysse à Barcelone en 2024
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La culture de l’élégance vestimentaire des Mods trouve sa source dans diverses influences. Ces diverses influences constituent l’ensemble culturel qui va nourrir et participer à l’émergence du culte de l’élégance vestimentaire des Mods, souvent comparés à des Dandys. Voulant se différencier sur le plan vestimentaire, mais aussi intellectuel, les élégants Dandys du XIXe siècle établissent les fondements d’une véritable culture de l’élégance vestimentaire. Le courant, dit des Dandys, qui trouve sa source au tout début du 19e siècle, constitue effectivement une référence essentielle dans la constitution de la culture de l’élégance vestimentaire. Si le Dandysme compte le poète Lord Byron ou le comte Robert de Montesquiou dans ses rangs, George Bryan Brummell (1778-1840) dit « Beau » Brummell, est l’incarnation même du Dandy. Véritable « Prince des Dandys », « Beau » Brummell va bouleverser la mode, les attitudes comportementales de bien des manières. Cet élégant passait 5 heures par jour à s’occuper de sa minutieuse toilette. George Bryan « Beau » Brummell va également populariser le port du pantalon étroit (au détriment de la culotte). Il va surtout introduire et imposer le fameux costume moderne, bien coupé, sobre et de couleur sombre. Ce modèle de costume va devenir un vêtement classique, une pièce incontournable dans toute les gardes robes masculines. Il faut souligner que ce culte de l’élégance vestimentaire des Dandys, tout comme celui des Mods, est souvent considéré à tort comme une démarche superficielle par le grand public.

En réalité, les Dandys vont développer une véritable éthique attachée à ce culte, tout comme les Mods plus d’un siècle plus tard. Le Dandy porte effectivement une sorte de culture du code de l’honneur qui peut être considéré comme une philosophie à part entière. Situé à la croisée de divers courants philosophiques passant de Kierkegaard à Nietzsche, la philosophie du Dandy nous invite à l’exploration des profondeurs de l’apparence vestimentaire. C’est, justement, cette même posture d’avant-garde qui va inspirer et être mise en exergue par les Mods. La culture Mod va faire de l’élégance vestimentaire une véritable obsession, portée à son paroxysme par la frange des Mods dit Stylists.

Le style vestimentaire de l’Ivy League, livre «  Take Ivy  » de Teruyoshi Hayashida en 1965.
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Les Mods vont également être influencés par, et s’inspirer, d’autres modes et tendances vestimentaires au fil du temps. La culture vestimentaire dite de l’Ivy League venant des États-Unis va également exercer une forte influence. La toute première pierre de l’édifice de la culture de l’Ivy League est en fait déposée dès 1901. C’est effectivement en 1901 que la maison Brooks Brothers propose à ses clients le costume « N1 Sack Suit ». Ce modèle va devenir le costume de référence masculin, encore jusqu’à nos jours. Avec sa superbe coupe et son prix abordable, le costume « N1 Sack Suit » est vite adopté par les étudiants de l’Ivy League dans les années 1920. Le terme « Ivy League » a été inventé au début des années 1930 par un chroniqueur sportif travaillant pour le New York Herald Tribune. L’Ivy League désignait une ligue sportive réunissant les équipes de football des universités de Harvard, Cambridge, Yale, Columbia, Brown et quelques autres équipes universitaires. Plus tard, en 1954, la ligue de football américain professionnelle est officiellement créée, les premières compétitions commenceront en 1956. Le style dit Ivy League est donc directement issus de la mode vestimentaire des campus universitaires, largement influencé par la pratique du sport. Le style vestimentaire de l’Ivy League peut être considéré comme un marqueur social illustrant l’adhésion aux valeurs d’une Amérique privilégiée, éduquée et érudite. C’est l’Amérique des grandes mégalopoles modernes. Les étudiants des universités de l’Ivy League sont animés d’une énergie créatrice folle qui s’exprime dans les études, bien sûr, mais également à travers le sport et la musique, et plus particulièrement par la musique Jazz Afro-Américaine.

Le Jazz est effectivement indissociable de l’Ivy League, le Jazz Afro-Américain est la bande sonore de ces étudiants. Le Jazz est la musique de prédilection de ces jeunes étudiants qui accueillaient régulièrement les Jazzmen sur les campus universitaires pour jouer de la musique. Les Jazzmen comme Bill Evans, Miles Davis, Thelonious Monk ou Dizzy Gillespie, s’habillaient dans ce style vestimentaire Ivy League, ils étaient imprégnés par cette culture progressiste. Ce style vestimentaire représentait pour ces musiciens Afro-Américains la quintessence du monde contemporain progressiste, celui des mégalopoles cosmopolites comme New York City qui avaient abandonné la ségrégation officielle, a contrario des états du Deep South.
Ce style de l’Ivy League va donc largement influencer la première génération de Mods et imprégner les générations suivantes. Les premiers Mods prônaient une élégance totale, une posture qui dépassait et bousculait largement l’élégance traditionnelle de l’Establishment. Comme souligné, mon propos est loin d’être exhaustif car les influences sont multiples. Je développe justement plus en profondeur dans le live « Style de Vie Modernist » les différentes autres tendances et modes qui vont inspirer la culture vestimentaire des Mods.

Mods de Gambetta et City Gents All Mod Society fin des années 1980
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Cette culture vestimentaire des Mods est donc très particulière car elle s’inspire profondément de cette hétérogénéité de sources, tout en les transformants pour leur donner un nouveau sens. Cette culture vestimentaire est donc devenue un véritable marqueur identitaire, mis en forme spécifiquement par les différentes générations. Il faut également souligner que cette culture et posture vestimentaire des Mods sont le plus souvent mal comprises et victimes d’amalgames, en raison d’une utilisation récurrente des totems Mods (parka, cocarde...) véhiculant une image simplificatrice et réductrice. Je tiens à souligner que mon club du 75 M.N.S est très attaché à cette grande tradition Modernist de l’élégance vestimentaire. Nous avons, par exemple, développé des usages spécifiques à cette élégance vestimentaire, comme le port d’un bouton (Back button) sur l’arrière des cols de nos vestes sur mesures, ou encore, l’ajout de nombreuses poches à rabats sur nos vestes. De plus, nous apprécions et sommes attachés à la confection française. Ils représentent notre spécificité et le savoir-faire ancestral artisanal de haute qualité, comme les polos en « fil lumière » de la maison Montagut, ou encore les magnifiques tissus de la maison Dormeuil. Notre démarche s’inscrit dans la grande tradition de la tendance des Mods dits Stylists. Ce terme désigne les Mods développant une éthique de l’élégance vestimentaire plus radicale et militante. Les soirées organisées par le 75 M.N.S et Le Cercle Modernist sont justement conduites par cette philosophie vestimentaire en demandant le respect de la règle « Strictly Smart Mod Dress ». Nous tenons particulièrement à préserver et cultiver ce code vestimentaire profondément ancré dans notre culture. Néanmoins, depuis peu, nous avons décidé « d’alléger » cette règle vestimentaire pour des soirées plus « ouvertes » destinées à un large public plus disparate appréciant la culture Mod. L’objectif de ces soirées est de faire connaître et apprécier aux plus jeunes l’étendue de notre riche culture Modernist.

Peut-on comparer les Mods aux Sapeurs qui déclarent « je suis noir, je travaille dans un boulot de merde, mais j’ai le beau costume et la bonne attitude » ?

Cette comparaison entre les Mods et les Sapeurs est souvent faite effectivement, elle se base surtout sur une passion commune pour la culture de l’élégance vestimentaire. Les Mods et les Sapeurs sont deux phénomènes bien distincts qui vont développer une démarche culturelle dans des continents, et des environnements, très différents. Les Sapeurs sont issus du mouvement de la SAPE, acronyme de « Société des ambianceurs et des personnes élégantes » qui est né en Afrique centrale. Plus précisément, les dernières études ethnologiques et historiques semblent situer le port de Bacongo (la rivière qui sépare les deux Congo), comme le point de départ de ce mouvement dans les années 1920. Quelques années plus tard, dans les années 1950, les Sapeurs vont connaître une période d’or par l’intermédiaire des premiers émigrés venant du Congo (dont de nombreux anciens combattants) de retour au pays après des années de labeur. C’est à partir de cette période que vont commencer dans les deux principales villes du pays, Brazzaville et Kinshasa, les premières « parades » et confrontations entre Sapeurs. Ces parades sont en fait de véritables concours sous la forme de défilés se déroulant selon le même principe que les « battles » de danse. Plus exactement, le Sapeur doit prouver sa valeur en présentant au public une tenue vestimentaire composée par des marques luxueuses, ce dernier point est essentiel dans la démarche des Sapeurs.

Alexandre Saillide-Ulysse et des Mods anglais en 2020
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En défilant lors des concours, les Sapeurs adoptent une posture corporelle similaire à celle des mannequins des magazines de mode masculine. Comme je l’ai souligné, les Sapeurs affectionnent particulièrement les vêtements de marque de luxe. Ils n’hésitent, par exemple, pas à faire coudre sur le devant de leurs manches de vestes l’étiquette de la marque bien en vue. Issue de la jeunesse urbaine des quartiers pauvres, cette culture met en exergue une forte volonté d’exposer une certaine réussite sociale par le prisme de l’ultra consommation des marques de luxe. L’objectif de la démarche des Sapeurs est donc clairement d’être vus et admirés de tous, c’est une forme d’exhibitionnisme ostentatoire. Par la suite, dans les années 1970, des groupes d’étudiants du Congo vont diffuser en Belgique et en France cette culture de la SAPE. Cette origine communautaire va néanmoins limiter la diffusion de la culture des Sapeurs, tout en étant largement reconnue par les médias « branchés ». Les Sapeurs sont profondément ancrés dans leur communauté « Africaine », de ce fait cette culture va beaucoup moins être accessible et donc propagée. Au début des années 1980 le mouvement de la SAPE connaît un nouveau souffle, et plus particulièrement à Paris en s’exprimant à travers divers domaines artistiques. C’est aussi durant cette période que Monsieur Papa Wemba, surnommé à juste titre le Roi de la Sape, éblouissait littéralement le tout Paris avec ses tenues d’une élégance extravagante.

J’ai eu la chance de rencontrer monsieur Papa Wemba à Paris, personnage très charismatique il connaissait et appréciait l’authentique culture vestimentaire Mod et notre amour pour les musiques Afro-Américaines. Les Sapeurs ont aussi cette obsession de l’élégance vestimentaire, même si elle va être poussée à son paroxysme par les Mods. Il existe donc une grande différence dans cette expression de l’élégance. Tout d’abord, plus individualistes, les Mods sont beaucoup moins influencés par la culture des marques de luxes. A contrario, l’élégance des Mods est indissociable d’une certaine personnalisation, appropriation, vestimentaire illustrée à travers leur amour inconditionnel de la culture du « Bespoke », c’est à dire le sur mesure. Les Mods ont un culte particulier pour le tailleur, il est le garant d’un travail artisanal de haute qualité qui met en forme une élégance personnifiée, le véritable Graal des Mods. À la grande différence des Sapeurs qui préfèrent se fondre dans le moule de la mode en arborant avec fierté les marques de vêtements les plus onéreux, normalement inaccessibles pour le commun des mortels. De plus, encore a contrario des Sapeurs, l’élégance des Mods n’est pas destinée à tous. Défiler devant un large public est contraire à l’ethos des Mods qui cultivent bien plus l’Entre soi et l’esprit de Club. Dès leurs origines, les Mods mettent en exergue une élégance spécifique, avec ses propres codes, lors des soirées, véritables rituels des Mods. Cette élégance Modernist est d’abord dédiée à un environnement privé, dans un cercle d’initiés. Finalement, l’on peut affirmer qu’excepté certaines similitudes dans la posture vestimentaire entre les Sapeurs et les Mods, ces derniers vont développer un champ culturel plus large, plus hétéroclite et littéralement « sans frontières ».

Del Evans, Mods anglais en 1963
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Dans les quartiers populaires, appelés banlieues, être élégant est aussi une démarche culturelle. Qu’en penses-tu ?

Je suis entièrement d’accord avec toi, la culture de l’élégance est aussi une démarche, une posture, culturelle pour certaines personnes dans les quartiers populaires, le souvent stigmatisés par le terme « Banlieues ». Ayant moi-même un fort lien avec le département de la Seine St Denis, le 93 comme disent les jeunes, je suis spécialement sensible à cette question. Ce que l’on appelle la banlieue est effectivement animé par différentes communautés cultivant encore certaines traditions, dont celle de pratiquer une certaine élégance. Cette volonté de se démarquer vestimentairement en arborant une certaine élégance avec des codes spécifiques est une posture plus admise et acceptée dans le paysage urbain. Situation parfaitement illustrée par les Sapeurs, dont nous avons justement parlé dans la troisième partie de notre entretien. Les Sapeurs vont largement participer à la diffusion, la compréhension, et l’acceptation de cette élégance vestimentaire dans le milieu urbain populaire. Ces fameux Sapeurs sont un parfait exemple de cette élégance, souvent insoupçonnée, représentée dans ces villes de banlieues. De ce fait, je peux constater que lorsqu’on est élégant, mais d’une manière non conventionnelle, il est toujours plus aisé de se déplacer en banlieue qu’au centre de la capitale. De plus, beaucoup de jeunes gens issus de ces villes savent reconnaître certaines influences, en particulier celle de l’Ivy League que j’affectionne spécialement... Comme je l’ai souligné, l’Ivy League va léguer à la mode contemporaine sa grande influence dans le domaine des vêtements de sports, désormais devenus l’uniforme de toute une jeunesse. Le port d’un pull cardigan floqué de lettres ou de chiffre, vêtement emblématique du style Ivy League, provoque souvent des sourires complices chez ces jeunes gens, ignorant pourtant la plupart du temps cette profonde influence du style de l’Ivy League, plus connue de nos jours sous le nom de style « Preppy ». La véritable élégance est celle qui, tout en étant fortement inscrite dans les authentiques traditions vestimentaires, est surtout largement et unanimement reconnue.

La culture vestimentaire des Mods va largement influencer la mode contemporaine, comme tu l’as souligné. Peux-tu nous donner quelques exemples ?

J’ai effectivement souligné, dans la première partie de notre entretien, cette influence de la culture vestimentaire des Mods sur la mode vestimentaire contemporaine. Issue d’une longue histoire et mise en forme par des générations successives, la culture Mod est désormais profondément ancrée dans les traditions britanniques. Cet ancrage de la culture Mod dans la société anglaise est mis en relief par son influence qui va toucher de très nombreux domaines, dont justement celui du monde de la mode vestimentaire. Même si les Mods ne représentent pas le premier mouvement juvénile, les Teddy Boys les ont précédés, la massification du milieu des années 1960 va largement favoriser l’entrisme de leur culture, et de leur look, au sein de la société. La culture vestimentaire des Mods, d’abord celle d’une élite confidentielle, va s’imposer à tous avec la popularisation de leur mouvement. L’introduction, et surtout la popularisation, du port de vêtements normalement destinés à la pratique du sport illustre parfaitement cette influence des Mods sur la mode vestimentaire. Largement influencé par le style « Ivy League » dont j’ai longuement parlé, les Mods vont effectivement dès le début des années soixante porter des tenues normalement destinées à la pratique du sport : polo de tennis ou de cyclisme, gilet de Base Ball, chaussures de Bowling, de cyclisme, de Boxe ou de Baseball (Bomper Boots), etc.

New York City Harlem 1970
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Le polo de tennis en coton est incontestablement l’emblème de cette influence, il va être largement popularisé par les innombrables photos de la presse montrant des Mods habillés de ces polos lors des affrontements contre les Rockers l’été 1964. Il faut aussi souligner, à ce propos, que les Mods vont très largement contribuer à populariser l’image de la marque Fred Perry. Le polo Fred Perry est désormais repris comme un marqueur identitaire pour de nombreuses autres cultures urbaines. Un message très éloigné des préoccupations vestimentaires des premiers aficionados de ces polos de coton ornés des fameux lauriers. Le pantalon jean’s en tissus denim est également un autre type de vêtement largement également popularisé par les Mods, il n’est pas réservé aux Rockers. Le jean’s était déjà connu et porté par de nombreuses personnes, mais la période de massification (1964/68) et ses bataillons de nouveaux Mods et Rockers va très largement participer à répandre l’influence du pantalon en tissus denim. Un pantalon en denim qui demeure dans l’inconscient collectif un des emblèmes d’une certaine rébellion juvénile.

Peux-tu nous parler de l’hétérogénéité, la richesse, de la culture musicale des Mods ?

La culture musicale des Mods est extrêmement riche, elle est singulièrement hétérogène. Cette spécificité vient de sa profondeur historique comprenant une période englobant la fin des années 1950. De ce fait, les Mods vont adopter au fil du temps de nouvelles sonorités, tout en restant fortement attachés à leurs racines musicales profondément inscrites dans la culture musicale Afro-Américaine. C’est effectivement cette musique Afro-Américaine qui va fonder la passion musicale des Mods à travers le Jazz, le Blues et le Rythm’n’Blues. Un livre ne suffirait pas à citer la liste exhaustive des musiciens appréciés par les Mods, néanmoins, je peux citer des Bluesmen comme Elmore James, Sonny Boy Williamson II, Little Walter, Slim Harpo ; les Jazzmen Lou Donaldson, Jimmy Mc Griff ou des artistes de Rhythm’n’Blues comme Sam Cooke ou Little Willie John. En plus de ces fondements issus de la musique Afro-Américaines, la culture musicale des Mods englobe également de très nombreux autres styles musicaux comme le Beat, la Pop et d’autres styles plus ou moins connus. La musique Pop et la Beat, ainsi que de nombreux « sous genres » vont particulièrement marquer la culture musicale des Mods, tout en étant à l’origine de la naissance d’autres styles musicaux « blancs » comme le British Blues largement initié par Alexis Korner & The Rhythm’n’Blues All Star et John Mayall, considéré comme le pape de ce style de blues blanc britannique totalement inspiré par les racines Afro-Américaines du Blues authentique. Les groupes et artistes de musique Pop et Beat vont évoluer durant la seconde moitié des années 1960 lors de la période de massification des Mods. De ce fait, c’est à dire l’omniprésence médiatique des Mods, les groupes Pop Mod comme les Who ou les Small Faces vont fortement marquer et donner une nouvelle représentation des Mods, celle de la « Massification » intervenue durant les années 1964/68...

Le style vestimentaire de l’Ivy League à New York City en 1956
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Les différentes générations de Mods vont intégrer et incorporer au fil du temps différents et nouveaux styles musicaux. Les playlists (devenues de véritables documents et sources historiques) jouées par les Mods Disc-Jockeys durant la fin des années 1950 et les années 1960 permettent de mieux comprendre la très grande variété de styles joués. Les Mods étaient plus attentifs à la qualité musicale qu’au style musical. C’est cette grande hétérogénéité musicale qui explique les différentes interprétations et postures du mouvement Mod. Les différentes tendances, « chapelles » au sein des Mods trouvent leur source et s’identifient justement par le biais d’une préférence musicale puisée parmi la grande palette des musiques écoutés par les Mods. Cette grande variété et la richesse de la palette musicale de la culture Mod donne un large choix quasiment introuvable dans les autres cultures urbaines. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui explique en grande partie l’influence des Mods dans l’émergence de nouvelles cultures urbaines comme la scène dite Northern Soul. Tout en étant passionné de ces sons Afro-Américains, les Mods ont toujours été attirés par les sons les plus exotiques, comme les musiques issues de l’île de la Jamaïque ou encore les sonorités Latino. Parmi les musiques Jamaïcaines, le Blue Beat est un style de prédilection des Mods. Comme je l’ai souligné auparavant, la culture musicale des Skinheads, tout en venant d’abord des Mods, va par la suite apporter de nouvelles sonorités issues de la culture musicale Jamaïcaines (Early Reggae, Dub…) et ainsi enrichir la culture musicale des Mods. Il faut également parler de la scène dite « live » qui a toujours eu une grande importance pour les Mods. Très friands de formations musicales, la scène musicale Mod a toujours eu une certaine vivacité, même si c’est à des degrés divers selon les époques.

Bien entendu le Mod Revival est considéré, à juste titre, comme la période la plus prolifique en la matière, même si certaines formations n’étaient pas réellement Mod ou utilisaient cette image d’une manière opportuniste. La scène musicale « live », composée par des formations, a toujours été très appréciée par les Mods. Déjà durant les années 1960 certains groupes étaient très suivis par un public de Mods, comme Geno Washingthon & The Ram Jam Band. Comme je l’ai précisé auparavant, les groupes Pop à la mode, dont les plus connus sont The Who, ou encore les Small Faces, sont le plus souvent assimilés aux Mods. Pourtant, les témoignages des Mods orignaux soulignent que ces groupes n’étaient pas en réalité les groupes de prédilection les Mods de la première génération mais plutôt de celle d’après 1963 considérés comme des « Tickets » (suiveurs). Comme tu l’as donc constaté, le terme hétérogène n’est pas usurpé pour définir la culture musicale des Mods. Tout en n’étant pas exhaustive, et loin de là, cette liste de styles préférés permet de bien comprendre cette hétérogénéité dont je parle pour la culture musicale des Mods.

Dexter Gordon à Paris en 1962
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Le Jazz est-il une musique indissociable des Mods ?

Comme je l’ai précisé au début de notre entretien, la musique Afro-Américaine est effectivement indissociable des Mods. Au sein de cette musique Afro-Américaine, le Jazz, le Blues et le Rhythm’n’Blues vont exercer une grande influence sur les fondements de la culture musicale des premiers Mods. C’est, en partie, au sein même de la scène des amateurs de musique Jazz à Londres, durant la seconde partie des années 1950, que le mouvement Mod va éclore. La musique Afro-Américaine représente le fonds sonore de cette première génération de Mods de la moitié des années 1950 et du tout début des années 1960. Cette passion pour la musique Afro-Américaine va être cultivée avec persistance par les générations successives de Mods. Cette musique Blues Afro-Américaine va exercer une grande influence au sein des groupes musicaux Mods. Ce sont ces mêmes groupes qui vont être à l’origine de la naissance du British Blues, un Blues authentique joué par des musiciens blancs comme Cyril Davies and The R&B All Stars, véritable icône Mod. Tout comme les premiers Mods, les musiciens de Jazz Hard Bop vont représenter une avant-garde musicale. Je précise le style Hard Bop, car les premiers Mods avaient une préférence pour ce style. Le Jazz Hard Bop est un style portant un message progressiste qui va être mise en forme par des musiciens précurseurs d’origine Afro-Américaine et vivant dans les mégalopoles cosmopolites comme la Big Apple New York City. Pour leur part, les Mods sont porteurs d’une culture d’avant-garde, un nouveau mouvement culturel libérateur, représentant un nouveau visage de la jeunesse. Bien entendu, de nombreux autres styles de Jazz vont être adopté par les Mods au fil du temps.

Cette passion des Mods pour le Jazz va aussi s’exprimer en participant largement à la création et l’émergence d’un nouveau style de Jazz dans les années 1990 : l’« Acid Jazz », véritable vague musicale du début des années 1990, le style « Acid Jazz » est un mélange de sons Jazz originaux avec d’autres styles musicaux Afro-Américains (Soul, Funk, Disco...). Cette aventure doit beaucoup à un Mod, Eddie Piller, qui va animer cette très active scène « Acid Jazz » dans les clubs de Londres, auparavant fréquentés par les Mods. Ce lien indissociable entre la culture musicale Mod et le Jazz est d’ailleurs désormais institutionnalisé à travers l’utilisation de la dénomination « Mod Jazz », largement reprise et détournée de son sens par une commercialisation outrancière. Enfin, la musique Jazz fait encore partie des grandes passions musicales des Mods comme l’illustrent les nombreuses formations de Jazz clairement estampillés Mod en activité de nos jours, en 2024.

Les Mods ont une véritable passion pour les disques vinyles ?

La collection des disques vinyles est effectivement une des grandes passions, une véritable obsession, pour les Mods. Cette passion originelle pour les disques vinyles va devenir au fil du temps un véritable culte. Indissociable de la passion pour la musique, la danse et les soirées, grand rituel des Mods, les disques vinyles sont joués par des Disc Jockeys, véritables maîtres de la cérémonie des soirées Mod. Le Disc-Jockey joue un rôle central dans la culture Mod, justement par le biais de sa collection disques vinyles. Le terme Disc-Jockey est inventé aux États-Unis dans les années 30, à l’époque où les animateurs radio sélectionnent eux-mêmes les disques qu’ils passent sur les ondes. Un peu plus tard, en Angleterre dans les années 40, Jimmy Savile est le premier à utiliser deux platines pour enchaîner les morceaux : le « DJing » moderne est né. A partir de cette époque, le Disc-Jockey devient une personnalité en vue et certains d’entre eux deviennent de véritables légendes. Cette manière, cet usage, d’écouter de la musique avec des disques vinyles va être largement introduite par les Mods dans leurs soirées dès la fin des années cinquante par la première génération (1958/1963). Tout comme dans de nombreux autres domaines, les Mods vont être des précurseurs dans l’émergence de cette culture qui est désormais adoptée par tous. Cette véritable passion pour les disques vinyles était mise en exergue par de très nombreux Mods. L’exemple de l’emblématique Disc-Jockey Guy Stevens illustre parfaitement cette adoration et ce culte voué aux disques vinyles.

Guy Stevens en 1964
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Guy Stevens était le Disc-Jockey au « The Scene Club », mythique club Mod à Londres. Il jouait des disques vinyles de Blues, de R&B, et de sons Jamaïcains (Ska et Blue Beat). Ce club était situé à Ham Yard, près de Great Windmill Street, dans le centre de Londres à Soho, lieu devenu légendaire dans la mythologie Mod. Auparavant « The Scene Club », était un club de Jazz, comme je l’ai longuement expliqué cette scène Jazz va avoir un rôle moteur important dans l’émergence des Mods. C’est en 1963 que « The Scene Club » devient un club jouant des disques vinyles avec des Disc Jockeys, dont justement Guy Stevens, tout en proposant des concerts au public. Tout en étant un passionné de musique et un grand collectionneur de disques vinyles, Guy Stevens est un authentique précurseur. Il va être à l’origine de la création de la « Chuck Berry Appreciation Society » et va largement participer à la diffusion des disques vinyles de Chuck Berry, Bo Diddley, Sonny Boy Williamson, Howlin’ Wolf, par le biais du label Pye International (fondé en 1958). Guy Stevens va, entre autres, contribuer à faire venir le grand Chuck Berry au Royaume-Uni pour sa première tournée. En avril 1964, Chris Blackwell, propriétaire de Island Records, engage Guy Stevens pour gérer le label britannique Sue Records. Une grande partie des productions de Guy Stevens sont désormais devenues des pièces rares et recherchées, et ce mythique label Sue Records U.K fait partie du panthéon musicale des Mods. Au passage, il faut rappeler que le commerce de disques vinyles originaux est radicalement transformé par l’usage d’internet. Désormais, pour trouver des disques vinyles, mêmes rares, il n’est plus nécessaire de chercher pendant de longues heures dans d’interminables listes par correspondance postales ou de chiner plus simplement dans les brocantes pour dénicher la pièce rare, un simple clic sur un moteur de recherche permet de trouver son bonheur « vinylistique ».

https://www.youtube.com/watch?v=Bl6CiLuSYYk

Enfin, il faut souligner, que cette grande passion des Mods pour les disques vinyles va être, en partie, à l’origine de l’émergence de la scène dite Northern Soul. Scène dédiée à la musique Soul Afro-Américaine et à la collection frénétique de disques vinyles. Étant le plus souvent produits aux États-Unis en nombre limité par de très petites compagnies, ces disques vinyles sont de ce fait rares et chers. De nos jours, beaucoup de ces disques rares ont un prix pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros. La scène dite Northern Soul va largement être influencée par la culture musicale léguée par les Mods. Le Disc-Jockey Mod Roger Eagle va avoir une forte influence dans l’émergence de cette scène lorsqu’il va déménager dans le Nord pour travailler à l’usine Kellogs Corn Flakes de Trafford Park à Manchester. C’est en septembre 1963, qu’il est engagé au Twisted Wheel Club, qui venait d’ouvrir ses portes, dans un emploi de nuit à temps partiel en tant que Disc Jockey. Très proche de Guy Stevens qui distribue les disques de son label Sue Records U.K, le Twisted Wheel Club va être une vitrine pour ce label Sue. Après avoir forgé la culture musicale des Mods, ce club va aussi largement participer à l’apparition de cette nouvelle culture urbaine en Angleterre qui deviendra connue comme la scène dite « Northern Soul » largement évoquée dans la première partie de notre entretien.

Publicité Pye International Records 1963
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La danse est-elle un rituel essentiel pour les Mods ?

La danse est une pratique essentielle pour les Mods. Pratique inséparable de la musique, la danse est aussi indissociable de la soirée, expérience sensorielle immersive devenue un véritable rituel pour les Mods. Au milieu des années 1950, période durant laquelle la première génération de Mods émerge, la danse était déjà profondément liée à la musique Afro-Américaine littéralement adorée par la première génération de Mods (1958/1963). Les différents styles de musiques Afro-Américaines vont largement contribuer à la diffusion de danses qui vont être à l’origine de nombreuses danses contemporaines. Les prémices de la danse au sein de la culture Afro-Américaine apparaissent dès le 17e siècle pendant la terrible et sombre période de l’esclavage. La danse et la musique avaient une place très importante dans la vie quotidienne de cette communauté Afro-Américaine, elles représentaient de véritables moyens de lutte et de résilience. Par la suite, au 19e siècle, de nouvelles danses vont apparaître et accompagner l’émergence de la musique Jazz qui va avoir une grande importance dans la popularisation de ces danses. Parmi ces nombreuses nouvelles danses, le « Cake Walk » créée vers 1850 (danse qui imite avec ironie l’attitude de leurs maîtres se rendant aux bals) est le parfait exemple des danses d’abords créées au sein de la communauté Afro-Américaine et qui vont se populariser dans l’ensemble de la société. Plus tard, l’arrivée du Blues et du Rhythm’n’Blues va également être accompagnée par de nouvelles danses : le Twist, le Madison, le Mashed Potato, le Surf et le Shake, ou encore le Blues.

Les Mods de la première génération et ceux de la période de massification (1964/68) vont adopter, pratiquer et populariser toutes ces danses. Au fil du temps cette pratique de la danse va devenir un élément central de la société de « l’entertainment » et du « Nightclubbing » qui va s’épanouir tout au long des Trente Glorieuses et devenir une culture populaire de nos jours, comme l’illustre par exemple la culture de la danse Hip Hop. Pratique encore réservée au milieu des années cinquante lorsque les Mods apparaissent, la danse est désormais devenue une culture à part entière largement popularisée. L’émission télévisuelle de la BBC Ready Steady Go !, diffusée entre 1963 et 1966 en pleine période de massification des Mods, va jouer un rôle important dans la diffusion de la culture de la danse au sein du grand public. Cette émission était effectivement fréquentée par de véritables Mods exécutant leurs danses devant des caméras de la chaîne privée ITV. Pour illustrer cette passion pour la danse et son importance culturelle dans le mouvement Mod, il faut rappeler que le script du film « Saturday Night Fever », écrit par Nick Cohn, est justement issu du récit de la vie noctambule effrénée d’un Mod vivant dans le quartier de Goldhawk Road à Shepherd’s Bush en 1963 à Londres. C’est plus précisément un véritable « Face » (un leader reconnu au sein du groupe) admiré et respecté au sein des Mods. Il dépensait des fortunes en tenues élégantes et passait ses nuits à danser frénétiquement en prenant de nombreuses amphétamines pour avoir une énergie décuplée. De nombreuses scènes du film sont directement inspirées de cette époque, comme les démonstrations de danse de John Travolta. Cette histoire permet de mieux comprendre que les Mods développent une posture d’avant-garde. Ils vont poser les premières pierres d’un phénomène culturel désormais connu sous le nom de « Nightclubbing », adopté par la plupart des jeunes à travers le monde au 21e siècle. Tout comme l’élégance vestimentaire, la danse est une coutume essentielle pour les Mods car elle est indissociable du culte cérémonial des soirées Mods qui s’exprime avec véhémence dans les salles de danses et discothèques dans le « Mod Nightclubbing ».

Soirée Mods à Paris en 2021
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Le terme clubbing est un anglicisme, un néologisme dérivé de « to club » et « nightclub » qui désigne une discothèque. Ce dernier terme, la discothèque, signifie en français « bibliothèque de disques ». Au fil du temps, ce terme va finir par désigner tout type de club qui diffuse de la musique enregistrée pour ses clients. La première « discothèque » répertoriée à Paris était un petit bar de la rue de la Huchette en 1941. Il s’agissait d’un lieu clandestin, à l’abri des regards indiscrets des nazis, où les clients pouvaient écouter des disques de Jazz Afro-Américain. Il faut rappeler qu’à l’origine la pratique de sortir en discothèque régulièrement va d’abord émerger dans les clubs de la haute société comme par exemple dans les clubs de jeu de cricket britannique. La danse représente la quintessence de l’expression Modernist. Pour les Mods la danse est un véritable rituel qui possède ses propres codes et usages, comme le port de fin mocassin en cuir pour pouvoir danser sur du parquet en bois. Pour parfaire leurs techniques et styles de danses, les meilleurs danseurs Mods pratiquent assidûment du sport, et même dans certains cas des cours de danses (claquettes, Modern Jazz...). Tout comme l’élégance, la danse des Mods est étudiée et exécutée harmonieusement en suivant le tempo des morceaux. Cette culture de la danse, qui demande un travail appliqué et patient, est malheureusement de plus en ignoré. L’ère numérique ne favorisant pas la sociabilisation, élément indissociable de la danse.

Soirée Paris Jamboree en février 2024
Crédit : Gérald Chabaud

Sources :

Jason Jules & Graham Marsh « Black Ivy A Revolt in Style »
Éditions Real At Press, London, 2022

Paul Anderson « Scorcha ! Skins, Suedes and style from the street »
Éditions Omnibus Press, London, 2021

Ray Kinsella « Post-war Britain’s First Youth Subculture : The Bebop Scene in Soho, 1945–1950 »
Éditions University of the Arts, London, 2020

Mary Quant « My Autobiography »
Éditions Headline, London, 2019

Tony Beesley « Sawdust Caesars Original Mod Voices »
Éditions Day Like Tomorrow, Peterborough (U.K), 2014

Max Horkheimer et Theodor W. Adorno « La dialectique de la Raison »
Éditions Gallimard, Paris, 2013

Anderson Paul “Smiler”, « Mods The New Religion : The styles and the music of the 60’s Mods » Éditions Omnibus Press, London (U.K), 2013

Jones LeRoi, « Le Peuple du Blues : La musique Noire dans l’Amérique blanche »
Éditions Gallimard, Paris, 2013 (traduction édition 1968)

Jeremy Reed « The King Of Carnaby Street »
Éditions Haus Publishing, London, 2010

Paolo Hewitt « Mods une anthologie Speed, Vespa & Rhythm’n’Blues »
Éditions Rivage, Paris, 2011

Dick Hedbige « Sous-culture, le sens du style »
Éditions La Découverte, Paris, 2008

Savage Jon « Teenage the creation of Youth »
Éditions Chatto & Windows, London (U.K), 2007

Sers Philippe « La révolution des avant-gardes »
Éditions Hazan, Paris, 2007

Guy Debord « La société du spectacle »
Éditions Lebovici, Paris, 1989

Bernard Droz et Anthony Rowley « Histoire générale du XXéme siècle »
Éditions Seuil, Paris, 1987

Barnes Richards « The Mods ! »
Éditions Plexus Publishing Limited, London (U.K), 1979

Malson Lucien, « Histoire du Jazz et de la musique Afro-américaine »
Éditions Seuil, Paris, 2005 (collection 10/18, UGE 1976

George Melly « Revolt Into Style »
Éditions Oxford University Press, London (U.K), 1969

Références musicales :

  • D.O.V.E (Drums Organ Vibes Ensemble) « La Terra Inquieta »
    Irma Records – 2017
  • Makin Time « Here’s My Number »
    Countdown Records (112) – 1985
  • Maximillian « The Snake »
    London Records (9356) – 1961
  • Johnny Lytle « The Loop »
    Tuba Records (2004) – 1966
  • Betty James « I’m A Little Mixep’ Up »
    Chess Records (1801) – 1961
  • The Jam « Town Called Malice »
    Polydor Records (456) – 1982
  • Byron Lee & The Dragonnairs « Dumplins »
    Blue Beat Records (BB2) – 1960
  • Pasapongas Hammond Quartet « Spiaggia San Remo »
    Tweed Jacket Records – 2021
  • Buddy Ace « Screamin’ Please »
    Duke Records (346) – 1962
  • Herbie Goins And The Night Timers « Cruisin’ »
    Parlophone Records (UK/R553) - 1966