L’authentique culture des Mods racontée par Alexandre Saillide-Ulysse part 1

mardi 16 juillet 2024, par Franco Onweb

Depuis de nombreuses années maintenant j’aborde les différentes cultures et mouvements (Sub-Cultures) inscrits dans le paysage urbain. Parmi ces nombreuses tribus, les Mods représentent une part importante de ce riche héritage social et culturel. Cet été 2024, j’ai donc choisi d’aborder plus précisément la culture et le mouvement Mod à travers un long entretien, composé de quatre parties distinctes, avec Alexandre Saillide-Ulysse. Fondateur du club Paris 75 M.N.S et du site « Le Cercle Modernist », Alexandre Saillide-Ulysse va nous dévoiler la richesse et les particularités des Mods. Dès cette première partie, notre échange débute par une profonde immersion dans l’authentique culture des Mods.

Peux-tu te présenter ?

Je m‘appelle Alexandre Saillide Ulysse. Avant de débuter notre entretien, je tenais à te remercier de me donner l’opportunité de m’exprimer auprès de tes lecteurs à propos d’un sujet qui me tient particulièrement à cœur, les Mods.

Alexandre Saillide-Ulysse
Crédit : 75 M.N.S

Comment es-tu devenu Mod ?

Je suis devenu Mod à l’âge de 12 ans en septembre 1980 lorsque j’habitais à Rome, en Italie. C’est plus précisément le film « Quadrophenia », d’après l’opéra rock des Who, qui m’a fait découvrir avec stupeur les Mods, comme de nombreux autres jeunes à cette époque. Dès le lendemain matin, lorsque je suis retourné dans mon établissement à Rome, j’ai vu à mon grand étonnement qu’il y avait des Mods en parkas portant des costumes impeccables. Je suis rapidement devenu ami avec ces Mods malgré mon jeune âge, j’étais à peine au Collège alors qu’ils étaient déjà en classe de terminale. Ils vont me faire découvrir et expliquer le mouvement Mod, Ces Mods, la plupart fils de diplomate français, étaient très élégants, conduisaient de rutilants scooters Lambretta et possédaient une grande culture musicale. Ils étaient pétris par la culture d’avant-garde élitiste des premiers Mods, a contrario de l’image stéréotypée de la plupart des Mods au début des années 1980. Bien plus tard, j’apprendrai que les premier Mods de Rome étaient donc ces jeunes gens du lycée français de Rome et non des Italiens. Certains seront directement en contact avec des Mods romains, ils vont les influencer en facilitant l’apparition de Mods soucieux de leur élégance, comme les membres des Underground Arrows, mythique groupe musical Mods de la ville de Rome.

Totalement séduit par cette tribu des Mods à 12 ans, j’ai donc commencé à changer mon look en endossant des polos trois boutons, fermés jusqu’au cou, un pull en col V, des jean’s 501 et des chaussures desert boots (Clarcks). Je me rappelle parfaitement de ce tout premier look, totalement inspiré du film « Quadrophenia » qui m’a fait apercevoir visuellement la toute première fois les Mods. Malgré les réticences parentales, ce changement d’allure ne passait pas inaperçu, j’ai donc commencé à me balader fièrement ainsi vêtu dans les rues de Rome. Très vite, j’ai repéré et fait la connaissance avec des Mods de la ville de Rome qui se rassemblaient sur la Piazza Capranica. Dès le début des années 1980, en pleine période du Mod Revival, nombreux Mods sont présents dans la ville de Rome, comme dans de nombreuses autres villes en Italie. Le pays de Dante va effectivement développer une des scènes Mod européennes les plus actives, désormais devenue une référence. Devenu proche de Gerry Buccini et Fulvio Cartacci, particulièrement bienveillant envers les jeunes Mods, je vais très rapidement être intégré au sein de la bande des Mods de Rome de la Piazza Capanica en 1982. C’est sous la houlette de ces deux charismatiques Mods Romains, Gerry Buccini était un véritable leader Hard Mod, que je vais approfondir ma connaissance de la culture Mod.

Alexandre Saillide-Ulysse en 1988
Crédit : 75 M.N.S

Les tensions étaient fortes à Rome pendant cette époque. Les affrontements étaient fréquents et les bandes nombreuses dans la ville éternelle : voyoucratie locale, nouvelles tribus urbaines (dont les Mods), groupes politiques radicaux ou tifosi ultras de football. Je me rendais quotidiennement, pour rencontrer mes nouveaux amis, sur la Piazza Capranica qui se trouvait proche de mon domicile. Pour la petite histoire, j’ai résidé en Italie durant ces années car ma mère travaillait à l’Académie de France à Rome. J’ai donc eu la chance de résider six années durant au sein de la magnifique Villa Médicis, d’où je pouvais rejoindre le rendez-vous des Mods en vingt minutes de marche à pieds en traversant les plus belles rues de la ville éternelle. Fin 1983, j’ai acheté pour une somme modique un petit Lambretta, modèle J50DL de 1969. Malgré mon jeune âge, je pouvais l’utiliser pour rejoindre les nombreux autres scooters, tous rutilants de chromes, sur la Piazza Capranica. Malheureusement, ce scooter n’a pas fait long feu, mais en contrepartie, à partir de ce moment, j’étais transporté avec grande bienveillance derrière le magnifique Lambretta (modèle LI 125) aux ailes chromées de Fulvio Cartacci. L’expérience de ces rencontres quotidiennes dans cette ambiance de grande camaraderie avec les Mods de Rome, ainsi que la participation aux nombreux événements organisés par la dynamique scène italienne, vont largement contribuer à forger mes convictions, et décupler mon émulation, ma passion, pour les Mods.

Monsieur Del Evans Mods anglais 1963
Crédit : Madame Gill Evans Catling

Je garde encore un souvenir ébloui de mon premier grand rassemblement Mod durant le « Raduno Mod Italiano », en 1983, qui rassemblait plusieurs centaines de Mods en scooter. Pour information, ce Raduno est organisé annuellement depuis 1981, la prochaine édition va se dérouler dans la charmante ville de Cattolica en septembre 2024. C’est donc à partir de cette année 1983, à l’âge de 15 ans, que j’ai commencé à véritablement m’intéresser à l’authentique culture Mod. La culture de l’élégance vestimentaire m’a très vite été transmise à Rome comme je te l’ai précisé. Le fait de côtoyer quotidiennement ces Mods élégants m’a incontestablement influencé dans mon choix précoce pour une posture de Mod Stylist, c’est à dire un Mod adoptant une élégance vestimentaire radicale. Les conseils avisés de mes mentors, ainsi que le choix pléthorique de vêtements disponibles à cette époque m’ont largement facilité cette démarche. Je me rappelle parfaitement les rendez-vous matinaux au marché aux puces à côté de la Piazza del Popoplo à Rome pour dégoter des vêtements sur les étals des marchés. À cette époque, tu pouvais acheter pour une somme modique un superbe costume taillé artisanalement ; on les trouvait vendus pliés dans une superbe boite en carton. Il existait aussi de nombreux magasins vendant des vêtements de haute confection artisanale, ce qui explique la grande élégance d’une partie des Mods italiens. D’ailleurs, n’oublions pas que la première génération des Mods anglais va très largement s’inspirer des nombreux styles (Riviera, Napolitain…) de la richissime culture vestimentaires italienne. Comme je te l’ai précisé, les tensions étaient nombreuses autour des Mods à Rome au début des années 1980.

Il faut rappeler que l’Italie est encore touchée par la violence politique des « années de plomb ». L’environnement urbain était particulièrement violent et surtout hostile aux Mods qui dépareillaient ce paysage. À Rome, je voyais régulièrement les Mods s’affronter violemment contre des bandes de virulents jeunes fascistes. Cette ambiance très spéciale est d’ailleurs parfaitement retranscrite par le morceau intitulé « Who Killed Snoopy » (Qui a tué Snoopy ?) du groupe Mod The Four By Art, originaire de la ville de Milan. Ce morceau relate, bruitages à l’appui, les très violents affrontements (dont un mort par balle) entre les Mods de Milan et les Paninari. Ces derniers, les Paninari (littéralement « mangeurs de panino/sandwich ») étaient l’équivalent des « Casuals » anglais, en ayant la particularité d’être le plus souvent de tendance néo fasciste. Le personnage de bande dessiné (Snoopy) était leur signe de reconnaissance. Le titre du morceau « Who Killed Snnopy » est donc clairement une référence narquoise, moqueuse, des Mods de la ville de Milan envers les Paninaris. Cette atmosphère violente va particulièrement marquer et influencer une partie de la génération des Mods issue de la période post Mod Revival. Au sujet des Casuals, on peut rappeler qu’ils étaient eux aussi les ennemis des Mods durant les années 1980 en Angleterre. Étonnement, certains Casuals se considéraient eux-mêmes comme de véritables Mods (dans les sens terminologique de MODernboyS). Selon cette théorie, les Casuals étaient de véritables Mods car ils adoptaient la mode de leur temps, celle des années 1980, à la différence des Mods cultivant une culture issue d’un temps passé. Même si les Casuals peuvent effectivement être considéré comme une culture urbaine à part entière, les Mods ont développé à travers des générations successives un corpus culturel d’une profondeur historique et culturel bien plus consistant.

Stamford Hill-Mods 1962
Crédit : Brtitish Library

Peux-tu nous parler plus précisément des générations successives de Mods ?

Avec plaisir, car la problématique de ces générations successives est primordiale pour mieux connaître et comprendre la spécificité du mouvement Mod. En premier lieu, il me faut préciser le sens donné au terme « génération » de Mods. Le terme génération n’est pas employé pour désigner une classe d’âge dans son sens démographique. Le terme génération désigne ici un groupe de personnes partageant des pratiques durant une même période historique. Plus précisément, ces générations successives représentent cinq périodes qui vont forger l’identité des Mods depuis la fin des années 1950. Les Mods sont issus d’une longue histoire désormais ancrée dans notre société contemporaine. Au fil du temps, les Mods vont faire éclore des générations successives qui vont toutes avoir une posture et une interprétation distincte. De ce fait, il est dorénavant difficile pour les non-initiés de reconnaître et différencier précisément les Mods qui représentent plus un mouvement uniforme. Les Mods sont désormais plus représentés par des « totems » (parka, cocarde, scooter...) largement introduit par la presse et la commercialisation durant deux périodes (1964/68 et 1979/82), ce que nous allons justement voir. J’utilise le terme « totem » dans un sens sociologique, comme marqueur identitaire, tout en lui donnant une dimension mercantiliste. Je développe plus longuement cette théorie dans mon livre « Style de Vie Modernist ». De nos jours, le mouvement Mod prend des formes différentes se réclamant de tendances qui puisent toutes leurs origines dans l’historicité du mouvement Mod. Une passionnante et riche histoire que nous allons justement essayer de mieux cerner maintenant.

Tout d’abord, à l’origine, il y a la toute première génération (1958/1963) de Mods qui est celle de véritables précurseurs. Une génération primordiale pour comprendre les racines et l’authentique éthique des premiers Mods. Au début, les Mods représentent une avant-garde confidentielle qui va lentement émerger à partir de la fin des années 1950 avant de se transformer en un véritable phénomène de masse. Cette toute première génération est désormais beaucoup mieux connue grâce à de nombreux témoignages, accompagnés de nombreuse études universitaires. Ces jeunes pionniers vont forger la culture Mod en mettant en exergue leur passion pour l’élégance vestimentaire et l’engouement pour les musiques Afro-Américaines Blues et Jazz. Il est important de souligner qu’à l’exception de rares apparitions dont nous allons parler, cette première génération de Mods restent cantonnés dans un milieu encore confidentiel, avant de devenir « à la mode ».

Mods à Brighton en 1964
Crédit : Britsh Library

Justement, par la suite (entre 1964 et 1968) un grand changement va s’opérer, lorsque les Mods vont devenir un véritable phénomène de masse. Mouvement d’abord confidentiel, il devient à la mode et se vulgarise. Dès 1964, par le biais d’une surexposition médiatique et d’une exploitation commerciale forcenée, les Mods vont devenir le mouvement en vogue. Ce rôle primordial de la presse est largement expliqué par le sociologue d’origine américaine Stanley Cohen (1942 -2013) dans son livre « Folk Devils and Moral Panics. The Creation of the Mods and Rockers » publié en 1972. Stanley Cohen décortique et souligne le rôle central des journalistes qui vont créer et propager une image violente de la jeunesse, et plus particulièrement celle des Mods. Cette surexposition médiatique, et cette exagération de la violence, conduiront même les autorités à mettre en place une série de lois répressives. Le sociologue Gildas Lescop explique que, pareillement, c’est par ce même processus médiatique que la culture Skinhead sera détournée par les Boneheads politisés. Cette période (1964 / 1968) est donc caractérisée par une première grande massification (en nombre) des Mods.

Plusieurs millions de jeunes gens au sein de la société anglaise se déclarent Mods ou Rockers durant ces années. C’est durant cette période que les villes balnéaires anglaises voient déferler des hordes de jeunes en quête d’adrénaline, se réclamant de la tribu des Mods. Cette standardisation massive des Mods aura de multiples effets. Tout d’abord, de nombreux Mods de la toute première génération, une élite qui prônait une culture d’avant-garde, vont quitter le mouvement et certains vont être à l’origine de l’émergence de nouvelles culture urbaines. Pour se distinguer de ces nouveaux jeunes adeptes (dénommés les « tickets ») une frange va refuser « l’embourgeoisement » d’un mouvement devenu à la mode et omniprésent. Cette frange, qui apparaît dès le milieu des années 1960, sera dénommée bien plus tard comme celle des « Hard Mods ». Les Hard Mods vont ainsi développer une posture plus radicale et violente en comparaison de la génération précédente. C’est cette frange de Mods qui fera les choux gras des tabloïds de la presse anglaise. Ces Hard Mods revendiquent leurs origines sociales et les valeurs issues de la classe ouvrière. Cette dimension sociale va se retrouver quelques années plus tard chez les Skinheads, a contrario des Mods de la toute première génération, dont la culture de l’extrême élégance trouve plus sa source dans les codes vestimentaires et les usages de la haute société. De plus musicalement les Hard Mods ne se reconnaissent pas dans la Pop et les nouvelles sonorités du Swinging Sixties en vogue. Ils préfèrent les styles musicaux écoutés par les premiers Mods, et surtout les nouveaux sons venus de Jamaïque, comme le Ska, joués dans les clubs fréquentés par les Rude Boys. C’est justement la culture et les pratiques de ces Rude Boys, jeunes de la communauté Jamaïcaine regroupés en bandes, qui vont influencer ces Hard Mods. Petit à petit, les Hard Mods vont se transformer et être désignés par de nouvelles appellations soulignant leurs cheveux courts et leur attitude virile : peanuts, pykids, baldheads, cropheads, et autres surnoms qui aboutiront finalement au nom de Skinheads.

1966 Hard Mods Angleterre
Droits réservés

Plus tard, entre 1969 et 1978 une troisième génération de Mods va poursuivre avec insistance et cultiver cette culture Mod malgré un oubli général. Je dénomme cette période « Out Of Time » (hors du temps). Ce titre souligne le fait que cette génération fait le choix singulier de devenir Mod, alors que les Mods ne sont plus à l’ordre du jour... En ce sens, cette génération est à contre-courant, elle semble « hors du temps » au regard de la nouvelle mode du Flower Power et des Hippies. L’expression Hippies est née l’été 1967 avec la période dite du « Summer Of Love » durant laquelle les Hippies portaient des fleurs dans les cheveux et les distribuaient autour d’eux. Les Hippies vont ainsi devenirs les « Flower Child » (enfant de la fleur) pour les médias. Malgré la nouvelle prédominance de la mode Hippy, les Mods, désormais établis par deux générations successives, vont subsister durant ces années et plus particulièrement dans les régions du nord de l’Angleterre. Il faut comprendre qu’à partir de cette période, le mouvement Mod est de moins en moins standardisé : les Mods ont des allures de plus en plus disparates, différentes « chapelles » se constituent. D’un côté, les gardiens de la tradition, de plus en plus minoritaires, prônant la culture traditionnelle de l’élégance vestimentaire. De l’autre, de nombreux Mods préfèrent adopter une allure vestimentaire beaucoup plus influencée par la mode et l’environnement contemporain.

Amorcée la période précédente la culture des Hard Mods va se renforcer durant les années 1969/78 avec l’arrivée de nombreux éléments fuyant également la mode ambiante. Comme précisé, petit à petit cette frange va se transformer et devenir la culture Skinhead. Finalement, le 3 septembre 1969 le The Daily Mirror, quotidien britannique classé dans la catégorie tabloïd, parle pour la toute première fois au grand public de ces Skinheads. Néanmoins, il faut rappeler que quelques mois auparavant les Skinheads sont cités par un magazine underground produit pas des Hippies, intitulé « Oz ». Cet article relate les nombreux incidents et agressions (contre des spectateurs à l’allure de Hippies et des motards Hell’s Angels) provoquées par des bandes de Skinheads, nommés de « stupides terroristes », lors du concert gratuit des Rolling Stones, le 6 juillet 1969 à Hyde Park. Cette violence et agressivité des Skinheads lors de ce concert va profondément marquer l’opinion publique et donnera dès le départ une image sulfureuse aux Skinheads. Je développe plus en profondeur dans mon livre ces forts liens entre ces deux cultures devenues disparates, celle des Mods et des Skinheads. Dans le même temps, certains Mods vont aussi commencer à fréquenter d’autres scènes et participer à l’émergence de nouvelles cultures urbaines. En effet, beaucoup de Mods vont rejoindre les nombreux scooters clubs créées en Angleterre durant les années 1970 à l’origine de la culture des Scooter Boys qui va s’épanouir en parallèle de la puissante scène des Mods durant les années 1980. Ce sont également des Mods qui vont largement participer à l’émergence de la scène dédiée à la musique Soul Afro-Américaine à la fin des années 1960 en Angleterre, plus tard connue comme la scène « Northern Soul ». Ce n’est pas un hasard si ce terme (Northern) désigne le Nord de l’Angleterre. Effectivement, tout en étant le foyer originel de cette culture dédiée à la musique Soul Afro-Américaine, c’est aussi dans le nord de l’Angleterre que vont subsister les plus importants bataillons de Mods, justement férus de cette même musique Afro-Américaine. Le livre « Style de Vie Modernist » consacre justement un chapitre à cette grande influence de la culture musicale des Mods dans l’émergence de la scène dite Northern Soul.

Par la suite, au début des années 1980, les Mods vont connaître une véritable renaissance grâce à la période appelée Mod Revical (1979 et 1982). La sortie du film « Quadrophenia », en 1979 en Angleterre puis l’année suivante en Europe, va aussi largement participer à la renaissance des Mods et accompagner le Mod Revival. Ce film va créer une nouvelle mythologie Modernist romancée qui va séduire de nombreux jeunes gens. Tout en remettant les Mods au-devant de la scène médiatique, cette période du Mod Revival aura la particularité d’être très créative et active par le biais de la diffusion d’objets culturels divers (Fanzines, K7Audio, livres...), l’organisation d’innombrables événements (soirées, rassemblements..), et une riche scène musicale dont le groupe The Jam était le fer de lance. Le choix de la date 1982 pour marquer la fin de cette période correspond d’ailleurs à la séparation du groupe The Jam, qui sonne comme un clap final pour cette période du Mod Revival. Néanmoins, tout en remettant clairement au goût du jour les Mods, cette période va également participer, tout comme entre 1964 et 1968, à vulgariser la culture Mod par le biais d’une commercialisation forcenée et une utilisation outrancière des « totems ».

Journal Nitro Numéro 6 novembre 1981
Crédit : Collection personnelle Alexandre Saillide-Ulysse

Enfin, nous arrivons à la période que j’appelle « International Mod World », qui débute en 1983 et cours jusqu’à nos jours en 2024. Cette période (1983/2024) englobe en fait deux générations à travers celle du post Mod Revival, entre 1983 et la fin des années 1990, puis une dernière génération en ce début de 21e siècle qui reprend le flambeau et plus particulièrement à travers le monde sur d’autres continents. Lors de la période post Mod Revival (1983/2024), la culture Mod va d’abord se répandre en Europe. Ces années peuvent être considérées comme une période d’or pour les Mods au regard de la constitution d’une nombreuse, puissante et active scène. Parallèlement, une nouvelle génération de Mods va émerger à l’autre bout du monde, en apportant un nouveau souffle et une nouvelle interprétation, comme avec les Mods nippons. Le cycle de renouvellement générationnel semble désormais s’épanouir plus hors du Vieux Continent. Effectivement, les Mods deviennent de nos jours vieillissants en Angleterre, tout comme en Europe continentale. Malgré une scène active, le renouvellement générationnel fait de plus en plus défaut. Enfin, une des particularités de ces générations, à cheval sur ces deux périodes, est d’être restées très proches, ou même encore actives, de la scène Mod malgré l’âge. Nous sommes issus d’une génération de Mods forgée par une véritable mythologie Modernist. De ce fait la scène Mod devient indéniablement vieillissante. Beaucoup de Mods issus de ma génération, ont désormais franchi le cap de la cinquantaine voire plus. Cette subsistance dans le temps est nouvelle, contrairement aux générations précédentes.

Chaque génération de Mods est différente ?

Effectivement, chaque génération de Mods développe une posture, un message, différent. Au 21e siècle, par exemple, la génération actuelle est confrontée à des transformations et évolutions sociétales et technologiques qui changent énormément la donne. De nos jours, l’apport et la transformation induite par l’utilisation du numérique a très largement changé l’approche et la connaissance culturelle des Mods. Les nouvelles technologies de l’information permettent effectivement une plus rapide et facile connaissance de l’immense corpus culturel Mod. Le numérique va d’ailleurs être largement utilisé à ses débuts par les Mods pour diffuser leur culture, les Mods Japonais sont des précurseurs dans ce domaine. Néanmoins, la passion et l’émulation inhérentes à la découverte de la culture Mod sont émoussées par cette facilité et le « court-termisme » induit par le numérique. De ce fait, la connaissance de la culture Mod authentique se perd largement, ou pire est littéralement détournée par un certain révisionnisme. De la même façon qu’entre 1969 et 1979, devenir Mod en 2024 est devenu un choix singulier, une démarche personnelle non dictée par la mode ambiante du moment... La musique illustre parfaitement ces nouvelles facilités par l’accès illimité à tous types de musiques désormais offert par internet. De ce fait, l’immense champ musical de la culture Mod est beaucoup plus facilement identifiable. Pourtant, c’est de plus en plus la spécialisation musicale qui est privilégiée, et non l’hétérogénéité spécifique à la culture musicale des Mods. Chaque génération de Mods a donc une approche différente et distincte, c’est la pertinence de la posture développée qui donne justement consistance à cette démarche. C’est lentement au fil du temps, par le bais d’une totale immersion, que l’on parvient à une certaine connaissance et compréhension du véritable ethos Modernist : le Graal des Mods.

East London Mods 1982
Crédit : Monsieur Bob Morris

Quand apparaît le terme Mods dans l’espace public ?

Tout d’abord, il faut souligner que cette question relative à la première apparition du terme Mods dans l’espace public fait encore l’objet de nombreux débats et controverses entre spécialistes. Néanmoins, des sources fiables permettent d’éclairer plus précisément cette problématique. Je précise qu’il faut distinguer cette question relative à l’apparition du terme Mods dans l’espace public, à la naissance même des premiers Mods. Cette dernière problématique, c’est à dire fixer une date précise pour l’apparition des premiers Mods, est encore ouverte et sujette à débats, même si la réponse à la première question permet de fixer des jalons dans le temps. Des données fiables permettent d’avoir une idée précise sur la date d’apparition des termes « Mod / Mods » dans l’espace public. Plus exactement, c’est par le biais d’un article de la presse écrite anglaise (Daily Star) que le terme Mod apparaît une première fois dans l’espace public, en février 1958. Publié sous le titre « Are You Trad Or Mod ? », cet article écrit par la journaliste Anne Allen tente de comprendre le nouveau mode de vie noctambule de la jeunesse fréquentant les clubs de Jazz à Londres. La ville de Londres avait une scène musicale Jazz particulièrement active durant les années 1950, elle regorgeait de clubs qui auront une grande influence sur l’émergence de la culture Mod. Cette période représente un moment charnière dans l’émergence de la « culture des jeunes » de l’après-guerre.

Tout en ayant la particularité de citer clairement pour la toute première fois le terme Mod, cet article daté de février 1958 explique que le terme Mod est utilisé au sein de la scène des passionnés de musique Jazz à Londres. La journaliste Anne Allen tente de comprendre le clivage entre les aficionados de Jazz « Trad » et ceux de Jazz « Mod ». Comme le montre clairement cet article, il ne s’agissait pas seulement d’un conflit musical entre les amateurs de jazz « traditionnel » dit « Mainstream » de la Nouvelle-Orléans et ceux du Jazz plus moderne des années 1950, il y avait aussi des différences stylistiques. Au niveau musical, il y avait un clivage entre les partisans du style Jazz dit « Mainstream », et les amateurs de Jazz dit « Trad », justement plus apprécié par ce courant dit Mod. Le style musical Mainstream représente le Jazz classique, celui des années 1930 et 1940 joué par grands orchestres. Ce Jazz Mainstream ne désigne pas seulement une époque, mais aussi un style d’écriture : le Swing. Pour sa part, le style musical « Trad », abréviation de traditionnel, est une forme de Jazz qui apparaît aux USA et en Angleterre plus tard. Au niveau de la posture stylistique et vestimentaire, les participants de la scène Jazz à Londres suivent deux trajectoires différentes. D’une part, la ligne dite « Trad-Beatnik » plus portée sur la musique, et d’autre part la ligne dite « Mod » a contrario plus attirée par leur élégance vestimentaire que par la musique.

Mods Stamford Hill 1960
Crédit : M.K

Le terme Mod est donc utilisé pour se démarquer des autres groupes en soulignant une nette préférence pour l’élégance vestimentaire. Cet article de madame Anne Allen, source historique incontestable, permet de fixer la date de février 1958 pour la première apparition du terme Mod dans l’espace public. En outre, l’article permet de confirmer, une nouvelle fois, la théorie soulignant un lien indissociable entre l’origine de l’émergence des Mods et la scène musicale Jazz en Angleterre des années 1950. Cette même thèse est brillamment exposée, tout en lui attribuant une origine encore plus antérieure, par le livre « Revolt Into Style » écrit par George Melly et publié en 1970. En effet, dans son ouvrage, George Melly cite le « Club Eleven », qui ouvre ses portes à Londres en 1948 aux passionnés de musique Jazz, comme un véritable incubateur pour l’émergence des Mods. La filiation, le fort lien, entre la scène musicale Jazz en Angleterre des années 1950 et l’origine de l’émergence des Mods est indéniable.

Après avoir répondu à cette question de l’apparition du terme Mod dans l’espace public, je tenais également à rappeler l’origine même de l’utilisation du terme Modern (Modernist) indissociable du terme Mod. N’oublions pas que la dénomination Mod est construite par le mélange des termes Modern et Boys (= MODernboyS). L’origine de l’utilisation du terme Modern trouve sa source, selon des sources fiables, chez certains tailleurs Juif de Londres qui utilisaient le terme « Modern » pour désigner commercialement leurs toutes dernières collections de vêtements. Cette thèse est étayée par la fréquentation assidue de ces mêmes artisans tailleurs par les Mods, tout comme par les forts liens développés avec la communauté juive, surtout par la première génération de 1958/1963. L’origine du terme Mod ne remonte donc pas eu début des années 1960, comme il est souvent écrit, mais bien antérieurement. Cette date des années 1960 est très souvent désignée en référence à un autre article de presse parlant des Mods. Cet article, daté de 1962, est devenu la référence la plus couramment utilisée pour parler de l’origine des Mods. L’article en question est intitulé « The Young Take The Wheel ». Il est publié par le magazine Town et présente des photos de 3 jeunes Mods : Mark Feld âgé de 15 ans (plus tard Marc Bolan), accompagné de Peter Sugar et Michael Simmonds. Ces trois jeunes garçons, qui se déclarent Mods, sont tous vêtus avec une grande élégance. Plus tard, ils seront connus sous le nom des Mods de Stamford Hill, en référence à un quartier de la ville de Londres. Dans cet article le jeune Mod Mark Feld déclare « J’ai dix costumes, huit vestes de sport, quinze paires de pantalons, trente à trente-cinq bonnes chemises, une vingtaine de pulls, trois des vestes en cuir, deux vestes en daim, cinq ou six paires de chaussures et trente des liens exceptionnellement bons. » Cet article est devenu la référence historique la plus connue sur l’origine de l’apparition des Mods dans l’espace public. Même si elle est erronée, la date de cette apparition est bien antérieure comme nous l’avons vu, cette thèse permet de souligner que le mouvement Mod existe déjà depuis quelques années en 1962. Cette année 1962 amorce déjà l’arrivée d’une nouvelle génération et annonce la prochaine massification du mouvement Mod.

Alexandre Saillide-Ulysse, Laurent Grux et Pascal Rousse du 75 M.N.S en 2019
Crédit : 75 M.N.S

Peux-tu présenter ton club ?

Le nom de mon club est Paris 75 M.N.S, ses actions sont relayées par un organe officiel de diffusion appelé « Le Cercle Modernist ». De plus pour diffuser nos informations, nous utilisons également les réseaux sociaux, dont le réseau Meta / Facebook par le biais du groupe public appelé « l’Agenda des Mods Français ». L’objectif de ce groupe social est de diffuser exclusivement des informations actualisées et qualitatives relatives aux Mods et leur culture par le biais de rubriques ordonnées et spécifiques (événements, livres, magazines...). Historiquement, mon club apparaît tout d’abord sous une forme embryonnaire à Paris. Plus précisément, tout commence en 1983, après mon retour d’Italie, je constitue une petite bande composée de quatre Mods dans le quartier du Palais Royal ou je réside à Paris. Très rapidement, mon petit club entre en contact avec d’autres bandes de Mods plus importantes à Paris : le Crystal Dancers All Mod Scooter Club, la bande des Mods de Gambetta, et le club des Mods de Lutèce (île Saint Louis). Je précise que cette liste correspond aux divers clubs rencontrés, et non à la liste exhaustive de tous les clubs Mods existants à Paris au début des années 1980. Vous retrouverez cette liste complète dans mon livre « Style de Vie Modernist ».

Le premier club que je vais fréquenter est celui des Mods de Lutèce, dont le leader était Lionel Velard. Véritable Hard Mod, Lionel Velard avait floqué en grosses lettres sur le pare-brise de son scooter « Fuck Skins ». Vêtu d’une tenue impeccable toujours adaptée à ses dangereuses pérégrinations urbaines, son scooter rutilant de chromes était aussi pourvu d’une batte de baseball. Les Mods de Lutèce se rassemblaient sur la très chic et touristique île Saint Louis, deuxième île naturelle de la Seine avec l’île Saint Louis. Ce club avait la particularité d’être composé par des Hard Mods roulants tous en scooters et arborant un look adapté pour affronter leurs ennemis. C’est auprès de cette bande de valeureux Mods que j’ai découvert l’hostilité ambiante envers les Mods à Paris. Quelques temps plus tard, j’ai rejoint la bande des Mods de Gambetta. La particularité des Mods de Gambetta était de rassembler différents clubs de Mods. Chaque club gardait sa propre particularité et ses « couleurs », mais nous étions tous fermement unis sous une même bannière des Mods de Gambetta et conduit par notre leader Sid. La bande des Mods de Gambetta va rapidement prendre de l’ampleur, ses membres venaient d’horizons sociaux différents et avaient une grande variété et richesse culturelle. Pour ma part, tout en étant membre des Mods de Gambetta, je vais poursuivre les activités de mon club. C’est surtout à travers l’édition de Modzines (fanzine de type Mod) au début des années 1980, que mon club va d’abord diffuser son message. Les années 1980 représentent une période d’or pour les fanzines. Les fanzines étaient des publications à faible diffusion confectionnées passionnément et d’une manière artisanale pour diffuser la culture Mod.

Affiche soirée Mods à Paris en 1990
Crédit : Collection personnelle Saillide-Ulysse

Les Modzines étaient pour nous de formidables moyens d’actions, ils permettaient de constituer un public fidèle en donnant vie à une scène naissante très active. Mon club va produire et diffuser « Style de Vie », « Race Mucic » et « l’Extrême Élégance ». C’est par le biais de ces publications, les Modzines, que mon club va développer et présenter son propre corpus culturel Mod et développer l’ethos porté par notre club. Un ethos porté par la passion de la culture de l’élégance vestimentaire et l’engouement pour les musiques et la culture Afro-Américaine, fondements légués par la première génération de Mods. Parmi toutes nos actions, l’aventure de la « La Ruche », premier club (discothèque) Mod organisant des soirées régulièrement à Paris, va notamment marquer cette période. En parallèle de ces actions, nous avons également voulut mettre en forme un nouveau corpus relatif à la culture des Mods en France. Notre objectif est de préciser la spécificité des Mods en France, sans aucunement nier notre lien indissociable avec la culture Mod Britannique. En effet, tout en étant indissociablement liés à la culture et l’histoire des Mods en Angleterre, les Mods français possèdent une très riche culture. Cette culture française va d’ailleurs largement influencer les fondements de la culture Mod originale par le biais, entre autres, de la Nouvelle Vague ou des stylistes de mode français. Mais, cette influence ne se limite justement pas à ces seuls champs. L’objectif de mon club est d’y ajouter de nouveau éléments tels que l’héritage des Zazous, de Joséphine Baker, de Django Reinhardt, ou encore du Blues Zydeco de Louisiane. Au passage, je tiens à souligner que cette liste n’est pas exhaustive. C’est d’ailleurs dans cet objectif, que mon club a participé avec engouement à la magnifique cérémonie d’introduction de madame Joséphine Baker au Panthéon national en 2023.

Quelle est la signification de l’acronyme 75 M.N.S ?

Le nom d’un club Mod est fondamental, il est le reflet de l’ethos du club. Couramment utilisé pour désigner les clubs Mod, l’acronyme est un moyen de souligner sa spécificité et sa singularité. L’acronyme donne aussi une dimension confidentielle, presque secrète car le club a une fonction spécifique pour les Mods. Tout en développant la sociabilité du groupe, le club met aussi en exergue « l’Entre soi » de par sa sélectivité et la pratique d’usages et coutumes spécifiques. La signification précise de l’acronyme 75 M.N.S est donc la suivante. Tout d’abord, le chiffre 75 renvoie à notre capitale, la ville de Paris. Ensuite, la lettre M signifie Modernists. Puis, la lettre N signifie No (non). Enfin, la lettre S signifie « Surrender » (se rendre en anglais). Plus exactement, « No Surrender » renvoie à l’histoire mouvementée de mon club. Par conséquent, le nom du club est « Paris Modernists No Surrender », qui se traduit par « les Mods de Paris n’abdiquent jamais ». C’est, tout d’abord, une référence à la devise de la ville de Paris « Fluctuat Nec Mergitur » (battu par les flots, mais ne sombre pas) car nous sommes pétris par l’histoire de notre ville. Enfin, le nom de notre club est dans la langue de Shakespeare car nous tenons à rappeler les racines originelles des Mods, tout en soulignant avec force la spécificité de notre identité.

Alexandre Saillide-Ulysse et Jean-Marc Datchary du club 75 M.N.S en 2019
Crédit : 75 M.N.S

Quels sont les objectifs poursuivis par votre club ?

Les objectifs poursuivis par le 75 M.N.S sont multiples, le tout premier objectif est de préserver et diffuser l’authentique culture Mod par le biais du « Cercle Modernist », organe de diffusion officielle, et la communication des groupes sociaux. Cette action militante Mod s’adresse tout particulièrement à la jeune génération qui manque cruellement à notre scène en France. La scène Mod est incontestablement vieillissante, il est grand temps de passer la main aux plus jeunes pour retrouver une certaine fraîcheur et spontanéité. En outre, nous sommes très attachés à la dimension internationale de notre club que nous mettons en exergue par des alliances avec d’autres clubs Mod à travers le monde, comme avec les Mods de Djakarta en Indonésie. A ce propos, notre club va prochainement annoncer l’organisation d’une soirée dans une capitale européenne en partenariat avec d’autres clubs Mods. Bien entendu, nous organisons différents types de soirées, rituels essentiels des Mods. Tout d’abord, nous organisons de façon régulière des soirées privées pour les sessions du « Club du Cercle Modernist » dédiées à un thème spécifique. La dernière session du « Club du Cercle Modernist » était consacrée à la grande Joséphine Baker, la prochaine session sera dédiée à la présentation du livre « Style de Vie Modernist ». En plus, nous organisons un grand rassemblement international appelé « Paris International Mod Weekender », exclusivement réservé aux Mods.

Le prochain est programmé pour 2025. Nous tenons spécialement à conserver la tradition de l’élégance vestimentaire Modernist pour ces soirées, c’est pour cette raison que le code vestimentaire est spécifié par le principe du « Strictly Smart Mod Dress ». Nous avons également débuté l’organisation d’un nouveau type de soirées, dénommées « Paris Jamboree », non privées et « ouvertes » à un public plus large. Le but de ces soirées est de rassembler plus largement différentes tribus urbaines culturellement et musicalement proches des Mods, tout en essayant de faire apprécier aux plus jeunes la richesse de la culture Mod. Lors de la première session du Paris Jamboree, le 24 février dernier, sous la houlette de notre Disc-Jockey officiel Nicolas Louchart aka Budgy, nous avions justement invité aux platines un plateau comprenant Manu Aggro, leader du club Soul Stylists et éminent Skinhead parisien qui nous a régalé des meilleurs sons Jamaïcain, Stuart Catlling un Disc-Jockey anglais qui nous a fait l’honneur de distiller les meilleurs sons de la culture musicale Mod. Nous avons également eu le grand plaisir d’accueillir deux jeunes nouveaux venus, Camille Lemaire et Martin Kubasik, qui ont animé avec énergie charme et brio la soirée en proposant des sets d’une grande variété et qualité. Comme je te l’ai précisé maintes fois, mon club est particulièrement attentif à la jeune génération qui manque cruellement à notre scène en France.

Soirée du Paris Jamboree le 24 Février 2024
Crédit : Gérald Chabaud

Notre scène est vieillissante, il faut savoir passer la main aux plus jeunes pour retrouver une certaine fraîcheur et spontanéité. Nous sommes aussi très attachés à la dimension internationale de notre club que nous mettons en exergue en établissant des alliances avec d’autres clubs à travers le monde. À ce propos, notre club va annoncer, lors de la rentrée post estivale, l’organisation d’une soirée dans une autre grande capitale européenne en partenariat avec d’autres clubs Mods européens. Enfin, mon club tient également à développer le corpus explicatif relatif culture Mod par le biais d’écrits permettant de donner de la pertinence à notre démarche. C’est l’objectif de mon livre « Style de Vie Modernist », ainsi que celui que doit faire publier Pascal Rousse Aka Bonbel Galibi Kalina, membre éminent de mon club qui propose une approche plus philosophique de la cuture Mod.

Sources  :

  • Jason Jules & Graham Marsh « Black Ivy A Revolt in Style »
    Éditions Real At Press, London, 2022
  • Paul Anderson « Scorcha ! Skins, Suedes and style from the street »
    Éditions Omnibus Press, London, 2021
  • Ray Kinsella « Post-war Britain’s First Youth Subculture : The Bebop Scene in Soho, 1945–1950 »
    Éditions University of the Arts, London, 2020
  • Mary Quant « My Autobiography »
    Éditions Headline, London, 2019
  • Tony Beesley « Sawdust Caesars Original Mod Voices »
    Éditions Day Like Tomorrow, Peterborough (U.K), 2014
  • Max Horkheimer et Theodor W. Adorno « La dialectique de la Raison »
    Éditions Gallimard, Paris, 2013
  • Anderson Paul “Smiler”, « Mods The New Religion : The styles and the music of the 60’s Mods » Éditions Omnibus Press, London (U.K), 2013
  • Jones LeRoi, « Le Peuple du Blues : La musique Noire dans l’Amérique blanche »
    Éditions Gallimard, Paris, 2013 (traduction édition 1968)
  • Jeremy Reed « The King Of Carnaby Street »
    Éditions Haus Publishing, London, 2010
  • Paolo Hewitt « Mods une anthologie Speed, Vespa & Rhythm’n’Blues »
    Éditions Rivage, Paris, 2011
  • Dick Hedbige “Sous-culture, le sens du style”
    Éditions La Découverte, Paris, 2008
  • Savage Jon “Teenage the creation of Youth”
    Éditions Chatto & Windows, London (U.K), 2007
  • Sers Philippe “La révolution des avant-gardes"
    Éditions Hazan, Paris, 2007
  • Guy Debord “La société du spectacle”
    Éditions Lebovici, Paris, 1989
  • Bernard Droz et Anthony Rowley “Histoire générale du XXéme siècle”
    Éditions Seuil, Paris, 19
  • Barnes Richards “The Mods !”
    Éditions Plexus Publishing Limited, London (U.K), 1979
  • Malson Lucien, "Histoire du Jazz et de la musique Afro-américaine"
    Éditions Seuil, Paris, 2005 (collection 10/18, UGE 1976
  • George Melly “Revolt Into Style
    Éditions Oxford University Press, London (U.K), 1969

Références Musicales

  • Dr Ross « Jack That Cat Was Clean »
    Fire Records (514) – 1962
  • Fast Eddie « My Babe »
    Well Supsect Records – 1982
  • Richard Berry And The Pharaohs « Louie Louie »
    Flip Flop Records (321) – 1961
  • Phil Upchurch Combo « You Can’t Sit Down »
    Boyd Records (CBB3398) – 1961
  • Laurel Aitken « Honey Girl »
    Starlite Records (ST 014) – 1960
  • Mel Torme « Comin’ Home Baby »
    Atlantic Records (45-2165) - 1962
  • Tweed « Fashion »
    Smap Records (SM4502) 1981
  • Noble « Thin Man » & His Rythm Sparks « Hard Times (The Slop) »
    Baton Records (249) – 1958
  • Cyril Davies & The Rythm’n’Blues All Stars « Country Line Special »
    Pye International Records (U.K/7N25195) – 1963
  • Slim Harpo « Don’t Start Cryin Now »
    Excello Records (45/2194) – 1961
  • The Pasapongas Hammond Quartet « Round The Club »
    Tweed Jacket Records – 2024
  • Otis Rush « Jump Sister Bessie »
    Cobra Records (5015) – 1957