Quels sont la place et le rôle des femmes au sein de la culture et du mouvement Mod ?
Cette place des femmes au sein de la culture Mod est une question importante pour comprendre ce mouvement. Comme nous allons le voir, les femmes vont avoir une place éminente au sein de la culture Mod. Elles vont largement participer à la création et au développement du champs culturel Mod. Cette place donnée aux femmes souligne une posture d’avant-garde de la culture Mod dans ce domaine, situation beaucoup moins courante dans les autres cultures urbaines. En premier lieu, il convient de clarifier la terminologie employée pour désigner la part féminine des Mods.
Deux termes sont employés pour désigner cette part féminine : Mod Girl et Modette. Tout en étant deux termes désignant de la même manière les femmes au sein du mouvement Mod, ces deux appellations représentent des postures et des représentations différentes. Tout d’abord, nous parlerons du terme Mod Girl qui représente une forme de totale appropriation féminine de la posture Mod. La Mod Girl est tout autant imprégnée par la culture Mod que son homologue masculin. De la même manière que les hommes, ces jeunes femmes se déclarent et adoptent une posture Mod. La Mod Girl représente la part féminine de l’éthique des Mods, dans toute sa spécificité. La Mod Girl n’est pas simplement la petite amie, ou la concubine, du Mod. Elle est elle-même Mod. Les Mod Girls vont créer et développer une posture féminine particulière qui va largement participer à façonner la culture Mod. Cette part féminine reste très peu connue, alors que son influence va être imprante dans le monde contemporain, et plus particulièrement dans le monde de la mode féminine. Le look d’une Mod Girl authentique est très éloigné des clichés Sixties. C’est une culture vestimentaire d’avant-garde qui va, entre autres, s’imposer à travers les créations des stylistes. L’inspiration de ces jeunes filles à différentes sources, dont entre autres, la mode dite garçonne des années 1920, et celle mise en forme par les stylistes des grandes maisons de couture comme madame Coco Chanel.
Mais, c’est surtout l’inventivité, le goût et le génie créatif qui va marquer cette génération de Mod Girls. Différents témoignages de Mod Girls authentiques de la première génération, comme madame Gill Evans Catling, permettent de mieux comprendre l’investissement passionnel de ces jeunes femmes géniales, créatrices de somptueuses et luxueuses tenues vestimentaires. Ces tenues féminines sont désormais dans des expositions qui font sensation en Angleterre. Ce look très spécifique des Mod Girls trouve sa source dans de multiples influences. Comme il est impossible d’être exhaustif sur ce sujet dans un simple entretien, ce sujet fait l’objet d’un chapitre entier dans mon livre, je fais le choix d’aborder uniquement le mouvement « Arts & Crafts » et la période des années 1920 dites « années folles » qui auront une importante influence sur les générations précédentes, dont font justement partie les Mods. Rappelons que le mouvement « Arts and Crafts » (signifiant littéralement « Arts et Artisanats ») est un style artistique qui s’est développé au Royaume Uni entre les années 1860 et 1910.
L’Art and Crafts va s’exprimer à la fois dans l’architecture, les arts décoratifs, la peinture ou encore la sculpture. Le mouvement « Arts and Craft » est parfois considéré comme l’initiateur du Modern Style, concurrent Anglais du style Art nouveau. Ce mouvement dénonce les méfaits de la révolution industrielle au 18e siècle, dont les conditions de vie misérable des ouvriers. Ces derniers s’entassent dans des quartiers malsains, comme dans l’East End à Londres, en côtoyant la richesse éclatante de la bourgeoisie. Cette contestation de l’ordre établi des années 1920, par le biais de l’expression artistique du mouvement « Arts and Crafts », est similaire à la démarche mise en forme près d’un demi-siècle plus tard au milieu des années 1950 par les Mods de la première génération. À la fin de la première guerre mondiale et son carnage humain un mouvement d’euphorie et de libération envahit la France. Le monde redécouvre le plaisir de s’amuser et toute la société retrouve un intérêt pour la culture. Les années 1920 deviennent les « années folles », synonymes d’un bouillonnement et d’une effervescence culturelle, de débauche flamboyante et d’une libération de l’ordre sexuel. Ces années 20 représentent aussi une véritable période de libération pour les femmes. Elles coupaient leurs cheveux à la garçonne et n’hésitaient pas à revêtir des costumes masculins pour danser le Charleston. Cet ensemble de cultures raffinées et provocatrices vont donc avoir une forte influence sur les générations suivantes, en laissant un souvenir impérissable de grande liberté qui va inspirer les Mod Girls de la fin des années 1950.
Peux-tu donner quelques exemples illustrant ce rôle des femmes ?
Comme je l’ai expliqué le rôle et la place des femmes au sein de la culture Mod est important, lors de l’émergence de la première génération (1958/1963), et lors de la massification (1964/1968). Parmi ces Mod Girls originales de la première génération, une jeune femme va marquer son temps en devenant la styliste de mode la plus populaire au monde. Devenue une véritable icône de la mode contemporaine, Mary Quant est directement issue de la période qui a vue l’émergence de la culture Mod. Elle est pétrie de l’influence des nombreux clubs de Jazz de la fin des années cinquante à Londres, véritables incubateurs pour les Mods. C’est cette même culture, cette atmosphère, qui est en vogue dans le milieu des jeunes artistes en herbe des écoles d’Art. Ses années de jeunesse, son immersion, dans ces différentes cultures d’avant-garde expliquent la démarche novatrice, presque rebelle, de Mary Quant comme créatrice de mode. Son rôle dans la création et la diffusion de tenues non conventionnelles, et même décriées tels que l’utilisation des costumes masculins, ou la minijupe (qu’elle a créée en 1962, même si certains parlent plutôt d’André Courrège). Mary Quant va débuter au milieu des années 1950 sa carrière lorsque Londres est le creuset, la source, de l’émergence de la culture Mod quelques années plus tard.
Dès 1955, Mary Quant ouvre sa première boutique dans le quartier des artistes et bohèmes de King’s Road à Londres. Au sous-sol, son mari Alexander Plunket Greene ouvre un restaurant dans lequel des musiciens de Jazz viennent animer les soirées qui attirent un important public. Cet établissement fait partie de ces clubs, bars, et restaurants qui vont jouer de la musique Jazz et accueillir un public de jeunes passionnés, en grande partie à l’origine de l’apparition des Mods à la fin des années 1950. Au rez-de-chaussée, Mary Quant a donc ouvert sa boutique pour vendre des bijoux, qu’elle achète à des étudiants en Art, mais aussi des chapeaux qu’elle confectionne elle-même. Il ne faut pas oublier que l’Angleterre des années 1950 étouffe entre les restrictions alimentaires (même vestimentaires puisqu’il n’y a plus de tissus) de l’après Seconde Guerre Mondiale, et une société étouffée par la rigidité des traditions de l’Establishment. Dès son l’âge de six ou sept ans… Mary Quant laisse éclater sa créativité en découpant des couvre-lits pour fabriquer ses propres vêtements. Comme elle l’explique dans ses mémoires, ce sont les tenues de cours de claquettes qui vont l’inspirer et lui donner cette passion pour les vêtements et la couture. Plus tard, son habilité et inventivité va décupler, elle utilisera délibérément des tissus de costume ouvertement masculins, en les mélangeant avec des textures féminines fragiles, comme la mousseline, le crêpe satiné.
Mary Quant va donc avoir cette particularité de développer son propre style vestimentaire, elle va refuser la mode en vogue et imposer son propre style. Cette posture, cette volonté de s’approprier et de donner une identité aux vêtements, est propre aux Mods de la première génération qui vont développer une élégance spécifique et parallèle à l’élégance conventionnelle. Grâce à son charisme et sa grande élégance déjà légendaire, Mary Quant va devenir une icône réclamée par la haute société qu’elle fréquente à Londres. Sa notoriété est telle qu’elle est choisie par le fameux coiffeur Vidal Sassoon pour présenter sa nouvelle coupe courte en 1964, en pleine période de massification et d’omniprésence médiatique des Mods. Cette coupe de cheveux courte deviendra un des signes iconiques des Swinging Sixties à Londres. A partir de ces années, la vie va devenir une fête continuelle pour Mary Quant et son mari qui sont de toutes les fêtes à Londres, tout en étant omniprésents dans les magazines de mode. Dans les années soixante, la boutique de Mary Quant devient le lieu à la mode par excellence où se croisent les actrices Claire Bloom, Susannah York, Audrey Hepburn, Brigitte Bardot, Leslie Caron et, plus tard, les photographes David Bailey et Richard Avedon, les réalisateurs Stanley Kubrick et Joe Losey, et des mannequins tels que Jean Shrimpton et Twiggy. Twiggy est une jeune mannequin qui va très devenir une icône adoptée par les Mods, désormais elle personnifie même dans l’imaginaire public la parfaite représentation de la Mod Girl.
En 2024, madame Mary Quant est devenue une grande star planétaire, une influenceuse de tout premier ordre largement reconnue et respectée par le monde de la mode. Finalement, tout en illustrant le rôle moteur des femmes au sein de la culture Mod, Mary Quant souligne également l’influence de cette même culture au sein de notre société contemporaine.
Cette attitude d’avant-garde des Mods, dans la place donnée aux femmes, se retrouve dans d’autres domaines ?
Cette attitude d’avant-garde est inscrite dans l’ADN des Mods. Elle va être, tout d’abord, mise en forme et érigée en véritable credo par la première génération (1958/1963) de Mods. La culture musicale des Mods représente une part importante dans cette attitude avant gardiste des Mods. En adoptant la musique Jazz Afro-Américaine dès le milieu des années 1950, la première génération de Mods illustrent parfaitement cet engagement pour une culture musicale clairement progressiste. Comme je l’ai largement rappelé, la musique Jazz est indissociable de l’émergence et de l’ethos Modernist.
Il faut rappeler que, tout en étant en lutte contre la ségrégation raciale encore prégnante dans les états du Deep South aux États-Unis durant ces années 1950, la musique Jazz Afro-Américaine n’est pas encore totalement acceptée par le grand public. En adoptant cette musique les Mods ont clairement une démarche novatrice, d’avant-garde, qui se démarque largement de la mode musicale ambiante plus portée vers le Rock’n’Roll, style musical indissociable de la musique Afro-Américaine. C’est pour cette raison que de nombreux musiciens de Jazz Afro-Américains vont venir et s’installer en Europe, plus particulièrement en France véritable terre d’accueil pour ces musiciens Noirs. A ce propos, il faut souligner que cet engouement pour la musique Jazz en France est surtout prégnant dans le milieu intellectuel et universitaire de la capitale, comme dans le quartier de Saint Germain des Prés. A quelques rares exceptions, la population dans le, reste du pays est encore réticente envers cette musique venue du Nouveau Monde jouée par des Noirs. A contrario, la ville de Paris possède une longue et riche histoire avec la musique Jazz Afro-Américaine.
https://www.youtube.com/watch?v=Z_D4jqx1J_g
Tout commence très tôt, parallèlement à l’émergence du mouvement de l’Harlem Renaissance (mouvement de réveil culturel et artistique des Afro-Américains) lors de l’entrée des États-Unis en 1917 dans la Première Guerre Mondiale (1914-1918). C’est plus précisément par le biais de James Reese Europe (1880/1919) musicien chef d’orchestre Afro-Américain engagé en 1917 dans l’U.S Army, que la musique Jazz va véritablement arriver en France. Après avoir joué une glorieuse Marseillaise célébrant la victoire lors du défilé sur les Champs Élysées, James Reese Europe et ses valeureux soldats musiciens de l’orchestre des « Hell’s Fighthers » sont invités à jouer du Jazz Ragtime dans tous les kiosques musicaux des jardins de la ville de Paris. C’est en partie grâce à ces nombreux concerts, que la musique Jazz va lentement être insufflée en France, et s’inviter à l’oreille des Parisiens ravis de découvrir cette musique dansante. Cette posture d’avant-garde, la passion des Mods pour la musique Jazz Afro-Américaine, réapparaît quelques années plus tard, durant les années 1980 et 1990, avec l’émergence de la tendance dite « Acid Jazz » en Angleterre. L’Acid Jazz est lancée dans les clubs de Londres par des Mods (et ex-Mods) dont Eddie Piller le plus connus d’entre eux. Tout en puisant ses sources dans le Jazz écouté par la première génération de Mods au milieu des années 1950, ce nouveau style va indiscutablement revitaliser la musique Jazz en lui apportant une touche particulière, directement issue de la culture Mod.
Musicalement, les Mods ont donc toujours eu une forte volonté d’être à l’avant-garde. C’est pour cette raison que la culture musicale des Mods c’est enrichi de très nombreuses influences depuis le milieu des années 1950. Parmi ces nombreuses influences, la musique Jamaïcaine va avoir une place particulière par l’intermédiaire de nos cousins et amis Skinheads et Suedeheads. Car, même si les Mods écoutent dès le départ du Ska et du Rock Steady, les Skinheads vont élargir le champ musical des sons Jamaïcains écoutés par les Mods, comme notamment avec le surpuissant Early Reggae. De nos jours, dans l’objectif de découvrir de nouveaux sonorités, de nombreux Disc Jockeys Mod sont influencés ou inspirés par d’autres cultures, comme la scène dite « Popcorn ». La scène Popcorn est originaire de Belgique et Hollande, elle a vue le jour durant les années 1970 et 1980 parallèlement à la scène dite Northern Soul en Angleterre. Même si l’âge d’or du Popcorn est désormais passé, les soirées sont toujours d’une grande qualité. Les collectionneurs et Disc Jockeys de ce style sont reconnus pour la grande qualité de leur culture musicale et la richesse incroyable de leurs collections de disques vinyles Pour ma part, de nombreux vinyles de ma collection personnelle proviennent justement d’achats effectués durant les années 1980 auprès de ces collectionneurs, dont les Maestro Lachmi et Lattif que je salue respectueusement. Pour la petite histoire, j’ai acquis ces singles U.S pour une somme modique, alors qu’ils étaient déjà rares à cette époque. Désormais, ces singles sont hors de prix ou tout simplement introuvables.
https://www.youtube.com/watch?v=ylVgHRoVlYQ
La démarche de ces collectionneurs Disc Jockeys n’étaient pas de faire une belle plus-value pour récupérer de l’argent, mais plutôt de me faire découvrir ces précieux vinyles en me les transmettant comme un véritable leg mémoriel. En fin de compte, les générations successives de Mods ont donc toujours recherché et adopté au fil du temps cette volonté d‘être à l’avant-garde. Propulsée par des générations successives, la force de l’authentique culture Mod est justement de se revitaliser perpétuellement, en adoptant une nouvelle démarche d’avant-garde.
Les Mods sont le plus souvent représenté par la Parka ou les cocardes, qu’en penses-tu ?
En effet, la parka, comme la cocarde, sont effectivement des représentations couramment utilisées pour représenter les Mods. Ces éléments sont même devenus des signes visuels de reconnaissances incontournables dans la représentation des Mods. Je désigne justement cet ensemble d’éléments par le terme « Totem Mods », dans un sens sociologique, c’est à dire comme un emblème de groupe. Ces totems sont certes directement issus de la culture Mod, mais ils vont s’imposer comme un signe de reconnaissance, un emblème, par l’intermédiaire de la surexposition médiatique et de la commercialisation. Parmi ces deux exemples que tu cites, je vais plus particulièrement aborder la Parka qui est devenue un vêtement indissociable des Mods, ce que j’appelle un « Totem Mods ».
Originellement, la parka est d’abord un vêtement utilitaire porté lors des balades en scooter par les premiers Mods (1958/1963) pour ne pas abîmer leurs vêtements. C’est plus tard, au fil du temps, lors de la massification des Mods (1963/1968) et surtout avec le Mod Revival (1979/1981), que la Parka va devenir un véritable marqueur identitaire. D’abord porté pour protéger les tenues élégantes contre la pluie lors des balades en scooter, la parka va devenir petit à petit un véritable signe de reconnaissance pour les Mods. A partir de la seconde moitié des années soixante, et surtout lors du Mod Revival, la parka va être de plus en plus décorée par des patchs, des pin’s, badges, certains iront jusqu’à recouvrir entièrement leur parka. C’est le film « Quadrophenia » qui va définitivement installer la parka comme un élément de reconnaissance, un véritable « Totem Mods » qui fait désormais partie de la mythologie Modernist, largement romancée au fil du temps.
Les Mods ont toujours cherché à se distinguer ?
Dans l’absolu, les Mods ont toujours eu cette volonté de se distinguer du commun des mortels en adoptant une posture différente au regard de la mode ambiante. Cette posture spécifique va se transformer, au fil du temps, par le biais des générations successives de Mods. C’est tout d’abord la première génération de Mods précurseurs (1958/1963) qui va adopter cette profonde volonté de se différencier au sein de la société anglaise. Les premiers Mods vont être les véritables fers de lance d’un mouvement d’avant-garde au milieu des années 1950. Cette première génération de Mods est très attachée à l’influence de la musique et de la culture Afro-Américaine, tout en prônant une nouvelle forme de dandysme vestimentaire. A contrario de la période de massification (1963/1968), qui voit le phénomène Mods devenir à la mode. Effectivement, être Mod en 1964 est une démarche ordinaire, un fait commun. En devenant à la mode, les Mods vont développer une certaine forme de conformisme. Plus exactement, durant cette période de massification (1963/1968), les Mods ne représentent plus un mouvement confidentiel inconnu du grand public, comme durant le milieu des années 1950.
Lors de cette période, les Mods représentent désormais un phénomène juvénile de masse omniprésent, très largement relayé et manipulé par la presse à sensation. Il faut souligner que cette volonté de se « démarquer » du commun des mortels est profondément inscrite dans l’ethos Modernist. En effet, des années plus tard dans les années 1980, cette même volonté va se manifester au sein même du mouvement Mod par l’intermédiaire de l’organisation de « Pirate Mod Rallyes ». Durant le milieu des années 1980 la scène Mod, largement revigorée par la période du Mod Revival (1979/1982), va atteindre son apogée. C’est la période des grands rassemblements en Angleterre, dénommés « National Modernist Rallyes », regroupant de très importantes cohortes de Mods plusieurs fois par an. Très organisé, ces rassemblements représentaient le point culminant d’une très riche scène Mod animée par de très nombreux événements, dont des soirées et concerts. Regroupant l’ensemble des clubs Mods Britanniques sous la même bannière, les « National Modernist Rallyes » vont devenir un fil du temps de plus en plus fréquenté. Différentes générations de Mods français vont d’ailleurs participer à ces événements en s’abreuvant littéralement de cette puissante scène Mod. Le premier club de Mods français respecté et reconnu par les Mods anglais est le Crystal Dancers All Mod Scooter Club (C.D.A.S.C) au milieu des années 1980.
Le charisme, l’élégance et l’excellent niveau de danse de leur leader Karim Begnene vont être notoirement reconnus en par les Mods anglais qui le considèrent comme un véritable « Face ». De très haute qualité au début des années 1980, les « National Modernist Rallyes » vont devenir de plus en plus fréquenté et moins exigeants au regard de la qualité musicale et du respect de l’élégance vestimentaire. De ce fait, l’élite des Mods va vite être dépitée et refuser cette baisse de qualité en fréquentant moins ces soirées. C’est la raison qui explique la création des « Pirate Mod Rallyes » durant le milieu des années 1980, parallèlement aux officiels « National Modernist Rallyes ». Le terme « Pirate » est utilisé pour souligner le fait que l’événement, en l’occurrence le Mod Rally, est organisé en même temps que l’événement officiel. Même si le nombre de participants était moindres (200 à 300 Mods) les Rallyes Pirates vont largement se distinguer des autres plus grands rassemblements. Le lieu même de ces premières soirées pirates était jalousement tenu secret pour ne pas attirer les « Tickets », les Mods « suiveurs ». L’objectif était de rassembler l’élite des Mods élégants avec comme devise « By Mods For Mods », marquant ainsi une forte volonté d’un retour à la posture d’avant-garde confidentielle de la première génération. L’objectif, largement atteint, des organisateurs était d’organiser des soirées dans la plus grande tradition Mod. C’est à dire en proposant une sélection musicale de disques vinyles hétéroclites de haut niveau avec un code vestimentaire respectant l’authentique élégance vestimentaire Mod.
Plus précisément, au niveau musical, l’accent va être mis sur un retour au racines Afro-Américaines, dont le Jazz, le Blues et la Soul. La Soul, indissociable de la danse, avait une place très importante dans la sélection musicale de ces soirées. Plus précisément, ces soirées ont réintroduit la Soul des années 1962/1967, une des périodes les plus riches avec l’explosion des labels indépendants pour cette musique Afro-Américaine. Les Disc Jockeys des « Pirates Mod Rallyes » avaient d’impressionnantes collections de vinyles originaux car ils fréquentaient assidûment les nombreuses soirées de la scène Northern Soul encore vivante, et de très grande qualité, au milieu des années 1980. C’est plus particulièrement lors des soirées du 100 Club à Londres, que les pièces très rares étaient dénichées. Le 100 Club est toujours, incontestablement, le meilleur club de Soul Music au monde et un véritable moteur à réaction pour les excellentissimes compilations de la compagnie Kent Records. Ce label, Kent Records, a justement édité de nombreuses compilations relatives à la culture musicale des Mods qui a très largement nourrie cette scène Northern Soul en Angleterre comme je l’ai précisé dans précedement dans notre entretien. De plus, les nombreuses compilations (« Modernists », « Mod Jazz for Ever », etc..) sorties par Kent Records illustrent parfaitement cette influence et l’importance de la culture musicale des Mods.
https://www.youtube.com/watch?v=LivaytWuPa4
Comme je l’ai souligné lors de notre entretien, les Disc Jockeys Mod ont toujours été à l’avant-garde, à l’image de Guy Stevens et Roger Eagle dont j’ai aussi parlé précédemment. Cette qualité musicale était bien supérieure de celle proposée par les « National Modernist Rallyes » qui jouaient des morceaux beaucoup plus classiques, dont de la Pop et du Beat de la fin des années soixante. Chose inconcevable dans les soirée pirates dont les enceintes crachaient du Blues et du Jazz de la fin des années 1950, agrémenté de morceaux de Soul très pointus et dansants. La qualité des sets et les collections de disques vinyles étaient effectivement d’un très haut niveau lors des soirées pirates. Il faut d’ailleurs souligner que la plupart des Mods qui passaient des disques vinyles lors de ces soirées pirates sont devenus des Disc Jockeys, et des collectionneurs de disques vinyles dont le renom a largement dépassé la scène Mod. Tout en élevant incontestablement le niveau de la scène Mod durant la seconde moitié des années 1980, cette exigence de qualité, de différenciation qualitative, des « Pirates Mod Rallyes » va pourtant participer à l’essoufflement que le mouvement Mod va connaître plus tard. En conclusion sur cette question, les Mods, ont effectivement toujours cherché à se distinguer tout autant envers les néophytes qu’en « interne » entre eux-mêmes, car c’est une attitude littéralement ancrée dans l’ethos Modernist.
Comme d’autres cultures urbaines, les Mods ont créé leur propre vocabulaire ?
En effet les Mods vont créer une terminologie spécifique à leur culture et mouvement. La culture des Mods est globale, elle prend différentes formes artistiques et culturelles. Comme tous les mouvements culturels constitués, la culture Mod va également créer un ensemble d’usages et de coutumes, dont justement un nouveau vocabulaire dédié. La création et l’utilisation de ce vocabulaire illustre l’existence et la persistance des Mods à travers une culture spécifique inscrite au sein de notre société contemporaine. Le vocabulaire développé par la culture Mod concerne de nombreux sujets. Ne pouvant aborder l’ensemble de ce sujet d’une manière exhaustive, je fais le choix d’expliquer la terminologie utilisée directement par les Mods, pour désigner les différentes tendances et postures au sein de leur mouvement. Cette terminologie, que nous pouvons désigner comme « interne » aux Mods, permet de mieux comprendre, cerner, les motivations des différentes postures et interprétations au sein de ce mouvement. Tout d’abord, nous commencerons par le terme « High Numbers », qui est le terme le plus connu de tous.
Ce terme désigne une l’élite des Mods (High Numbers les meilleurs/plus haut numéros). Le terme « High Numbers » est connu par le biais du groupe anglais The Who qui va changer (d’une manière opportuniste sous l’impulsion de leur manageur francophone Kit Lambert) son nom en celui de « High Numbers ». Ce n’est pas un hasard si les Who changent leur nom justement durant les mois de juillet à octobre 1964, c’est à dire en pleine période de massification. Pour sa part, le terme « Face » désigne tout autant un « Top Mod » à la grande différence qu’il doit être reconnu par les Mods eux-mêmes comme un véritable leader. Il est primordial de comprendre que l’on ne proclame pas un Face. C’est le groupe de Mods qui reconnaît son propre Face, c’est à dire celui qui est reconnu comme un leader par le groupe. Le Face est une figure mythologique dans la culture Mod et primordiale au sein des groupe de Mods. Tout en étant un faiseur de mode, il donne le ton, le Face doit être un excellent danseur, qui transmet par son attitude, son ethos pétri de l’authentique culture Modernist. Puis, le terme « Stylist » désigne des Mods à l’élégance radicale, une extrême élégance Modernist. Les Stylists, connus pour leur grande élégance sans concession, vont revenir sur le devant de la scène au milieu des années 1980 lorsque la scène Mod va retrouver ses racines originales. A contrario, le terme « Ticket » désigne un Mod dans le sens de simple « suiveur de mode ». Ce terme a une connotation négative et dédaigneuse, il souligne une attitude passive et attentiste au sein du groupe. Plus clairement, l’utilisation du terme « Ticket » doit être comprise dans le sens de « celui qui fait, sagement, la queue pour obtenir un ticket d’entrée chez les Mods ». Enfin, il faut également évoquer le terme « Mids ». Il trouve son origine dans le terme « milieu », dans le sens du centre.
Le terme « Mids » désigne certains Mods refusant une quelconque catégorisation. Les Mids se considèrent comme des Mods traditionnels, hors de tout « catalogage ». Un autre terme inventé par les Mods renvoie à cette même volonté de se démarquer au sein même du groupe. C’est plus exactement le terme « Individualist » qui désigne des Mods ne voulant suivre aucune de ces tendances, tout comme les « Mids », développant un ethos personnel poussé, particulièrement indépendant au regard du groupe. Enfin, je souligne que cette liste n’est aucunement exhaustive, elle a uniquement pour objectif d’illustrer la terminologie utilisée, directement par les Mods, pour désigner les différentes tendances et postures au sein de leur mouvement. En plus, cette catégorisation est naturellement amenée à encore s’étoffer étant donné l’existence des Mods et la persistance de leur culture au fil du temps depuis leur apparition.
Être Mod en 2024, est-ce s’inscrire dans le sillage des précédentes générations ?
Je dirais que tout en s’inscrivant dans le sillage des générations précédentes, les Mods ont également toujours ajouté, introduit, de nouveaux éléments au sein du corpus culturel. Chaque génération va effectivement développer ses propres particularités, tout en étant profondément attachée aux fondements originels des Mods. Comme je te l’ai précisé, la longue histoire du mouvement Mod fait qu’il y a désormais de nombreuses et différents types d’interprétation de la culture Mod. Le mouvement Mod n’est plus uniforme depuis de nombreuses années, il est même animé par des tendances distinctes. Il faut malheureusement constater qu’en 2024 le mouvement Mod est vieillissant dans son ensemble. Sans un important renouvellement générationnel, comme lors des deux périodes précédentes (1964/68 et 1979/83), les Mods sont inévitablement voués à disparaître petit à petit au fil du temps. De nombreux Mods en ce début de 21e siècle ont une particularité, celle d’être issus de la période post Mod Revival. De ce fait, l’âge moyen peur facilement dépasser la cinquantaine, ce qui est justement mon cas. Tout en ayant une haute qualité musicale, vestimentaire et culturelle la scène Mod contemporaine manque de sang neuf. C’est d’ailleurs pour cette raison que notre club a décidé de mettre « en avant » de jeunes Disc Jockeys Mod.
Nous lançons d’ailleurs un appel aux jeunes Mods désireux de s’immerger dans notre culture en leur proposant de nous contacter et pouvoir ainsi être conviés à venir « On The Desk », c’est à dire derrières nos platines vinyles pour distiller mes meilleurs sons. Il faut bien constater que depuis la fin des années 1990 la culture Mod est redevenue plus confidentielle et moins reconnue. Plus clairement elle n’attire plus les jeunes gens. Cette pyramide des âges vieillissante est une épée de Damoclès pointée sur la culture Mod qui est pourtant indissociable de la jeunesse. Néanmoins, la culture Mod continue encore de subsister par le biais de son héritage musical, culturel, et sociologique, et à travers de multiples influences, souvent peu connues ou insoupçonnées. La grande force, et richesse, de la culture Mod est d’avoir cette capacité d’englober de nombreuses influences et les transformant et les incluant dans un très large champ, finalement ouvert à tous.
De nos jours, des personnes adoptent une démarche, en certains points similaire aux Mods tout en ne connaissant pas la culture Mod. Qu’en penses-tu ?
Je suis d’accord avec ton analyse, plus exactement au regard de l’entrisme de la culture Mod au sein de notre société contemporaine. Il ne faut pas oublier que les Mods ont une très longue histoire qui va être mise en forme par des générations successives comme nous l’avons vu dans la première partie de notre entretien. La spécificité des Mods est d’avoir créé un véritable mouvement, devenu au fil du temps une culture d’avant-garde et littéralement « sans frontières », dans son sens géographique comme culturel. Les multiples influences (vestimentaires, musicales, comportementales...) de la culture Mod sont désormais intégrées dans de nombreux domaines sociétaux. Comme je le souligne souvent, les Mods vont introduire et participer à la diffusion de nombreux usages, pratiques, qui vont être largement repris au sein de la société contemporaine en devenant des pratiques populaires. La culture du « Nightclubbing » des Mods, qui font des soirées un véritable rituel, illustre parfaitement cet entrisme et cette influence sociétale, souvent insoupçonnée. D’abord réservé à une minorité cultivant un rite encore confidentiel durant la fin des années 1950, la « sortie en discothèque », c’est à dire le « Nightclubbing », va devenir au fil du temps un rite de passage pour l’ensemble de la jeunesse.
De la même manière, la passion pour la danse, les danses plus exactement, est un usage spécifique aux Mods qui va devenir une pratique courante pour la culture juvénile. L’influence de la culture Mod s’est donc infiltrée dans de nombreux domaines et pratiques. De ce fait, de nombreuses personnes adoptent désormais cette éthique Mod, pourtant sans aucunement connaître la tribu des Mods. En adoptant cette posture, ces personnes illustrent l’entrisme et l’influence de la culture Mod qui est bien plus fort que l’attirance et l’intérêt suscité directement par les Mods. L’influence de la culture Mod est plus vivace, elle est ancrée dans les sociétés contemporaines. Pourtant, la scène Mod contemporaine, tout en étant toujours vivante, manque cruellement d’un important renouvellement générationnel, similaire aux deux périodes régénératrices (1964/68 et 1979/82).
Tu as pour projet de sortir un livre ?
Oui effectivement, ce livre, intitulé « Style de vie Modernist », représente l’aboutissement d’un projet de longue date. C’est la suite logique des différentes actions engagées par mon club, le 75M.N.S, toujours animé par une forte volonté de diffuser la riche culture Modernist. Ce livre porte donc sur différents sujets relatifs aux Mods, dont nous avons abordé quelques aspects : l’histoire des générations successives de Mods, les Mods en France, et le développement de certaines caractéristiques propres à la culture Mod. Je souligne, par exemple, l’influence de la culture Mod, de ses usages, sur la société contemporaine, comme par exemple la culture du « Nightclubbing ». Parmi les différents sujets, j’aborde plus particulièrement la période trouble et l’environnement violent qui régnait autour des Mods de France dans les années 1980 et 1990. Ce livre aborde également la spécificité de la période post Mod Revival, marquée par le développement de scènes beaucoup plus militantes et revendicatives portant avec ferveur l’identité Mod sous différents aspects. Une partie est plus spécialement dédiée au phénomène des « Pirate Mod Run » qui auront un rôle moteur pour le retour sur le devant de la scène des fondements de l’authentique culture Modernist légués par la toute première génération de Mods. Je livrerai des témoignages exclusifs, dont celui de Sid, leader incontestable des Mods de Gambetta, permettant de mieux comprendre cette période trouble qui va forger la légende de certaines bandes de Mods. Ce livre a aussi comme objectif de proposer de nouveaux éléments dans le corpus de la culture Mod en France. Tout en étant incontestablement et historiquement indissociable de ses origines anglaises, la culture Mod en France possède des spécificités que nous tenons à faire connaître. Les Mods français sont effectivement légataires d’un riche héritage dépassant largement les influences habituellement connues, comme celle du 7éme Art avec la Nouvelle Vague.
Plus exactement, ces nouveaux éléments intégrés au corpus culturel des Mods en France sont représentés par un très riche héritage : les Dandys du 19e siècle, les Années Folles, les Zazous, les pionniers du Hot Club de France, ou encore l’héritage musical oublié du Blues Zydeco. Cette liste, non exhaustive, représente donc ce corpus culturel, la part de l’héritage et de la profonde influence de la culture française dans notre perception et notre façon de vivre la culture Mod. Je tenais à ajouter que dans cette même démarche analytique, Pascal Rousse aka Bonbel Galibi Kalina membre émérite de mon club et contributeur du « Cercle Modernist » va faire également publier un livre proposant une approche plus anthropologique et philosophique. Les amateurs et passionnés par la culture Modernist sont les bienvenus à la présentation du livre « Style de vie Modernist » qui aura lieu lors d’une session spéciale du « Club du Cercle Modernist ». Un événement qui accueillera, tout spécialement, des Disc Jockeys internationaux, en plus de la présence de la presse. En outre, après l’impeccable prestation en février au « Paris Jamboree » de l’emblématique groupe Mod Parisien French Boutik, nous aurons le plaisir de présenter un groupe européen de Mod’Jazz. Bien entendu, la date et le lieu de cet événement seront annoncés très prochainement sur notre site « Le Cercle Modernist », ainsi que sur le groupe Meta / Facebook « l’Agenda des Mods Français ».
Le mot de la fin ?
Je tenais à te remercier, les différentes questions que tu m’as posées m’ont permis de parler de l’immense richesse du mouvement Mod, malheureusement oubliée ou trop peu connue. J’espère donc que notre long entretien aura permis à tes lecteurs de mieux connaître les Mods, leur culture, et de comprendre leur place au sein de l’histoire de notre société. Les jeunes gens, en quête d’authenticité en ce début de 21e siècle, trouveront dans la démarche culturelle hétérogène et qualitative des Mods un véritable style de vie. Pourtant, comme je l’ai maintes fois souligné, les Mods ont un besoin criant de sang neuf, d’une nouvelle et importante génération en 2024 pour revivifier et continuer à faire perdurer leur riche culture. C’est pour cette raison que mon club a justement décidé de sortir de l’Underground, c’est à dire d’une confidentialité voulue et cultivée, pour diffuser beaucoup plus largement l’authentique culture des Mods en France. Avant de te saluer, je donne donc rendez-vous à tous les Mods, et amateurs passionnés de notre culture, à la prochaine session du « Club du Cercle Modernist », ainsi qu’au « Paris International Mod Weekender ».
Sources :
- Jason Jules & Graham Marsh « Black Ivy A Revolt in Style »
Éditions Real At Press, London, 2022
- Paul Anderson « Scorcha ! Skins, Suedes and style from the street »
Éditions Omnibus Press, London, 2021
- Ray Kinsella « Post-war Britain’s First Youth Subculture : The Bebop Scene in Soho, 1945–1950 »
Éditions University of the Arts, London , 2020
- Mary Quant « My Autobiography »
Éditions Headline, London, 2019
- Tony Beesley « Sawdust Caesars Original Mod Voices »
Éditions Day Like Tomorrow, Peterborough (U.K), 2014
- Max Horkheimer et Theodor W. Adorno « La dialectique de la Raison »
Éditions Gallimard, Paris, 2013
- Anderson Paul “Smiler”, « Mods The New Religion : The styles and the music of the 60’s Mods »
Éditions Omnibus Press, London (U.K), 2013
- Jones LeRoi « Le Peuple du Blues : La musique Noire dans l’Amérique blanche »
Éditions Gallimard, Paris, 2013 (traduction édition 1968)
- Paolo Hewitt « Mods une anthologie Speed, Vespa & Rhythm’n’Blues »
Éditions Rivage, Paris, 2011
- Dick Hedbige « Sous-culture, le sens du style »
Éditions La Découverte, Paris, 2008
- Savage Jon « Teenage the creation of Youth »
Éditions Chatto & Windows, London (U.K), 2007
- Sers Philippe « La révolution des avant-gardes »
Éditions Hazan, Paris, 2007
- Guy Debord « La société du spectacle »
Éditions Lebovici, Paris, 1989
- Bernard Droz et Anthony Rowley « Histoire générale du XXéme siècle »
Éditions Seuil, Paris, 1987
- Barnes Richards « The Mods ! »
Éditions Plexus Publishing Limited, London (U.K), 1979
- Malson Lucien, « Histoire du Jazz et de la musique Afro- américaine »
Éditions Seuil, Paris, 2005 (collection 10/18, UGE 1976
- George Melly « Revolt Into Style »
Éditions Oxford University Press, London (U.K), 1969
Références musicales :
- Big Mama Thorton « Hount Dog »
Peacock Records (5-1612) – 1953
- Chris Clark « Put Yoursel In My Place »
V.I.P Records (25038) – 1966
- Betty James « I’m Little Mixep Up »
Chess Records (1801) – 1961
- Patti Young « Head And Shoulders (Above The Rest) »
Emstrat Records (495) – 1965
- Tommy Frontera « You’re My Leading Leady »
Hi-Lite Records (107) – 1963
- The Astors « Just Enough To Hurt Me »
Stax Records (S-139) – 1963
- Max Harris With His Group « Gurney Slade »
Fontana Records (UK/H282) – 1960
- Purple Hearts « Million Like Us »
Fiction Records (003) – 1979
- Joe Bataan « Subway Joe »
Fania Records (455) – 1968
- John Mayall And The Blues Breakers « Crawling Up The Hill »
Decca Records (UK/F11900) – 1964
- Jackie Mitoo « Killer Drilles »
Island Records (293) – 1966
- Big Boss Man « Cuban Heel Blues »
Spinout Nuggets Records – 2024
- Little Walter « Crazy Mixep up Worl »
Chacker Records (919) – 1959
- Smart Dress « Diversoul »
Lef Records (LR-002) - 1991