Comment vont les Soucoupes Violentes ?
Franck (bassiste) : Pas mal et toi ? Nous allons de l’avant, ailleurs.
Elsa (claviers) : (Rires) Exactement ! Oui ça va très bien !
Stéphane (guitare et chant) : Très bien. C’est toujours quelque chose de sortir un nouveau disque, d’arriver au bout... Et on va le faire exister sur scène dans les prochains mois. On a plein de projets en court, notamment un truc qu’on a jamais fait, et c’est un challenge. Mais on ne dira rien ici... On garde ça secret encore, pour un moment… Suspens insupportable, on le sait bien ! Les événements pour la sortie du bouquin sur les 40 ans de notre ancien label mythique, New Rose, concerts, expo, show-case, nous ont permis de renouer, ou de nouer tout court, des liens avec des gens qu’on aime vraiment bien…
Votre dernier album date de 2021, qu’avez-vous fait depuis en termes de concerts ?
Stéphane : Le dernier album en date, c’était « 16 Potions d’amour », en novembre 2021. Quelques concerts en province, pour les villes les plus importantes : Calais, Thionville, Metz, Nancy, Dijon, Rouen, Besançon, Lille, Luxembourg, Rouen… Je dois en oublier… Et à Paris aussi.
Elsa : A Casseuil près de Bordeaux, Wattrelos dans le Nord aussi…
Quelle est la formation actuelle du groupe ?
Franck : Sur le nouvel album, Elsa est aux claviers et chœurs, Stéphane au chant et aux guitares, moi à la basse et aux chœurs, et Manu à la batterie.
Stéphane : Manu a dû déclarer forfait pour cette année 2024 pour des raisons personnelles mais il devrait revenir… Et c’est Paul (Péchenart, junior !!! Ndlr) qui est derrière les fûts depuis un mois avec nous. Immense plaisir de jouer avec lui ! On va faire notre premier concert ensemble samedi qui vient… C’est cool qu’il y ait encore des premières fois dans ce groupe, depuis le temps…
Elsa : Il y a aussi Fabien, qui a enregistré « In & Aout » avec nous, qui assure l’intérim à la batterie de temps en temps, on est super content de jouer avec lui aussi.
Vous sortez un nouvel album « J’irai ailleurs », vous l’avez fait où et avec qui ?
Franck : Nous avons commencé l’enregistrement en octobre 2022 au célèbre et fameux Black Box Studio à La Dionnaie, à côté d’Angers, avec Peter Deimel à la console donc, et Stéphane Gillet de Bordeaux à la prod, et l’avons terminé et mixé au Studio HBS à Paris, avec Frédéric Cormier…
Stéphane : Au Black Box, on avait trois jours et on a pu faire 9 titres en live en studio, basse-batterie-guitare-voix-claviers, entouré de Peter Deimel à la console, Stéphane Gillet à la production, et Nick Wheeldon qui était aussi présent et nous épaulait. Ensuite, moi, puis Elsa et moi, nous avons fait deux ou trois allers-retours Bordeaux pour ajouter des prises de guitares, voix, claviers chez Stéphane (Gillet, le producteur de l’album sur ces neuf premiers titres, Ndlr), dans son studio… Et ça peut paraître contraignant se taper deux-trois allers-retours Bordeaux mais en fait c’était un peu les vacances à chaque fois : chez Stéphane, le studio est dans la pièce du haut et tu fais les prises en chaussettes dans la salle à manger en bas, doigts de pied en éventail… Quelques potes du coin qui passent dire bonjour, tu vas te balader, rituel de Steph du thé à la menthe vers 18h sur la place dans son quartier, ou faire le marché et on se fait des bouffes… Les vacances quoi... Comme on voulait faire 12 titres, comme sur les vieux Kinks ou les vieux Cochran - on est très « old school », très très - on s’est mis à composer et on a pondu très vite trois titres supplémentaires en septembre 2023 qu’on a enregistré au Studio HBS à Paris avec Frédéric Cormier. Certaines contingences on fait qu’on a dû finaliser les mixes à Paris, également au Studio HBS avec Fred.
Pourquoi ce titre ?
Franck : J’ai proposé ce titre pour coller avec l’impression de renouvellement, « d’ailleurs », que j’ai éprouvé à l’écoute du résultat final. Tout le monde a été d’accord. Et « Différent » était déjà pris.
Elsa : Et aussi il est tiré du texte de « J’en suis content » !
Quels étaient vos disques de chevet pour ce disque ?
Franck : Plein de choses. J’écoute toujours des trucs un peu différents. David Crosby « If I could only remember my name », à ce moment-là. Les premiers Alice Cooper. Mais aussi Jefferson Airplane, XTC, Stranglers, Barry Adamson, Pere Ubu, Mission Of Burma et la musique du dessin animé « Le Livre de la jungle ».
Stéphane : Je n’ai pas de disques de chevet. Pas mal écouté ces derniers temps « Rock and Rollin’ with Fats Domino » de Fats Domino, « The Great Destroyer » de LOW, « Shitty Times » l’album de reprises de Crocodiles, Spacemen 3, de la musique sacrée, Vivaldi, Bach, j’adore ça, le premier Dream Syndicate, Charlie Feathers, « Une histoire à l’envers » des Foggy Bottom… Ah oui : Fontaine DC aussi ! J’aime beaucoup.
Elsa : Pas vraiment de disque de chevet non-plus. En revanche la période de préparation du studio a été intense : de mon côté il y a eu un projet de musique lyrique période romantique. Et il y a eu le boulot pour le concert évènement pour le livre sur New Rose où on a été sollicité pour accompagner les copains, donc on a beaucoup écouté leur musique à ce moment-là ! Et je pense que ça a pu enrichir notre travail sur l’album.
Comment décririez-vous ce disque ? Tous les textes sont en français sauf « Rock’n Roll Heart » pourquoi ?
Franck : C’est le quatrième depuis que Stéphane a remonté le groupe. Il me fait l ‘effet d’un album plus serré, collectif, assuré. C’est le troisième, pour Manu et moi qui n’avons pas participé à « In & Aout ». Le résultat d’une dynamique, enclenchée grâce aux concerts que nous avons donné avant d’enregistrer peut-être. La cohésion était là, on se connaît bien maintenant. Pour les textes, c’est une décision de Stéphane, que j’approuve totalement. Plus direct et évident. Et puis un peu d’exotisme ne fait pas de mal, non ?
Stéphane : J’avais plus ou moins décidé - avec plus ou moins d’avis extérieurs qui comptent pour moi et qui me le conseillaient fortement - d’écrire tout en français. Et j’y suis arrivé. Sans vraiment de méthode. En me laissant aller, avec du temps… Au final, je trouve ça pas mal d’avoir fait comme ça. Là, le disque étant sorti depuis quelques semaines, on nous parle toujours « d’influences sixties »… Qui sont indéniables… Mais je trouve qu’il y a du Buzzcocks, du Big Star, du Teenage Fanclub, du Saints dans ce disque, et bien d’autres choses encore… Bref, on entend à mon sens d’autres influences dans ce disque… Et aussi très pop, les influences. Sans que cela ne soit une révolution du son Soucoupes non plus…
Et pourquoi cette reprise ?
Franck : On aime bien le Lou Reed de cette époque.
Stéphane : Parce que, et je l’ai déjà dit dans une interview précédente sur ce site : on adore faire des reprises. Et puis, depuis le début des Soucoupes, Lou Reed c’est un peu notre Chuck Berry à nous… C’est marrant : les deux sont des personnages un peu désagréables en plus, pas vraiment politiquement correct. Pas pour me déplaire.
Il y a aussi un instrumental « Lune froide » pourquoi ?
Franck : Pourquoi pas ? C’est comme une respiration. Et c’est une première, je crois. C’est aussi une entrée en matière assez agressive pour débuter un concert.
Stéphane : En fait non ce n’est pas une première… Il y avait sur « A des années-lumière », deuxième album chez New Rose sorti en 1991, un instrumental du même nom… Parce que j’ai toujours été un ultra fan du rock instrumental, surf ou pas. Mais évidemment parce que Dick Dale, the Surfaris, the Chantays, the Ventures, pour citer les plus connus… L’immense Link Wray aussi ! Que Gilles Poussin, bassiste des Soucoupes un temps, accompagna sur une tournée… Avec Dilip Magnifique à la batterie, ex Soucoupes aussi un temps, mais surtout ex-Coronados !!! Pour l’anecdote. Mais les early Stones ou les Buzzcocks ont fait aussi des instrumentaux… Etc.
Elsa : Je dirais que ça a été assez spontané ! Sorti comme ça, pas besoin de chant. Et puis quel morceau, non ?
A l’écoute du disque ce qui frappe c’est le son, un énorme son avec beaucoup de guitares en avant, vous êtes toujours dans une hargne rock’n roll ?
Franck : C’est apparu comme une évidence au mixage. Ingés son et producteurs talentueux l’ont permis ! Et toujours une envie de jouer et de faire du bruit.
C’est ça le rock’ n’ roll. Enthousiaste, hargneux et percutant.
Stéphane : C’est marrant je ne sais pas trop comment prendre ça… Hargne ça fait un peu roquet. Et puis comme je disais avant, je trouve que c’est un album très pop aussi. Comme dit Franck, on adore toujours faire du bruit. Oui. Mais il y a des petites douceurs aussi sur cet album. Je trouve effectivement le son réussi, très. J’adore le son de ce disque. Mais je ne vais pas nous vanter de ce résultat : en fait on a laissé entrer le savoir-faire et le talent de Peter Deimel, Stéphane Gillet et Frédéric Cormier. Merci à eux. Et aussi à François Terrazzoni pour le mastering.
Comment se passe le travail entre vous pour la composition et les arrangements ?
Franck : Le travail est collectif à partir des idées de Stéphane. On essaie des trucs, on en ajoute, on en rejette, collectif, quoi.
Stéphane : On a fait comme d’habitude quelques démos à la maison avec Elsa, pour celui-là sans doute un peu plus. Ce qui est marrant sur ce disque c’est qu’il y a par exemple « Chanson conne » qu’on a commencé en 2017… Laissé tomber, repris… Et fini en 2022. Et il y a « J’en suis content » et « Tout le monde t’aime » qu’on a plié en une journée avec tout le groupe au studio Black Box en partant de bouts d’idées enregistrés sur mon phone…
La pochette est très belle, très pop culture…
Stéphane : Rappelle-toi de notre premier 8 titres sur le label Tutti Frutti en 1987. La pochette « plaquette de chocolat » de « Dans ta bouche » était un concept pop art aussi… Repiqué vaguement à celle du single « Mars Bars » des Undertones… Je suis un grand fan des Who du début, regarde leurs pochettes de cette période : il y avait du pop art quasi systématiquement. Chez les Small Faces également. Le Velvet aussi : est-il nécessaire de parler de la pochette à la banane ??? C’est un truc dans lequel on a toujours été. Frank (Frejnik, du label Twenty Something, Ndlr) a été très inspiré sur ce coup-là. Et on a bien fait de suivre…
Elsa : Oui, j’adore cette pochette. C’est super bien trouvé. Merci Frank !!!
Vous sortez votre disque chez Twenty Something, une division de Nineteen Something, parlez-nous de ce label.
Stéphane : Regarde leur catalogue, plein de choses différentes... Sloy, les Thugs, La Faiblesse, Fragile, les Soucoupes, Zero Gain, Foggy Bottom, Vanilla Blue… Ils sont ouverts et marchent au coup de cœur. Ils sont comme nous et c’est pour ça qu’on s’entend bien avec eux : pas dans une chapelle fermée, dans un club d’initiés, pour connaisseurs avisés, etc. Le rock’n roll, la musique en fait, n’a rien à voir avec ça à mon sens… Il y a une dynamique. Ils signent des jeunes groupes… Et aussi des groupes du jurassique comme nous (Rires). Hallelujah !!!
Quels sont vos projets, notamment en termes de concerts ?
Stéphane : Comme d’hab’, le plus possible !
Elsa : On a le droit de le dire ? On joue le15 juin au Cirque électrique pour les 40 ans des Barrocks ! Et il y a aussi la double release party avec Tony Truant et les Outer Space avec François des Snipers, le 23 juin à La Belle Maison à Bagnolet !!!
Peut-on espérer un disque Live des Soucoupes Violentes ?
Franck : Ah ouais, faudrait y penser ! On commence à être satisfaits de nos concerts, alors si l’occasion se présente, j’en serai content.
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