Nick Wheeldon : le plus parisien des musiciens anglais

jeudi 22 septembre 2022, par Franco Onweb

Cela fait bien longtemps que je voulais présenter Nick Wheeldon ! Cet anglais, émigré à Paris depuis 10 ans, est un acteur majeur de la scène musicale. On le retrouve aujourd’hui dans un grand nombre de groupes comme Os Noctambulos, The Necessary Séparations ou encore les Soucoupes Violentes, organisateur de concerts, réalisateur de disques ou encore musicien pour différents projets …

L’année dernière il a, enfin, sorti un premier album solo et au moment où son deuxième album, « Gift » va sortir, j’ai décidé de lui envoyer quelques questions pour en savoir plus sur ce personnage aussi sympathique que atypique. Voici une interview fleuve d’un musicien indispensable tant par son talent que par sa démarche.

Peux-tu te présenter ?

Je suis Nick Wheeldon, 39 ans, un anglais perdu, Winger, déplumé, désaccordé, chercheur de galère et musicien depuis 15 ans. Je suis programmateur à La Point Lafayette avec Simon Dougé à SILENCE KILLS depuis janvier 2019.

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Comment la musique est entrée dans ta vie ?

Il n’y avait personne dans ma famille proche qui faisait de la musique mais il y en avait toujours un peu à la maison. Je ne sais pas si j’ai demandé un Walkman comme cadeau une année ou si j’ai volé de l’argent à mon Père mais mon premier souvenir de musique est de moi en glissant un cassette de Simply The Best - The Best Of Tina Turner dans mon’ Walkman et dansant dans la cuisine dans mon costume de T-Shirt et Shorts de Teenage Mutant Hero Turtles. J’ai adoré cette cassette, sa voix et son énergie.

On n’était pas la famille la plus cultivée. On aimait le foot ,Sheffield Wednesday et, plus tard, Liverpool (’JUDAS !’) et la nature était notre religion, mais mes parents sont restés intéressés par la musique. Ils m’offraient un Musique Club chaque mois. « BRITANNIA », nous envoyait un « grand » disque de cette époque par la poste. La première LP que j’ai kiffé de ce club était Bryan Adams, « Run To You ». Sur ce disque y’avais des guitares partout, des mélodies et une voix un peu rocailleuse.

Avec mon intérêt pour la musique qui grandissait, jour après jour, mes parents ont décidé d’acheter une chaîne HI-FI séparée pour notre petit salon. A cette époque, je voulais acheter mon premier single et mon premier LP. Mes parents m’ont amené à Woolworths, un magasin mythique où tu pouvais acheter des jouets, des bonbons mais aussi de la musique qui était dans les charts du TOP 40 d’Angleterre. C’est là, à Matlock, que j’ai choisi The Rednecks - Cotton Eye Joe comme premier CD single et M People comme premier CD album. Je ne me rappelle même pas le nom de l’album de M People : c’était une erreur, je ne l’ai pas aimé. Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai choisi ce disque. Peut-être parce que la chanson « Hero » était utilisée pour les athlètes aux jeux Olympiques de Barcelone en 1992 ? « Cotton Eye Joe » par contre était énorme. J’ai écouté mille fois. Ça énervait mes parents ! Mon premier disque de Country ! Héhé

Quelques mois plus tard, le facteur nous a ramené un nouveau disque du mois, Radiohead avec The Bends. Je peux dire que ce disque a changé ma vie : de la mélodie, de la violence, des guitares, des larsens et des paroles belles et tristes. Le premier disque que j’ai vraiment aimé , compris et qui m’a parlé. Je les ai vu jouer « My Iron Lung » aux BRIT Awards à la TV. C’était étrange et puissant, même le présentateur d’émission n’a rien compris. Vers la même période, un fille était montée dans le Bus d’école en pleurant, son dossier avait un graffiti « Sex Pistols » écrit dessous de sa main. Apparemment, elle pleurait à cause de Kurt Cobain qui venait de mourrir. Je lui ai demandé « Qui ? » Et c’est quoi le « Sex Pistols ? ». Tout ça je vais le découvrir plusieurs années plus tard. J’avais 11 ans.

A Secondary School j’ai commencé à vraiment écouter profondément de la musique et joué pour deux équipes de foot, Bakewell et Darley Dale. Mon père me ramenait chaque semaine aux matchs et aux entraînements. En rentrant des entraînements en voiture, à 21h, on écoutait « The Evening Session » sur Radio 1. C’était la grande époque de la Britpop et Steve Lemacq et Jo Whiley nous faisaient voyager à travers cette scène. C’est là que j’ai entendu mon premier groupe préféré ou comme j’ai proclamé, « The Best Band In The World », The Bluetones. Avec mon ami Luke Cable (R.I.P mon ami) durant les cours de Science on débattait sur qui était le meilleur : The Beatles ou The Bluetones.. Avec toute l’histoire de la musique qu’il connaissait tu peux imaginer qu’il a gagné cette bataille mais j’étais toujours assez têtu ! Par chance l’entraîneur d’équipe de Foot de Bakewell (Keith ’Keef’ How, R.I.P. mon ami) était aussi un fan du The Bluetones, et bien sûr que oui des The Beatles aussi, et c’était lui, avec son fils et d’autre potes, qui a nous a amené à mon premier concert en 1996 : The Bluetones + Geneva à L’Octagon, Sheffield. J’avais 13 ans. J’étais accroché.

Nick, enfant, écoutant de la musique - Collection personnelle Nick Wheeldon
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En rentrant de ce premier concert j’ai demandé à mon père s’il avait des vinyles. Il a descendu du grenier une boîte de 50 vinyles. Toute la collection de mes Parents et 50% des vinyles étaient du Status Quo, le groupe préféré de mon père. Entre The Carpenters et Elton John, j’ai trouvé un double LP curieux. C’était « Physical Graffiti » de Led Zeppelin. La batterie était énorme ! Je voulais l’écouter sur mon chemin à l’école, mais je ne savais pas comment ! Mon père m’a montré comment enregistrer le son d’un vinyle sur une cassette sur la nouvelle chaîne Hi FI avec un 10 bande d’ EQ, Je ne le savais pas à ce moment, mais à 13 ans, j’étais en train de faire mon premier Master ! Évidemment j’ai mis tout très fort et c’était tout distordu quand j’ai mis dans mon Walkman, un son comme j’aime jusqu’à aujourd’hui !

Avec mes potes Baxter, Jimbo et Jason on a commencé à prendre le bus à Sheffield pour acheter des disques. Il y avait tellement de disquaires partout dans cette ville : les chaînes et les indépendants. HMV (x2 Magasins), Our Price, Virgin Megastore, Woolworths, Jack’s, Record Collector, Noise Annoys, CDiscount et Fopp où il y avait tous les classiques de Bob Dylan à Captain Beefheart, Gun Club à Sonic Youth tout pour £5.

Entre 15 et 16 ans, tous mes potes autour de moi commençaient à jouer de la guitare. J’étais trop timide. Je n’avais confiance en rien sauf quand je jouais au foot. Mon pote Jimbo apprenait la partie du couplet de « Smells Like Team Spirit », la partie en accordage ouvert où il joue deux notes, J’étais complètement impressionné. Il y a d’autres potes, Luke, Joel, Joe & Hobby, qui jouaient au foot avec moi qui ont formé un groupe qui s’appelait Switch. Je les suivais partout à chaque concert et parfois à des répétitions. Une fois, je suis même monté dans le coffre du camion avec tout leur matos pour aller voir un concert d’eux à Manchester. Il n’y avait pas de fenêtre. Je me sentais malade mais vivant. C’était Le rock & roll héhé mais on était toujours des bébés même si Joel, Jo et Hobby était un peu plus âgé que Luke et moi.

C’est aussi à cette époque que j’ai vu PJ Harvey jouer « Perfect Day Elise » en live à Top Of The Pops et que j’ai compris que des femmes peuvent être même plus que égales. Elles défoncent tout. Je la suis depuis. « Stories From The City, Stories From The Sea » et « Let England Shake » ont transformé la manière dont je fais et j’écoute de la musique.

Avant de partir à l’université à 20 ans, j’ai enfin acheté une guitare à quelqu’un qui travaillait avec moi au Supermarché, à Bakewell. Il m’a vendu sa SG pour £40 pour acheter de la drogue. En rentrant chez moi, j’ai décollé toutes les choses racistes qu’il avait collé sur la guitare.

En arrivant dans ma première colocation à l’université, je ne savais pas jouer un accord. J’utilise la guitare juste pour jouer la corde Mi Grave, en changeant des notes pour faire un type de structure de chanson. Mon coloc, Rowan, faisait du Hip Hop et il m’a montré comment sampler de la musique et comment faire des boucles sur Fruity Loops. J’ai bossé ma musique et je me suis enregistré sur l’ordi de Rowan (Merci) quand il était en cours.

A Noël, j’ai mon premier LP enregistré. J’étais complètement excité. Tellement excité qu’avec l’aide de ma famille, j’imprime 20 exemplaires de mon album sur CD R avec une pochette fabriquée à la maison et, le 24 Décembre, je l’amène avec moi et passe les disques gratos à qui le veut dans le village voisin. Un exemplaire tombe dans les mains de mon équipe de foot, Youlgreave, et l’équipe l’a mis sur les enceintes du pub local pour rigoler. J’ai reçu ma première critique de disque « C’est la musique pour Baleines » ! Héhé Oui, y’avait pas mal du reverb.

A 23 ans j’ai quitté l’université, un mois avant de finir mes cours de « Environmental Conservation ». Mes amis et mes parents m’ont demandé : « pourquoi ? ». « Pour faire de la musique ! », je leur réponds. Personne ne me croit, même moi je n’y crois pas mais je suis obligé de dire quelque chose. Faut vraiment que j’apprenne à jouer de la guitare et à faire de la musique pas que pour les baleines.

Tout ça pour dire qu’il y a eu énormément de chance, beaucoup de patience, de bienveillance et d’inspiration de mes amis et ma famille pour que j’arrive à faire de la musique. Depuis que je suis enfant la seule chose que mes parents m’ont demandé était « Fait que ce qui rend heureux ! ». Pas si facile, mais merci à eux et pour ça quand même.

Quelles sont tes influences ?

Bob Dylan. J’ai lu sa phrase « A man is a man when he wakes up in the morning, does what he wants in the day and sleeps content at night », quand j’étais très jeune. Il m’inspire tous les jours. A 80 ans il sort « Rough & Rowdy Ways » un de ses meilleurs disques. A 55 ans il a sorti « Time Out Of Mind », peut être son meilleur disque. Je découvre encore des chansons et des albums qui me touchent énormément. Il y a tellement de vie, même dans ses pires disques. C’est un monument.

Crédit : Gérald Chabaud

Il y a un autre moment qui m’a marqué : un documentaire de David Bowie. On lui demandait comment il savait qu’il écrivait une bonne chanson. Il répondait que pour lui c’est obligé que la chanson marche autant en acoustique qu’en groupe. A ce moment je ne jouais même pas la guitare mais sa logique m’a influencé.

The Charlatans, m’ont ouvert une boîte de pandore de tous mes groupes et artistes préférés. Ils m’ont fait découvrir Gram Parsons, Sly & The Family Stone, Gene Clark, The Flying Burrito Brothers, Bob Dylan, Neil Young, Baby Huey, Curtis Mayfield, The Band, The Velvet Underground quand je n’avais que 14 ans. J’étais le pauvre le plus riche du monde. En revanche, j’ai vu The Charlatans et Tim Burgess plus de 60 fois en concert.

Et depuis j’écoute… PJ Harvey, Big Thief, Sharon Van Etten, Jenny Lewis/Rilo Kiley, Wreckless Eric, Reigning Sound, Compulsive Gamblers, Greg Ashley, The Felice Brothers, Arthur Russell, Gorky’s Zygotic Mynci, Alex Chilton, Green On Red, Erin Rae, Jonathan Richman et récemment j’ai même commencé d’écouter et d’apprécier The Beatles et ses LPs solo. Je préfère les solo LPs, même ’1’ et ’Ram’ de McCartney je le trouve incroyable. Et la chanson ’Julia’ de Lennon, wow

Je suis toujours, et forever, « late to the party ».

Comment et quand es-tu arrivé en France ?

C’est la Douane ? Vous voulez mes papiers ? héhé Ca m’est arrivé une fois sur un MegaBus Lyon - Paris…j’avais oublié mon passeport…

Je suis arrivé le 19 septembre, 2012. Ce sont mes 10 ans à Paris cette année. Je suis arrivé par le train et stressé. J’ai passé mes dernières heures à la Mairie de Sheffield parce qu’en partant de ma maison j’ai trouvé une lettre avec mon nom dessous, j’étais convoqué, j’avais raté le rendez-vous de quelque mois, par un Juge parce que je n’avais payé de « House Tax » depuis un an. En fait, j’avais donné de l’argent à mon coloc pour qu’il paye chaque mois pour la maison mais il n’avait jamais payé un centime et même pas enregistré son nom sur les papiers. Là, J’ai utilisé tout l’argent mis à côté pour ma nouvelle vie à Paris pour payer des dettes surprises.

J’ai suivi ma copine à l’époque, Coline, qui voulait être plus proche de son petit frère qui habite au Mans. On a habité à Lilas en face du Triton. On a jamais mis un pied dedans. J’ai toujours habité en banlieue est de Paris. Maintenant j’habite à Bagnolet. En arrivant je parlais ZÉRO français, même si j’avais pris français en langue vivante à l’école entre 11 et 16 ans.

Je savais que j’allais m’installer à Paris depuis un an mais c’était toujours dans le futur, jamais vraiment quelque chose auquel je ne croyais vraiment. On appelle Sheffield « La Grand Village », même si c’est une des plus grandes villes d’Angleterre, ça nous semble petit, tout le monde se connaît. Il y a des collines, des arbres et des parcs. Paris est grande et violente, ce n’est pas la ville d’un homme simple de la campagne. Mes amis pensaient que j’allais rentrer à Sheffield au bout de 6 mois. Je suis aussi surpris qu’eux d’être toujours ici.

Quel a été ton parcours musical jusqu’à Os Noctambulos ?

Mon premier vrai groupe où on a répété, joué des concerts, partie en tournée et sortie de disques était « The Jesus Loves Heroin Band ». J’avais 27 ans quand on a commencé. On était un groupe de garage, country, psyché et soul. C’était un peu un prototype d’Os Noctàmbulos et quelques chansons prévues pour le 3e The Jesus Loves Heroin Band LP, « Bad Man » et « Song For Olivier », ont fini sur Corsica Garden, le premier LP d’Os Noctàmbulos. Le groupe avait un faux départ parce que j’avais dit qu’on ferait un groupe de folk country mais après 2 ou 3 répétitions j’avais décidé que j’avais pas assez d’expérience pour faire de la belle musique et ça allait être vachement plus fun de gueuler du country garage punk à sa place. Ce groupe était une machine de guerre et je me suis senti, même si j’avais les yeux ouverts que c’était pas vraiment le cas, que j’étais dans le meilleur groupe de monde.

Avant ça j’avais commencé d’enregistrer tout seul sur un tascam 4 piste cassette et un clavier électronique où c’était possible de faire du son batterie avec les doigts. Je m’appelle Screaming Gun après un face B de Black Rebel Motorcycle Club. C’était vraiment pas terrible. Il y a un milliard de cassettes de musique raté encore sous mon lit chez mes parents.

En 2001 ou 2002 j’étais un des 7 personnes dans le public à The Casbah, Sheffield où j’ai vu The Brian Jonestown Massacre pour la première fois. Le concert était incroyable, ils ont joué les chansons du « And This Is Our Music » pendant 3h. Il y avait même un violoniste. C’était presque un concert privé. Après ce concert, et comme la majorité de musiciens mondialement tout seul dans leur chambre avec myspace, j’ai décidé de faire de la musique exactement comme le BJM sous le nom The Sparkling Fountains of Magic Reality. C’était une parodie et un style que j’avais fait les 18 mois suivants. En plus, les gens ont bien aimé. Mais c’était pas « ma » musique et ça me fatiguait de copier le son des autres. J’ai continué de chercher.

Par chance j’avais rencontré des jeunes de la ville voisine en jouant au foot qui avaient formé un groupe qui s’appelait The Hipshakes. Ils étaient trop bien ! Garage Punk à la Detroit. Ils sortaient leur disques sur Goner Records, entre autres, et ils me font connaître Oblivians et The Black Lips. J’écrivais de mieux en mieux mais j’étais toujours trop timide et je ne connaissais qu’environ que 5 accords et c’était toujours trop difficile de faire des accords barrés.

On a décidé de faire un LP ensemble enregistré D.I.Y dans la garage des parents d’Andrew avec mes chansons et The Hipshakes comme backing band. Le LP s’appelait « The Seasons Are For Drama » d’après une chanson de Jonathan Richman. La musique, un mix d’indie et de country, était bonne mais le chant était trop timide et je n’arrivais toujours pas à m’exprimer devant les gens. On l’a fait écouter à presque personne. On a quand même joué deux fois au Bakewell Arts Festival. On a ouvert le festival en jouant à l’arrière d’un camion dans le parking du supermarché où j’ai travaillé avant. La curator du festival, encore mon ancien entraîneur de foot Keef How, a bien aimé notre petit set de 6 chansons et à la fin de notre concert nous a demandé de doubler notre set et de clôturer le festival une semaine plus tard. Les deux concerts m’ont paralysé avant et après le show mais je me suis quand même senti chez moi sur scène.

On décide de former un groupe avec Andrew où on fait toute la musique que tous les deux. The Creep Out est né et c’était que du fun. Encore dans le garage de ses parents à Bakewell je comprends que si vous avez un espace pour créer, gueuler, exprimer et échouer tu peux avancer vachement plus rapidement. Je ne suis plus timide, j’apprends comment casser ma voix et les chansons sont superbes. On enregistre deux albums de chansons et on choisit 14, 7 ecrit par moi, 7 par Andrew, pour l’album. Ça sonne comme un country Libertines enregistré par Jim Diamond. Tout fait par nous-même, D.I.Y. Le soir on a envoyé l’album fini à Off The Hip Records on ’burn’ notre musique sur un CD R et on le ramène le chez Bruce Sargent (Batteur avec The Hipshakes et plus tard avec The Jesus Loves Heroin Band). On ecoutant l’album sur le Ghetto Blaster de Bruce, nous nous regardons dans les yeux et on se dit ’on va jamais faire mieux que ce disque’. On était trop content ! Andrew a déjà sorti pas mal de disques mais pour moi c’était que le début. C’était un moment précieux et un temps très simple mais heureusement chacun fera mieux.

Peu de temps après, en 2010, on a commencé The Jesus Loves Heroin Band avec Bruce, Coline Presley (Basse), Joel Robson (Lead Guitare) et Kieron Wright (Organ). En parallèle j’avais commencé Dead Melodies un duo folk avec Laura Acaster qui a plus tard évolué en groupe de country avec Bruce, Coline et Joel mais aussi avec Rick Booth au violon et Bobby Lee à la slide guitare. J’avais aussi commencé à jouer de la batterie avec The Dead Rabbit Sisters avec les chansons trop belles et délicates de Kieron Wright (Guitare et Chant), Laura Acaster (Chant) et Sam Smith (Organ) et Coline encore à la basse.

J’étais vraiment content de faire toute cette musique avec tous ces musicien/nes incroyables mais malheureusement pour moi je me suis engueulé, par ma faute, avec un membre qui était dans plusieurs groupes avec moi et j’ai perdu les 3 groupes d’un coup. Tout ça sont de vieilles histoires et ma relation avec Bruce est bien réparée depuis des années. J’ai joué de la basse et fais la pochette pour son LP ’This Is Art’ par Bruce & Carl (actuel nom de groupe) en 2015 et on a fait des vacances ensemble à West Yorkshire cet été (2022).

Quand même, en 2012 ça me fait une grande rupture d’amitié et je n’avais plus de groupe. J’ai commencé à enregistrer un album seul, sous le nom 39th & The Nortons, qui s’appelle « On Trial ». Le studio était dans une vieille usine d’acier entourée par des ateliers mécaniciens, d’artistes et des couteliers. L’odeur du métal qui fondait était très forte et l’endroit très inspirant. J’ai travaillé là- bas chaque fois que j’étais libre.

Je voulais être prêt à sortir un disque pour quand j’arriverai à Paris. « On Trial » est sorti en cassette en Novembre 2012, sur Evil Hoodoo Records, deux mois après mon arrivée en France. En arrivant, Coline a appelé Baldo (Batterie) et un vieux pote d’enfance du Mans qui s’appelle Valentin (Lead Guitare) pour voir s’ils voulaient former un groupe de garage avec nous, en commençant avec les chansons de « On Trial »g. Ils ont dit oui et on a pris le RER pour Massy Palaiseau, où Baldo habite avec sa Maman et son frère, pour faire notre première répétition…

Peux-tu nous parler de ce groupe : influences, les membres, les disques, les concerts marquants … ?

Lors de la première répétition avec Baldo, Coline & Valentin je savais que Os Noctambulos allait être un groupe spécial pour moi. Tout le monde avait un son tellement individuel et personnel mais un son qui, je ne sais pas encore comment, marche ensemble. On a trouvé notre son presque immédiatement. Nos Influences se sont croisées parfaitement - on était tous fan de garage année 60’s, groupes comme The Human Expression, The Seeds, The Chocolate Watchband, The KInks, The Byrds, 13th Floor Elevators, Golden Dawn, Ultimate Spinach…le côté garage où les chansons sont méga bien écrites. Baldo a ramené ses influences plus rock & roll et soul, Coline du northern soul et Tintin les influences plus actuelles comme King Gizzard, Thee Oh Sees et Ty Segall mais aussi du Sun Ra et du Bande Sons de B Movies. Coline et Tintin ont aussi joué ensemble dans un groupe de Surf Instrumentale qui s’appelle « Elvis… », au Mans, donc ils avaient déjà ce son et ces influences à apporter dans notre groupe.

Os Noctambulos
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On a répété 2 fois par semaine chez Baldo en jouant les morceaux d’« On Trial » mais j’ai vite commencé d’écrire des morceaux spécialement pour le groupe et avec notre son au fond de ma tête. Après 5 mois de répétition, en avait un set de 15 chanson et on a joué notre premier concert en Mars 2013 aux Combustibles à Bastille vites suivi par La Mécanique Ondulatoire. Merci toujours à Tom Howlin’ de nous avoir programmé.

Cette année on fête nos 10 ans du groupe avec tous les membres originaux. Ça, c’est déjà un miracle.

Split LP avec Plantains + Corsica Garden LP -

L’été de 2013 on a décidé qu’on était prêt à enregistrer nos premières chansons. On a enregistré 15 morceaux chez Baldo, à « Corsica Garden », live sauf la voix, en 2 jours. Sans argent et sans connaissances j’ai décidé de mixer les chansons moi-même. En septembre de cette année on a eu le plaisir de jouer à Liverpool au « Festival of Psychedelia » auquel a assisté Alex de Stolen Body Records. En rentrant en France j’ai reçu un email : Alex nous a demandé de sortir notre musique. J’étais trop content, on a trouvé un label de la façon la plus naturelle possible. Y’avais mon pote Thom Bettney qui a nous déjà proposé de sortir notre premier LP donc on a divisé les 15 chansons pour faire le split LP avec Plaintains (futur Heaters) sorti sur Stolen Body Records en Février 2014 et Corsica Garden sur Evil Hoodoo Records en Septembre 2014.

Outsider 45T -

On a tourné en France en 2014 en passant par Le Dynamo à Toulouse. C’est là qu’on a joué devant Lo Spider qui a secoué sa tête en rigolant en me regardant lancer et cassé ma guitare à la fin du concert. On l’a enregistré chez lui à Swampland le lendemain. Après avoir trouvé une guitare de remplacement, on a enregistré « Outside » et « Watching You » live via un Tascam 16 Piste à bande en 3h et Laurent à même mixé les morceaux en même temps. Il est sorti chez Croque Macadam Records en Mai 2015.

Stranger LP#2 -

On voulait faire un disque qui s’éloigne du style garage et faire un disque plus diversifié, plus psychédélique, plus country… J’adore les chansons sur ce disque mais je suis toujours un peu frustrée par le mix. J’avais plus de maison à cette époque et j’ai bougé de canapé à canapé chez des potes. J’ai fini le mix au casque et je trouve toujours que ça manque de graves sur les versions CD et MP3. Le vinyle a par contre un son très unique à lui-même que j’adore même si les graves manquent toujours un peu. On a enregistré encore live, en Tascam 8 Piste à 1/2 inch bande, à Corsica Garden l’été 2015 et c’est sorti sur Stolen Body Records en July 15, 2016 - le lendemain du terrible attentat de Nice.

I Can’t Read Your Mind 45T -

La dernière musique que j’ai mixée moi-même, woohoo ! J’avais pas vraiment envie de mixer ne nouveau après Stranger mais comme c’était que 2 morceaux je me suis dit, pourquoi pas. Pendant un bon moment, on a commencé le set live avec « I Went Walking », un des préférés de Tintin. Une balade surf tout sombre. « I Can’t Read You Mind » est plus garage punk et on la joue en concert depuis qu’elle est écrite.

Il est sorti sur Slice of Wax Records en Juin 2017. Clément de Slice of Wax Records est vraiment cool parce qu’il sort des vinyles et sérigraphies différents pour chaque sortie individuelle. Ce 45T est en 3 vinyles et pochettes couleurs différents.

The Devils 10" et Cassette -

Ce disque marque le moment où on est devenu plus folk, plus pop. Il y a aussi le premier tube de Coline, « Tangerine Boy ». Il a été mixé par Loïk Maille (Jaromil Sabor) et est sorti sur Buddy Records en 11 Décembre, 2017 en cassette et en vinyle le 10 Octobre, 2020. On a joué « Moonlight », « Tangerine Boy » et « Cucaracha » souvent aux concerts.

Silence Kills LP#3 -

Je suis très fier de ce disque, c’est notre classique. Le premier LP mixé par Paul Trigoulet, il a complètement compris notre son et notre univers. Il a poussé nos idées beaucoup plus loin que sur les disques précédents. Il y a un côté cinématique que j’adore. Tout le monde joue trop bien mais on arrive à garder l’innocence de nos premiers disques. C’est du folk rock psychédélique, seulement nous devions faire ce disque. Les violons de Stéphane Jach sont tellement beaux. C’est un disque qui parle d’amour et de rupture. Ça est sorti le 29 Novembre, 2019 sur Stolen Body Records à la naissance du Covid.

Os Noctambulos en concert
Crédit : Gérald Chabaud

Pour ce disque et depuis 2018 on a ajouté un 5e membre au groupe, Chris Bartlett, au Pedal Steel. Il avait remplacé TinTin pour une tournée en Allemagne où on a fini en tête d’affiche à Berlin Beat Explosion. Tintin est arrivé pour cette date à Berlin et on a joué à 5 sans répétitions. Ça a sonné tellement bien qu’on a demandé à Chris qu’il reste avec nous. Il est maintenant très important dans notre ADN.

Rêveries 45T

Un autre disque dont je suis méga fier. Paul Trigoulet encore aux manettes pour un E.P. 4 titres qui nous éloignent encore plus loin du garage. Ici il y a des ballades folk, des arrangements jazz, des boîtes de rythmes, des bongos. Tout ce à quoi on ne pense pas en pensant à Os Noctàmbulos.

Il est sorti sur Slice of Wax Records en Mai, 2021.

Up To Our Hips LP#4

Depuis environ trois ans, on travaille notre 4e LP. Sans le covid il serait sans doute déjà sorti dans mais comme on a presque pas répété et qu’on ne s’est presque pas vu depuis deux ans on va enfin commencer à l’enregistrer ce mois-ci (Septembre 2022). Ça va être un LP très violent, politique, colérique, plus abstrait qu’avant. Il y a pas mal de chansons écrites par Coline et Tintin. Lors des 3 derniers concerts on a joué que les morceaux de ce nouveau disque pour nous préparer. Ça va être mixé par Paul Trigoulet encore, hâte d’entendre le LP fini.

Peux t’on évoquer tes autres groupes derniers actifs ?

The Necessary Separations

Avec Sébastien Adam (Clavier), J.B. Amann (Basse), Chris Bartlett (Pedal Steel) et Cédric Dolanc (Batterie) ont créé notre univers folk rock. J.B., Chris et moi avons tous écrit des chansons pour notre groupe. J’adore comment ils voient le monde, jouent et écrivent des chansons. J’ai vraiment eu la chance de rencontrer des gens qui adore le folk et la country, on est pas beaucoup en France. On a une chose en commun, on vient tous d’une ville ou village de mineurs.

J’ai rencontré Chris après qu’il ait enregistré du Pedal Steel pour la chanson « Without Yo » sur l’album The Dreamers de 39th & The Nortons. A la release party de ce disque, si mes souvenirs sont bons, on était tous ensemble pour la première fois et je leur ai expliqué que j’avais gardé 9 chansons sous le coude depuis 10 ans, jusqu’à ce que je trouve les bonnes personnes pour les jouer On a formé le groupe cette même soirée.

Notre debut LP, « The Necessary Separations », est sorti par Mauvaise Foi Records en Novembre 2019. D.A. Parquier est en train de mixer notre 2e LP en ce moment à Bruxelles.

Nick Drunken Broken Arms & His False Ninga Dylan Cobb

La prochaine fois que vous voyez ce nom, il y a probablement un autre mot ajouté !

Antoine Sapparrart (Basse / Choeurs), Jules Meli (Lead Guitare / Lead Voix & Choeurs), Stéphane Gillet (Batterie / Choeurs / Producteur) et moi on fait du power pop, punk et folk énervé de fin du monde. Nos héros sont Alex Chilton, Johnny Thunders et Green on Red. On a enregistré les 2 disques sans répéter. En fait, on n’a jamais joué ensemble ou même fait de la musique ensemble dans la même pièce. Depuis qu’on a commencé le groupe il y a déjà deux membres qui ont été hospitalisés dans un hôpital psy. Je ne pense pas qu’ils vont être les derniers. On enregistre vite et on rigole beaucoup.

Pour le premier disque j’avais écrit toutes les chansons mais la deuxième était les chansons de tout le monde. Il est à moitié fini.

La debut LP, ’Everybody’s Trying To Fuck, I Just Want To Make Love’, est sorti chez Polaks et Safe in The Rain Records en Novembre 2021.

Nick Wheeldon & The Living Paintings

Un autre projet solo avec un groupe, juste pour être le plus déroutant possible. Cette fois avec mes amis Nico Brusq (Batterie), Stéphane Jach (Violon) et Luc Martin (Basse), Sam Roux (Clavier) et Paul Trigoulet (Lead Guitare / Choeurs / Producteur). On vient de terminer un LP, « Waiting For The Piano To Fall » enregistré à Studio Capitola à Caen et mixé à Fausse Boutique Studio à Quimper. Je viens de terminer l’écriture du prochain disque qu’on va faire ensemble et s’appelle, pour l’instant, « Tadpole ». C’est du folk embellit.

J’ai déjà travaillé avec Paul sur ’Rêveries’ et ’Silence Kills’ d’Os Noctàmbulos et mon debut LP solo, ’Communication Problems’.

Avec Julien Ledru

On travaille à un LP qui s’appelle ’In A Wilderness Forgotten’, juste en acoustique/voix que l’on enregistre sur un Yamaha 4 pistes avec cassette analogique. On a un paquet de chansons à enregistrer mais pour le moment il n’y en a qu’une dans la boite qui s’appelle ’No God, No Master’. Ça va être du Folk pur.

Julien a déjà sorti deux LPs de folk instrumentale magnifique sur son propre nom.

Dômo Kômo

Avec Vincent Vauchez on a enregistré un LP ensemble qui s’appelle « BUGS ». C’est un enregistrement qui s’est fait dans 4 pièces différentes, le mien à Bagnolet, le sien à Lyon, de Stéphane Gillet qui a enregistré la batterie pendant la canicule à Bordeaux et de Xavier Thiry qui à mixé cet album chez lui à Paris. C’est de la POP, de la vraie POP ! Sauf la batterie et parfois la basse. Vincent a enregistré toute la musique lui-même et on a ajouté ma voix après. J’étais libre de trouver des mélodies et d’écrire les textes.

Vincent continue d’écrire de la très belle musique, dernièrement un LP entièrement enregistré en piano. Je l’ai rencontré en 2014 et j’ai fait de la basse dans son groupe Miles Coombes et plus tard Mille Colombes

Le disque était ma première sortie sur Le Pop Club Records, le 9 Octobre, 2020.

Quelles sont tes autres activités musicales ?

Depuis 4 ans je suis programmateur à La Pointe Lafayette, la plus petite salle de Paris qui accueille des groupes incroyables ! J’ai créé « SILENCE KILLS concerts » en janvier 2019 et j’ai été rejoint par Simon (Pasta Grows On Trees) en 2021. Entre Mars 2021 et Juillet 2022 on a produit 133 concerts dans notre salle avec des groupes de toutes les nationalités. C’est un des plus beaux travaux de ma vie, même si c’est un peu fatigant parfois.

Crédit : Gérald Chabaud

J’ai aussi produit et mixé des albums, les premiers Os Noctàmbulos, The Jesus Loves Heroin Band & 39th & The Nortons. Mais ça me prend trop de temps et trop de stress. Je laisse ça aux professionnels maintenant. J’ai quand même envie de jouer de tous les instruments, enregistrer et mixer un disque tout seul très bientôt, je n’ai pas fait ça depuis 10 ans.

J’ai joué de la basse sur l’enregistrement du 2e LP de Michele/Belmont Witch en Août de cette année, encore à Studio Claudio mais enregistré cette fois par Alexis Fugain. L’écriture est très belle et cet album va être magnifique. J’ai aussi enregistré une voix pour le 2e LP de Biche qui sera prêt pour 2023.

J’ai aussi joué la basse sur le superbe debut LP « Sleeping Arrangements » de Chris Bartlett enregistré, mixé et masterisé à Basement Studios à Paris par Rosie Lord et Nick Buxton. C’est sortie sur French Fries Recording en Mai 2022.

Stéphane Guichard m’a récemment demandé de co-produire le prochain LP de Soucoupes Violentes avec mon bon pote Stéphane Gillet. Il a vachement plus d’expérience que moi mais je suis chaud d’aider le processus comme je peux. On enregistre ce disque fin octobre.

Trouves- tu un lien entre toutes ces activités ?

Je suis entourée par des gens qui essayent de créer de belles choses avec peu de moyen. Je me sens privilégiée de faire partie de cette cause.

En dehors de la musique, quelles sont tes influences principales ?

La nature, les relations humaines et les relations entre la nature et les humains. :)

Sur scéne avec les Soucoupes Violentes
Crédit : Olivier Gamas

Quand as-tu commencé ta carrière solo et à quelle occasion ?

Un type d’accident. En 2018 j’ai perdu mon Grand Père dont j’étais très proche. Dans les mois qui ont suivi, j’ai écrit 4 chansons qui parlent de lui. Je voulais les sortir pour l’anniversaire de sa mort en 2019. Je trouvais que les chansons sont trop personnelles pour les sortir sous un pseudonyme donc je les ai sorties sous mon propre nom. Après ça j’avais l’idée d’enregistrer de la musique avec plusieurs amis pour arrêter de glander sur mon ordinateur. Ce projet a fini sous le nom Nick Wheeldon & Friends et le disque « Communication Problems ». Mes disques solo prennent une dynamique différente qu’en groupe, même si souvent je travaille avec d’autres musiciens les albums solo sont complétés plus vite et sont plus dans le moment, libéré de l’idée

Comment la qualifierais-tu ?

Je suis un débutant qui a tout à apprendre, à désapprendre, à comprendre et à vivre.

Es-tu intégré à une scène ?

NON.

Quelles ont été les dates de concerts importantes ?

Tous les concerts sont importants. D’être devant 1, 1k00, 1000 personnes n’est pas très important. Pour tout donner dans tous les cas.

La première tournée en 2010 en France de The Jesus Loves Heroin Band a été très marquante. J’ai même quitté mon CDI de bureau en rentrant en Angleterre. La première date à Nantes devant la Chien Stupide pour la fête de la musique, je n’avais jamais joué devant autant de personnes. J’ai rencontré des amis pour la vie à Back To Garage. Au Mans, j’étais tellement bourrée que j’ai joué les 2 premières chansons sans volume sur ma guitare, si un membre du public ne m’avait pas dit j’aurais sûrement jouer tout le set comme ça ! Le concert aux St Ex à Bordeaux à l’after chez Steph et Ruth où j’ai rencontré Loïk Maille ! La rencontre de Lola et Baptiste à Orléans, Ben Borneo à Bourges. Cette première tournée a changé ma vie et formé mes années à venir.

Tu as enregistré combien de disques avant ce nouvel album solo ?

Je ne sais pas. Pas assez ? Trop ? Tout le monde a son avis. J’aime bien faire de la musique et des disques, de l’art. Je n’aime pas la musique business où tout est qualifié par des numéros de ventes. Être vendeur, ce n’est pas mon but. Créer des choses et essayer d’inspirer les gens de faire pareil, c’est tout ce que j’ai envie de faire.

Tu l’as fait où et avec qui ?

GIFT a été enregistré au Studio Claudio, chez mon ami Alexis de Biche qui partage son studio avec Paul Rannaud, Vincent Hivert et Margaux Bouchaudon. J’avais écrit le disque pendant le 2e confinement et voulais l’enregistrer vite pour capturer l’attention, les émotions et que le moment excitant d’écriture ne soit pas perdu avec le temps. J’ai demandé à Marius Atherton (Basse), Danny Kendrick (Batterie), Sébastien Adam (Keys) et Paul Rannaud (Lead Guitare) d’être mon Robbie Robertson sur le disque et à ma surprise tout le monde m’a dit ’OUI !’.

Dans mon planning je voulais 2 mois de répétitions qui finissent avec 2 jours d’enregistrement. Tout devait être enregistré en live. Ces deux mois m’ont permis de me donner le temps de chercher un studio avec assez d’espace pour que l’on joue ensemble et un vrai piano . Mais, il faut être fluide et anticiper les surprises. La première jour de répétition Marius nous annonce qu’il va partir dans 2 semaines, pour 3 mois. A ce moment, on décide d’enregistrer l’album avant qu’il ne parte. Il y a 9 chansons. On a bossé et arrangé 3 chansons par répétitions avec une répétition finale où on a bossé toutes les 9 chansons une seule fois ensemble. Paul nous a ensuite proposé d’enregistrer l’album dans son studio, on a checké les dates, il n’y avait qu’un jour libre avant que Marius ne parte… OK ! On va tout enregistrer LIVE, en un jour. J’étais tellement excitée que j’avais peur que ça ne soit pas possible.

Févr 2021, on est dans plein covid, il neige. Pour enregistrer ce disque chez Alexis, on a besoin de 5 tests négatifs. Le matin de l’enregistrement Seb va à la pharmacie de Croix de Chavaux pour prendre son test mais c’est blindé de blindé. On attend une bonne heure et la queue ne bouge pas. On arrive enfin au studio vers 11h, on dépose la matos, on fait les courses pour la journée, on fait les tests de son, une petite balade dans les champs et vers 15h on était prêt à enregistrer nos premières prises.

Pochette de Gift
Droits réservés

Après ça ma mémoire est assez flou, on a kiffé de jouer l’album toute la journée jusqu’à la seule et dernière prise de « Hail & Thunder » à 2h du matin en finissant la bouteille de rhum laissée dans le studio depuis je ne sais pas quand. Il y avait environ 1 minute qui restait sur la bande. On était rincé. Je ne sais pas comment Marius a réussi à nous conduire jusqu’à Montreuil entre la fatigue et les routes de campagne glacées.

Pas de prise de tête, pas de stress, pas de matos qui ne marche plus. C’était une journée incroyable, la chance était avec nous. Vincent, qui nous a enregistrés, était comme un 6e membre du groupe avec son oreille fine et des conseils toujours pertinents. C’était vraiment une journée de rêve.

Comment présenterais-tu ce disque ?

Depuis que je fais de la musique j’avais envie d’enregistrer un LP complètement LIVE comme mes héros. Avec GIFT, j’ai réussi à faire ce disque.

GIFT est une réaction contre tout ce qui est produit parfaitement par des machines et du numérique. Ça représente du risque et de l’amour pour la musique. C’est un LP où les paroles sont plus importantes que les instruments. Il y a même mon premier poème sur la lutte des classes, qui s’appelle ’Beneath The Table’, écrit au verso du vinyle. C’est un LP qui est tout nu et qui demande que l’auditeur soit ouvert à entendre les imperfections et la vie dans la musique, quelque chose dont on n’a plus l’habitude. C’est l’enregistrement qui m’a fait sentir comme un vrai musicien, que tout est possible.

Bref, jusqu’à la, c’est mon propre disque préféré.

Les textes : d’où vient l’inspiration ?

Je ne sais pas. C’est cliché, mais l’écriture de chansons c’est vraiment comme de la magie pour moi. Je sais rarement de quoi je parle, ou où chaque phrase va m’amener. Je ne me pousse jamais à écrire. J’attends. Je digère. L’ennui, la frustration et la patience sont vraiment importants dans ce processus. Il faut savoir quand attraper ma guitare, comme un pêcheur.

Dernièrement, j’écris beaucoup plus de chansons quand je suis autour de la nature. C’était toujours un peu le cas mais depuis 2 ou 3 ans ça devient nécessaire. Aussi d’être entouré de la misère à Paris et la politique en Angleterre y’a pas mal de sujet qui m’interrogent chaque jour.

Comment se procurer tes disques ?

Pour les Vinyles faut commander direct du labels ; Le Pop Club Records, Stolen Body Records, Mauvaise Foi Records, Polaks Records, Safe In The Rain Records, Buddy Records, Slice of Wax Records, Croque Macadam Records, Permanent Freak Records, Off The Hip Records, Evil Hoodoo Records, Delicious Clam Records, Les Disques Chupacabra, Helzapoppin Records & Nineteen Something Records. ou dans les Magasin Disques comme Pop Culture, Born Bad et Ground Zero à Paris.

Dans ce climat économique, il faut surtout supporter des labels indépendants. Il y aura toujours une façon de sortir soi-même des disques même si c’est qu’en numérique. Pour le moment, il faut protéger des labels qui soutiennent le support physique et le travail d’artistes. Le prix de sortie d’un vinyle a presque doublé ces dernières années. J’ai pas envie de vivre dans un monde où seulement les bourgeois peuvent sortir (et acheter) leurs disques dans une scène musicale qui est déjà remplie de gens riches.

Quelle est pour toi l’importance de l’image ?

J’aime les belles choses comme tout le monde, les choses bien faites. Les choses moches sont, ou, peuvent aussi, être belles. Depuis des années j’ai vu la musique et l’image comme des ennemies. J’ai trouvé que l’image prend trop de place, que la musique devient secondaire. Je commence à m’adoucir sur ce sujet, principalement parce que j’étais témoin du travail de dessinateurs, graphistes et photographes : j’ai du respect pour leurs œuvres. j’ai aussi commencé à m’impliquer beaucoup plus dans ce processus, je dessine de plus en plus. J’adore utiliser l’encre de Chine en ce moment.

Mille remerciements vont à Baldo, Alex Horn et Marie Meilhan Bordes pour tout leur travail sur mes derniers disques, clips et photos. Vous m’inspirez tous les jours !

Crédit : Gérald Chabaud

Es-tu très présent sur internet ?

Présent, oui. J’en ai un peu marre du tout l’environnement des réseaux sociaux donc je suis en train de construire mon propre site web avec l’aide de mon ami, Joachim. Comme ça je peux contrôler ma propre présence et partir de ce monde un peu toxique.

J’ai dit ça même si mon premier disque, « Hopeless Friends » par The Creep Outs, était sorti grâce aux réseaux et Myspace. Le label, Off The Hip Records à Melbourne, Australie, a entendu les 4 chansons sur le player et nous a envoyé un message en disant « Si t’as 10 autres chansons aussi bon que le 4 sur myspace on va sortir votre LP ». Heureusement, on avait justement 10 autres chansons et un LP de 14 morceaux était sorti en Octobre 2008.

J’aime bien le mystère et j’ai envie qu’il y ait plus d’énigme dans la monde de la musique qu’il y a en ce temps présent.

Quels sont tes projets ?

On a prévu, d’essayer, d’écrire un livre avec ma sœur, Liz, en Angleterre. Ça va parler des belles balades de randonnée à côté de chez nous dans The Peak District National Park et les effets du changement climatique sur les paysages. Chaque balade va être accompagnée par un de mes poèmes, que je vais écrire en faisant des randonnées, et des photos du paysage par ma sœur. Liz, qui est depuis quelques années est docteur en science environnementale. Ce sont des sujets dont on nous parle depuis qu’on est petit. Elle joue aussi de la guitare depuis quelques années et je t’assure qu’elle joue déjà beaucoup mieux que moi !

J’ai aussi envie de passer plus de temps avec mes amis et famille en Angleterre. Je voulais trouver une idée ou un projet qui me ramène là-bas plus souvent. Chaque fois que j’y suis, je me baigne dans la nature et récemment j’étais bouleversée par la tristesse à cause des espèces d’arbres et d’animaux qui disparaîtraient.

Y a-t-il des concerts prévus ?

Oui !

  • 16.09.2022 BELMONT WITCH - La Cité Fertile, Pantin
  • 23.09.2022 NICK WHEELDON solo - Concert privé
  • 24.09.2022 THE NECESSARY SEPARATIONS + CHRIS BARTLETT - L’imposture, Lille
  • 03.11.2022 NICK WHEELDON’s DEMON HOSTS + S.A.D - La Bas, Caen
  • 04.11.2022 NICK WHEELDON’s DEMON HOSTS + THE DUKE OF NORFOLK + BED - Café de Paris, Paris

Le mot de la fin : tu peux dire ce que tu veux ?

Merci !

BENEATH THE TABLE

I’ve been the dog beneath the table
waiting for the crumbs to drop
into gaping mouths
that fill an ever swelling stomach
which never knew hunger
who never felt the cold
that responds only to want
never to need
i’ve been that dog who scratched his itch
because i could
because i could reach
and it was easy
and it felt good
for a moment
beneath the table

Nick Wheeldon
osnoctambulos@gmail.com
https://lepopclub.com/nick-wheeldon/

Nick Wheeldon’s Demon Hosts
Gift
https://lepopclubrecords.bandcamp.com/album/pcr057-gift-lp

Nick Wheeldon & Friends
Communication Problems
https://lepopclubrecords.bandcamp.com/album/pcr050-communication-problems-lp
https://mauvaisefoirecords.bandcamp.com/album/communication-problems

Nick Drunken Broken Arms & His False Dylan Ninga Cobb
Everybody’s Trying To Fuck, I Just Want To Make Love
https://polaksrecords.bandcamp.com/album/everybodys-tryin-to-fuck-i-just-want-to-make-love
https://safeintherain.bandcamp.com/album/everybodys-trying-to-fuck-i-just-want-to-make-love

Dômo Kômo
Bugs
https://lepopclubrecords.bandcamp.com/album/pcr039-bugs-lp

The Necessary Separations
The Necessary Separations
https://mauvaisefoirecords.bandcamp.com/album/the-necessary-separations

Os Noctambulos
Reveries
https://sliceofwaxrecords.bandcamp.com/album/sow-015-os-noctambulos-r-veries-ep
Silence Kills
https://stolenbodyrecords.bandcamp.com/album/silence-kills
The Devils
https://buddyrecords.bandcamp.com/album/the-devils
I Can’t Read Your Mind
https://sliceofwaxrecords.bandcamp.com/album/sow-008-os-noctambulos-i-cant-read-your-mind-i-went-walking
Stranger
https://stolenbodyrecords.bandcamp.com/album/stranger
Outsider
https://croquemacadam.bandcamp.com/album/outsider
Corsica Garden
https://osnoctambulos.bandcamp.com/album/corsica-garden-lp
Split LP
https://stolenbodyrecords.bandcamp.com/album/plantains-os-noctambulos-split

Nick & Alizon
Ashes In The Storm
https://permanentfreak.bandcamp.com/album/nick-alizon-ashes-in-the-storm

39th & The Nortons
Mourning Waltz
https://requiempouruntwister.bandcamp.com/album/mourning-waltz
The Dreamers
https://stolenbodyrecords.bandcamp.com/album/the-dreamers
On Trial
https://39thandthenortons.bandcamp.com/album/on-trial

The Jesus Loves Heroin Band
Revenge
https://lesdisqueschupacabra.bandcamp.com/album/revenge
Slow Fever
https://lesdisqueschupacabra.bandcamp.com/album/slow-fever

The Creep Outs
Hopeless Friends
https://bootlegbooze.com/shop/cd/creep-outs-hopeless-friends-cd/