Je considère EX-VOTO comme mon premier album. Tara était un projet à part, en collaboration avec Guillaume Charret. C’est un album réalisé par un duo. De plus il durait moins de trente minutes. Pour celui-ci, je suis vraiment en solo même si de nombreuses personnes sont impliquées dans le disque. J’ai pris les décisions toute seule. L’écriture de textes en français a été un long cheminement. J’ai commencé à écrire en français en 2018, à la même période que la sortie de Tara. J’ai mis un an à pondre une chanson en français.
Aujourd’hui, cela ne me viendrait plus à l’esprit de réécrire en anglais. Les idées ne viennent plus en anglais et bizarrement, je galère même dans la prononciation. Il y a quand même une chanson Black Hole et il fallait que je la chante en anglais. Elle est adressée à une personne non francophone. J’aime cette langue mais ce n’est pas ma langue maternelle et comme mon style va de plus en plus dans l’introspection et l’intime, j’ai été un peu obligée de me pardonner de ne pas être née dans le Tennessee.
La production est moins influencée par l’Amérique et par l’Angleterre…
C’est marrant, l’album a été en partie réalisé au Canada. J’ai rencontré Jesse Mac Cormack sur la suggestion de mon label québécois. Au départ, je n’étais pas trop enthousiasmée par l’idée. Ils avaient vu juste ! Je suis allée le voir en concert. Le hasard a fait qu’il jouait en Europe. Là, j’ai pris une claque. Il emmène des éléments de production sur scène que j’ai trouvé prodigieux. J’ai senti une invention dans la production en live qui m’ont fascinée. J’aime aussi la férocité dans sa musique, un truc super ancré. A la base, il vient du blues pour prendre un virage Anti-folk. J’aime sa façon de tordre la notion de folk qui contrebalance mon côté vaporeux voire trop léger, mon approche un peu timide de mes chansons et ma lenteur à me plonger dedans.
Le fait d’avoir beaucoup joué en concert t’a aidé pour l’enregistrement ?
Non ! En fait, j’ai enregistré les chansons en version prototype ou presque. Le dernier enregistrement date de Janvier 2020 et j’ai commencé à tourner en Janvier 2021. Certaines ont été écrites deux jours avant de les enregistrer. Évidemment, j’ai eu la tentation de tout refaire, ensuite, j’ai même renié un peu le disque mais, heureusement, il a été tellement retardé que j’ai eu le temps de passer par tous les sentiments. De toutes façons, avec la pandémie, tout était bloqué. J’étais censée mixer le disque au Canada… On l’a fait à distance. Alors, voilà, cet album représente ce que j’étais il y a deux ans et j’en suis fière. C’est le jeu de la Folk, un moment, un instant.
C’est un album contemporain tout de même ?
En tous cas, je l’ai fait avec sincérité. Je crois que c’est une modernité de faire les choses sincèrement.
Et puis c’est chouette aussi d’avoir des versions live différentes.
Dans les arrangements ?
Oui. Mid-summer, aérien dans le disque, part dans le genre Stoner ou presque, live. Je n’ai jamais aimé les artistes qui reproduisaient à l’identique les albums.
Il y a déjà quatre singles sortis, je crois ?
Oui, le premier est sorti en Septembre 2020. Mais je tenais à garder le format album même si Jesse trouvait que cela n’avait plus vraiment de sens. J’ai besoin d’avoir une dramaturgie avec un début et une fin. Certes, en terme de nombres, ça ne va pas toucher autant de gens mais je m’en fiche si ça touche déjà deux mille personnes, c’est bien.
Revenons à l’enregistrement. Comment l’as-tu conçu ?
Pour la partie canadienne, Jesse a ramené ses musiciens. Pour les titres enregistrés en France, j’ai supervisé les arrangements des cordes et cuivres avec Olivier Marguerit. Par exemple pour Eteins la mer, on a fait comme Harvest. Nous l’avons enregistré au Canada et rajouté les cuivres, composés par Olivier, ici. Sinon pour les instruments additionnels, j’ai invité des amis musiciens. C’est un disque réalisé en famille.
Tu as eu déjà des retours ?
Au-delà de ce que j’espérais ! J’ai l’impression que ça fait du bien à certains d’écouter du français qui ne soit pas de la chanson…française. J’ai pris le pari d’intéresser des personnes qui écoutent des chansons anglophones. Je suis hyper heureuse de me retrouver entre Sharon Van Etten et Dot Allison dans des playlists.
Tes influences sont anglo-saxonnes, non ?
Bon l’artiste que j’ai le plus écouté avant et pendant l’enregistrement était John Parrish. Je suis bluffée par ses productions, brutes et élégantes à la fois. J’ai écouté aussi beaucoup de musique américaine comme Big Thief mais c’est vrai l’influence est peut-être plus anglaise. Il y a le fait aussi que j’ai laissé mes idoles de côté. Mes obsessions Joni Mitchell, Leonard Cohen ou encore Bob Dylan ont été mises à une place plus raisonnable. Et puis ne serait-ce que pour l’écriture en français, j’ai dû inventer et pas imiter. Tara était plus un exercice de style.
EX-VOTO est donc un album de folk en français ?
Aghh, cette fameuse question de folk ! J’en m’en rends compte en promo. Cette idée de folk est en constante évolution. Et puis en français, ça ne veut rien dire.La folk française c’est la bourrée auvergnate. C’est un concept hybride. EX-VOTO n’est pas un album rock encore moins de chansons françaises, peut-être folk dans l’état d’esprit…
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Et en tournée :
- 21/01/2022, Dunkerque, Les 4 Ecluses
- 10/02/2022, Fontaine, La Source
- 11/02/2022, Montreuil, La Maison Populaire
- 25/02/2022, Saint Romain de Colbosc, Le Siroco
- 09/03/2022, Mauriac, Festival Hibernarock
- 11/03/2022, Achères, Le Sax
- 13/03/2022, Marseille, Festival Avec le Temps
- 18/03/2022, Genève, Voix de Fête
- 27/03/2022, Beauvais, Blues Autour du Zinc
- 02/04/2022, Annonay, La Criée d’Avril
- 15/04/2022, Coustelet, La Gare
- 13/05/2022, Cluses, L’Atelier
- 27/09/2022, Paris, La Cigale