Samy (bassiste/chanteur) : On est une association satanique de défense de la guitare « Fuzz » parce qu’elle semble dépérir un peu ces temps-ci. Plus en détails nous sommes trois membres d’un quintet de Rock&Roll aux influences multiples principalement axées sur le Garage Sixties, le Punk et foutre le bordel (sinon c’est pas drôle). Du Sixties Punk en somme.
(The Glendas - Photo Alain Marie)
Ça veut dire quoi « The Glendas » ?
S : C’est juste qu’on s’est retrouvés à avoir un concert de prévu sans avoir de nom, ni de répertoire d’ailleurs (rires). J’étais dans ma période où je regardais des films de Ed Wood, j’aimais le coté crise identitaire de “Glen or Glenda” ça correspondait bien à notre son qu’on avait pas encore trouvé à cette période.
C’était quand ?
S : Il y a un an. On a fait un premier concert en 2018 au « Melody Maker » à Rennes. On s’est dit autant aller dans une zone déjà sinistrée.
Aurélie (guitare) : Un public vraiment très sympa !
Martin (guitare) : Bien alcoolisé !
S : Vu qu’ils étaient bourrés avant qu’on arrive au bar, ça a rendu les choses bien plus fun…
A : Super lieu et super accueil, parfait pour un premier concert !
C’est quoi vos influences ?
M : Les sonorités des années 60, ce genre de choses
S : Les Compil’ Back from the Grave et Bernard Minet aussi, mais il a préféré faire du métal (rires).
M : en gros « garage punk sixties » et des compilations comme « Nuggets ». Notre set est beaucoup composé des morceaux des groupes garage obscurs.
A : On aime aussi beaucoup les Mummies et les Lords of Altamont , j’avoue j’ai un gros crush pour le chanteur.
https://www.youtube.com/watch?v=XKDJxD21mko
Ça a commencé comment le groupe ?
S : Je voulais créer un groupe de Garage stupide et efficace ! J’ai donc monté un groupe avec des gens stupides et potentiellement efficaces !
A : Et qui aiment boire !
M : Je faisais partie des stupides qui trainaient dans les concerts. Je jouais de la 12 cordes dans un groupe psychédélique sixties. Ca faisait longtemps que Samy me parlait de son envie de créer un groupe bête et méchant, moi ça m’intéressait !
S : On a d’abord dû te rendre un peu plus bête et méchant parce que tu étais trop gentil (rires).
A : Moi je suis la dernière roue du carrosse. Quand je suis arrivé à la première répète je ne savais pas jouer de guitare. Je croisais Samy régulièrement notamment à « la Méca » et au « Split ». Je ne connaissais pas grand-chose aux Garage sixties, à part les Lords of Altamont . J’ai appris la guitare finalement avec ce style et les Glendas .
S : Je tiens à dire avant tout que ce groupe est un foyer d’accueil pour musiciens en détresse (rires).
Il y a qui d’autre dans le groupe ?
S : Fab à la batterie ! On s’était perdus de vue et je l’ai recroisé pile au moment où le groupe se montait. Il jouait dans Radiation , le meilleur groupe punk ‘77 de 2009 ! Ils ont fait un superbe album. Il a dû bosser un peu pour s’y remettre mais ça l’a fait rapidement.
A : c’est notre petit râleur du groupe mais on l’aime bien (rires).
M : On avait un cinquième membre à l’orgue, Jean Marc. Il est resté un an avec nous. C’est un super pote. On s’était croisé à Reims d’où je viens et où il travaillait. On était dans le même groupe : les Volfonis ! On ne s’est retrouvé à Paris et on a intégré le groupe.
A : C’était un bon mélange de gens complètement différents, je pense que sans les Glendas on se serait jamais rencontrés. Bref, les choses ont un peu évolué à la rentrée quand Jean-Marc nous a annoncé qu’il quittait le groupe.
M : Il a assuré tous les concerts jusqu’au 1er novembre.
S : C’était le préavis légal de départ (rires).
(Illustration Samy The Kay)
Justement vous avez fait quoi comme concerts ?
S : Le « Melody Maker » à Rennes, le « Blackstar » à Paris, « le Supersonic », « l’International », « l’Armony » … On a joué aussi à côté de Bourges pour « l’after » du « Cosmic Trip » cet été, et ça s’est super bien passé… En fait je n’ai pas vraiment compté les concerts…
Pourquoi ? Parce que tu ne sais pas compter ?
S : Si je savais compter je ne ferais pas du Rock&Roll (rires).
A : On essaye d’en faire un par mois grand maximum à Paris, on ne veut pas monopoliser la scène et on essaye de prendre aussi du temps pour bosser nos propres compositions.
Sur scène vous faites des reprises ou des compositions originales ?
S : Les deux !
M : On a beaucoup de reprises de groupes comme les Malibu’s ou les Coronados.
S : Les Mummies aussi ! On compose en ce moment parce qu’au début je voulais y aller tranquillement le temps de tout mettre sur pieds, mais un pote nous a proposé un concert à Rennes. Là on avait rien. On a dû préparer une dizaine de reprises en urgence et maintenant on a 4 ou 5 compositions originales.
A : On essaye de virer les reprises au fur et à mesure et de les remplacer par nos morceaux originaux !
https://www.youtube.com/watch?v=nae87p4G25M
Justement vous êtes dans un circuit où les gens aiment bien les reprises ?
S : Le Karaoké a effectivement de beaux jours devant lui.
M : On fait des reprises efficaces !
A : Faut dire qu’on les reprend super bien aussi ! (rires)
S : D’ailleurs nous sommes le seul groupe de Garage qui ne reprend pas les Sonics !
A : On essaye de pas trop reprendre les trucs évidents !
S : En fait ce qui est drôle c’est de faire une reprise et tout le monde croit que c’est une composition. J’ai voulu imposer “Food fight” des Village People mais personne n’en a voulu : un grand morceau punk !
On parle du disque ?
S : De l’enregistrement pour l’instant (rires). Bon, je peux le dire il va apparemment sortir chez le « Cèpe Records », un super label parisien qui fait beaucoup de psyché et de Garage. Il organise des super soirées aussi.
Combien de titres ?
S : Quatre titres : deux compositions et deux reprises, dont les Coronados . Il y aura comme compositions « Plastic Bag » qui était notre premier titre et “Baphomet Twist” qu’on va dévoiler en ligne pour cette interview.
https://www.youtube.com/watch?v=iJkPOSCl-nQ
Il a été enregistré ou ?
S : « Hybreed studio », en banlieue Est de Paris, tout en live. On l’a fait en une journée, en numérique parce qu’on est pauvres. Rapide et efficace et ingé son au poil, Andrew nous a vraiment aidé à trouver et définir nôtre son. On savait pas si on allait y arriver, au final on a eu du bol, on est plus que contents du résultat. Comme quoi prier des divinités païennes n’est pas inutile.
A : C’est cool d’avoir réussi à le faire en un jour, c’était intense niveau rythme mais tout s’est bien enchaîné. On a bien bossé avec un super ingé aussi, ça aide .
S : On a commencé à dix heures et à 21 h on avait nos quatre morceaux finis, c’était parfait !
Pourquoi vous ne faites pas du rap, c’est la musique de votre génération ?
S : Moi j’ai écouté Little Richard à cinq ans et après j’ai continué à écouter ce genre de choses. A 15 ans j’ai écouté du grunge et j’ai découvert les Ramones qui sont devenus ma religion. Ce qui m’a aidé c’est qu’il y avait le guitariste des Norvins qui bossait à la médiathèque de ma ville et qui me passait des disques. Je tiens d’ailleurs à préciser que beaucoup de musiciens travaillent dans les médiathèques. N’est-ce pas monsieur ? (en tapant sur l’épaule de Martin Ndlr) ?
M : Eh oui, je travaille dans une médiathèque où je gère en partie la discothèque rock …
C’est la faute des Norvins ?
S : Ouais, c’est le mec qui m’a mis dans les mains « It’s Alive » des Ramones , les compilations Nuggets …
M : Moi ça vient de mon père qui avait 20 ans en 1969 et il s’intéressait beaucoup à la musique anglo Saxonne.
A : Moi je suis partie de la scène punk des années 2000, Offsprings , NOFX et tous ces trucs la. C’est ce qui passait à la radio quand j’étais ado. J’ai ensuite remonté la truc avec les 90s et les 70s avec les Ramone s, les Stooges , les Damned et 20 plus tard je découvre enfin les 60s avec les garçons. A la base je suis plus branché Noise, Stoner et Métal.
M : En fait on n’a pas du tout les mêmes influences !
S : C’est toute la beauté du projet.
(Illustration Samy The Kay)
C’est quoi la suite ?
S : Suite au départ de Jean Marc, j’ai dû recommencer à trainer dans des endroits sombres et humides pour trouver un successeur à la hauteur… Un soir je passais des disques dans une soirée et j’ai trouvé Jane.
C’est qui ?
S : Une fille qui ne sait pas forcément jouer mais qui voulait essayer ! C’est notre principe : “tu sais pas jouer ? C’est pas grave, rejoins nous ! “
A : Il exagère ! Elle avait quelques bases : sa mère était prof de piano quand même ! Mais bon elle avait pas de groupe. Elle a 24 ans et toute sa fraîcheur ! Elle est super motivée et c’est cool !
S : Quand j’avais 16 ans, je voulais jouer dans des groupes de Garage et à chaque fois on me demandait : « tu as déjà joué ? ». Quand je répondais non, on me disait qu’on allait me rappeler et on me rappelait jamais ! Au final je préfère faire un groupe en donnant leur chance à des gens motivés et cool plutôt que des gens qui jouent comme des bêtes mais qui sont des vrais connards. Ça m’est arrivé il y a bien dix ou quinze ans. Maintenant je ne joue qu’avec des gens cool que ce soit Glendas ou the Wave Chargers .
Quelles sont vos prévisions pour 2020 ?
M : No future !
S : Survivre jusqu’à la sortie du disque, si possible au printemps. Un an de plus avec une vraie apocalypse derrière.
A : Moi si j’arrive à me souvenir de l’année ce sera déjà pas mal ! Je vais essayer de ne pas me faire virer des Glendas. Mon ambition est de savoir assez bien jouer de la guitare (aussi bien que Martin haha), boire des coups et chopper un max de mecs ! (Rires)
Quels disques vous donneriez à un enfant pour l’emmener vers la musique ?
S : Little Richard ! Little Richard ! Little Richard !
M : « Live at Leeds » des Who
A : Le premier Damned avec « Neat Neat Neat » et « New Rose » ! S’il n’aime pas, il est foutu faut en faire un autre.
Le mot de la fin !
M : Doubichou !
S : Bordel, bordel, bordel …
A : Payer nous des bières, on adore ça !