Peux-tu présenter le groupe et ses musiciens ?
Institut est à géométrie variable. Avec un noyau dur : Emmanuel Mario et moi.
Actuellement, c’est un trio. Au duo originel s’ajoute Nina Savary (voix, guitares, clavier).
Pour l’album, on a aussi travaillé sur quelques titres avec Christian Quermalet (The Married Monk), Guilhem Granier (Madrid), Emmanuelle Ferron, Massimo Perrone, Gaetan Carrozzo et Andrea Perrone, 3 musiciens italiens que l’on n’a jamais rencontrés et qui ont joué tous les cuivres (sur partitions qu’on leur a envoyées).
(Crèdit photo Elie Jorand)
Quels sont vos parcours ?
Emmanuel Mario vient de Toulouse. Il était en CE1 dans la classe de Mme Delpierre à l’école Bayard-Matabiau. C’est là qu’il a fait une rencontre fondamentale avec la musique : Crass, un collectif d’artistes anarcho-punk anglais formé en 1977.
On s’est rencontré il y a 8 ans. Il multiplie les collaborations en tant que batteur, producteur, arrangeur : Hyperclean, Holden, Laëtitia Sadier (dont il a produit les derniers albums), Arnaud Fleurent Didier... Il vient de sortir un album sous le nom d’Astrobal. Ca s’appelle « Australasie ». Une bombe.
J’ai grandi à Rennes. J’ai commencé la musique à 16 ans. J’essayais de reproduire les lignes de basses de Ludwig Von 88, Parabellum ou encore Komintern Sect. Sans succès, j’étais trop lent.
Mon groupe précédent s’appelait Emma. On a sorti 2 albums en 1995 et 1998. Le second sur Lithium. C’était assez différent d’Institut, plutôt classé dans le rayon indie ou rock français. C’est introuvable sur les plateformes pour des raisons de droits.
J’ai aussi collaboré avec d’autres formations. Notamment The Married Monk à l’époque de leur premier album.
Comment définirais tu votre musique, notamment vos influences ?
Je me prends toujours les pieds dans le tapis avec cette question pourtant légitime. Si on peut éviter la catégorie « chanson française », ça m’arrange. Chanson électronique ? Mais ce n’est pas toujours chanté et pas toujours électronique. Il y a de la voix et de la musique. Je dirais « voix / musique ».
Nos influences sont multiples, ce qui nous permet d’ouvrir le champ. Emma et moi sommes complémentaires. Je suis assez imprégné par les musiques de films. Ennio Morricone, François de Roubaix... Je reviens souvent aux albums de Nick Drake, Nick Cave (tout ce qui commence par Nick en fait), de Françoise Hardy. Récemment, j’ai été touché par le dernier album de Christophe et celui de Get Well Soon.
Quel est votre processus de travail ?
Dans un premier temps, je travaille seul sur les textes et les structures musicales. Je pose les bases, quelques arrangements, je balbutie, je jette, je coupe, j’enregistre, je laisse reposer. Quand j’atteins un corpus de 10-12 morceaux, je fais suivre à Emmanuel. Ensuite, on fait des allers retours jusqu’à ce que l’on atteigne le produit final.
Peux-tu nous parler de votre nouvel album ?
Il me semble qu’il est dans la continuité du précédent. Plus arrangé, plus désabusé. Il se rêve en reflet de son époque.
Spécialiste mondial du retour d’affection", drôle de titre non ?
Ce nouvel album d’Institut propose des solutions clés en mains pour résoudre l’ensemble des problèmes pratiques et existentiels des habitants de zones urbaines ou péri-urbaines mais pas seulement car les populations résidant en milieu rural peuvent aussi être concernées par nos services. En intitulant notre album « Spécialiste mondial du retour d’affection », on affiche clairement la couleur, la présence dans le livret intérieur de conseils avisés. C’est un plus produit non négligeable.
Vous avez signé sur un label Canadien ?
L’idée était de confirmer notre essor à l’international qui représente désormais 25% de notre activité. Déjà bien implanté en Belgique et leader en Suisse, Institut se devait de poursuivre sa conquête du marché francophone. En cela, la démarche de Sylvain Lumbroso, label manager de Quadrilab, nous a séduite : « Il y a de la concurrence au Canada mais nos atouts sont la technicité acquise et une souplesse reconnue. » On ne pouvait que signer.
Vers où comptez-vous aller musicalement ?
Plusieurs solutions s’offrent à nous : un rock engagé et puissant à la limite du soutenable, de la chanson française néo-réaliste qui s’adresserait à un public trentenaire adhérent à Lutte Ouvrière ou au Front de Gauche (avec pour finalité de jouer en 2018 en première partie de soirée à la Fête de l’Huma), une chanson littéraire bien troussée et de bon ton sans aspérité avec comme ligne de mire les CSP+ abonnés de Télérama. C’est con mais on n’arrive pas à trancher.
Vos projets
Etendre notre utilisation des nano-technologies, créer des contenus monétisables disponibles sur toutes les plateformes numériques, partir à la conquête du marché extrême oriental, bâtir des algorithmes qui nous seraient favorables sur les plateformes de streaming, avoir la longévité & la constance d’un groupe comme And also the trees, toujours aussi inspiré et pertinent sur son dernier album « Born into the waves ».
Un dernier mot !
Il y a trop d’enjeux dans cette notion de dernier mot. Je préfère m’abstenir.
(Crèdit photo Elie Jorand)