Raphaële Volkoff : Rencontre avec une actrice concernée !

mercredi 2 juin 2021, par Franco Onweb

C’est à l’occasion d’une interview avec un musicien du spectacle vivant, Pierre Antoine Durand, il y a un an, que le nom de Raphaële Volkoff a été cité. Elle faisait partie du jury du festival « les Capsules » qu’il co-organise. Elle avait relayé l’interview. Suite à ça j’avais commencé à m’intéresser à son parcours. Comédienne confirmée de théâtre et actrice dans le feuilleton « Demain nous appartient », elle pouvait changer de rôle et de situation naturellement. Il y eut ensuite plusieurs interviews de la dame qui confirmèrent mon impression : la dame avait des choses à dire ! Si vous rajouter à ça qu’elle écrit des pièces et qu’elle chante, elle ne pouvait qu’encore plus m’intéresser 

On a pris contact avec elle et un matin je l’ai appelé pour discuter avec elle de son parcours, mais aussi de l’importance de ses rôles à la fois dans « Edmond » que dans « Demain nous appartient » pour le « grand » public mais aussi d’Alexis Michalik, de la situation actuelle et des différents supports qui apparaissent pour les comédiens. J’ai choisi de publier en une seule fois cette interview parce que le discours de Raphaële est important dans cette période si « spéciale » : voici une actrice passionnée et passionnante 

Quand je lis ton parcours, je vois surtout que tu as commencé par le théâtre.

Oui j’ai commencé par faire une pièce au lycée puis je me suis lancée dans de vraies études de théâtre et derrière à vrai dire, je suis allée là où le hasard me poussait et il se trouve que c’était encore dans le théâtre. Et j’en suis ravie !

Ce sont tes parents qui t’ont emmené au théâtre ?

Oui, beaucoup et très jeune. D’ailleurs au début je n’aimais pas tellement ça. Le samedi après-midi, quand t’as douze ans, tu préfères aller jouer dans le quartier avec tes copains que de suivre tes parents au « Théâtre du Soleil » pour voir une pièce d’Ariane Mnouchkine. Enfin, moi en tout cas c’était mon cas.

Crédit : Simon Larvaron

J’ai lu dans ton parcours que tu es allé au Burkina Faso, très jeune, pour donner des cours de théâtre ?

J’avais dix-neuf ans, et je suis entrée à BEOGO, l’asso qu’avait créé un ami. Cette asso s’occupait de donner des cours d’été à Koudougou et comme je parle bien l’anglais, j’ai choisi d’y enseigner cette matière. Et il me fallait aussi une activité à animer pour l’après midi, donc j’ai choisi naturellement le théâtre parce que je savais que j’étais meilleure à ça qu’à d’autres trucs (rires).

Qu’est ce qui te plaisait dedans ?

Je ne sais pas si j’ai déjà réussi à répondre à cette question. C’était instinctif je pense. Je n’ai pas vraiment réfléchi, ça me plaisait… Toute petite, quand j’ai commencé à prendre des cours de théâtre, je jouais sérieusement. Quand on jouait genre aux cowboys et aux indiens ou autre, une fois que mon rôle était défini je m’y tenais. Je trouve ça très beau le sérieux qu’on peut mettre quand on joue. C’est d’ailleurs la seule manière que ça ait l’air vrai je crois.

C’est être sur scène, jouer un personnage…

C’est tout ça mais surtout le plaisir de raconter une histoire. Je ne sais pas si j’ai un plaisir réel à me mettre dans la peau de quelqu’un d’autre, ce que j’aime surtout c’est le résultat final : être le maillon d’une histoire.

Quand tu as dit à tes parents que tu voulais devenir actrice de théâtre, ils ont bien accepté ta décision ?

Oui, en fait avant de commencer mes études de théâtres, j’avais essayé de faire des études plus « conventionnelles ». Je ne pensais vraiment pas que le théâtre pourrait devenir mon métier mais la fac ça m’ennuyait : d’ailleurs je passais mon temps à sécher les cours ! C’était une période un peu tourmentée pour moi du coup quand j’ai dit à mes parents que j’allais faire une école de théâtre, ils n’ont pas sauté de joie, mais pas parce que c’était une école de théâtre, ils se demandaient plutôt si c’était sûr et que je n’allais pas abandonner en chemin (rires).

Tu es actrice, tu écris des pièces et tu as fait de la mise en scène : tu veux maîtriser tout ton sujet ?

Ça rejoint ce que je te disais : j’aime le jeu sérieux et cela nécessite d’avoir un bon outil. Je pense que toute ma personne est mon outil de travail. C’est ma prof de théâtre, Eva Saint Paul, qui nous a appris ça : à aller puiser dans toutes nos capacités et à en allonger la liste. Dans cette idée même un permis poids lourd je pourrais considérer ça comme quelque chose qui me fait progresser (rires). Quant à l’écriture, ça m’a toujours passionnée. Quand j’étais toute petite j’écrivais des histoires avec mon père. Je ne me sentais pas légitime à écrire jusqu’ici, je vois ça un peu comme quelque chose de sacro-saint, mais là ça y est , j’ai sauté le pas.

Raphaële Volkoff dans «  Edmond  »
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Tu as fait aussi de la mise en scène 

J’ai fait une mise en scène d’une comédie musicale avec peu de moyens mais c’était super ! Peut-être que j’en referai mais j’attends un peu. C’est la marche d’au-dessus

Tu as fait une première grosse pièce en 2016 et ensuite tu as rencontré Alexis Michalik en 2017 avec qui tu as beaucoup travaillé ?

Pas tout à fait, je l’ai rencontré avant même de savoir que je voulais devenir comédienne ou de l’avoir décidée. J’avais 17 ans et je travaillais comme serveuse dans le restaurant de la mère d‘une copine à Pantin. Je venais d’arrêter ma fac de psycho et il venait déjeuner de temps en temps à midi avec son meilleur ami Régis. C’était l’époque où il passait dans « Kaboul Kitchen ». Je l’avais reconnu et on avait sympathisé. On était resté un peu en contact : on s’envoyait quelques nouvelles, une fois il m’avait mis des places pour aller voir « Le Porteur » avec mes parents… ce genre de trucs ! Je l’avais invité à mes auditions de théâtre, auxquelles il n’avait pas pu venir. Et puis il m’a envoyé un message au moment pile où je sortais de mes trois ans d’école et il m’a dit qu’il y avait une reprise de rôle sur « Edmond ». J’ai passé l’audition et j’ai eu le rôle.

Tu ne penses pas que pour bien avancer il faut une bonne culture « classique » ?

Il doit y avoir d’autres chemins, pour avancer, mais moi c’est comme ça que j’ai été éduquée en tout cas, c’est sûr ! Mon père m’a lu « Cyrano » quand j’étais enfant avec le livret de la parution, celui avec les gravures. J’ai toujours aimé les vers. Mais je ne vois pas ça comme un dogme parce que c’est super de faire des choses nouvelles en s’étant nourri de ça. Alexis s’est pareil : il aime dépoussiérer les choses, il aime remettre des œuvres au goût du jour. Sur ça on a vraiment des goûts très proche

Mais tu pourrais jouer des classiques ?

J’adorerais, bien sûr un, jour ! Pour l’instant je ne l’ai pas encore fait mais bon j’ai vraiment été très occupée par « Edmond » ! Et puis depuis un an le théâtre… bon.

Tu as changé de secteur en 2019 : tu joues dans le feuilleton de TF1 « Demain nous appartient ». Comment as-tu eu le rôle ?

De la manière la plus simple qui soit : j’ai passé un casting que j’ai reçu par mon agent. J’avais déjà fait un casting pour eux un an auparavant. Ça c’était bien passé mais je ne correspondais pas au rôle. Je m’étais bien entendue avec la directrice de casting et elle m’a rappelée un an après pour un nouveau rôle et je l’ai eu. Ce qui est drôle c’est que j’ai une copine, Maud Becker, qui joue dans la série le rôle d’Anna. Elle m’a félicité pour le rôle alors que la prod ne m’avait même pas encore appelée, c’est elle qui me l’a appris (rires) !

Mais ce n’était pas un grand écart pour toi ?

Ah si, mais c’est ça qui est super ! Je ne veux surtout pas critiquer les comédiens qui refusent de jouer dans ces séries, chacun a ses raisons. Personnellement je vois pas de raisons de les snober. Et oui c’est une série à la télé, à une heure de grande écoute et qui est diffusée sur une grosse chaîne, TF1 mais je suis ravie de faire ça. Si on m’avait dit qu’un jour je gagnerai ma vie en faisant ça, je n’aurais pas cru

Dans « Demain nous appartient », tu joues le rôle d’une serveuse qui est en couple avec une autre fille. C’est traité sous un angle, et vous avez une façon de jouer de jouer, qui fait que si vous êtes deux filles, c’est anecdotique.

Tout à fait !

Avez-vous conscience qu’avec ce rôle vous avez plus fait avancer les choses que beaucoup d’actions ou de thèses universitaires ?

Tout d’abord merci de me dire ça, je suis assez émue de l’entendre. À vrai dire j’ai eu quelques retours. J’ai rencontré des fans de la série qui m’ont dit qu’elles avaient eu le courage de faire leur « Coming Out » grâce à la série parce que leurs parents, leur famille étaient devant la télé.

Avec Camille Genau dans «  Demain nous appartient  »
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Vous êtes devant un public important et quand on lit les commentaires sur les réseaux sociaux c’est très positif. Vous allez tous les soirs chez les gens pour dédramatiser une situation sans passer par des manifs qui ne touchent qu’un nombre restreint de personnes.

Oui, comme je disais j’ai eu des témoignages, mais on est un peu déconnecté. Par exemple, j’ai pris conscience que très tard du nombre de gens qui nous regardaient. Être reconnue dans la rue, ça me paraissait pas croyable. Rien que le fait de savoir que des gens te connaissent sans les voir, c’est bizarre tout de même. Mais pour ce qui est de la défense de la cause gay, j’ai surtout l’impression d’être un petit maillon. On interprète un rôle. Ce couple existe parce que les auteurs l’ont écrit et que la production l’a voulu. Il y a aussi la complicité que j’ai avec ma partenaire, Camille (Genau, ndlr), qui est une amie très chère et que j’aime vraiment beaucoup… Il y a tout un tas de raisons qui font que ce couple existe et qu’il renvoie cette image. Et si je puis me permettre je pense par ailleurs que les manifs c’est très utile. Faut de tout pour faire avancer le schmilblick (rires).

Tu as joué dans « Edmond », cette pièce a permis à plein de monde de tous niveaux social de découvrir Edmond Rostand et « Cyrano de Bergerac ». Tu es à chaque fois dans des projets qui élèvent le niveau du public.

C’est super de mettre en parallèle « Edmond » et « DNA », j’avais jamais fait le lien (rires). Je comprends ce que tu veux dire et c’est ça qui me plait : participer à la chaîne qui génère un mouvement positif, qui fait avancer un peu les choses… Mais j’ai conscience d’avoir travaillé sur quelque chose de spécial et c’est ma plus grande joie.

Mais comment tu vis ça ? Tu réalises que vous faites plus avancer les mœurs que beaucoup ?

Non pas du tout : je n’ai pas conscience et je suis ravie que ça se produise mais je pense que si on le faisait pour ça, dans ce but j’entends, ça ne marcherait pas. C’est justement le fait de faire ça par le cœur et désintéressé que ça fonctionne. Alexis a écrit sa pièce parce que ça lui tenait à cœur mais à lui. Si ça parle à d’autres, c’est extraordinaire. Ça veut dire que ça fonctionne. Moi quand je joue dans « Edmond » ou « Demain nous appartient », je ne le fais pas pour une finalité, c’est gratuit 

Pourtant quand on va sur ton Instagram on voit des liens pour une association écologique (bloom, utopia56 NdlR) et quand on lit tes interviews tu sembles être concernée par les choses. Lorsque tu joues ces deux rôles, on peut penser que tu joues avec des convictions.

Oui mais ça c’est moi, dans ma vie, en dehors de mon travail. Je veux dire, j’ai fait le choix de parler de ces deux assos parce que les causes qu’elles défendent me tiennent à cœur. Quand je joue c’est autre chose. Après bien sûr, dans mes choix artistiques je suis en accord avec moi-même et plus j’aurai des rôles qui seront en adéquation avec mes convictions, plus je serai heureuse. Mais un rôle je le choisi d’abord parce qu’il rôles m’émeut, à aucun moment j’imagine l’impact que cela aura.

Mais ce n’est pas qu’un travail ?

Bien sûr que non : ça vient de mon ventre et ça me fait défendre des projets qui me tiennent à cœur.

Tu fais aussi de la photographie ?

Oui, c’est vrai (rires). Un ami m’a offert un appareil photo et depuis je poste régulièrement des photos argentiques sur mon Instagram. Ce sont bien mes photos mais je ne me considère en aucun cas comme une photographe. J’aime bien les représentations des choses, les histoires… Tout ce qui touche à la représentation qu’on peut se faire du monde en fait.

Tu es aussi chanteuse : c’est quoi tes influences en musique ?

J’ai commencé par le classique : j’ai fait 14 ans de piano ! Je devais y aller tous les samedis (ça aussi). J’adorais et j’adore toujours Chopin, sinon mon grand amour musical du début de ma vie c’est Renaud : je l’ai entendu toute mon enfance. Après il y a eu tout le rock anglais comme les Beatles, Police, Bowie et puis le rap américain.

Tu fais du chant plutôt classique ?

Oui, mais j’ai commencé à l’école de théâtre. Avant, je chantais uniquement avec ma guitare et mes copains.

Tu as aussi fait une web-série sur YouTube où tu joues une jeune fille de bonne famille. Tu ne crains pas que l’avenir des comédiens passe par là : la web-série sur YouTube ?

J’ai un peu de mal à faire des prédictions. J’espère surtout qu’on continuera d’avoir d’autres choses. Je suis ravi de ce nouveau support mais ça doit rester UN support et pas LE support. Dans notre milieu de comédien on voit arriver pleins de gens qui viennent d’Instagram et de TikTok parce que les productions regardent le nombre de Followers. Avant il y avait surtout des célébrités connues pour leur art et le nombre de films qu’ils avaient fait. Maintenant c’est par rapport au nombre de personnes qui te suivent sur les réseaux et parfois ces gens arrivent à avoir des rôles avant d’autres qui ont parfois fait des longues études ou qui ont une grande expérience.

Excuse-moi mais ça me choque un peu… Pour quelqu’un comme toi qui a fait des études et qui a beaucoup travaillé en créant des choses peut se retrouver en concurrence avec un personne qui a pleins de followers sur Instagram, j’ai un peu de mal avec cette situation.

Non moi je comprends. En tout cas ça ne me rend pas jalouse : si quelqu’un est très bon, même sans avoir rien fait avant, et qu’il a la chance d’avoir une porte qui s’ouvre tant mieux. Le problème c’est que ce n’est pas toujours le cas et on peut se retrouver avec quelqu’un qui n’est pas formé pour ce métier. Cette personne peut avoir du mal à apprendre son texte, à être dirigée ou peut avoir des problèmes de diction. Des choses que tu apprends. C’est de l’artisanat, on a appris ce métier, un peu comme un menuisier : tu te réveilles pas un matin avec les compétences nécessaires pour construire un vaisselier. Si la personne est douée naturellement et qu’elle apprend vite c’est super. Sinon malheureusement, ça peut niveler la profession vers le bas. Ça fragilise le savoir-faire.

Mais on est aujourd’hui dans une forme de « société du spectacle » comme l’avait prédit Guy Deborg. Mais tu es un paradoxe : tu es dans « Demain nous appartient ». Les gens s’identifient à toi par ce feuilleton. Tu as vraiment appris ce métier vraiment et pourtant tu te retrouves dans un système de réseaux sociaux, de Followers. Tu as réussi à te faufiler dedans ?

J’essaye pas tellement de me faufiler parce qu’à vrai dire je n’ai pas l’ambition de la percée. J’ai l‘ambition de faire des choses chouettes, de participer à de vrais projets, ça oui. Alors si j’arrive à « percer » ce sera super si c’est parce que j’ai participé à un projet incroyable, mais à un autre prix, ça ne me dit rien. Ce qui est dur c’est de voir comment la société évolue mais juste en tant qu’humain pas en tant que comédienne. La marchandisation de tout c’est quand même bien inquiétant mais si on parle juste pour les comédiens je pense, et j’espère surtout, que tout ça ne nous empêchera pas de continuer à avoir du travail.

Tu as joué aussi dans un épisode de « Camping Paradis » ?

Oui, mon épisode n’a pas encore été diffusé. Là, si on continue à essayer de relever les progrès sociétaux dans la pop culture : je joue une jeune fille mais à un moment donné c’est moi qui construis une structure en bois, et personne ne le relève. C’est normal quoi. 

Simon Larvaron
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Tu as fait du cinéma ?

Non pas encore. Quoi que si ! J’ai un petit rôle dans le nouveau film d’Alexis Michalik.

Il arrête jamais !

C’est parce que il dort bien la nuit (rires) ! C’est son secret, j’ai aucun doute.

Tu penses quoi de la situation qui vient de se dérouler et que la culture a été mise au silence ?

C’est dramatique mais ce n’est qu’un des symptômes de ce qui va mal dans notre société. On est dirigé par des gens qui manquent de cœur, je trouve. Nous on réside dans l’émotionnel, dans quelque chose qui nourrit le cœur et l’esprit. Quelque chose qui ne se voit pas forcément et qui ne s’achète pas, surtout ! Et bien aujourd’hui, et ce depuis un moment, nous ne sommes plus du tout la priorité. Cela ne m’a pas surprise que nous soyons mis sur le banc. Pourtant on rapporte de l’argent et surtout il y a une importance dans ce que nous faisons qui n’est pas quantifiable. C’est là le problème : il faut arrêter de faire passer les choses autres que le travail comme secondaire ! Le monde ne tient pas dans le pouvoir d’achat.

C’est pour ça que tu es contente de jouer dans « Demain nous appartient » ?

Exactement, parce que comme tu l’as dit c’est un feuilleton qui amène quelque chose aux gens. Je trouve même qu’ avoir quelque chose comme ça dans le PAF c’est important. Les gens se sont appropriés le feuilleton et je trouve ça super !

Comme Alexis Michalik qui doit se sentir un peu seul ?

Il n’est pas le seul : il est le plus visible ! J’en connais plein des gens qui font des choses super. Tout comme moi je ne suis pas seule dans « Demain nous appartient ». On est plein mais aujourd’hui c’est avec moi que tu parles (rires) !

Mais on peut se retrouver avec des gens de téléréalité qui font des disques, des films ou des feuilletons et qui prennent la place de gens qui ont travaillé !

Mais ce n’est pas de leur faute ça, comment leur en vouloir ! À la limite on pourrait en vouloir aux gens qui les ont mis là. Mais moi si j’étais une meuf de la téléréalité, que d’un coup me proposait un rôle au cinéma et que c’était un moyen de m’extraire de quelque chose que finalement je n’aime pas tant que ça et qui ne me rend pas heureuse, je foncerais ! Le problème est qu’on leur propose.

Et là on va attaquer ton rapport à la célébrité.

Pour moi la célébrité ça ne devrait être que la conséquence du fait que tu as fait des choses biens ! Moi par exemple, je pourrais chercher à avoir plus de followers et ce n’est pas en mettant mes photos argentique dessus que je vais faire frissonner la France (rires). Mais si un jour je dois être vraiment célèbre cela voudra dire, pour moi, que j’ai fait pleins de trucs bien. Ce n’est pas mon but et cela ne devrait pas l’être. Mais comment en vouloir aux gens qui veulent devenir célèbre ? C’est une manière d’avoir de l’amour. Moi je suis bien née, dans une famille avec des parents qui avaient pas de galère d’argent, qui étaient cultivés. J’ai eu un gros bagage que tout le monde n’a pas eu. J’ai pu aller au musée, au théâtre, au cinéma, on m’a lu des livres …. C’est quelque chose qu’on m’a donné à la naissance : je n’ai pas eu à batailler pour l’avoir et c’est aussi pour ça que j’ai choisi ce métier. Quelqu’un qui n’a pas eu la chance d’avoir eu tout ça et qui se retrouve là-dedans et bien tant mieux pour lui, vraiment !

Tu as eu des parents visiblement concernés ?

Oui, la nourriture culturelle qu’ils m’ont donnée était bonne à manger en tout cas. Mes parents m’ont fait faire des choses, m’ont ouverte à plein de choses. Tous les parents ne peuvent pas le faire, malheureusement.

C’est un problème aujourd’hui pour les ados avec tous les réseaux sociaux : ils passent leurs vies dessus !

Je sais, moi-même je passe trop de temps dessus. D’ailleurs ça réduit ma capacité de concentration sur d’autres trucs. Quand j’ai besoin d’écrire par exemple, je supprime Instagram. C’est inquiétant,, je trouve. Attention chaque génération a eu ses problèmes comme ça : mes parents trouvaient que je passais trop de temps devant la télé. Après faut pas s’inquiéter de trop non plus, moi j’ai eu une période de ma vie où je m’intéressais qu’à la mode, au mecs, à des trucs futiles…à tous les trucs autre que les pièces de Mnouchkine quoi (rire), et pourtant mon cerveau est revenu de lui-même vers tout ça. Parce que j’y ai été éveillée avant.

Tanguy Mendrisse
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Quels sont tes projets ?

Quand les théâtres vont rouvrir je reprendrai « Edmond » je pense. Après je travaille surtout sur des projets d’écriture. J’ai une pièce que j’avais prévue pour Avignon l’année dernière qui devrait je l’espère être jouée l’année prochaine. C’est une pièce que j’ai écrite il y a quatre ans. J’ai aussi écrit une série humoristique que je suis en train de développer. Je continue « Demain nous appartient » et je suis en train d’écrire un roman inspiré par un ami qui est assigné à résidence.

Tu veux dire quoi pour la fin ?

J’aime vraiment Alexandre Astier et je le remercie pour tout ce qu’il fait ! Et que s’il lui manque une petite comédienne brune de 27 ans il y a pas de problème.

Quel livre, quel film et quelle pièce de théâtre tu conseillerais à des parents pour emmener leurs enfants vers la culture ?

Pour le livre je te dirais Harry Potter, c’est le livre qui fait le mieux le pont entre les parents et les enfants. C’est fin, c’est intelligent. Mon père m’a lu ce livre et ça a changé ma vie. Pour le disque je dirais les Pink Floyd avec « The Wall » , un disque qui peut éveiller la culture rock mais sans aller trop loin. Pour le film je dirais « La vie est belle », mon film préféré. Le spectacle serait « le cercle des illusionnistes » d’Alexis Michalik, parce que c’est magnifique. Il n’a pas besoin de pub mais je peux pas m’en empêcher !