Peux-tu te présenter ?
Nicolas Veroncastel, chanteur, auteur, compositeur et producteur rennais. J’ai commencé avec un groupe de rock, Lys, en 2007 à Rennes. On a écumé les salles de concerts en Bretagne et en Angleterre. On a fait deux albums et deux EPs. Après une tournée de deux ans avec Steve Hewitt (ex Placebo) à la batterie, qui est aussi notre producteur, j’ai voulu faire une échappée en solo. Le Covid a précipité les choses : on ne pouvait plus se retrouver en groupe, enregistrer ou aller en Angleterre… Cela faisait longtemps que je voulais faire autre chose, montrer une autre facette de mon travail en parallèle du groupe.
Lys existe toujours ?
Bien sûr, on prépare des concerts et il y aura toujours Steve Hewitt avec nous.
Quelles sont tes influences musicales ?
C’est assez vaste. Ce qui m’a donné envie de faire de la musique, c’est l’électro rock. Je me rappelle avoir été à 11 ans au Virgin de Rennes, acheter le CD de Apollo 440, un groupe de rock électro anglais. Ce disque m’a tout de suite interpellé, j’ai aussitôt essayé de faire la même chose qu’eux avec mes petits moyens de l’époque (rires). C’est un album qui m’a marqué. Je l’écoute encore aujourd’hui.
Et ensuite ?
J’ai découvert la « French Touch » et tout ce qui a suivi notamment le Big Beat anglais avec les Chemical Brothers ou Fatboy Slim, un son qui mélange rock, hip hop et électro. Cela me représente assez bien parce que j’aime tous ces styles. J’ai même fait du rap avec un copain du lycée (rires). J’ai découvert le rock assez vite avec Led Zeppelin et, ensuite Oasis. J’adore les Doors par exemple : mon père avait tous les disques quand j’étais gamin. Je les ai même samplé (rires).
On n’a pas encore parlé des Beatles ?
C’est normal : c’est totalement évident que j’adore !
Tu es de Rennes : est-ce que la ville t’a marquée musicalement ?
Pour être franc, pas vraiment. Je connais bien entendu Marquis de Sade ou Dominic Sonic, mais ce n’est pas vraiment dans mes influences. J’écoutais surtout ce que mon père écoutait, c’est -à -dire le rock anglo-saxon et le jazz américain. Mais Rennes c’est ma ville, il se passe plein de choses pour les groupes de rock, il y a un bon contexte.
Vous avez joué assez vite à l’étranger ?
Cela s’est fait naturellement. J’étais parti à Londres avec mon amie de l’époque et on est allé au « Café de Paris » voir un concert de The Servant. J’ai trouvé le lieu génial et quand je suis revenu à Rennes, j’ai voulu jouer là-bas. Je leur ai envoyé un mail pour les contacter. On a ensuite joué là-bas et j’ai adoré l’ambiance des pubs anglais qui me rappelait Rennes. On a continué et ensuite j’ai rencontré Steve Hewitt. Ça a été une opportunité de jouer en Angleterre et comme on a fait toutes les salles de Rennes on s’est développé ailleurs, mais j’adore ma ville et son ambiance.
Mais vous avez beaucoup joué en France ?
Beaucoup ! Avant le Covid on venait de faire deux ans de tournées en France et Belgique pour les 10 ans du groupe LYS avec Steve à la batterie.
C’étaient quoi les influences de Lys parce qu’elles ont l’air différentes, un peu, des tiennes ?
Le point commun entre mon projet et le groupe c’est que c’est le même chanteur. Maintenant Lys c’est un groupe de rock alors que mon projet est plus axé sur des musiques différentes.
Comment tu arrives à ce projet ?
Quand la Covid est arrivée après la tournée des dix ans qui s’est terminée fin 2019, on devait faire notre troisième album. Le virus arrive et on se dit « on se tient au courant » et on s’est tenu au courant pendant deux ans… On a juste réussi à faire deux ou trois concerts et à s’envoyer des pistes. J’avais envie depuis longtemps de faire quelque chose de différent du groupe. En 2017 j’étais déjà parti au Pays Basque chez un pote avec tout mon matériel pour écrire et essayer de mettre en place des trucs. Après je suis allé voir des potes à la Rochelle et à Perros-Guirec, toujours avec mon matériel pour continuer à essayer de mettre en place des choses. Je m’y suis remis pendant le confinement parce que j’avais le temps. Je me suis permis des libertés, notamment avec du piano, des cordes … J’ai même eu la chance de travailler avec Leron Thomas qui est le saxophoniste de Iggy Pop sur son dernier album que j’ai contacté pendant le Covid en lui envoyant une piste.
Tu avais besoin de faire autre chose ?
Proposer autre chose ! J’y pense depuis 2017.
Dans ta bio on balance pleins d’influences, mais en fait tu fais juste de la musique ?
Ça me va totalement : je fais de la musique ! Quand on me demande, je réponds que j’écris des chansons.
Mais il y a une instrumentation différente ?
Oui mais elles peuvent se jouer simplement. Il y a des arrangements bien sûr mais à la base ce sont des chansons que l’on peut jouer en piano voix ou guitare voix, cela est très important pour moi.
Dans ta musique tu mélanges pas mal de choses, comme si tu avais ingurgité toute la musique que tu as pu écouter ?
Je me suis nourri de plein de choses. 10 ans de musique avec Lys, où j’ai observé nos différents producteurs. Au bout d’un moment j’ai vu et j’ai appris. Cela m’a aidé à faire ce disque chez moi, tout seul dans mon home studio.
Mais toi tu as connu beaucoup de choses et tu voulais faire autre chose ?
C’est sain comme attitude de vouloir essayer d’autre choses. Je travaille en parallèle sur le nouvel album de Lys et je pense que mon travail perso va m’aider pour ce disque.
Tu prends des risques en travaillant en solo.
Pas forcément, il y a pleins de groupes dont le leader, ou les membres, font des choses en solo : Romain Humeau avec Eiffel par exemple, et ça se passe très bien. Ce n’est pas incompatible selon moi. Les premiers retours des fans de Lys sont très positifs, y compris pour la presse. C’est quelque chose que j’ai fait un peu égoïstement : j’ai balancé le truc comme ça, sans rien attendre et sans me poser de limites.
Les autres morceaux vont donc être complètement différents ?
Oui, sur l’EP il y a un morceau qui sera plus Big Beat, mélange chanson et électro.
Il n’y aura pas de grosses guitares ?
Il y a un titre où c’est possible. Encore une fois, je veux juste me faire plaisir et avoir de la liberté.
Ce projet va te donner plus de liberté ?
Oui, je suis seul. Je peux être seul ou avec du monde. J’ai fait une résidence où nous avons déterminé les rôles. On sera trois : percussions, basse et moi chant, piano. Je vais juste essayer de faire attention à mon agenda. Je vais me manager seul aussi pour le moment.
Mais tu pourras être seul sur scène ?
Bien sûr, tout dépend du lieu.
Sur les extraits de tes premiers concerts en solo, j’ai trouvé que c’était plus énergique que sur disque ?
Peut-être ? Je m’adapte en fonction du lieu et je veux montrer qui je suis.
C’est assez acoustique : tu aurais pu mettre plus d’électro ?
Oui, il y aura un peu de son électro mais des amis m’ont dit que c’était bien piano voix ou guitare voix, franchement je fais les choses comme je le sens.
Il va y avoir un EP qui va sortir ?
Oui, en vinyle même si c’est compliqué de faire presser en ce moment. Il y aura six titres dont un remix de Robin Foster et une version acoustique de mon single. L’EP sort sur Chancy Publishing mon éditeur et on aura un distributeur.
Tu es tout seul ?
Sur ce disque oui, sur le prochain il y aura Leron Thomas et après on verra pour un album.
De quoi parlent tes textes ?
En ce moment je suis obsédé par le temps qui passe : des relations avec les potes, des histoires d’amour. Waste, le single parle de ça : de la fin programmée des relations. Un peu comme un téléphone ou un autre objet qui a une durée de vie limitée, j’ai parfois l’impression que les relations sont comme ça. C’est un peu noir mais c’est ma vision !
Pas de textes « engagés » ?
C’est déjà engagé non ? (rires) Les textes sur les problèmes sociaux c’est souvent « lourd » et ça m’ennuie.
Ta musique ne s’y prête pas trop !
Je suis d’accord c’est pas mon terrain. Par exemple, je suis un gros fan de Gainsbourg et bien pour moi il est engagé, bien plus que beaucoup, je suis attiré par les non conformistes.
Tu vas écrire en Français ?
Sur l’album il y aura, peut-être, deux textes en Français dont un qui va mélanger les deux : l’anglais et le français. Je cherche à ce que cela sonne bien et donc je verrai ce qu’il y a de mieux pour le titre. En Français tu te livres plus, et j’ai une forme de pudeur qui parfois me bloque.
Tu pars sur une nouvelle carrière très différente de Lys ?
Oui, avec Lys c’était album, tournées, albums tournées. Là on part sur quelque chose de plus contemporain avec d’abord un clip, un EP, des présences sur les plateformes d’écoutes …
Tu es dans la trajectoire des chanteurs d’aujourd’hui bien différente de Lys : tu fais une carrière de 2022 ?
Je ne sais pas et je ne me pose pas de questions. Je voulais juste sortir le truc, je n’en pouvais plus. En même temps avec Lys on sortait un titre quelques mois avant l’album, c’est assez classique. Il y a peut-être une stratégie marketing. J’ai une grosse différence par rapport aux autres : j’aime la presse papier traditionnelle. Je veux faire des Lives et que mes salles soient complètes… même si c’est compliqué d’en faire en ce moment !
Quels sont tes projets ?
Défendre le single et l’EP. On a des dates en mai dans le sud-ouest, et on devrait organiser un concert à Rennes en juin ou septembre. Il devrait y avoir des dates après.
Ta musique prête au remix ?
Robin Foster en fait un et je suis ouvert à d’autres propositions.
Tu veux dire quoi pour la fin ?
Il faut que je magne pour ne pas me faire engueuler (rires)
Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’amener vers la musique ?
Je lui ferais écouter du Chet Baker, « My bloody valentine »