Interview de Baldo : Une histoire Française des Garage’s Bands - 2e partie

vendredi 26 février 2016, par Franco Onweb

Cet article est la suite de : Interview de Baldo : Une histoire Française des Garage’s Bands - 1re partie

Résumé de l’épisode précédent : après une jeunesse musicale Baldo se lance dans la musique sous l’impulsion des punks. Il découvre le monde merveilleux des Garage’s Bands.

Une deuxième partie ou l’on verra Baldo découvrir internet, voir son mouvement grandir, aimer le rockabilly et se transformer en organisateurs de soirées épatantes. Une histoire, presque, parfaite pour un musicien épatant toujours souriant et jamais blasé.

Attention à la fin de l’interview, Baldo nous réserve une surprise. 

Tu as gagné ta vie avec ça ?

Pas vraiment, j’ai un peu gagné ma vie avec la musique quand j’ai collaboré à Luna Parker.

A l’époque il y avait des fanzines, des sites internet ?

Il y avait des Fanzines comme « Nineteen », « Creepy Crawly », « Dig It ! », « Larsen », « SDZ », « Target Magazine », actuellement il y a « BANANA MAGAZINE », « Gonzaï »…

http://www.grunnenrocks.nl/bands/
http://www.grunnenrocks.nl/bands/b/blutt.htm
http://www.45toursderockfrancais.net/rockfrancais/anneespage.htm

La scène garage française a commencé à communiquer par internet avant les forums, c’était sur une liste de discussion de Yahoo :qui s’appelait PANIKORAMA,

J’ai vraiment commencé à regarder plus internet au moment de la compilation « le nouveau rock Français » J’avoue qu’avant je ne connaissais pas vraiment.

Tu peux nous parler de cette compilation qui est visiblement une date importante ?

Un label Anglais avait décidé de faire une compilation avec des groupes Français. Il s’est adressé à JB Wizz, qui n’avait pas encore monter Born Bad (le label). Il y a eu pas mal de presse (Rock’n Folk, les Inrocks, plusieurs hebdos, des radios…). Ludovic Merle du label anglais avait créé un forum sur internet pour la promo de la compilation c’est surtout via ce forum et MySpace que je me suis mis a communiquer pas internet, et pas que moi. Puis ce forum a été hacké, on s’est retrouvé sur le forum du site 45 tour de rock Français (excellent site) ce forum a fini par buguer aussi et maintenant il nous reste le forum « Planet Gong »

Je ne sais pas si c’est une date importante, la compile a eu pas mal de relais dans les médias mais c’était injuste envers les groupes qui n’étaient pas dessus alors qu’ils étaient représentatifs de la scène de l’époque.

Pochette de la compilation «  Le nouveau rock’n’Roll Français  »
Droits réservés

Et là Blutt s’arrête !

Oui, peu de temps après avoir sorti l’album « Fuckin’ Blue Girl », Rackam l’ancien bassiste des Rouquins qui jouait de la guitare dans Blutt décède ! On s’est arrêté net !

Rackam en concert avec les Rouquins Squatt de Chevaleret 1984
Crédit : Claude Cardot

Et toi tu fais quoi ?

On avait monté un groupe qui s’appelait Sound Exp avec Serdar le guitariste des Daltons, il y avait aussi Laurent Talon, qui va nous quitter pour aller monter Dorian Pimprenel ! Le bassiste était Denis des Pistones (groupe garage de La Rochelle). Patrick Williams, (chanteur des Daltons) nous a rejoint et on va faire quelques concerts, dont un pour les 10 ans des Barrocks, et des 1res parties des Wampas.

On y revient toujours à cette association !

Oui, cette association fondée au début des années 80 par Rascal et Ronan, (Ronan qui nous a quitté il y a un an, j’en suis très triste) a permis à pleins de groupes de jouer sur scène et au public et aux groupes, qui étaient les mêmes gens, (je veux dire que dans le public il y avait beaucoup de musiciens) de se rencontrer, ces concerts avaient lieux principalement dans des bars du 20e arrondissement.

Rascal, à côté des Barrocks, avait sa propre structure : Creepy Crawly. Il revenait d’Angleterre et il a permis à des groupes Anglais comme les Météors, les Sting Rays et The Milkshakes(groupe très important, ils sont à la base avec the Prisoners du mouvement musical garage anglais the Medway scène Ndlr) de jouer en France.

Mais il y avait aussi New Rose avec Patrick Mathé, Jirí Smetana au Gibus, Rock à l’Usine, le squat des vilains, l’usine des Cascades

Baldo en concert ave les Rouquins en 1984 au Squatt Chevaleret
Crédit : Claude Cardo

Avec tes groupes dans les années 80 tu te sentais comment avec le mouvement alternatif ?

On jouait dans les mêmes lieux mais pour moi qui avait connu la première vague punk je ne me sentais pas à l’aise avec eux : les types étaient sympas mais je trouvais ça limite hippie, ils commençaient leurs concerts assis et tout ça. J’avais l’impression parfois de revoir le Gong de 74 (que j’adorais à l’époque, mais les années 80 demandaient autre choses), pire Ange , trop festif, en tout cas trop éloigné du rock’n’roll et du blues. Tu prends le cas des Bérus : au début c’était vraiment un groupe super, avec une vraie influence Suicide (Duo new Yorkais mythique avec au chant Alan Véga Ndlr) ils me plaisaient. Après ils ont commencé avec des clowns, théâtral et tout… Là j’ai décroché ! je n’aimais pas non plus le punk-rock français 80 ou « alterno » je n’aime ni le gros son ni la dérision trop marquée ni les groupes contestataires, mais Los Carayos c’était bien.

Quand ont commencé les contacts avec l’étranger, notamment les USA ?

Vers 2000 grâce à Jacko et Lili, des Splash Four et de Volt (groupe présent sur la mythique compilation) et le journaliste et chanteur/batteur Laurent Bigot, ils avaient leurs labels et ils échangeaient des disques avec différents labels dans le monde et particulièrement aux USA. Par exemple ; Scott Soriano , leur envoyait quelques disques qu’eux vendaient à Paris et Scott de Sacramento en distribuait aux USA. C’est comme ça que Blutt a vendu des disques à New York, enfin je crois.

C’est comme ça que vous commencez à vous faire connaitre dans toute la France ?

Oui peut-être, on a des amis un peu partout en France : Le Mans, Nice, Bordeaux, La Rochelle, Lille… Comme le public à l’époque est limité et les acteurs aussi d’ailleurs, on commence à se connaitre tous ! On s’envoie des disques, des infos, on organise des concerts … Mais cela reste un succès d’estime !

Oui mais qui ont maintenant une aura ?

Si nos disques se vendent tous c’est parce que ils sont souvent tirés à 200 ou 300 exemplaires et même si nos concerts sont de plus en plus remplis et relayés, les salles sont petites et on est quand même toujours à la marge.

Tu es aussi Djs et les soirées attirent du monde !

On a toujours organisé des soirées ! Les premières soirées 60’s auquels j’ai participé étaient organisées par les frères Chappey des Spanishs Meatballs au « Liberty » une boite dans le quartier Latin. Ils appelaient cela les Meatballs Rendez-Vous. C’était la boite qui était animée par Super Nana de Carbonne 14,

Un soir ils (les frères Chappey Ndlr) sont allés au Tabou, la boite de nuit et il y avait des mecs qui organisaient des soirées qui s’appelaient « Acid Rendez-vous ». Ils ont charrié les mecs, dont Numa Roda Gil qui était l’un des principaux organisateurs « hey ! bande de bouffons vous nous avez volé notre concept de soirées ! » et puis on est devenus copains.

Et qu’est ce qui passaient dans ces soirées  ?

Les Seeds, les Sonics, le Chocolate Watch Band (j’ai découvert pleins de groupes grâce à Jean Marie Chappey) et puis beaucoup de soul, un peu Aretha Franklin mais plutôt André Williams ou Ted Taylor, ce genre de trucs un peu plus recherché…. Et cela a commencé à attirer beaucoup de monde. Quand « l’Acid rendez-vous » est parti à la Java en 1984, le Tabou nous a proposé de garder les mardis (un des pires jours de la semaine) et les frères Chappey ont pris un mardi sur deux, ils m’ont laissé l’autre, c’est comme ça que j’ai commencé mes premières soirées, Les Taboo’s Boogaloo où on était deux DJ, si mon acolyte de l’époque lit cet article je le salut bien.

Développe !

L’idéal est de faire jouer au moins un groupe et d’animer la soirée avec des 45 tours. J’ai, bien plus tard, organisé des soirées avec mon copain Seb, un mec fantastique, Seb SF Sorrow de son nom de scène. Un type qui réussissait à faire dans la même soirée des groupes garages, des groupes punks, des groupes de rockabilly… Aujourd’hui ce n’est plus possible, il n’y avait que lui pour réussir à faire ça ! Malheureusement il est décédé. Avec mes copains Graziella de Michèle , Anne Michel et Tony Marlow on a décidé de continuer mais cela n’a pas duré… Pourtant les concerts étaient super et les musiciens cools mais ce public n’aime pas trop se mélanger : Les aficionados sont vraiment puristes !

Après j’ai co-organisé beaucoup de soirées garage 60’s avec concerts et DJ à l’époque des Combustibles, une salle près de la gare de Lyon qui ressemblait à un pub d’Anglais. Le gérant David K nous laissait carte blanche.

The Freakettes + Baldo aux Combustibles à Go Go Gwen, Audrey, Marie, Dona, Claire
Crédit : Élise Bérimont

Tu connais aussi la scène Rockabilly ?

Oui depuis longtemps j’adore le rockabilly, il y a vraiment de bons groupes en France. Par exemple tu prends un type comme Laurent Cuchi des FOUR ACES, un chanteur de rockabilly vraiment super, un mec ouvert… Si jamais tu vas au Balajo le mercredi soir, il y a des soirées épatantes où tu peux entendre de super bons groupes.

Pourtant même ces deux scènes partagent les mêmes lieux, comme les disquaires par exemple ?

Chez Born Bad tu peux trouver des disques de Rockabilly mais le lieu à paris reste Rock Paradise dans le 15 éme.

Ce qui a changé la donne pour cette scène c’est le succès d’un Ty Segal aux USA qui tourne avec des groupes Français ? On voit apparaitre des articles dans la presse, des passages sur les grosses radios …

Ah, ça je ne sais pas. On a toujours un tout petit peu parlé de nous, que ce soit Jean Eric Perrin ou Cyril Deluermoz, Eric Delsart dans la presse spécialisée, ont toujours fait de petites brèves dans leurs parutions. Bon ça reste des entrefilets mais au moins cela a le mérite de faire connaitre, tant mieux s’il y a une meilleure visibilité actuellement !

Tu vois qui maintenant en France comme groupe leader ?

Il y a maintenant un public de jeunes qui vont beaucoup vers le garage neo-psychédélique, des groupes comme Forever Pavot, Jaromil Sabor ou un groupe de Rennes qui s’appelle Pan ou les Madcap toujours à Rennes. Mais je ne connais pas bien ces groupes. Avec mon groupe Os Noctambulos on a beaucoup joué avec ces scènes là, mais je ne les connais pas encore bien.

On parle d’Os Noctambulos ?

Nick Wheeldon le chanteur du groupe a rencontré Coline la bassiste en Angleterre ou elle était prof, à Sheffield. Elle venait du Mans où elle faisait partie de l’asso A Stereotyp, menée par Bruno Cortex, un mec incontournable, et elle jouait de la basse dans un groupe de surf qui s’appelait Elvis… (Elvis trois petits points Ndlr) Elle ramène Nick à Paris et avec son ancien guitariste Valentin ils montent un groupe et ils m’ont appelé pour la batterie.

Os Noctambulos, pochette de l’album de gauche à droite Baldo, Valentin, Coline et Nick
Crédit : Os Noctambulos

C’est un groupe respecté, vous êtes tous assez actif et productifs

Oui Nick Wheeldon (le chanteur du groupe Ndlr) est très créatif il écrit beaucoup de chansons, et on nous fait pas mal jouer, c’est la plus part du temps dans de petites salles, pubs ou bars mais on a fait quelques festivals en Angleterre !

Vous avez sorti un album et il y a un autre qui arrive…

Oui, « Corsica garden », le 2e est au mixage et le troisième est déjà enregistré.

C’est une particularité des groupes garages : enregistrer vite

Oui en une après-midi c’est fait !

Il parait même que tu as un studio chez toi ?

C’est un garage, qui est mon ancien local de répétition et qui est le garage de la maison de ma maman, la fameuse Mitou qui est connu de pas mal de groupe maintenant.

Comme dans la légende : le garage des parents !

Eh oui, depuis le temps j’ai pas mal de matos. Des amplis à lampes, des batteries 60’s, des trucs comme ça. On enregistre forcément sur des magnétos à bandes, à l’ancienne ! J’ai deux 8 pistes. On enregistre en analogique mais après pour le mixage je transforme les bandes en numériques et je les passe à Nick qui s’occupe du mixage pour Os Noctambulos, mais dans d’autres cas je mixe sur un Studer Stéréo !

Tu as un autre groupe : « Flowerbed Tramplers » :

Oui un groupe de garage freakbeat avec Marker des Carpet Sellers et Kéke (ex LHO, Soucoupe Violente) à la guitare et Nick Wheeldon à la basse. Le groupe est né sur les cendres des Carpet Sellers et de Bouton Rouge, pour l’instant on n’a rien sorti, et j’ai un nouveau groupe « REVIZORS » avec John de Blutt au chant et guitare puis Greg Vieux Thorax des Greenspiders (groupe dans lequel j’ai joué aussi) à la basse.

Qu’est ce qui symbolise pour toi le rock garage ?

N’importe qui te répondra The Sonics, (groupe mythique de Seattle auteur du célèbre morceau Strychnine, qui s’est reformer et qui a joué il y a peu de temps à Paris Ndlr). Mais c’est une réponse classique, En fait beaucoup de groupes ont une composante garage mais ça ne définit pas le style de musique, il y a par exemple le garage moderne ou garage-punk incarné par un groupe comme les Magnetix ou les Fatals. Selon la légende les meilleurs groupes garages n’ont fait qu’un seul 45 tours, par exemple « The Kirkbys » de Liverpool j’aime beaucoup leur morceau « It`s A Crime », mais pas grand monde le connait donc je vais passer pour un snob, (et il y en a bien d’autres) je suis fan des Question Mark & the Mysterians, j’adore deux groupes Français des années 90 the Squares et the Gorgons et mon groupe actuel préféré est anglais c’est The Masonics avec Mickey Hampshire (ex Thee Milkshakes).

Encore un mot ?

On a parlé de pas mal de groupes français, la plupart sont des groupes dont les membres sont mes amis, Les Daltons, Les Wampas, Les Coronados… Nous nous sommes connus dans les concerts, dans la salle ou sur scène. Des liens se crée et c’est peut-être ça qu’on appelle « une scène », la 1re « scène » que j’ai vraiment côtoyée était autour du groupe de ma sœur Rachel, The Tokow Boys, je peux citer de mémoire ; Les Suicide Romeo, Modern Guy, Les Avions, Les Civils, les Stinky Toys, Les Démodés, Joli Garçon…

Puis comme une autre génération, autour des Rouquins, nos amis étaient ; Les Daltons, Les Soucoupes Violentes, Les Pasadenas, Les Coronados, Les Bolinos, Les Spider X, Les Hot Pants, Les Cherokees, Les Responsables, Les Chatterton, The Spanish Meatballs, Les Pistones, The Dusty Berry Guys (pas sûr de l’orthographe), Les Monotones, The Moonshiners, The Dirty Ducks, The Bad Losers, Witches Valley, The Kingsnakes, Señor Service, Alice lovers, Les Chihuahua, The Roadrunners, Los Carayos, La Souris Deglinguée, Fantastic 3, Parachute, The Stunners, Les Wampas, Ritier et Helno…

Encore une autre génération est la scène dont j’ai parlé, autour de la Happy Family.

Des groupes français, soit garage-60’s, garage-punk, même surf, jusqu’à garages beaucoup plus expérimentaux, ou pas garages mais navigant dans les mêmes bars, que j’ai côtoyé depuis, j’ai apprécié la compagnie de (cette énumération n’est pas à lire en entier, je l’ai faite pour montrer le dynamisme de cette culture)

The Brain Eaters, les Groovers, Dimi Dero, les Norvins, Bosom Divine & The Vomits, Les Terribles,Volt,The Four Slicks, Les Dragueurs, Jacky Shane & The Bavarians, the Pupils, Sheetah et les Weissmüller, Operation S, Mean Things, Wild Zeros, The Pneumonias, Hurly Burlies, The Wonky Monkeys, Anteenagers M.C, Les Magnetix, No Hit Makers, les Playboys (de Nice), smash, les Cavaliers, Frustration, The Creteens, thee Gorgons, Crash Normals, Mil Mascaras, Le Club des Chats, Viande Pétrole, Périphérique Est, Hulks, Cheveu, Thee Vibrafingers, The Radiations, The Weakends, The Janitors, The French Boutik, The Greenspiders, Fury Furyzz, The Dead Clodettes, Terence Christiansen, Jaguar, Les Guillotines, The Suspenders, Les Braqueurs, Les Pénibles, Decheman & the Gardener, King Automatic, Les Spadassins, Asthmatic Avenger, Sherif Perkins, Dusty Dandy, Blue Emphasis Soul Band, Le Gommard, Les Rivals, Spark Shyver, JFG & the Regulars, Flying Over, The Fab Mods, Les Arondes, Le Massey Ferguson Memorial, Pluton, Cheap Riot, Tu Seras Terriblement Gentille, Les Transistors et Scope…

Les Grys-Grys je ne les connais pas mais c’est vachement bien !

Et bien sûr j’en oublie (désolé, je paye mon coup)

Pour finir ne pas oublier l’importance des association, Get Action, Gloria International Garage Rock Club, SDZ, Les Barrocks, Motor Psycho,"Howlin’ Banana"… elle m’ont fait rencontrer beaucoup gens des scènes étrangères et Françaises non parisiennes, avec lesquels j’ai noué des liens chaleureux.

Début de l’Interview : Interview de Baldo : Une histoire Française des Garage’s Bands - 1re partie

Attention à partir du jeudi 3 Mars en vous inscrivant vous pourrez télécharger une sélection de morceaux des différents groupes de Baldo. Cette sélection a été choisie et validée par note ami Baldo Himself ! Merci qui ? Merci monsieur Baldo !!!!!!

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