Bratch : Des Dum Dum Boys aux Zemblas, le parcours d’un enfant du rock !

vendredi 22 mars 2024, par Franco Onweb

Il a enregistré plus de 25 disques, fait plusieurs centaines de concerts et parcouru des milliers de kilomètres pour faire de la musique ! Lui, c’est Olivier Nemejanski, le guitariste historique des niçois des Dum Dum Boys mais qui a aussi croisé le manche de guitare avec les Groovers, Bratchmen, Zemblas et autre Warmbabies ! Que des artistes qui ont été défendus sur ce site.

Alors qu’il vient d’ouvrir un magasin de disques à Nice, Real Cool Trash, dont on va reparler très très vite, le guitariste niçois a bien voulu me raconter un parcours musical aussi incroyable que prolixe ! Voici le vrai, parcours d’un enfant du rock !

Comment la musique est rentrée dans ta vie ?

Très jeune… j’ai eu la chance d’avoir une famille de mélomane. Ma grand-mère jouait du piano, mon père était un grand fan de jazz et mon oncle était lui branché « pop music ». Il avait en plus une Gibson acoustique B25 (qu’il m’a donnée depuis… merci encore Tonton) avec des médiators Dunlop 1 mm (les seuls valables pour jouer de la guitare ).
A la maison, on avait donc comme fond musical, à la fois du Miles Davies, du Bill Evans, du Monk mais aussi du Sinatra, de la musique brésilienne comme Joao Gilberto, Carlos Jobim. et les Allman Bros, Lynyrd skynyrd, JJ Cale ou Clapton. C’était plutôt pas mal pour se former les oreilles.
Et un jour en fouillant la discothèque de mon père, ……. j’ai découvert les Beatles (« Beatles For Sale »… en pressage anglais ) et depuis je n’ai pas arrêté de les écouter. C’est devenu une obsession !
Bon j’avais 8 ou 9 ans. J’aimais bien aussi la variétoche (Delpech, Joe Dassin, Fugain…). On regardait tous les jours Guy Lux ou Daniel Gilbert (et c’est en regardant Midi Première que j’ai le 2e choc musical de ma vie… Les Rubettes .. qu’est-ce qu’on a pu se foutre de ma gueule avec ce groupe (rires).

Bratch avec ses premiers disques et aujourd’hui
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Ta grande idole c’est Sinatra, notamment avec les Dum Dum Boys ?

Ce serait plutôt Dean Martin ! La voix, l’élégance, la beauté, sa carrière cinématographique, c’est mon idole depuis que j’ai une vingtaine d’années. J’ai acheté près d’une trentaine de disques. Son côté cool, je me reconnais bien dedans (rires).

Tu as croisé certains membres des Dum Dum Boys, dès le collège !

Avec Baldu (Didier Balducci, guitariste des Dum Dum Boys et fondateur du label Mono-Tones, NDLR) on se connaît depuis 1977. On était en quatrième dans la même classe en allemand. On s’est retrouvé ensuite au lycée et là on est devenu amis pour la vie (rires).

C’est là que vous avez commencé à jouer ensemble ?

A seize ans, j’ai acheté une basse et un petit ampli, et j’ai commencé à apprendre en jouant sur des disques. J’ai usé les 2 premiers J Geils et « Tres Hombres » de ZZ Top. Les morceaux ne sont pas trop compliqués, ni trop rapides et j’y ai passé des heures. Pour le bac ma grand-mère m’a offert 500 ou 600 francs et avec ça j’ai acheté une guitare sèche. Je suis passé alors à la 6 cordes en apprenant trois accords et j’en suis toujours là (rires) ! Didier a dû acheter une guitare un peu après. Mais lui, il ne voulait rien apprendre. Je lui disais de bosser le Mi et le La, les deux accords que je maitrisais avec l’idée de faire un groupe. Il a pris son temps (rires) mais ensuite on a pu démarrer les DDB !

Vous étiez à Nice et il y a un groupe qui va tout déclencher, ce sont les Dentists qui vont devenir les Playboys ?

Je n’ai pas connu les Dentists, j’étais trop jeune, mais j’ai connu les Playboys. Avec Didier, on connaissait leur manager chez qui on se fournissait en disques « non officiels » . On lui a acheté leur premier 45 t et il nous a indiqué que le groupe jouait dans une boite du vieux Nice : le Pouce. On trainait peu dans ce quartier qui avait à l’époque mauvaise réputation. Il n’y avait d’ailleurs aucun bar, avec des flippers bien entendu, qui auraient pu nous inciter à y aller.
Ce concert a été une sorte de révélation ! Nous n’avions pas l’habitude de voir des groupes dans des petits endroits. On allait plutôt dans de grandes salles pour voir des formations de hard comme Motörhead, Cheap Trick, Ted Nugent. J’avais quand même vu les Dogs/Coronados dans une MJC à Vincennes, et les Inmates au Gibus, mais jamais rien dans un endroit plus intime.
Au Pouce, les playboys étaient « accessibles », on pouvait toucher les guitares et les amplis. Ce que je ne me suis pas permis de faire, sinon ils n’auraient pas été contents.. je me suis rattrapé depuis.
Dans ce club on était au maximum 40 et c’était très excitant d’écouter de la musique « live » dans ce lieu underground (c’était une cave).
Pour l’anecdote, j’avais déjà vu un an avant les Playboys (sans les connaître) au théâtre de Verdure en première partie de Saxon et j’avais trouvé ça « bizarre » avec un son tout riquiqui : ils avaient des imperméables, des guitares Framus qui n’étaient pas les guitares habituelles des Hardos. Ils avaient aussi des Boots, des costumes avec des cravates !!!…

Aujourd’hui tu joues dans les Zemblas avec leurs deux guitaristes de l’époque : Michel Nègre et Frédéric Martinez ?

Tout d’abord ce sont devenus des amis mais c’est vrai que quand Fred est rentré dans le groupe, je me suis dit : « ça y est, tu joues avec les deux guitaristes qui t’ont fait « triper » quand tu avais 18 ans ». La technique ne m’a jamais impressionné mais à l’époque ils m’ont vraiment marqué et me retrouver autour de ces deux icônes niçoises de la guitare, ça m’a fait un petit quelque chose.

Dum Dum Boys 2024, le trio «  historique  » de gauche à droite Baldu, Bratch et Karim
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Ils naissent comment les Dum Dum Boys ?

A la base je tannais Didier pour faire un groupe. Il a commencé par faire quelque chose avec Jean Luc le premier bassiste du groupe et Karim (Badi, NDLR) au chant. C’était un truc un peu pour rigoler, un peu punk… Moi, de mon côté je faisais des reprises des Stones, d’Aerosmith, ce genre de choses… On trouvait ça un peu con de ne pas jouer ensemble et donc « on a uni notre force » pour démarrer en 1984. Ça fait 40 ans ! C’était l’été et on répétait chez Jean-Luc, à quatre sans batteur. On a fait notre premier concert fin septembre 1984 et comme nous n’en avions toujours pas on a branché un pote, Thierry Chesta qui était celui des Jumping Cadors, dont on faisait la première partie. On lui a expliqué les morceaux sur le parking du club juste avant de monter sur scène (rires).

Ça fait 40 ans que Karim, Baldu et toi, vous jouez ensemble ! Avant d’être un groupe, c’est d’abord une aventure humaine !

Tout à fait ! Je suis très fier de ça, autant que de l’aventure musicale. C’est allé bien au-delà de ce que nous pensions faire : et on est toujours potes ! Je voudrais associer Joey (batteur du groupe, NDLR). Il est parti en 1994 mais il est revenu en 2008 et ça fait donc 25 ans que l’on joue ensemble. Tu te rends compte 40 ans pour trois d’entre nous et 25 ans un autre ! Quand je vois les groupes qui se séparent au bout de trois ou quatre ans et nous on tient depuis tout ce temps ! L’aventure humaine est incroyable ! Je ne connais que les Playboys qui ont une telle longévité. Ça se fait comme ça à Nice, ce doit être l’air marin…

Bratch et Joey en 2024
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Les Dum Dum Boys c’est une quinzaine albums, le premier en 1988 chez Closer avec une évolution dans le son de Psyché rock à quelque chose de toujours psyché mais plus moderne.

Houlà, ça fait beaucoup de disques, peut-être trop (rires) ! Pour être plus sérieux je dirai que la constante c’est le minimalisme. On fait peu d’accords. Au niveau du son, le premier 45t « Real Cool Trash » c’était du pur rock’n’roll garage. Pour le premier album, on a essayé de sonner comme les Scientists dont on était, et est toujours, de grands fans. Bon, il faut être honnête, on s’est un peu planté. A vrai dire, je ne sais pas comment qualifier notre son.

Il y a beaucoup de Fuzz.

Oui, voilà, beaucoup de fuzz, peu d’accords mais je n’ai pas l’impression que ce que nous faisons aujourd’hui a beaucoup changé par rapport à nos débuts. Ça reste des morceaux simples avec la batterie primitive de Joey. La seule chose qui diffère, vient de notre façon d’enregistrer : avant on devait aller en studio avec un ingénieur du son. Ensuite on a fait des disques avec Fofo (Erik Fostinelli bassiste du groupe disparu en novembre 2017 NDLR), on a fait des disques avec des boîtes à rythmes… principalement parce que nous n’avions pas les moyens d’aller en studio. Le fait d’avoir ces boites a donné un côté électro, un peu Suicide (Le groupe d’Alan Vega et Martin Rev, NDLR).
En fait tout est dit dans notre chanson “5 :35 of happiness “ : two chords and a melody is all we need to be happy mais … sans oublier la Fuzz.

La grosse référence du groupe c’est Iggy Pop, ne serait-ce que votre nom, que ce soit en solo ou avec les Stooges ?

Oui bien sûr, et au-delà des compositions extraordinaires des Stooges, je ne suis pas un grand fan d’Iggy solo, ce qui est marquant avec ce groupe, et on en revient toujours à ça, c’est le minimalisme dans le son. Leurs deux premiers LP sont très dépouillés, il n’y a que la batterie, une guitare et une basse (+ de temps en temps des solos). Dans les DDB, on a toujours empilé les guitares, sans doute inutilement ! Ça manquait parfois de respiration !

Il y a aussi le Velvet !

Bien sûr, c’est une influence très importante pour les DDB. Mais dans le groupe, on a tous de multiples-références : En ce qui me concerne, je suis fan absolu des Beatles, d’Elvis, et du côté cool de Dean Martin. Karim est devenu un crooner maintenant quand tu le vois sur scène alors qu’à la base il était plus influencé par Iggy. Et ma musique préférée c’est la Soul Music de 1967, 1968, les faces A des compilations « remarquable », celle qui bombarde…. Jamais les slows.

Vous n’avez jamais vécu de la musique, pourtant vous avez fait plein de choses : 15 disques, pleins de tournées à l’étranger, New York…

Personne dans le groupe n’a vécu de la musique sauf Erik qui était ingénieur du son, producteur et qui a fait beaucoup de concerts. Si tu veux vivre de la musique, en France, il faut faire des choix musicaux, des compromis et moi je n’en ai jamais fait. J’ai toujours joué ce qui m’a plu. C’est plus facile d’être Disc-Jockey : tu vas dans un bar avec tes disques, tu te branches et voilà tu prends 200 ou 300 balles comme ça. Un groupe, tu dois répéter, transporter le matériel, quand tu arrives, tu joues toujours trop fort pour le patron du club ! Il faut être courageux et obstiné pour faire de la musique aujourd’hui !

Ces 40 ans de carrières vous ont permis de vous élever, de vous nourrir : vous avez vu pleins de choses, découvert des pays.

Oui, c’est toujours plus sympa que de faire du contrôle de gestion (mon « vrai » boulot) : tu voyages, tu rencontres des gens, tu fais la fête… C’est un bon moyen de sortir de son quotidien. On est parti de rien, de pas grand-chose et on a écrit une belle histoire. Tu fais 15 disques, plus de 300 chansons et tu te construis comme ça. C’est vraiment génial voire miraculeux car on est toujours là.

C’est quoi tes meilleurs souvenirs avec le groupe en 40 ans ?

Ce sont les prochains ! Je ne me retourne jamais sur le passé, d’abord parce que j’ai une très mauvaise mémoire. Mais je préfère également toujours être dans l’action, dans le processus de création, écrire de nouvelles chansons, expérimenter des nouvelles formules pour le groupe (j’ai abandonné la basse et suis passé récemment à l’orgue). Après toutes ces années, soit tu radotes, soit tu avances. Je préfère la 2e solution.

A côté des Dum Dum Boys, tu as joué et tu continues à jouer dans pleins de groupes.

Tout à fait, je suis influencé par beaucoup de styles musicaux et quand on a commencé les Dum Dum Boys, j’ai eu mon compte sur les Stooges, le Velvet, les Scientists.
Mais, je suis un gros fan de pop music et notamment des Beatles. J’avais envie d’essayer autre chose en musique. Je connaissais déjà Marc Galliani (actuel guitariste des Playboys, NDLR) et aussi Jean-Luc. Un jour, à 18 ans, ils sont venus à la maison et on a joué quelques titres des Beatles, des Who, de Buddy Holly. J’étais aux anges. Ils connaissaient les accords et Marc chantait super bien. Deux ou trois ans après la création des Dum Dum Boys avec Marc et Serge (Ceccanti NDLR) à la basse on a créé les Bratchmen, un groupe ouvert sur la pop 60s.

Les Bratchmen au début des années 90
Crédit : Richard Prompt

Pourquoi as-tu appelé le groupe les Bratchmen, parce que ton surnom c’est Bratch ?

Bratch ça vient de Brachiosaure, parce que quand j’étais plus jeune, j’étais un peu rondouillard. Les copains m’appelaient Brachiosaure, c’était un animal de quarante tonnes. Pour le nom du groupe, on faisait la première partie d’un groupe et un copain, Eric Antolinos (Membre des Mokos et Sirènes NDLR) nous a suggéré les Bratchmen et voilà !

Là, vous allez monter votre propre label FFFascination records !

Au début des Dum Dum Boys, Philippe, notre manager avait monté un label pour sortir le premier 45t du groupe et puis … plus rien. Quand, quelques années plus tard, on a voulu sortir le premier 45t des Bratchmen, la structure existait et donc on s’en est servi. On a sorti ensuite un deuxième 45t des Bratchmen, ensuite quelques autres comme DM3, Ben Vaughn… On a continué à sortir quelques disques des Dum Dum Boys sur ce label, parce que la structure était là. Il y avait peu de labels indépendants à l’époque qui voulaient de nous. On a aussi sorti le premier Groovers dessus. C’était le label maison. C’était parfait pour nous. Après, Didier a monté Mono-Tones et on a sorti les disques des Dum Dum Boys dessus mais on a quand même continué à sortir les Zemblas, les Warmbabies sur FFFascination.

Tu vas ensuite monter les Groovers ?

Je suis monté à Paris fin 1995, en même temps que Serge le bassiste des Bratchmen. Nos épouses travaillaient là-bas. A Paris on a décidé de monter un groupe. J’ai rencontré Sébastien Fabre, quelqu’un d’important pour la scène rock à Paris car il organisait de nombreux concerts (jusqu’à son décès en 2008). Grâce à lui on a vu des shows incroyables au Gambetta, à la Flèche d’Or ou au Fahrenheit. Un jour il passait des disques dans un bar et il nous a présenté Fred Duvergé, un batteur. On l’a branché et il habitait à 300 mètres de chez moi. C’était parfait et voilà on a monté le groupe à trois et trouvé le nom (pas terrible) après une longue séance de brainstorming (rires).

Les Groovers en studio à la fin des années 90
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Vous avez beaucoup joué avec les Groovers !

Pas mal, au début on était en trio avec un côté garage, un peu surf. Pour moi c’était un peu au retour aux basiques par rapport aux Dum Dum qui sonnait un peu plus électro à l’époque. La formule en trio c’est un peu compliqué : je ne suis pas un virtuose de la guitare. On a donc recruté Dimi Dero à la 2e guitare et on a enregistré notre premier album chez Bernard Perrot, le bassiste de Blutt, un groupe parisien. Il avait un magnéto 8 pistes dans la cave où l’on répétait. On l’a sorti en vinyle, parce que je ne voulais plus faire de CD. Le disque des Groovers a eu une bonne presse dont Rock’n’Folk et Nova. On est passé à la TV dans le « Rock Presse Club » de Philippe Manœuvre. Puis Fred est passé aux claviers, on a pris un autre batteur : Jean. On a fait quelques concerts et le groupe s’est arrêté aux départs de Fred et Jean.

Mais c’est reparti ?

Oui, parce que je me souvenais que Dimi avait joué de la batterie sur un morceau du premier album et donc on lui a proposé et il a dit oui. Le groupe est devenu alors autre chose. Il y a eu une espèce d’alchimie entre nous trois et on a fait des concerts assez incroyables. Fofo a joué de la guitare avec nous un moment, Laurent Lanouzière (Ex Panther burns, et actuel Lotus BlossomNDLR) également et pour nos derniers concerts, est arrivé Arnaud Maguet , un prof de la villa Arson qui a joué du Thérémin et des maracas.… On a même fait une date au Gibus avec les BB Brunes qui ont fait carrière après. On se reforme à l’occasion et on devrait faire deux ou trois dates prochainement.

Tu as aussi fait Nick Prizu ?

Oui, c’était le combo d’un copain niçois, Lien, qui était d’origine vietnamien et qui était, pour résumer, un peu notre « Tav Falco niçois ». Quand le batteur original du groupe est parti, j’ai proposé mes services. Je suis devenu batteur sans en avoir jamais joué, pour te dire un peu le côté Borderline du truc (rires). Quand le guitariste Bernard Segard (Bandits, Sirènes) est parti, c’est Baldu qui l’a remplacé. On a enregistré quelques bandes dans une cave que Didier a sorti 30 ans plus tard sur son label. C’est un bon souvenir avec de bons concerts. Nick Prizu était un type charmant, pleins d’humour et pleins de talents. Il a choppé une saloperie et il est parti trop tôt.

Tu es revenu à Nice en 2008 et là tu fais les Warmbabies, un groupe incroyable !

Merci, je leur dirai parce que j’ai quitté le groupe il y a un an. Le groupe est né sur les cendres des Bratchmen. Marc (Galliani NDLR) avait commencé à écrire des titres vraiment extraordinaires qu’il jouait seul avec une guitare sèche dans les bars de Nice. Quand je suis revenu, j’ai naturellement recommencé à jouer avec lui. On a essayé pas mal de formules. On a fait un premier 45t « Secret Girl » en 2011 et on a essayé de faire un groupe. On a pris un premier batteur, Alex (Ex Eon Magahertz, Bizarre Cooking Accident NDLR), et puis ensuite on a embauché Daniel Aprosio (Mokos, Sirènes, Dino Farfisa). On a commencé à répéter à trois avec moi à la basse et quand Serge est revenu à Nice, il a repris sa place et moi la guitare rythmique.

Et donc ?

On a enregistré l’album en 2020. Il a été produit par Daniel et un copain, Christian Rinaudo. Cela a été assez compliqué et long à réaliser entre les différentes périodes de confinements. Mais il a été bien reçu. C’est une musique qui ne souffre pas de médiocrité avec des chœurs, des arrangements très complexes. Marc adore les arrangements, il a beaucoup travaillé dessus. On a fait un concert en Espagne au Purple Festival et moi j’ai dit « stop ». C’est une musique trop exigeante pour moi et ce n’est pas dans mon caractère. Je préfère aller à l’essentiel et vite : pour moi la première prise est toujours la bonne alors que Marc lui revient souvent dessus. En plus j’avais les Dum Dum et les Zemblas. Ça faisait beaucoup de boulot, je n’avais pas le temps. J’ai arrêté mais ils continuent avec un nouveau guitariste et un nouveau batteur.

Est-ce que ce n’est pas toujours les mêmes musiciens qui jouent ensemble à Nice ?

Tout à fait, tu retrouves toujours un peu les mêmes dans les groupes. Malheureusement il n’y a pas eu de nouvelle vague depuis des années. Il y a quand même de très bons groupes plus « récents » que nous comme Stella Peel, Arsene Obscène (que Fred Martinez vient de rejoindre), Todchic mais - j’espère qu’ ils m’en voudront pas - ce ne sont pas non plus des jeunes pouces.
Il n’y a pas eu de mouvements comme dans les années 80. Et comme on est toujours là et qu’on a toujours continué ! Il faut encore nous subir (rires).

Il y a eu des groupes comme Alpes, Hyphen Hyphen ou Griefjoy ?

Oui, mais ce n’est pas la même musique. Ils sont plus modernes, nous on reste toujours dans nos marottes Elvis, Fuzz, et autres…

Et ensuite les Zemblas ?

C’est un peu un accident. Un soir j’étais au Volume, Michel Nègre et Didier Bozzi viennent me brancher. Le groupe existait déjà mais ça ne fonctionnait pas vraiment. Ils voulaient faire un groupe de Soul Music. Ils m’ont demandé si je voulais jouer de la basse avec eux. Ils connaissaient déjà mon niveau de guitare (rires). J’adore cette musique et j’ai dit ok. Il y avait Gilles (Eynaud de Fay NDLR) à la batterie et Manu Di Constanzo le guitariste de la Tribu, un groupe de Funk dans lequel Didier chante. On a commencé comme ça. On a fait pas mal de concerts à Nice ou Marseille et un premier album. Le guitariste est parti parce qu’il ne pouvait concilier le groupe avec son emploi du temps professionnel. On a pris Frédéric Martinez (ex Playboys NDLR) et là on a beaucoup joué en France et même en Italie. On a fait deux disques avec cette formation.

Les Zemblas en 2019
Crédit : Denis de Nice

Tu n’as pas eu peur que les Zemblas supplantent tes autres groupes ?

Non, on se connait, on n’est pas des violents (rires). On se sait se reposer (rires). On a des emplois du temps, des boulots, d’autres groupes… En fait cela marche par cycles quand les Dum Dum Boys sont actifs, je suis plus présent avec eux, pareil avec les Zemblas. Notre dernier disque date de 2019, Gilles est parti, il y a eu le Covid… Non, je n’ai jamais été débordé par mes activités musicales, malheureusement !

Et en plus tu fais des albums solos !

Euh, oui (rires)… En fait ce que j’aime c’est écrire des chansons. Dès que j’ai eu ma basse à 16 ans et acquis une maitrise suffisante de l’instrument, j’ai commencé à bricoler des morceaux. J’ai toujours quelque part mes cahiers de classe avec des bouts de chanson ou des riffs notés dedans.
La technique ne m’a jamais intéressé ; ni d’apprendre à jouer des morceaux d’autres groupes. Fin des années 2000, j’avais accumulé pas mal de chansons. J’ai découvert Garage Band, le logiciel de musique, et je me suis lancé dedans quand quelqu’un m’a expliqué son fonctionnement. J’ai vu que l’on pouvait mettre des boites à rythmes, des effets… C’était comme un 4 pistes mais en mieux.
Pour le 2e, on venait d’arrêter les Groovers et les titres ne convenaient pas aux autres groupes. Je ne voulais pas les jeter, et voilà c’était parti pour un nouveau disque solo.
Et j’en prépare un nouveau avec une amie, Isabelle Marceddu, une ancienne des Tikis et qui joue dans « le Shark » . Je suis ravi de cette collaboration. Je n’avais jamais en 40 ans travaillé avec une femme. Il y a des titres que j’avais notamment écrit pour les Warmbabies mais comme j’ai quitté le groupe, je les réutilise. Rien ne se perd, tout se transforme. Toujours l’idée d’avoir quelque chose de nouveau.

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