Mono-Tone Records ou la vie en rock de Didier Balducci

vendredi 11 juillet 2025, par Franco Onweb

Si aujourd’hui le rock d’ici est une réalité c’est d’abord parce qu’il y a des personnalités qui ont voué leur vie à cette musique. Didier Balducci est l’un d’entre eux ! Guitariste des légendaires Dum Dum Boys depuis plus de quarante ans, il est aussi Dj sous le nom de Memphis Electronic mais aussi, et surtout, le fondateur de Mono-Tone Records un des labels les plus exigeants de l’hexagone, devenu depuis aussi une maison d’édition de livres.

Monté à la base pour sortir ses propres productions, avec les Dum Dum Boys et aussi NON !, Didier Balducci a su diversifier son catalogue en proposant d’autres artistes et aussi des rééditions exigeantes comme les Coronados. Je vous conseille de vous jeter sur sa dernière collaboration avec son alter-ego américain, Ian Svenonius, sous le nom de XYZ.

C’est clair, cet homme est un esthète et c’est tout naturellement que je lui ai envoyé quelques questions pour en savoir plus sur un label, déjà, légendaire.

Peux-tu te présenter ?

Didier Balducci, alias Memphis Mao (mon nom de DJ) alias Memphis Electronic (mon pseudo pour mes disques solo et ceux de XYZ).

Didier Balducci
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Comment la musique est-elle entrée dans ta vie ?

Par effraction, pourrait-on dire, parce que mes parents ne s’y intéressaient pas du tout et qu’ils ont été les premiers surpris que du jour au lendemain je me mette à en écouter de manière obsessionnelle et encore plus que j’en fasse moi-même ! Ça a été une irruption assez tardive en tout cas, parce qu’à part une poignée de 45t que j’avais à dix, onze ans, c’est vraiment à partir de 15 ans que je me suis mis à écouter beaucoup de musique et à acheter des disques.

Tu nos racontes les différentes étapes de ta vie de musicien ?

Il n’y pas eu d’étapes en fait ! Je n’avais jamais touché un instrument de musique de ma vie et un jour, l’été après avoir eu le bac et avant qu’on ne commence la fac, on s’est soudain dit avec les autres Dum Dum Boys qu’on allait faire un groupe et hop ! instantanément on était musiciens ! On a vraiment sauté les préliminaires (pratique en solitaire, répétitions, perfectionnement, etc.) pour se précipiter directement sur scène. Je ne savais même pas faire d’accords (je pensais que c’était inutile pour jouer du rock stoogien, j’ai vite compris mon erreur) et les autres à peine plus et on a appris sur le tas, c’est à dire sur scène, en faisant des concerts. (Je l’ai toujours dit, un concert t’en apprend plus que dix répètes, et en plus tu es payé pour.) Ensuite, une fois passé l’apprentissage laborieux de ce minimum de technique qui, quoi qu’on en dise, est indispensable même pour jouer de la musique primaire ou ultra minimaliste, je n’ai plus rien appris, plus rien du tout, à part quelques ruses qui font vaguement illusion et permette d’avoir l’air de maîtriser son instrument. On peut donc dire qu’il n’y a eu qu’une seule étape en tout et pour tout dans ma vie de musicien, ou disons deux, l’étape consistant à se dire « je vais jouer de la guitare ! » et celle consistant à apprendre à faire un Mi et quelques autres accords. Disons trois, en fait, avec l’étape où j’ai réalisé que l’on n’était pas du tout obligé de plaquer proprement les accords avec tous les doigts mais que ça sonnait aussi bien - voire mieux quand on utilise une fuzz - sur une seule ou deux cordes maximum.
Ce qui, ensuite, a été le plus important et a vraiment changé ma vie de musicien, ou plutôt de « songwriter » (ça fait prétentieux en anglais mais « auteur-compositeur » encore plus !), c’est d’avoir acheté avec Bratch, l’autre guitariste des DDB, un 4 pistes Tascam K7 pour faire des démos voire plus (l’album « X-Perimental Zebra Phonic » vient à 90% de là) puis plus tard d’avoir appris à enregistrer sur ordinateur, en découpant des trucs et en bidouillant, car c’est grâce à ça que j’ai pu vraiment faire quelque chose qui ressemble à ce que j’avais dans la tête, et surtout quelque chose d’écoutable et de présentable, aux autres membres du groupe d’abord et au public par la suite. Si tu me mets une guitare sèche dans les mains, je suis totalement ridicule, pire qu’une poule (ou qu’un musicien d’électro) devant un micro.

Comment et pourquoi as-tu as monté ton label ?

Au départ c’est vraiment uniquement pour sortir mes propres disques, ceux des DDBoys et de NON !, parce qu’on n’avait pas de label à l’époque. (Il faut dire qu’on n’a plus jamais cherché à en trouver un, ça n’aide pas…) Ensuite, je me suis dit que ce serait cool de rééditer des choses pas très connues et que j’aimais beaucoup, comme Justin Trouble/ Justin Love ou David Peel. Et après, suite logique, je me suis mis à également sortir des nouveautés de groupes autres que les miens.
Voilà pour le « pourquoi », et pour le côté « comment » de ta question, j’ai juste envoyé le premier disque au pressage et j’ai écrit « Mono-Tone001 » sur la pochette et le rond central et voilà ! un label était né. Ça a démarré comme ça et rien n’a changé ensuite, il n’y a pas de réelle structure Mono-Tone, même pas une asso, même pas un compte en banque, je n’ai jamais signé ou fait signer de contrat de ma vie, la « comptabilité » consiste à mettre le liquide dans une enveloppe, je ne connais absolument rien au métier. Je dois beaucoup à Inigo de Munster Records, un ami de longue date, qui m’a encouragé à un peu développer le label puis a distribué mes disques à l’étranger, parce que si j’avais continué à uniquement en vendre moi-même, et exclusivement en France, ça n’aurait pas duré bien longtemps vu le rétrécissement du marché au fil des années…

Les Dum Dum Boys dans les années 80
Crédit : Richard Prompt

Pourquoi ce nom Mono-Tone Records ?

Honnêtement, je n’ai pas réfléchi très longtemps, c’est le premier nom qui m’est venu à l’esprit, je trouvais ça assez drôle - même si moins, avec l’âge, que Sono-Tone, mais je pense que ça doit déjà être pris…

Avais-tu des « modèles » de labels quand tu as commencé ?

Non, parce que comme je te le disais, c’était vraiment uniquement pour sortir les disques des DDB et de NON !, je ne voyais pas plus loin que ça, je ne me suis pas dit « je vais essayer de faire comme Rough Trade ou Moon Records » (les concurrents de Sun Records à Memphis). C’est ensuite que je me suis un peu pris au jeu, mais c’était et ça reste très artisanal et DIY (terme très galvaudé), c’est plus, dans mon esprit, comme les premiers 45t des TV Personalities avec leurs pochettes photocopiées, ou le « Spiral Scratch » des Buzzcocks, ou ces innombrables labels éphémères sixties qui n’ont sorti qu’une poignée de disques avant de disparaître, c’est plus cet esprit-là qu’un « vrai » label, il n’y pas le moindre plan de carrière ou de projet d’expansion. Pour ça, de toute façon, il faudrait un disque qui marche vraiment et lance le truc, ce qui n’est jamais arrivé et n’arrivera certainement pas, là en gros chaque disque finance le suivant - avec quelques bonnes gamelles et des choses qui heureusement marchent un peu mieux que d’autres – ce qui est déjà pas mal mais reste toujours extrêmement précaire.

As-tu une ligne directrice artistique pour le label ?

Je ne suis pas 100% spécialisé dans le garage ou le punk, comme beaucoup de labels, mais on peut dire quand même que je ne sors que des disques de rock’n’roll, au sens un peu large du terme mais pas tant que ça non plus, assez électronique parfois mais toujours rock’n’roll. Et la ligne directrice principale, ça reste qu’il faut avant tout que le disque me plaise pour que je le sorte. Je n’écoute pas que du rock’n’roll mais comme on ne me propose jamais de free jazz, de country, de krautrock ou de blues du Mississippi, ça finit toujours par être du rock’n’roll somme toute assez classique…

Quelles sont tes principales sorties, celles qui t’ont le plus marqué ?

J’ai beaucoup d’affection pour les deux albums et le 45t de Justin Trouble/ Justin Love, d’abord parce que c’est vraiment cool de ressortir un truc qu’on adorait à 18 ans, et ensuite parce que je trouve que ce sont des chefs-d’œuvre, parmi les tous meilleurs disques de cette époque. J’aime aussi beaucoup l’album des Klitz, je suis très fan de cette période mid-70s à Memphis, la fin de Big Star, Chilton, Falco, Jim Dickinson, etc. et en plus c’est un des disques qui s’est le mieux vendu avec les XYZ, malgré (ou grâce à ?) un son très lo-fi et le jeu glorieusement amateur et déjanté. Et même si ça n’a pas été un grand succès (il m’en reste encore), je suis super content d’avoir sorti le Charles Douglas et de l’avoir fait découvrir à pas mal de gens.

Crédit : Najia B

A côté tu développes une maison d’édition : pourquoi ?

Pour les mêmes raisons que pour les disques, pour sortir mes propres trucs sans dépendre de personne et sans avoir à attendre un temps interminable, souvent pour pas grand-chose. Puis ensuite, de la même manière que pour le label, ça s’est - un peu - développé puisque j’ai assez rapidement édité également des livres qui ne sont pas de moi, dans des genres assez divers. Mais là aussi, il n’y a pas de réelle structure et surtout, contrairement aux disques, pas de distribution hormis dans un petit réseau - plus disquaires que librairies - et c’est donc quasi exclusivement par correspondance/VPC. (Je suis devenu expert en récupération de cartons et en emballage, et je peux presque réciter la liste de tous les Mondial Relay de France, ça me fait voyager à peu de frais…)

Tu penses que l’écriture et la musique sont liées ?

C’est à la fois lié dans le sens où textes de chansons ou récits, c’est toujours de l’écriture, et opposé dans le sens où ce sont deux approches complètement différentes voire antithétiques, entre écrire quelque chose d’ultra concentré en dix ou vingt lignes maximum avec juste quelques phrases marquantes (ou même une seule, voire un seul mot : le titre/refrain), et écrire un récit de 200 ou 300 pages qui se développe sur la longueur avec des digressions, des évènements ou des personnages mineurs qui se croisent, apparaissent ou disparaissent, ce n’est vraiment pas du tout la même chose. Les deux sont aussi liés dans le sens où on découvre souvent des livres marquants et formateurs au même âge que les disques les plus importants pour vous, et que ce sont le plus souvent ceux-là qui vont vous inspirer pour la vie et restent donc éternellement indissociables les uns des autres dans votre esprit, livres, disques ou films.

Là où je ne suis pas d’accord (ça me vaut des ennemis chaque fois que je dis ça !), c’est quand on associe systématiquement, et presque exclusivement, le rock avec le roman policier, la SF et la bande dessinée, ça m’énerve au plus haut point ! (Et hop ! j’ai encore perdu quelques lecteurs et auditeurs…)

Tu as écrit plusieurs livres, peux-tu nous en parler ?

Au départ, ce sont essentiellement des recueils de chroniques, avec la série « Tourisme Parallèle », sorte d’anthropologie de proximité, sur des endroits insolites de Nice ou de la région, sur des « gloires locales » cocasses, ou encore des reportages « gonzo » sur le festival du flipper, des sectes religieuses de l’arrière-pays, les « Rencontres Pieds-noirs » de Nice, la bénédiction des téléphones portables, etc. Puis ensuite j’ai écrit sur ma carrière professionnelle dans « Toute une vie de labeur », pas le côté musical mais tous les petits boulots idiots ou absurdes que j’ai faits et surtout les longues périodes de chômage, ma grande marotte, mon véritable fond de commerce. Je me suis vraiment pris au jeu et ai pris l’habitude d’écrire quasiment tous les jours, et j’ai sorti d’autres bouquins sur des sujets variés allant d’Elvis Presley (« Mondo Elvis ») au cinéma déviant (« Cinéma Parallèle ») en passant par la mort du rock’n’roll (« Le Rock’n’roll est mort mais son cadavre encombre le monde »), des micro-souvenirs avec « Je regrette » et la suite sortie le mois dernier, « Je regrette aussi », et également, dans un genre plus léger (même si les autres livres sont rarement très profonds…), la collection « les Archives du Monde Moderne » qui, elle, aborde sans tabous les sujets les plus brûlants du XXI° siècle (les romans-photos pornographiques, la ville nouvelle de Carros-le-Neuf, la graphomanie vinylique, etc.) .

XYZ
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Quels sont les livres que tu as sortis et que tu n’as pas écris ?

Il y a donc celui sur Carros-le-Neuf de Benoît Grimalt, un recueil de chroniques et un roman de Pascal Escobar, figure du rock marseillais (qui va sortir cet automne chez le Mot et le Reste le deuxième tome d’une trilogie marseillaise), un recueil de nouvelles, un roman et, tout récemment, une « nouvelle graphique » de Melchior Liboa, niçois d’adoption et musicien lui aussi, un livre d’entretiens avec le bassiste des Coronados par le bordelais Patrick Scarzello, une bio du groupe glam 70s français les Frenchies par Francis Elzingre et le bassiste du groupe, Michaël Memmi, un court roman SF ultra délirant sur Mötörhead de Patrick Foulhoux, et tout récemment un livre constitué pour moitié de chroniques sur le cinéma et pour moitié de nouvelles de fiction d’Alain Feydri. Et le bouquin sur les pochettes de disques écrites/retouchées, « TB JerckXXX », a été écrit en collaboration avec Philippe Nicole, du magasin de disques The Rev.

Tu viens de sortir un livre au « Boulon » sur « Satisfaction » des Rolling Stones. Quelle est la genèse de ce livre et quel le « pitch » du livre ?

Je connaissais cette collection, « Seveninches », où des auteurs écrivent sur un morceau iconique pour eux, mais je n’aurais pas eu de moi-même l’idée d’y participer (je m’étais dit au départ que je n’écrirais certainement pas sur le rock et puis j’ai fini par faire « Mondo Elvis » et « Le Rock’n’roll est mort… », comme quoi je finirai peut-être par faire des polars ou de la bande dessinée !) si, quand on était en tournée dans le sud-ouest avec les DDB, Patrick Foulhoux puis, le lendemain, Alain Feydri ne m’avaient pas dit que je devrais essayer. L’éditeur du Boulon connaissait mon livre sur Elvis, ça s’est donc fait immédiatement et je suis très content avec le recul que l’on m’ait un peu poussé à faire ça !

Couverture du livre «  The Rolling Stones i can-t-get no satisfaction  »
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Voici le pitch, directement et paresseusement recopié de l’arrière du livre :
Vierge, innocent et hautement influençable, l’auteur, à l’âge de dix ans, se fait offrir aux Galeries Lafayette le 45 tours Satisfaction des Rolling Stones. De retour chez lui, il découvre brutalement et simultanément, en trois minutes et quarante-cinq secondes seulement, le rock’n’roll, la fuzz, les boots pointues, les cheveux hirsutes, les lunettes noires, la rébellion adolescente, le pouvoir magique de l’électricité et le son merveilleux du Teppaz lorsque l’on colle ses oreilles sur le haut-parleur, le volume et les aigus à fond.
Sa vie en est immédiatement et irrémédiablement changée.
Ce souvenir est si vivace et ses acouphènes si persistants que plusieurs décennies plus tard, il se souvient précisément de chaque seconde de ce choc originel et tellurique, début d’une passion violente et d’un fétichisme obsessionnel qui le poursuivent aujourd’hui encore.

Penses-tu aller de plus en plus vers l’écriture plutôt que la musique ?

La logique – et la raison – voudraient plutôt que j’aille progressivement et tout doucement vers, sinon la retraite, du moins l’inactivité ! En tant que musicien, pendant longtemps je n’ai fait que les DDB puis des groupes parallèles un peu différents, en français avec NON !, plus rock’n’roll électronique avec XYZ et plus lo-fi avec mes disques solo, mais vu mes compétences techniques et mon talent mélodique quand même assez limités, ça reste en gros toujours la même chanson sous des formes – légèrement – différentes, donc il arrive forcément un moment où l’on se dit qu’il serait peut-être sage d’arrêter et ne pas rajouter encore un disque inutile ou médiocre à tous ceux qui sortent déjà en nombre impressionnant chaque semaine (en général ce sont malheureusement les autres, les auditeurs, qui se le disent avant le premier concerné, moins lucide…).
Pour les bouquins, c’est un peu pareil, je ne suis pas romancier ou écrivain de fiction, et je ne vais pas écrire éternellement sur Pôle emploi, les gnocchis, la fuzz ou le flipper…
Mais bon, le truc c’est que j’aime toujours faire de la musique et, plus encore peut-être depuis quelque temps, écrire. Donc même si rien – et certainement pas, malheureusement, la pression populaire ou la gratification financière ! – ne m’y oblige, je ne vois pas non plus pourquoi, inversement, je me forcerais à m’arrêter.

Tu es musicien, producteur, éditeur et auteur : c’est quoi la profession qu’il y a marqué sur tes papiers officiels ?

Aucune ! Même pas « imposteur » ! Et même pas « chômeur », à mon grand regret, puisque ça fait deux ou trois ans que je ne touche plus rien, ni indemnités ni RSA. J’aimerais bien qu’il y ait écrit « rocker » mais je ne pense pas que ce soit possible. « Néant » ça serait pas mal aussi…

En concert
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Comment fait-on pour se procurer tes disques et des livres ?

Pour les disques, c’est assez facile puisqu’ils sont – relativement - bien distribués dans les magasins « indépendants », sinon on peut bien sûr me les commander (un mail à memphismao@gmail.com et hop !). Pour les livres par contre, comme je te le disais, hormis un petit réseau disquaires/libraires, c’est quasi essentiellement par VPC, c’est à dire par moi directement car il y a bien un site Mono-Tone (www.mono-tone-records-editions.com) mais il est encore très embryonnaire et ne sert pour l’instant que de « vitrine », on ne peut pas commander dessus (les prix sont même écrits en dollars… ce n’est pas par snobisme, comme c’est un hébergeur américain ça a mis en dollars d’office, ça fait des mois et des mois que je me dis que je devrais corriger ça mais j’ai la flemme…).

Quels sont tes projets de musiciens, pour le label, et en tant qu’auteur pour la maison d’édition ?

J’ai commencé à enregistrer récemment un nouvel album solo que je compte finir très rapidement et sortir cet automne si tout va bien. Côté DDB, plus rien je pense, et en ce qui concerne XYZ on va faire une tournée en octobre mais on n’a pas vraiment de projets ensuite, il faudrait qu’on trouve une autre idée vraiment originale comme celle du dernier album sinon ça va être difficile de trouver la motivation, le fait d’habiter lui à Los Angeles et moi à Nice et de ne se voir qu’une fois par an, ça n’aide pas !
Pour ce qui est de l’écriture, j’ai un livre en préparation dans la collection « les Archives du Monde Moderne » (des biographies imaginaires d’orchestres de bal des années 70, avec des visuels d’époque d’une grande beauté) et j’ai pas mal attaqué une sorte de roman pas drôle du tout, ou guère en tout cas, mais j’attends vraiment de voir ce que ça va donner, c’est ma première tentative dans le genre et je ne suis pas du tout sûr du résultat, ce n’est peut-être pas dans mes cordes, j’ai de gros doutes sur mes capacités à écrire autre chose que de courtes chroniques ou de longues logorrhées sur mes obsessions habituelles, ça finira peut-être à la poubelle, on verra bien… Et à propos d’obsessions, j’aimerais bien écrire un livre entièrement consacré au flipper, j’en parle pas mal mais je n’ai pas écrit un bouquin qui ne parle que de ça, alors que c’est quand même une des passions de ma vie et que j’ai passé mille fois plus de temps à y jouer qu’à jouer de la guitare – ça s’entend d’ailleurs. Ensuite on verra bien. (Ça a toujours été mon attitude dans la vie de dire « On verra bien » et ça m’a plutôt réussi, pas financièrement certes, mais je suis toujours vivant et pas mort de faim ni d’ennui, c’est déjà pas mal…)

Le mot de la fin !

Comme véritable mot de la fin, ce serait ce que j’aimerais qu’il y ait gravé sur ma pierre tombale : « A peine commencé, c’est déjà terminé. »
Mais dans l’immédiat, comme mot de la fin pour cette interview, ce serait de dire aux jeunes lecteurs (il doit bien y en avoir ?) de Buzz on Web que le fait que le rock’n’roll soit mort ne les empêche pas d’en écouter, et même d’en faire, il était déjà à peu près mort quand j’ai commencé et ça ne m’a pas retenu ! On n’a jamais trouvé – et on ne trouvera jamais, même en cent millions d’années - plus excitant que le rock’n’roll.

Quel disque donnerais-tu à un enfant entre huit et quatorze ans pour l’amener vers la musique ?

Je croyais que c’était le mot de la fin ?! C’est déjà le rappel ?!? Je n’ai pas l’habitude des rappels, je n’ai rien préparé !
En fait, je préfèrerais lui vendre un disque que lui en donner un, je suis totalement contre la musique gratuite et illimitée. Et je n’aime pas trop les enfants, sauf de très rares exceptions. Mais bon, s’il faut absolument lui en offrir, ce serait peut-être les deux 45 tours que mon parrain m’a achetés pour mon anniversaire aux Galeries Lafayette quand j’avais dix ans, comme je le raconte dans le livre chez le Boulon, « Satisfaction » et la musique de « Il était une fois dans l’Ouest ». Il ne pourrait pas les écouter parce qu’il n’aurait pas de platine, il ne pourrait que rêver et fantasmer dessus, c’est excellent pour développer l’imagination et la créativité ! Et la frustration aussi, c’est l’élément moteur du rock, la frustration, bien plus que la technique !

XYZ devant la villa Nellcote
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Puis il serait atrocement déçu ensuite, plus grand, quand il voudrait les revendre sur Discogs, persuadé que tous les vieux « vinyles » (comme disent ceux pour qui un disque n’est pas forcément un vinyle) valent de l’or, alors qu’ils doivent probablement coûter 5€ l’un comme l’autre (ce sont des rééditions seventies de supermarché et on voit bien qu’ils ont beaucoup donné…), ce qui d’ailleurs est le prix que devraient valoir tous les vieux disques. (Si j’étais le Maitre du Monde, j’ordonnerais – façon taliban - de couper les mains de ceux qui vendent des disques d’occasion plus chers que ça. Heureusement pour mes nombreux amis disquaires que je ne souhaite tout de même pas voir finir dans la misère et avec des moignons purulents, je ne le serai probablement jamais…) Mais honnêtement, je préfèrerais me faire enterrer avec ces deux 45tours que les offrir, je n’ai rien contre le don d’organes mais les disques par contre c’est personnel, c’est quelque chose de vraiment intime, comme la brosse à dents ou le slip.

Dernières sorties disques : XYZ « Plays the Classics » - Dum Dum Boys « Explosions in your soul ! »
Dernières sorties livres : « Satisfaction » (Editions le Boulon), « Je regrette aussi » (Editions Mono-Tone)

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