Thierry Los : l’autre carrière d’un musicien dans la musique à l’image

mardi 17 mai 2022, par Franco Onweb

Cela fait quelques années que je connais Thierry Los. A l’époque où je l’ai rencontré, il venait de mettre un terme à son groupe Dodge Veg-O-Matic et il venait de créer Végomatics avec qui il allait arpenter les scènes. Ce qui m’intéressait chez lui, c’est qu’il était l’un des rares musiciens que je connaisse qui revendique de faire de la musique à l’image et que cela lui permettait de vivre de sa musique.

Les années ont passé et Thierry a mis un terme à Végomatic mais il a continué de produire de la musique pour l’image. Dans son studio l’ATPR, un des rares studios analogiques qui reste, il produit et enregistre de la musique pour sa bibliothèque musicale. Alors que viennent de sortir de son studio, deux « fausses BO » de films des années 60, j’ai discuté avec Thierry pour comprendre son activité de musicien pour l’image et ce qu’est une bibliothèque musicale.

Peux-tu te présenter ?

Thierry Los, Ex Dodge Veg-O-Matic, Vegomatic, The Surfin Robots, Gauche Guitare, The Bzz, Montlery, je travaille actuellement un album de chansons françaises circa 60-70’s qui s’appellera « Thierry Los s’arrange ».

Enregistrement à l’ATPR Studio
Droits réservés

A côté de ton activité d’artiste et d’auteur-compositeur-interprète, tu as une deuxième carrière dans la musique à l’image. Comment as-tu commencé ?

En 1998, j’ai réalisé le 1er EP 5 titres de VEGOMATIC, « Uluwatu », une proposition de fusion entre le surf 60’s et la musique électronique. L’originalité et l’efficacité dynamique et gaie a plu immédiatement à la société ZOMBA, alors dirigée par Guillaume Albeck (futur PARIGO Music) dont j’étais un client en tant qu’illustrateur sonore pour des prods TV. Par la suite et grâce à ce style, on m’a aussi contacté pour des pubs TV.

Quelles sont les principaux films ou spots de pub sur lesquels tu as mis de la musique ?

Hugo Boss, Lacoste, M6, MacDo, Piper-Heidsick, Hollywood Chewing gum etc.

Tu es aussi éditeur de musique : explique ce que c’est et pourquoi tu le fais ?

Au bout de 25 ans de carrière, ayant assez de contacts et de réputation pour me lancer seul, j’ai monté en 2015 ma propre société d’édition, 3JT (une contraction du nom de mon 1er label associatif Trois Jeunes Tambours) afin de ne plus être dépendant du bon vouloir de commanditaires ; avec l’âge on supporte de moins en moins les ordres et on a envie d’avoir la paix. Bien sûr, avec cette indépendance d’autres soucis surviennent, mais rien n’est plus important pour moi que la liberté et les crèmes glacées.

Tu as monté une librairie musicale : qu’est-ce que c’est ?

Au sein de la société j’ai créé un label, DnG (une blague qui sous-entend « dynamique et gai » le brief qu’on entend le plus souvent en pub concernant la musique). A la fin de l’année j’aurai produit 100 références en 7 ans. Une librairie musicale c’est comme une banque d’images dans laquelle les producteurs, réalisateurs et monteurs de l’audiovisuel piochent pour leur besoin de musiques de films publicitaires, émissions TV, documentaires etc. Cela consiste en des prix modiques et uniques, négociés à l’avance et en accès immédiat sans l’autorisation des ayants-droits, préalablement accordée contractuellement. C’est à dire que l’on peut retrouver sa musique aussi bien sur un documentaire sur les Jeunesses Hitlériennes que sur une pub Canigou sans avoir son mot à dire…

Quelles sont les caractéristiques de ta librairie musicale ?

D’après les dirigeants de BMG, la major qui me distribue dans le monde via ses filiales, DnG ne sonne pas comme de la librairie musicale (en gros de la bonne soupe hyper calibrée faite par des tâcherons sur leur ordinateur avec moult plug in Canada Dry) mais elle marche quand même… Et je le dis sans prétention mais objectivité : grâce à la pertinence, l’inspiration et l’originalité des titres, le plus souvent produit en studio analogique à l’ancienne avec des musiciens spécialisés dans leur propre style.

Le « grand public » peut il y accéder ?

Oui mais c’est un site buisness to buisness un peu abscond pour des néophytes. On y trouve moult informations sur les caractéristiques des titres, des descriptifs, des mots clefs etc. L’écoute est libre mais il fait y être inscrit pour les téléchargements uniquement à but professionnels.

https://app.bmgproductionmusic.fr/labels/7155

Est-ce qu’ils arrivent que les disques de ta librairie musicale sortent dans le commerce ?

Oui : je fais des éditions spéciales avec des visuels diverses et non pas génériques comme celles de la librairie. Et je mentionne le nom des artistes, ce qui n’est pas l’usage en librairie musicale. Il sont tous regroupés à ce lien : http://dng-music.com/extraits-DNG-music.html

Comment y sélectionnes tu les musiques ?

Idéalement, toute la collection devrait y être car c’est une source de revenu supplémentaire grâce au streaming, et une exposition parallèle vers les professionnels. Ainsi quand le public shazam un titre sur un doc ou une pub, il peut savoir qui le joue et le réécouter sur sa plateformes favorite…

N’est ce que tes compositions ?

Bien sûr que non. DNG présente une trentaine de compositeurs. Je peux citer quelques noms d’amis connus du métier et qui me font confiance : Philippe Almosnino, ex Wampas et à présent musicien de sessions et live très apprécié, qui m’a d’ailleurs présenté Jean-Max Mery (Phoenix, Tony Allen) qu’il a rencontré au sein du dernier groupe de tournée de Johnny. Yann Jaffiol de Nantes (Ultra Milkmaids, Royal Premiers), Ernest Saint Laurent, le britannique Darren Allison, avec qui j’avais travaillé fin 90’s quand il était l’ingénieur du son de Divine Comedy et Spiritualized , le groupe de Surf The Wave Chargers, le guitariste de Rock and Roll Alex Mazzoleni, Frantic, Alma Elste, l’accordéoniste Jean-Pierre Ménager, Bernard Viguié, Philippe Rak, les comédiennes Delphine Grandsard et Clara Galante, Dolores ou la chanteuse Corse Angelina Potentini ou bien sûr mon frère Eric Los ; j’en passe et des meilleurs !

The Vrooming Crew, au centre Thierry Los
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Comment fais-tu ton commercial ?

C’est le boulot de la major BMG qui me représente dans le monde en échange d’un très conséquent pourcentage…

Pourquoi tant de genres musicaux ?

Car il faut de tout pour faire un monde pardi ! C’est ce qui est génial dans ce métier pour moi qui suis avant tout un fou de toutes les musiques !

Tu viens de sortir deux fausses BO de films : peux-tu les présenter ?

Ce sont les WAVE CHARGERS qui m’ont présentés le label Grec Green Cookie Records qui sort en vinyles leurs albums depuis le premier que j’avais réalisé. Ils ont craqué sur les titres 60’s yéyés et Las Vegas Grind du catalogue. C’est eux qui ont eu l’idée de ces fausses BO des films de Bernard Fabriano, un réalisateur looser inventé de toutes pièces. On a tous déliré là-dessus et Sam The Kay nous a fait ces superbes pochettes du style de l’époque. D’autres albums sont prévus…

Laisse-moi respirer
Crédit : Samy The Kay

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Sec Call from Paris
Crédit : Samy The Kay

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