Qui êtes-vous : présentez-vous musiciennes par musiciennes
Alice : Hey, moi c’est Alice. J’ai un parcours d’étudiante en philo, mais j’ai bifurqué vers le rock à 25 ans quand je suis devenue maman. Je compose, je joue de la guitare et je chante au sein de SheWolf qui est mon premier projet artistique. Je suis une meuf optimiste mais un peu speed. Je suis également bassiste et chanteuse dans le projet Sound of the Void.
Fanny : Ici Fanny la bassite. Le chemin pour arriver sur la route du rock est parsemé d’expériences diverses et variées en passant par logisticienne, serveuse, fromagère dans le Valais (Suisse), manageuse d’un groupe de Rock-Électro et hop bifurcation, musicienne !
MC : Salut, moi c’est Marie-claude. Formation de philosophe, socio ethno et en parallèle formation de technicienne (montage, cadrage, son). Ouais on est motivée quand on est jeune... Puis après slackeuse comme on dit : prof de clarinette, web designeuse, ingé son, et j’ai pas mal travaillé dans le social. En gros je suis incapable de tenir en place et j’aime tous les projets les plus fous (ah oui j’ai oublié, un jour je ferais Roland Garros)
Pourquoi ce nom SheWolf ?
Alice : Ça signifie « louve » en français. Un animal chargé de symboles : la maternité, la protection, la solitude, l’indépendance.
MC : Et la meute...
Quel a été votre parcours en musique ?
Alice : J’ai commencé par le saxophone et le solfège à 8 ans. A 12 ans j’ai découvert Hole et Nirvana et ma vie intérieure a basculé.
Fanny : J’ai fait des années de piano classique et aussi de la flûte de pan (j’en suis très fière :D) et puis tardivement je me suis mise à la basse après avoir découvert que c’était mon instrument de prédilection. J’ai toujours été touché et accompagné par des musiques et des artistes intenses, qui expriment des émotions fortes, mélancoliques et tristes.
MC : Mes parents m’ont jeté à la clarinette à 6 ans, j’ai fait tout le parcours comme une bonne élève avant de découvrir Nine Inch Nails. J’ai tout lâché pour monter mon groupe de musique après ça. Je me définirais comme une compositrice avant tout qui apprend toutes les instrus qui me servent à la compo (guitare, basse, batterie, machines en tous genres).
J’ai joué dans des groupes géniaux tel que Nutcase, Tricksterland, The Ragnoutaz, Native Nothing. Et actuellement je suis batteuse dans SheWolf, Sound of the Void et je suis Guitariste/Voix lead dans un groupe de garage (mon side project) nommé PAVLOV.
Quand le groupe a-t-il commencé et à quelle occasion ?
Alice : Le groupe s’est formé en 2016 à Paris, grâce à une petite annonce :) Tout a commencé avec ma rencontre avec Marie-Claude, musicienne expérimentée qui voulait s’essayer à la batterie.
Quelles étaient vos influences à la base du groupe ?
Alice : Hole, The Breeders, PJ Harvey, Dolly, Nirvana
Quelles ont été les dates de concerts importantes ?
Alice : La première partie de No One is Innocent à Auray en Bretagne, le off du Printemps de Bourges, le off des Trans Musicales de Rennes. On a aussi ouvert pour Kagoule et Dilly Dally à Paris. Et il y a eu le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, qui fut une date assez incroyable également.
Vous avez enregistré combien de disques avant cet album ?
Alice : Un EP en 2017 et un album en 2018 (Sorry, not sorry)
Comment êtes-vous arrivés sur Tadam Records ?
Alice : Yann Landry, fondateur du label et attaché de presse (La tête de l’Artiste) nous suit d’un œil depuis nos débuts. Le soutien du groupe Steve Amber, déjà présent chez Tadam Records, a fait le reste
Qu’est-ce que cela fait d’être le seul groupe entièrement féminin sur ce label ?
Alice : Justement, rien de spécial, dans le sens où il y a un tel respect en interne qu’on n’est pas renvoyées à notre genre en permanence, ce qui permet de se concentrer sur l’essentiel. Je pense que cela est rendu possible par le fait que les membres sont profondément et réellement préoccupés d’égalité et sensibilisés à ces enjeux, il y a un socle humaniste commun. On sent que tout le monde fait un effort conscient et volontaire pour se respecter, s’écouter, être bienveillant. Nous ne sommes pas toujours tous d’accord, mais jamais je ne constate de marques de mépris, d’humour déplacé ou quoi que ce soit de ce genre. De toute façon, si l’investissement dans cette cause était artificiel, l’aventure n’aurait pas tenu deux mois.
Cela dit, je ne vous cache pas qu’on aimerait voir d’autres artistes féminines rejoindre le label, à long terme.
Pourquoi ce label ?
Alice : Pour le défi d’instiller des valeurs saines dans une industrie rongée par le sexisme et le consumérisme culturel. Pour la volonté de faire émerger des artistes indé bourrés de talent qui ont un propos.
Vous êtes fan des artistes dessus ?
Alice : Je trouve chaque projet tout à fait intéressant, oui. Je suis fan de certains morceaux. Et je suis fan des humains qui portent ces projets.
Vous sortez un album « Parasite » : il a été fait où, avec qui et quand ?
Alice : L’album a été enregistré dans notre home studio, chez nous dans le Perche, du côté de Nogent-le-Rotrou. MC, notre batteuse multi-casquettes, a assuré la prise de son et le mixage de l’album. Notre ami Laurent de Soras l’a masterisé. Nous avons tout enregistré live – sauf les voix – entre juin 2020 et février 2021.
MC : On a pris beaucoup de temps pour choisir ce qu’on voulait (le son, qui mixe etc). On a même échangé grâce à Alice avec les grands ingé de la scène 90e tel Brad Wood (Placebo), Wharton Tiers (Sonic Youth) ou Paul Kolderie (Hole, Radiohead, Pixies).
Finalement, la décision d’enregistrer live nous a apparu essentielle pour que notre musique vive le plus possible.
Pourquoi ce titre ?
MC : Le terme de Parasite résume bien le rapport que l’on peut avoir aux choses et aux êtres humains. On peut se sentir parasité (le travail, la politique, l’amour, le numérique) mais il ne faut pas oublier que l’on est nous-même un parasite pour les autres et la nature. Ce va et vient entre l’hôte et le parasite est un très bon fil conducteur de notre album.
Pourriez-vous décrire le disque ?
Alice : Musicalement, ce disque s’inscrit dans la tradition grunge de la scène 90s à Seattle. Mais certains titres s’en détachent, comme Pause Féminine qui d’ailleurs est le seul morceau en français. Je pense que ce disque traduit nos goûts mais aussi notre liberté de ne pas s’enfermer dans un carcan.
Qui a composé et qui écrit les morceaux ?
Alice : MC et moi composons les morceaux, chacune dans son coin. Puis nous les arrangeons toutes les trois ensemble.
Les textes : d’où vient l’inspiration ? De quoi parlent-ils ?
Le deuxième album de SheWolf fait référence à la nature brute comme allégorie des relations humaines : tous les rapports y semblent violents, corrompus, réduits au combat de deux entités : le dominant et le dominé, le parasite et son hôte.
Le parasite, c’est ce pervers qui manipule sa femme jusqu’à la rendre folle, qui peu à peu la vide de sa substance et façonne son enveloppe pour mieux y déverser son mal-être (The Escape). C’est aussi ce dirigeant qui étrangle son peuple comme le liseron étouffe les roses, le privant de lumière et de nutriments, oubliant qu’il est en train de tuer ce qui le fait vivre dans une course au pouvoir aveugle et suicidaire (Monster). L’hôte, de son côté, commence toujours par croire qu’il est coupable, que c’est lui qui est mauvais, faible, qu’il perd la raison (Be happy be productive). Et à force de canaliser des névroses et des rancœurs qui ne sont pas les siennes, il devient un véritable zombie (Nothing left to say) qui n’a d’autre choix, pour se réapproprier son essence, que de renvoyer l’agressivité emmagasinée (Catherine).
Exercée ou subie, la violence se propage et passe de bourreau en victime, faisant de nos traumatismes les virus les plus partagés au monde. Continuellement, nous faisons effraction dans les corps et les esprits des autres, que nous enchaînons et auxquels nous nous enchaînons dans l’espoir vain de guérir nos blessures, de combler nos vides, de panser nos egos.
Sommes-nous condamnés à être des hôtes remplis de culpabilité ?
Sommes-nous condamnés à être des parasites dénués d’empathie ?
Ce sont les questions qui hantent cet album.
La question un peu facile : pourquoi l’anglais ?
Alice : Parce que la culture musicale rock anglophone est ma culture de cœur. J’ai appris l’anglais grâce au rock et j’ai appris le rock en anglais. J’ai ce lien très intime avec l’anglais, noué à l’adolescence.
MC : Et il faut l’avouer (je parle pour moi), c’est beaucoup plus compliqué de composer en français.
Comment se procurer le disque ?
Le disque est en écoute sur toutes les plateformes : https://li.sten.to/shewolf
Et en vente physique sur la boutique du label : https://tadamrecords.com/boutique/s...
Quels sont vos projets ?
Alice : Reprendre les concerts et les tournées, et tourner des clips ! Passer du temps sur nos side projects également : Pavlov (projet de MC) et Sound of the Void.
Y a-t-il des concerts prévus ?
Alice : Oui ! Toutes les dates sont sur http://she-wolf.net/#concert
Que pensez-vous de la situation actuelle et de celle que nous venons de vivre avec la culture mise en silence ?
Alice : Je pense que ça a manqué à tout le monde et que ça a montré à quel point c’est crucial. C’est donc l’occasion de repartir de plus belle.
Fanny : La situation est vraiment critique pour tout le secteur culturel et nous continuons à voir les festivals s’annuler à la chaîne... La gestion de la crise de ce gouvernement montre à quel point l’art est mis de côté, est considéré comme non-essentiel alors que c’est l’essence même de nos vies humaines. Ce monde est fou mais nous résistons et luttons tous les jours pour créer des espaces de vie et de liberté bercés par la culture.
Le mot de la fin ?
Alice : Venez aux concerts !!!!
Fanny : Venez aux concerts debout !!!!!!! Supportons la culture indépendante et essentielle !
MC : Venez aux concerts debout et restons vivants ensemble !!!
Website : http://www.she-wolf.net/
Facebook : https://www.facebook.com/bandshewolf/
Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCL...
Acheter Parasite : https://tadamrecords.com/boutique/s...