(Frakture version actuelle de gauche à droite Pierre Thomas, Sergeï Papail et Pascal Perrée alias Karels - Photo Jo Pinto Maïa)
Frakture a refait son apparition en 2004. Comment cela est-il arrivé ?
En 2004, un label rennais (Westsound Music Ndlr ) nous a contactés. Il souhaitait sortir une compilation avec tous les inédits de Frakture. Il voulait également que ce disque soit accompagné d’un retour sur scène avec tous ces anciens morceaux. J’étais plutôt content de la réédition mais plus mitigé sur la scène. Je ne voulais pas faire de Revival et surtout n’avais plus le feeling pour les rejouer à nouveau après tant d’années. L’album « Check Point » est donc sorti après un gros travail de remasterisation par un de mes amis, Jean-Luc Vilgicquel, l’ancien guitariste d’Evening Legions (aujourd’hui décédé). Puis nous avons quand même essayé de répéter pour un éventuel concert, avec tous les membres de Frakture, Jacques Duval, Philippe Rerolle et Karels. Mais ça ne le faisait pas. Je n’avais pas l’intention de reformer Frakture de cette manière.
Et là arrive Ert (ancien chanteur d’End of Data, autre groupe rennais de la grande époque Ndlr ).
Oui un peu par hasard. J’avais lancé un Post sur Myspace disant que nous recherchions éventuellement un clavier. Ert m’a répondu presque immédiatement. Je ne m’y attendais pas, surtout lui. Je connaissais Ert, un artiste de talent. Donc tout de suite il s’est passé plein de choses dans ma tête. Une sorte d’électrochoc dont j’avais certainement besoin.
(Frakture en 2010, de gauche à droite Karels, Sergeï Papail, Philippe Rérolle et Ert - Photo Richard Dumas)
Il a amené l’électronique dans le groupe ?
Oui mais pas seulement. Ert avait été chanteur dans un groupe phare rennais End of Data. Donc je savais qu’il donnerait une autre dimension au groupe. Passionné de musicologie, il arrivait avec une grande connaissance des harmonies, associée à une passion des nouvelles technologies. En plus, il apporterait une voix dans Frakture, des talents d’improvisation et de composition, et sa maîtrise du studio. Quelqu’un qui est capable de faire sonner une seule note et de lui donner une dimension. C’est lui qui a contribué à façonner le nouvel univers du groupe.
Et là pendant six ans vous allez répéter.
Oui, et enregistrer assez rapidement un titre, « Boy » pour un double Tribute des Dogs, sorti en 2006. Avec une cinquantaine de groupes internationaux, US, japonais, australiens, etc. Un super moment où l’espace d’un instant nous avons retrouvé nos racines Punk car nous avons interprété le morceau de cette manière. Mais nous avons réellement répété et composé pour Frakture à partir de 2006, sans faire de concerts. Nous ne voulions pas faire les choses au hasard, n’étions pas prêts, et attendions une opportunité. Nos premières empreintes ont été le clip « Auskinder » en 2010, et l’enregistrement d’une double Anthologie « 30 » avec une face Frakture, et l’autre consacrée à Sergeï Papail and the Scarlet Empresses (SPSE). Le label parisien « Brouillard Définitif » voulait faire quelque chose avec nous. Nous avons donc signé pour ce double recueil. Mais comme Check Point reprenait l’intégralité des inédits de Frakture, il fallait donc proposer autre chose, décrire nos différents univers. Nous avons donc enregistré quatre anciens morceaux de Frakture et quatre nouveaux dont « Auskinder » ; un morceau à trois voix, « Burning Rain » avec Ert, Philippe Pascal et moi ; et un morceau de transition avec la partie SPSE, une reprise de « Silent World » de Marquis de Sade, voix, électro et guitare, produit par un ami artiste, DC Shell, qui avait aussi réalisé tout le Art Work de l’album. C’est lui qui a donné une nouvelle image visuelle du groupe.
Un hommage à Philippe Pascal ?
Oui, mais aussi un témoignage d’amitié que je voulais partager avec lui. Quant au choix de « Silent World », c’est un morceau qui provoque chez moi beaucoup d’émotion et qui sera certainement le dernier que j’écouterai, avec « Conrad Veidt ». Je n’ai jamais joué « Silent World » avec Marquis de Sade, à mon grand désespoir. Il illustre bien tout le ressenti que je peux avoir après avoir quitté le groupe.
Tu es quand même remonté sur scène en 2008 ?
Effectivement. Jean-François Sanz (responsable du mécénat culturel chez Agnès B Ndlr ), était venu faire un reportage à Rennes pour son film « Des Jeunes Gens Mödernes ». A la fin de mon interview, il m’a demandé si ça me branchait de faire quelque chose, à Paris, aux Bains Douches à l’occasion du vernissage de l’exposition éponyme. Je n’étais pas suffisamment prêt pour faire quelque chose en groupe. Alors je lui ai proposé de venir chanter une chanson de Marlène Dietrich, « In den Kaserrnen » (qui figure sur l’anthologie « 30 »/Brouillard Définitif).
(Pochette de la compilation anthologie "30" / Brouillard défintif - Droit réservé)
Nous avons donc travaillé une version très moderne avec DC Shell. Et nous nous sommes retrouvés tous les deux à jouer ce petit morceau d’histoire (que je jouais déjà en 1981) sur la scène des Bains Douches pleins à craquer. J’ai rencontré et discuté avec avec un tas de gens et j’ai pu me rendre compte à quel point le rock rennais était encore présent dans les esprits. Je me souviens par exemple de cette discussion avec Nicolas Villebrun, le guitariste de Poni Hoax avec qui nous avons parlé de Marquis de Sade (Poni Hoax venait d’enregistrer une reprise de MDS, « Wanda’s loving boy »).
Vous allez donc revenir sur scène avec un concert à l’Ubu, à Rennes, en 2011 ?
Oui, un moment très important. Ce concert a d’ailleurs été celui de notre vrai retour sur scène, avec nos nouvelles compositions. Quand nous sommes montés sur scène nous avons ressenti que nous n’avions pas été oubliés. Que le public nous attendait. Dans le même temps, alors que les autres groupes de la soirée ont joué leur ancien répertoire, nous, nous nous sommes limités à deux anciennes reprises (« Problems » des Pistols et « Teenage Kicks » des Undertones avec Dominic Sonic en guest) pendant les rappels. Donc ce concert était un peu un test. Il nous permettait d’évaluer les réactions du public devant des titres entièrement nouveaux, 30 ans après. Et le public a suivi. Çà nous a conforté dans l’idée que nous pouvions encore parcourir un bout de chemin, que nous existions toujours.
(Frakture en concert à l’Ubu en 2011 - Photo Renper)
A partir de cette période vous allez ressortir des titres accompagnés de clips
Oui car la meilleure visibilité pour un groupe est d’accompagner les titres avec un visuel. C’est incontournable aujourd’hui. Mais nous ne voulions pas faire de l’image pour de l’image. Nous en avons discuté avec Jo Pinto Maia. Jo est un artiste rennais qui connaît très bien la scène rennaise et a tourné pour les groupes les plus exposés de cette scène. C’est aussi un réalisateur engagé qui ne tolère pas la demi-mesure ou l’à peu près. Tourner avec lui, c’est passer beaucoup de temps à discuter des thèmes, des ambiances, des mots, des univers. Rien n’est laissé au hasard et la plus discrète de ses images a une signification. Nous avons tourné presque coup sur coup deux titres avec lui, « Story of a bad shout » et « Eis und Nebel ». (et le dernier en 2016 « Y »).
Pendant les 20 ans où tu es resté dans l’ombre, t’es-tu intéressé à la scène rennaise ?
Pas du tout, mais alors rien ! J’ai juste prêté une oreille à la carrière de Marc Seberg et après, le groupe Philippe Pascale.
Puis tu vas organiser une soirée pour « Des Jeunes Gens Mödernes » à Rennes, à l’Ubu, en 2015 ?
Ce concert restera gravé dans ma mémoire. Jean-François Sanz avait décidé de promouvoir son film en France, et Rennes devait être une date exceptionnelle. Il m’a donc contacté en me demandant de construire sur-mesure un set à cette occasion, en collaboration avec Jean-Louis Brossard (le patron des Transmusicales de Rennes). Deux groupes étaient invités, Paris (Nicolas Ker) et Violence Conjugale. Restait à « inventer » un groupe qui réunirait un maximum d’artistes rennais « du cru ». J’ai donc appelé ça Dantzig, en référence évidemment au premier album de Marquis de Sade. Dantzig était un groupe à géométrie variable qui permettait au cours d’un même set de faire entrer et sortir différents artistes de cette époque. Nous avons joué des titres d’époque de Frakture, End of Data, Sergeï Papail (SPSE) et un de Marquis de Sade. La structure rythmique était assurée par Frakture (Karels, Pierre Thomas, Ert et moi) et j’ai contacté Daniel Paboeuf (saxo de Marquis de Sade), Dominic Sonic, mais aussi le photographe Richard Dumas à la guitare sur un titre de Lou Reed. Et surtout Philippe Pascal, qui a accepté de remonter sur scène pour rejouer avec moi, « Conrad Veidt ». Je ne m’y attendais pas car je pensais que Philippe avait tiré un trait définitif sur Marquis de Sade. Ce fut donc un grand moment pour moi, de se retrouver à quatre anciens Marquis sur scène près de 35 ans plus tard, sur une version de « Conrad Veidt » fidèle à l’origine. Dommage que Frank Darcel n’était pas là avec nous...
https://www.youtube.com/watch?v=qS4wqoRZtdw
N’as-tu pas pensé à remonter un groupe avec Philippe Pascal ?
J’aimerais bien refaire quelque chose avec lui. Mais je ne sais pas si ce serait un groupe. J’aimerais davantage faire quelque chose au caractère éphémère, une sorte d’empreinte artistique commune avec quelques titres, sur un EP par exemple. En totale liberté partagée d’un côté comme de l’autre. Avec les musiciens que nous aimons. J’ai plein d’idées de titres autour de ça. Peut-être un jour... Mais j’y pense souvent.
Ert est parti en 2014 ?
Oui. Je pense qu’il ressentait une sorte de lassitude. J’ai vraiment eu du mal à faire mon deuil après ce départ. C’est quelqu’un que j’apprécie énormément pour son professionnalisme, son talent et sa créativité. C’est en grande partie grâce à lui que Frakture s’est repositionné sur la scène rennaise. Il a beaucoup compté pour le groupe et fait aujourd’hui partie pleinement de son histoire.
Le batteur est parti lui aussi ?
Nous nous en sommes séparé car, pour moi, il ne correspondait plus à la nouvelle image que nous voulions donner. Nous avons donc demandé à Pierre Thomas (ex-Marquis de Sade/Marc Seberg) de rejoindre le groupe.
(Pierre Thomas en studio à Balloon Farm - Droit réservé)
Tu avais joué avec lui ?
Je crois que j’avais répété avec lui dans Marc Seberg mais je ne m’en souviens plus. Depuis pas mal de temps nous parlions de lui avec Karels mais nous ne savions pas s’il voulait reprendre la musique. C’est Jo Pinto Maia qui a fait en sorte que nous nous rencontrions. Et Pierre est rentré dans Frakture très rapidement.
C’est un super batteur !
C’est un super batteur ! Mais ce qui est incroyable c’est que, d’habitude, dans un groupe, il y a moins de communication avec les batteurs, qui sont souvent cantonnés à la section rythmique. Pierre c’est tout le contraire. Il est très investi et très ouvert. Il donne son avis sur les textes, les mélodies, le concept. Il a acquis une grande expérience avec Marc Seberg et ça transpire dans Frakture. C’est un batteur hyper puissant avec un jeu relativement retenu, mais hyper carré. On travaille avec lui de manière sereine ! Et puis, la nouvelle musique de Frakture lui va très bien !!
Votre son a changé : il y a une énorme puissance dans la rythmique que vous n’aviez pas avant. C’est puissant et tendu, vous avez pris une autre dimension.
Deux raisons à cela. D’abord parce qu’à trois, l’approche artistique est différente. Personne ne peut se « cacher » derrière l’autre. La mise en place doit être millimétrée. La basse doit toujours être en phase avec la batterie. C’est ce qui donne la puissance au groupe. La seconde raison est le choix artistique. Dans Frakture, nous sommes toujours en recherche de respirations musicales afin de ne pas faire du trio, un groupe de rock classique. Donc l’assise est toujours très présente ce qui permet à la guitare de se placer ou de se déplacer en fonction des tonalités et des ambiances, de jouer sur les sons, de provoquer des ruptures. Karels est parfait dans cet exercice.
(Karels en concert à l’Ubu en 2011 - Photo Renper)
Ce qui fait que vous avez un son qui est devenu très post américain où la rythmique est très en avant, sans une mise en avant de la mélodie : on n’est plus dans le rock classique. Le Frakture de 2017 est très différent de celui de 1980 ?
Sur le plan musical oui. La musique est aujourd’hui plus « simple ». Pour schématiser, la musique de Frakture en 1980 était traversée par les formes d’angoisses et de schizophrénie liées au contexte de la Guerre froide et des deux grands blocs Est/Ouest. Nous la traduisions avec des accents musicaux plus mécaniques. Même si je considère que le monde n’a pas changé, nous avons cependant une autre perception de ce qui nous entoure. Ce qui nous conduit à transcrire la musique différemment. Les textes sont très différents, les mélodies aussi. C’est donc aujourd’hui un parti pris de privilégier ces deux aspects.
https://www.youtube.com/watch?v=WOWIhy1dvJk
Tu as conscience que cette scène rennaise a fourni beaucoup de choses à la musique, et vous revenez tous sans nostalgie ?
Dire que nous n’avons aucune nostalgie serait faux. Mais nous n’allons pas passer notre vie (déjà bien entamée…) à feuilleter des albums photos. Je préfère penser que cette musique nous a nourris peut-être différemment, et qu’elle nous donne aujourd’hui des clés pour aller vers autre chose.
Vous avez sorti un maxi 45t l’année dernière, « Y », qui est vraiment impressionnant
Depuis la nouvelle configuration à trois, qui marquait un nouveau tournant dans l’histoire de Frakture, nous voulions graver cette nouvelle empreinte. Nous n’avions pas d’échéance précise et attendions de réfléchir sur une sélection de 4 titres qui illustrait bien cette nouvelle formation. Et « Y » est le reflet de notre nouvel univers. Sobre et torturé à la fois. Plus mélodique, mélancolique, et brutal.
(Pochette du Maxi 45 t "Y" - Photo Richard Dumas)
Comment cela s’est-il passé ?
Les choses se sont précipitées lorsque Vincent, le boss de Balloon Farm studio à Rennes, est venu nous voir un soir après une répétition en nous disant qu’il aimerait faire quelque chose avec nous, qu’il trouvait la nouvelle mouture de Frakture efficace et puissante. C’est de là que tout est parti. Nous avons très vite programmé des séances de studio sans réellement penser au contenu, qui comprenait encore beaucoup de titres que nous faisions lorsque Ert était avec nous, et qui avaient été revisités en trio. Or nous voulions quelque chose de neuf. Le morceau « Y » était déjà en gestation, et « Flies » un peu plus abouti mais sans les textes. Ensuite tout est allé très vite, et le EP a mûri avec une approche très teintée par les événements dramatiques à Paris, la mort de Bowie, ou encore les événements en Syrie.
Et alors ?
A quatre jours de la première séance studio nous ne savions toujours pas quel quatrième titre nous allions enregistrer ! Nous avons composé « Face contre mer » en une soirée et le texte a été écrit le lendemain… Ce qui explique la partie centrale du morceau un peu « remplissage » avec une sorte de solo, qui aurait méritée, avec du recul, d’être plus pertinente. Ce morceau est donc une sorte de symbole qui est venu se graver naturellement. Et nous nous sommes dits qu’il fallait aussi cette urgence pour lancer la nouvelle machine. C’est la raison pour laquelle le EP « Y » est un disque simple, sans arrangements et sans fioritures, et qui a été remarquablement produit par Vincent qui, avec peu d’’ingrédients, a réussi à tirer la quintessence d’un trio.
Le clip est superbe : sobre et efficace !
Dans le même temps, nous avons réfléchi sur ce clip qui devait obligatoirement accompagner la sortie du disque. Jo Pinto Maia attendait notre feu vert pour un nouveau tournage. Unanimement nous avons choisi « Y » qui reflétait bien notre état d’esprit. Mais qui donnait aussi une traduction un peu brutale de nos sentiments après les événements tragiques de 2015, notamment du Bataclan. J’ai longuement discuté avec Jo, qui ne voulait pas, et nous partagions son avis, traduire ce morceau par une image caricaturale, simpliste ou voyeuriste. Une fois de plus, Jo, qui connaît parfaitement notre univers, a réussi, avec des images très minimalistes, sobres et sombres, à poser le morceau dans un environnement que chacun peut interpréter comme il veut.
Et pour la pochette ?
Cette sobriété et cette tension, on la retrouve aussi sur la pochette qui a été réalisée par notre ami Richard Dumas. Saturations des noirs, regards figés, postures rigides, une main crispée comme celle de l’Enfant à la grenade de Diane Arbus… Comme Jo Pinto Maia, Richard connaît très bien notre univers. En plus, nous considérons cette photo comme un moment d’amitié, car c’est lui qui avait fait la photo de notre 45t en 1980. Son premier cover d’ailleurs…
Vous enregistrez actuellement un album. Il va être comment ?
A peine le EP sorti, nous avons commencé à travailler sur un album dont la sortie pourrait coïncider avec le 40eanniversaire de Frakture, cette année. Sur cet album nous nous donnons davantage de liberté dans le choix des morceaux, que nous enregistrons au fur et à mesure. Des morceaux avec toujours la même assise rythmique, puissante, mais aussi plus mélodiques, voire plus mélancoliques, plus « dark pop » aussi puisque c’est comme cela que l’on nous identifie aujourd’hui... L’idée est de prendre du recul sur les compositions, mais pas trop non plus au risque de casser la spontanéité. Ce que l’on souhaite est d’avoir une plus grande marge de liberté, toujours dans l’esprit du trio, mais en insistant davantage cette fois sur les arrangements, les sons, les couleurs. S’offrir aussi quelques dérogations au trio en invitant des amis à partager ce nouvel univers avec nous sur quelques titres. Et il y en aura. Avec aussi ma fille Marleen, qui était déjà à mes côtés sur le EP, et qui apportera à nouveau cette petite touche féminine très soft sur certains titres. Donc, une sorte de feuille blanche très excitante qui devrait aboutir naturellement à l’image que nous voulons donner aujourd’hui au groupe. Nous voulons également renouer avec des textes en français que nous délaissions souvent par pudeur ou difficulté. L’album devrait sortir en fin d’année pour maintenir une cohérence avec notre objectif, mais aussi pour maintenir un cap dans la création et éviter que des morceaux déjà enregistrés ne se retrouvent étouffés par de nouvelles idées.
On peut imaginer une soirée avec tous les musiciens qui ont joué dans Frakture ?
Non je ne crois pas… Mais en inviter certains, oui.
On arrive au bout de ce parcours, que regard tu as sur celui-ci ?
C’est compliqué. J’ai eu de la chance d’être à Rennes au bon moment. Mais je me sens également très frustré de ne pas être allé au bout de quelque chose. Dans le même temps, j’ai côtoyé des univers différents, rencontré des gens exceptionnels, vécu des moments que je n’aurais jamais imaginé quand j’étais gosse et quand j’ai commencé à faire de la musique.
(Sergeï Papail en concert à l’Ubu en 2011 - Photo Renper)
Mais vous êtes toujours d’actualité aujourd’hui ?
Oui, grâce notamment à des gens comme vous. Et quand vous voyez arriver un gamin de 20 ans, comme ça nous est arrivé récemment après un concert, nous demandant de lui dédicacer nos disques, je me dis que ce n’est pas fini...
La musique t’a ouvert à plein de choses ?
La musique ouvre l’esprit, rend libre. La création en général d’ailleurs. Elle évite de figer de petites cases dans le cerveau qui pourrait donner l’impression qu’avec elles, la vie est plus facile. Jour et nuit, la création donne de la connexion permanente : sur sa propre existence, la raison d’être, l’amour. Tout ce qui donne un sens à la réflexion, à la vie, à la liberté. Au plaisir aussi. Çà peut être parfois douloureux, mais s’il existe une autre vie après, je recommencerai.
Enfin notre dernière question habituelle : quel disque ou quelle musique donnerais-tu à des enfants pour leur faire découvrir la musique ?
Aucune. Il faut laisser les choses venir, ne pas leur imposer quoi que ce soit. On ne m’a jamais rien imposé. Si ça doit se faire c’est la musique qui viendra vers eux.
https://www.facebook.com/Frakture-the-band