Yann Le Ker
(Ex Modern Guy et Edith Nylon) guitariste du groupe GYP, en concert au petit Bain le 17 Février dans le cadre du festival How to Love / Frenchy But Chic et guitariste du groupe hommage à Daniel Darc.
En 77/78 le rose bonbon était le club ou jouaient tous les nouveaux groupes de la scène Parisienne, mais c’était aussi le lieu où l’on trainait entre les concerts. Modern Guy, Artefact, Suicide Roméo etc… et bien sûr Taxi girl et c’est donc là que nous sous sommes rencontrés et sommes devenu amis. A l’origine avec Guillaume Serp nous avions écrit les premiers morceaux de Modern Guy et les textes étaient en Anglais et c’est suite a une discussion de backstage au rose, sur le rock et l’importance des paroles que Daniel nous a convaincu de changer pour le français, ce qui pour Guillaume a été un très bon choix.
On partageait souvent les mêmes scènes et j’ai un souvenir marquant d’un plateau commun à Beauvais je crois, avec Suicide Roméo, Modern Guy et Taxi girl. Taxi girl ouvrait la soirée et était accompagné par un roadie/garde du corps du nom de Fifi un Hells à la stature impressionnante. Le premier rang du public était composé d’une bande d’excités passablement bourrés à la bière et qui ont commencés à s’en prendre à Daniel dès que Taxi girl a mis le pied sur scène. Après quelques chansons passées à essayer de se débarrasser de la bande d’abrutis qui s’accrochaient et secouaient son pied de micro, Daniel a régler le problème d’un coup de pompe dans la tête du plus énervé. Résultat fin du concert et bagarre générale entre les groupes du plateau et une partie du public avec heureusement Fifi en arbitre essayant d’éviter les débordements du style essayer de régler le conflit à coup de hache à incendie…
Fontaine Wallace
Nicolas Fz, ancien chanteur du groupe Superflu, aujourd’hui chanteur du groupe Fontaine Wallace
Daniel,
Je voulais te remercier au nom d’un étudiant intimidé, venu te parler à la fin d’un concert acoustique que tu avais donné à la FNAC de Lille. C’était pour la sortie de ton album « Nijinsky » en 94 ou 95.Tu avais accepté avec une infinie gentillesse la cassette de chansons maladroites qui t’étais alors donnée.
Quelques années plus tard, nous nous sommes recroisés à Paris et - contre toute attente - tu te souvenais de notre première rencontre. Et c’était bizarre mais touchant de recevoir de toi un baiser affectueux. A la fois un baiser d’enfant et de vieux junkie.
Juste deux moments très courts mais que je n’ai pas oubliés. Et j’aurais aimé te croiser encore.
A mon tour, je t’embrasse.
Jean Felzine
Chanteur du groupe Mustang et moitié du duo qu’il forme avec Jo Weddin. En concert le 16 septembre au Petit Bain pour le festival How to Love / Frenchy But Chic et sur scène pour l’hommage à Daniel Darc le 17 Février
J’ai rencontré Daniel Darc en 2009, à l’occasion d’un interview croisée proposée par la revue Magic, à l’occasion de la sortie du premier album de Mustang. J’aimais beaucoup Crève-Coeur sorti quelques années plus tôt, mais je ne connaissais rien de Taxi Girl, hormis le fameux Chercher le Garçon, souvenir de soirées années 80 pourries en boîtes de nuit à Clermont.
Je crois que l’idée de Franck Vergeade de Magic était de confronter deux générations fascinées par le rock and roll (et celui des années 50 en particulier), chacune tentant de se servir de cet héritage pour fabriquer une musique pop « moderne » (slogan du magazine), francophone et fière de l’être.
J’étais pour ma part surtout content de parler avec lui d’Elvis, une passion commune sur laquelle on était tous les deux intarissables. Le mec était vif, franchement marrant et charmeur, je pense que tous ceux qui l’ont rencontré diront la même chose. Il était aussi beaucoup plus cultivé que moi et je n’ai pas toujours été à la hauteur de l’échange. Sans surprise, sa chanson préférée de notre album était Maman Chérie, la plus « chanson » justement. Sa propre mère a téléphoné plusieurs fois pendant l’interview…
Il m’a évidemment demandé hors magnéto quelles drogues je préférais et prodigué quelques conseils, puis Richard Dumas a pris de belles photos de nous deux, dont une que j’ai fait encadrer pour chez moi.
Par la suite, je l’ai recroisé une ou deux fois, en vitesse ; on ne peut pas dire que je l’ai connu, mais j’ai été triste d’apprendre sa mort. Il avait développé un style d’écriture à l’économie qui est trop rare dans ce pays, ou trop rarement maîtrisé : ses vers les plus simples prenaient une force particulière et vous touchaient comme un uppercut, comme des mots du fond des âges. Je sors d’une projo du film sur les Stooges (ils les aimait beaucoup aussi), qui n’est pas terrible, mais Iggy Pop dedans parle de sa volonté de faire des chansons de 25 mots pour un impact maximal. C’était l’école de Daniel Darc je crois, ainsi que la mienne.
Matthieu Malon
Présent sur scène pour l’hommage à Daniel Darc le 17 Février au Petit Bain dans le cadre du festival How to Love / Frenchy But Chic
Je crois que j’ai toujours chanté « cherchez le garçon ». Avant de connaitre l’existence de Daniel Darc, je connaissais déjà sans le savoir une de ses chansons. Ça doit sans doute venir de la radio dans la voiture de mes parents, quand j’étais petit.
Quelques années plus tard j’ai beaucoup écouté Taxi Girl et au fil du temps les chansons du groupe sont devenues des références pour moi. Une façon de raconter les choses à contrecourant de la variété française. Avant Diabologum, avant Dominique A, peu de groupes savaient être rock en langue française. J’étais fasciné aussi par la voix de Daniel et tout ça m’a beaucoup influencé et m’a sans aucun doute aidé quand je me suis décidé à écrire pour la première fois dans ma langue maternelle en 1997.
En 2001, j’ai voulu reprendre « Les jours sont bien trop longs » de Taxi Girl en concert. J’imaginais même enregistrer un jour la version pour mon 2e album et j’avais fait passer une copie de la reprise à Daniel via un ami commun. Pas de nouvelles. Et puis quelques années plus tard, j’ai croisé Daniel à un concert au Nouveau Casino à Paris, j’ai été très surpris, il m’a reconnu et il est venu me voir, m’a pris dans ses bras et m’a serré très fort. Je n’en revenais pas, il semblait donner tellement dans ce geste si simple, c’était très émouvant. Nous avons échangé très peu de mots et il est parti.
Après sa mort, j’ai su par un de ses proches qu’il avait beaucoup aimé ma reprise et qu’il appréciait mon premier album en français, sorti en 2000. J’y pense toujours avec beaucoup d’émotion et de fierté.
Lafayette
Chanteur de GYP, en concert avec le groupe le 17 Février au Petit Bain dans le cadre du festival How to love / Frenchy But Chic.
« Tu le dit pas à Patrick ! tu promets hein ! », le regard en coin, les épaules voutées. Voilà c’était Daniel. Cette vieille concurrence avec Patrick Eudeline qui s’exprimait toujours dans cette phrase lancée comme une interjection Chacun des deux se tirant la bourre mais ce n’était que du cabotinage où se mêlait petite jalousie et admiration mutuelle.
J’ai rencontré pour la première fois Daniel dans un appartement de la rue Chaptal où habitait Raphaëlle une ex de Patrick. C’était en 95 et Nijinsky était sorti un an auparavant. Daniel ne faisait plus de scène à l’époque. Enfin si, avec Patrick justement, en deuxième partie de concert, sur des play back que ce dernier lui avait concocté. Il faisait alors du talk over, ça allait à des écrits d’Artaud en passant par des extraits de roman de la beat génération. Je jouais de la basse et de la guitare sur deux morceaux de Patrick. Daniel restait dans les loges avec Myriam avec laquelle il vivait une histoire d’amour à cette époque avant que celle-ci ne nous rejoigne sur scène pour les trois dernières chansons. Puis Daniel arrivait quelque fois claudiquant avec un livre à la main ou juste il improvisait. Ca pouvait être à la fois drôle pathétique ou brillant suivant l’humeur. Le New Moon, Lille, et puis d’autres. On a bien ri, on a bien bu, l’insouciance partagée avant que nos quatre chemins se séparent. Dommage j’aurais bien continué, quitte à me bruler les ailes. Ensuite le business a repris ces droits et comme d’habitude n’a fait que polluer des relations qui n’auraient jamais dû se dénouer.
Seuls peut-être encore aujourd’hui Georges Betzounis son guitariste sur Nijnski et Marc Dufaud peuvent témoigner de ce que Daniel était vraiment.
Jean François Jacq
Écrivain et biographe, il fera paraitre une biographie de Ian Dury en Mai 2017 aux éditions Ring
De Daniel Darc, je me souviens, je me rappelle… c’était le 29 juin 2005. La première fois que nous nous sommes croisés. La date est facile à retenir, Jad Wio se produisait ce soir-là à la Maroquinerie. Ces jours de juin étaient des plus étranges… je me rendais à ce concert afin d’y retrouver mon ami Olive, qui venait d’enflammer les planches du Point Éphémère, le 20 juin, précisément, lors du concert de reformation de Lili Drop. Et entre ces deux dates, le 27 juin, je m’étais pris dans la gueule le plus beau des concerts de Daniel, le 27 juin, au 1er étage de la Tour Eiffel… auquel Olive aurait dû participer, pour un duo, mais bon… cela ne s’est pas fait… et quelle importance ? C’est fou cette distance entre les deux hommes… qui se sont forcément, fatalement côtoyés tout du long de la décennie 1980… pour des histoires et en des lieux où il fut certainement question de dopes. Croiser Daniel, c’était, ce fut… comment dire… comme un aboutissement à une sorte d’infiniment longue conversation secrète entretenue à travers textes avec l’artiste. Il m’importe de dire, en filigrane, ô combien je me retrouvais abondamment à travers ses textes… son attitude… à la différence près que je suis toujours resté loin - par quel miracle ? -, sinon pour y goûter, de la plupart des drogues… et ce qui devait arriver un jour… croiser le chemin de Daniel… nous étions tous deux côtes à côte, nous apprêtant à monter la longue rue de Ménilmontant afin de nous rendre à la Maroquinerie. Et nous l’avons monté d’un pas lent, du même pas, sans que l’un ou l’autre ne prenne de la distance, nous étions dans le même pas, le même temps, curieusement empêtré dans la même sorte de fragilité, de pudeur désarmante… marmonnant de-ci de-là des noms d’autres artistes, comme pour nous libérer de ce qui nous entourait et prolonger ce moment étrange… nous montions si lentement… arrivé à la Maroquinerie, nous primes le temps d’un verre, attablé tous deux, face à face, quelque chose de brisé et d’infiniment beau & douloureux l’un et l’autre… un moment à l’issue duquel je n’osais le déranger, plus… ce qui est curieux, avec du recul, c’est… de ne pas arriver à me souvenir de ce dont nous avons pu parler… pas un mot ne semble s’échapper de ce moment qui restera à tout jamais unique. Je ne me souviens que des attitudes… du dos vouté de Daniel… tout comme le mien… de son filet de voix nécessitant que l’on se penche pour tout bien entendre… il fallait être là, il fallait être avec lui pour saisir le moment… c’était aussi cela le sens inné de sa pudeur. Je me souviens, je me rappelle… ces temps, ces lieux si chers à mon cœur.
Concert hommage à Daniel Darc le vendredi 17 Février 2017 au Petit Bain dans le cadre du Festival How to Love / Frenchy But Chic au Petit Bain