Martin Kubasik : Mode d’emploi pour un retour dans les sixties.

mardi 21 mars 2023, par Franco Onweb

Dans le cadre de ce site, j’ai beaucoup présenté de groupes « garages » qui se référaient aux sixties. Suite à ces publications, j’ai reçu beaucoup de demandes pour comprendre et surtout pour avoir une sorte de « mode d’emploi » pour vivre cette culture.

Je me suis adressé à Martin Kubasik, qui en plus d’être musicien, est une des figures de ce milieu. Il a très gentiment accepté de nous proposer quelques « pistes » pour commencer à entrer dans ce monde qui est souvent défini par le goût et son esthétisme.

Peux-tu te présenter ?

Salut moi c’est Martin. Je suis originaire de Reims et installé à Paris depuis quelques années. Je suis bibliothécaire dans la vie et musicien amateur. Je peux jouer de plusieurs instruments, principalement de la guitare, mais aussi de la basse, du sitar et un peu de clavier. Je suis également DJ, passionné par la musique et la culture des années 60.

Crédit : Gérald Chabaud

Comment est né ta passion des années soixante ?

Je dirais que c’est arrivé à la pré-adolescence avec la découverte des Beatles. En m’intéressant aux vinyles de mon père, qui était ado dans les années 60, j’ai eu un choc en écoutant Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. J’ai commencé à m’intéresser à tous les grands groupes pop des 60’s. En creusant j’ai été marqué aussi par la découverte de la compilation Nuggets, qui rassemble des groupes psychédéliques américains ayant eu plus ou moins un succès à l’époque.

Comment se concrétise-t-elle ?

Dans la recherche constante de disques plus ou moins oubliés. Dans mon style vestimentaire, inspiré par celui des groupes. Dans l’acquisition de magazines, livres, objets et mobilier de l’époque.

Peux-tu nous décrire ta « carrière » musicale ? J

J’ai été guitariste dans trois groupes à Reims. J’ai formé un premier groupe avec des copains de lycée, Wires. On s’inspirait du rock du moment, Arctic Monkeys, Arcade Fire, Franz Ferdinand, etc… Puis j’ai eu un groupe indie pop, Judy, formé en partie avec les membres qui n’avaient pas quitté Reims pour aller étudier ailleurs. J’ai été ensuite invité en tant que deuxième guitariste à rejoindre les Volfonis, groupe powerpop à tendance sixties. C’était une formation rémoise culte que je suivais depuis mes tout premiers concerts. Je jouais avec grand plaisir sur Rickenbacker et ampli Vox AC30. À mon installation à Paris, j’ai rejoint brièvement le groupe Technicolor Noir, à la guitare 12 cordes, dans un style psyché/folk-rock. Et enfin, j’ai joué pendant 4 ans de la guitare fuzz dans les Glendas, groupe garage-punk sixties. Tous ces groupes ont été très formateurs dans ma progression à la guitare et m’ont permis de monter sur les meilleures scènes, que ce soit à Reims ou à Paris.

Crédit : Gérald Chabaud

Vis tu dans un monde « relooké » sixties ou de 2023 ?

Je vis avec mon temps. Ma garde-robe se compose essentiellement de vêtements stylisés sixties et très peu de pièces d’époque. Pour la musique aussi, je m’intéresse aux groupes actuels qui sont fortement influencés par les sonorités des sixties. Et heureusement aujourd’hui on a accès très rapidement à tous ces groupes grâce à internet, notamment sur les réseaux.

Pourquoi es-tu fasciné par les sixties ?

J’y trouve une certaine pureté. Dans la musique surtout. Les grandes productions de l’époque vieillissent très bien. Ce qui est fascinant surtout c’est qu’il y avait une évolution si rapide dans la musique pop. Après c’est toute l’esthétique qui me parle. Tout ce qui est pop. Ça me touche profondément.

Pour découvrir ton univers tu conseillerais quoi en musique ?

The American Revolution. Un groupe totalement inconnu dont l’unique album revêt une certaine nostalgie de cette époque que je n’ai pas connue. Un subtil mélange de pop baroque et psyché.

En cinéma ?

Good Morning England. Parfaite reconstitution de l’ambiance bouillonnante des sixties.

En littérature ?

Le livre de Christian-Louis Eclimont « Swinging Sixties ». Superbement illustré, sur les années pop. Je m’y plonge très régulièrement.

Pour beaucoup cet univers commence avec la mode. Comment conseillerais tu de s’habiller pour être élégant comme dans les sixties ?

Je dirais qu’il n’y a rien de plus élégant qu’un costume parfaitement taillé tout en velours, porté avec une chemise à motifs psyché et Beatle boots aux pieds.

Comment fais-tu pour t’habiller ? As-tu des adresses ?

J’aime traîner aux puces de Clignancourt. J’ai trouvé de très belles pièces au Marché Vernaison surtout. Sinon il y a des friperies parisiennes où j’ai mes habitudes. Je pense à Dynasty, Relique, Super Vintage.

Crédit : Gérald Chabaud

Quels sont les lieux pour sortir ?

Pour les concerts il y a toujours une belle programmation au Supersonic ou à L’International. Pour les DJ sets, La Mécanique Ondulatoire, où je mixe moi-même assez régulièrement.

Peux-tu nous conseiller quelques artistes ou groupes de la scène sixties ?

Je pense particulièrement au Chiffre Organ-ization, un groupe instrumental du sud de la France. J’ai rarement vu un groupe aussi représentatif du groove sixties et ce sont d’excellents musiciens. Après je ne trouve pas qu’il existe véritablement de scène sixties en France. Il y a de nombreux groupes qui sont référencés sixties mais il ne le sont pas jusqu’au bout des ongles. Je m’intéresse beaucoup aux groupes à claviers vintage, imitant le clavecin ou le mellotron. Dans le genre j’aime beaucoup Dorian Pimpernel et, découverte plus récente, Kids Return. Ces groupes ont un sens de la mélodie exceptionnel.

Pourquoi s’habiller ainsi et vivre à fond la passion sixties en 2023 ?

Je ne me rend pas bien compte puisque je baigne dedans depuis très longtemps. Mais ça reste une passion assez singulière. C’est sans doute une façon de se démarquer de vivre ainsi.

Est-ce un signe d’élégance (qui est subjective) ?

Non, l’élégance peut se trouver dans d’autres passions.

Quels sont tes projets musicaux ?

Je suis actuellement bassiste dans un projet psyché qui n’a pas vraiment de nom encore. C’est un groupe en construction. Je ne préfère pas en dire plus pour le moment.

Crédit : Gérald Chabaud

Le mot de la fin !

Je terminerai sur cette citation de Keith Richards : « Si vous vous souvenez des années 60, c’est que vous n’y étiez pas. »

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