Charlie Watts est né en 1941 et a grandi à Islington, une banlieue de Londres, entouré par un père employé des chemins de fer britannique et d’une mère à la maison. Adolescent, il découvre le jazz, qui restera sa grande passion musicale. Passionné par le rythme, il se construit lui-même une première batterie avant que ses parents ne lui en offrent une d’occasion pour ses 16 ans. Après des études dans une « Art School », il devient graphiste dans une agence de publicité. Tous les soirs il sort dans les clubs de jazz et de blues. C’est comme ça qu’il rencontre celui qui sera le « papa » des Rolling Stones, Alexis Korner et son Blues Incorporated, groupe à géométrie très variable et dont Charlie Watts sera le batteur dès 1962. Un soir de début 1963, Alexis Korner fait monter sur scène un jeune chanteur, Mick Jagger et deux de ses copains guitaristes : Keith Richards et Brian Jones. A la fin du concert Charlie Watts se voit proposer le poste de batteur dans leur groupe dès février 1963 : les Rolling Stones. Il suffira juste de trouver un bassiste, toujours grâce à Alexis Korner, Bill Wyman et un manageur aussi efficace que immoral, Andrew Loog Oldham, pour que l’histoire démarre.
Dès le début, le groupe joue un peu partout, prudent Charlie Watts préfère conserver son job de graphiste, pour payer le loyer. Il ne l’abandonnera qu’en 1965 avec les premiers succès des Stones. A partir de là, tout va s’emballer et les Rolling Stones vont devenir une machine à succès largement relayée par la presse qui ne verra en eux que des garçons odieux. Drogue, alcool, affaire de mœurs… tout y passe mais loin, très loin de Charlie Watts qui se mariera avec Shirley Ann en 1965 dont il aura une fille et avec qui il sera d’une fidélité sans faille toute sa vie, selon les témoignages.
Malgré les frasques de ses compères, Charlie Watts assure avec une efficacité incroyable sur des morceaux qui deviendront des classiques. Les Stones entre 1965 et la fin des années 70 sont au sommet. Pourtant le groupe est instable : départ et décès de Brian Jones, arrestation en cascades pour drogues pour Mick Jagger et Keith Richards… Le groupe fait alors d’énormes tournées américaines qui lui permettent de s’enrichir grâce à de confortables cachets et des ventes de disques énormes. Le groupe s’est pris en main musicalement et, depuis le renvois de Andrew Loog Oldham, se gère tout seul. Il sera avec Mick Jagger, un des principaux artisans de ce changement. Il sera de toutes les aventures du groupe avec sa discrétion … légendaire !
Son refuge, il le trouve toujours dans le jazz et le blues. Dès le début des années 70, il commence à enregistrer des disques de jazz sous son nom, mais aussi à accompagner des musiciens comme Eric Clapton ou Steve Winwood sur certains disques. Il participera aussi à des projets caritatifs avec son complice rythmique, Bill Wyman.
C’est le début des années 80 et pour les Stones, elles vont être terribles. Il y a tout d’abord cette anecdote, où durant la tournée de 1982, alors que comme d’habitude il est allé se coucher tôt, il est dérangé par le bruit de la chambre de Keith Richards. Il l’appelle pour lui demander un peu de calme et à la place, il entend « m’ennuie pas, tu n’es que mon batteur ». Cinq minutes plus tard, on tape à la porte de Keith Richards. Il ouvre et se trouve nez à nez avec Charlie Watts habillé, peigné et extrêmement calme qui lui colle son poing dans la figure avant de repartir. Selon les témoins Keith Richards se serait répandu en excuse le lendemain.
Pourtant c’est bien Keith Richards qui est le fan de Charlie Watts. Dans une émission de TV Française, il affirmera que Charlie Watts est le seul Stones qui est indispensable pour lui sur scène. Pourtant à la surprise générale, Charlie Watts sombre à son tour dans la toxicomanie dans les années 80. Keith Richards et Mick Jagger, alors plus qu’en froid, mettront leur guerre en suspens pour se précipiter à son chevet et l’aider à se soigner. Keith Richards allant même habiter dans la chambre à côté de lui dans son centre de désintoxication pour l’aider.
Les années 90 verront Bill Wyman quitter le groupe après une magnifique tournée mondiale. Charlie Watts, un temps pressenti pour être aussi démissionnaire, continue d’assurer son rôle de batteur avec un talent et une efficacité parfaite. Il continue d’enregistrer et d’apparaître sur des disques de jazz ou de blues.
Les Rolling Stones doivent reprendre la route aux USA à l’automne, première date à Saint-Louis dans le Missouri fin septembre et en Europe au printemps 2022 pour les 60 ans du groupe. Un communiqué de presse fin juillet, indiquait que Charlie Watts ne partirait pas avec le groupe en raison d’une opération qui lui demandait du repos. Son remplaçant était Steve Jordan, le batteur des différents solos de Keith Richards. On aurait dû se méfier parce que la nouvelle de son décès a déclenché des réactions dans le monde entier. Sur son compte Twitter Mick Jagger a juste posté une photo de 2010 d’un Bill Wyman souriant devant sa batterie alors que Keith Richards a juste mis une photo de la batterie de Charlie Watts avec un panneau « Closed ». C’est un membre historique des Rolling Stones et une icône qui vient de nous quitter. Il est plus probable que la tournée qui arrive lui sera dédiée et qu’il est fort probable qu’elle soit la dernière d’un des plus beaux et plus longs chapitres de l’histoire de la musique moderne.