The Red Folks ou le parcours d’un groupe folk !

lundi 7 juin 2021, par Franco Onweb

Si il existe une musique qui fait l’unanimité c’est bien la folk ! Je ne connais personne qui vous dira : « je déteste le folk », tant cette musique fait partie de nos vies depuis longtemps. Le trio The Red Folks joue cette musique en l’adaptant à sa manière : guitare, violoncelle et voix avec parfois de l’harmonium indien. Comme vous l’avez compris, le côté acoustique de la musique est capital pour ce trio.

Alors que le groupe a sorti l’année dernière son premier album « Tales & Wandering », j’avais longuement discuté à la même période avec Delphine la chanteuse de ce trio magique. Cette interview est toujours d’actualité, puisque The Red Folks a été, comme tous les groupes et artistes musicaux, totalement bloqué jusqu’à il y a peu. Voici donc l’interview d’un groupe de talent que vous allez adorer aimer et qui va reprendre la route !

Comment a commencé le groupe ?

Une première version du groupe s’est montée en 2011 quand j’ai rencontré Cyrille, le guitariste. Nous avons fait quelques concerts et quelques titres. Mais le groupe a vraiment commencé quand Maëlise, la violoncelliste, est arrivée. C’est là où nous avons vraiment commencé à travailler aux niveaux des arrangements des morceaux et que nous avons créé une vraie osmose entre nous trois ce qui nous a permis de travailler sur nos propres chansons. C’était entre 2013 et 2014.

Vous venez d’où ?

D’Ile de France, sauf la violoncelliste vient de Santec à côté de Roscoff. Elle a passé toute son enfance là-bas.

The Red Folks
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Quelles étaient vos influences à la base ?

A la base c’est la folk et pas forcément les mêmes artistes pour Cyrille et moi. Quand nous avons commencé le groupe il m’a fait découvrir Nick Drake, mais aussi des choses un peu plus jazz comme Pat Metheny ou des guitaristes de picking américains ou canadiens. Moi, je lui ai fait découvrir des artistes de Bluegrass et de folk.

Vous m’avez fait pensé à Loreena Mckennitt ou Enya avec ce côté un peu sombre de la musique celtique, du Bluegrass mais avec un côté très acoustique ?

C’est vrai que notre configuration évolue en fonction des scènes et que nous avons un percussionniste plutôt qu’un batteur. On veut garder ce côté acoustique, notamment avec le violoncelle : c’est très important pour nous.

C’était voulu à la base ?

Oui, ça nous permet de jouer partout, même si c’est compliqué parfois pour la voix.

Vous avez aussi un côté très Irlandais.

Effectivement, ça fait partie de nos influences et nos aspirations. Même si nous avons un côté lyrique, nous gardons un côté plus « roots » à jouer dans un pub, avec le public qui a une bière à la main.

Et puis vous avez un gros travail sur les voix ?

Oui c’est important pour moi : je suis chanteuse et prof de chant, donc la voix c’est un peu toute ma vie (rires). On essaye d’avoir un côté polyphonique dans nos morceaux : c’est quelque chose qui fédère beaucoup les gens. Au début, Cyrille et Maëlise ne chantaient pas beaucoup mais c’est depuis l’album qu’on a renforcé les harmonies et qu’on a donné plus d’importance au travail des voix.

Cela donne un côté festif où le public peut venir chanter avec vous.

C’est ce que nous souhaitons faire et que nous essayons de provoquer dans nos concerts. On essaye que le public participe au maximum.

Depuis 2014 qu’est-ce que vous avez fait ?

Il y a eu plusieurs étapes. Au début, il y avait une violoniste et on tournait à quatre. On a commencé dans les cafés et les bars. On fait souvent des tournées en Bretagne, dans le nord Finistère, tous les étés. On a fait aussi des tremplins. On a sorti un premier EP en 2014 mais de manière confidentielle : il n’a pas été distribué. Et puis dans un tremplin à Paris, toujours en 2014, on a rencontré Zaf Zapha qui nous a proposé de nous aider pour nos enregistrements. C’est lui a fait notre son sur l’album et qui l’a coproduit avec LaCaZa Musique. On a travaillé dessus pendant deux ans. 

Vous avez joué avec qui ?

On n’a pas eu l’occasion de faire beaucoup de Co-plateaux. C’était surtout avec la scène folk.

On a l’impression que contrairement à beaucoup vous ne faites pas du tout d’électronique et que vous cherchez vraiment à rester dans l’acoustique.

Maintenant on commence à mettre des effets sur le violoncelle. C’est intéressant. C’est une discussion permanente chez nous mais si on ne met pas beaucoup d’électro avec nous, c’est parce que nous voulons vraiment tirer le plus possible du jeu « live » et en direct. Par exemple, je joue de l’harmonium indien, qui est très acoustique. 

Votre démarche est d’aller vers un musique plus organique que énergique ?

Il y a un peu des deux. Quand on a découvert l’harmonium indien avec Cyrille et on s’est dit qu’avec les cordes cela pouvait bien se marier. Comme je suis un peu pianiste, ça m’a aidée et ça fonctionne bien. Ça a renforcé notre son.

The Red Folks en concert
Crédit : Christophe Raynaud de Lage

Vous venez de sortir votre premier album « Tales and Wanderings ». Tu le présenterais comment ?

On a mis deux ans à le faire. On l’a fait avec Zaf Zapha. La collaboration ne s’est pas faite tout de suite, on a connu plusieurs étapes. Il nous a coachés au début pour la scène. Et puis la relation aidant, nous avons appris qu’il était producteur et peu à peu, naturellement, il est devenu producteur de l’album. Par son intermédiaire, nous avons pu faire venir des musiciens qui nous ont permis d’avoir un son varié sur le disque. On a pu ainsi faire évoluer le côté très acoustique et donner une plus grande ampleur à nos morceaux.

Quels sortes de musiciens ?

On a pu avoir un batteur, un percussionniste. Comme Zaf aime beaucoup la « World Music » et qu’il voyage beaucoup, il ramène des sons incroyables.

Vous avez enregistré au studio Garage qui est plutôt connu pour faire des choses assez « rock » ?

Pas nécessairement, il fait aussi beaucoup de pop avec des groupes comme les Innocents. Il y a beaucoup de voix dans leur musique et c’est quelque chose de très important pour nous.

Mais aviez- vous besoin de tous ces musiciens ?

C’était pour aller au bout de nos arrangements.

Ce sont des instruments acoustiques pour la plupart ?

Oui, c’est une de nos principales préoccupations : rester acoustique. En plus avec Maëlise et son influence venue du classique c’était naturel pour nous, c’est dans notre ADN. On voulait aussi renforcer le côté Irlandais avec une flutiste. C’est notre côté folklorique qui est très vaste. C’est la musique que nous écoutons et Zaph nous a poussé dedans. Au début, on cherchait à garder nos arrangements à deux ou à trois et ça nous a obligé à tout retravailler pour garder ce côté plus large.

Ça vous permettait de renforcer la ligne mélodique : ce ne sont que des instruments mélodiques et la mélodie est capitale pour vous ?

Oui, la mélodie c’est vraiment ce que j’aime dans la musique, c’est pareil pour Cyrille et Maëlise ! Zaph est, lui aussi, porté dessus.

Qui compose ?

Il n’y a pas de règle mais souvent ça part d’un riff de picking de Cyrille et ensuite j’adapte le texte. On part de cet embryon et en répétant on arrange pour que cela fonctionne.

C’est toi qui écrit les textes ?

Oui,

Quelles sont tes influences ?

Alanis Morissette m’a beaucoup influencé mais aussi Damien Rice qui a des textes un peu mystérieux où on peut mettre ce qu’on veut. Sur l’album il y a un texte de William Butler Yeats qui est un peu le Shakespeare Irlandais et que j’adore.

Tu es très influencée par l’Irlande et sa culture ?

Oui, j’adore ! J’aime aussi beaucoup Léonard Cohen mais dans un style différent.

Vous jouez une musique qui peut vous faire jouer un peu partout dans le monde ?

J’aimerais bien (rires). On fait une musique qui n’est pas festive et je pense que les Irlandais nous riraient au nez si on leur disait que nous faisions de la musique irlandaise. On n’a pas beaucoup joué à l’étranger et je serai ravie de jouer en Irlande.

Ça se passe comment sur scène ?

Tout d’abord c’est ce qu’on préfère ! On est au minimum trois et on peut aller jusqu’à sept ou huit parce que nous préparons un spectacle. On a fait une résidence au Sax à Achères dans les Yvelines.

Vous avez beaucoup joué ?

Oui, on a joué dans pleins de salles et des théâtres de toutes les tailles. Une des plus belles salles que nous avons fait, c’est l’espace Saint Jo à Clamart. On a fait beaucoup de tournées en Bretagne où parfois on joue dans des églises, ce qui amène un climat particulier.

Que penses-tu de la situation que nous avons vécues et qu’on vit encore ?

C’est horrible et frustrant ! On est bloqué, on essaye de prendre du recul. Comme on a des boulots à côté, on relativise, on est patient. Mais avoir passé autant de temps sur un album, avoir tout préparé et investir pour la promotion et se retrouver bloqué, sans pouvoir jouer tout en sachant que notre meilleur vecteur de communication c’est la scène.

Vous avez pu créer pendant les confinements ?

Le premier confinement a été créatif : on a fait des reprises sur internet, comme du Nick Drake…

Quels sont vos projets ?

La création de notre spectacle « les amours fantômes » où nous sommes huit sur scène avec décors et textes. On a travaillé avec un metteur en scène, Laurent Gachet. C’est un spectacle créé autour de nos chansons et de l’album. On veut faire voyager le spectateur, l’immerger dans l’histoire, le promener dans des forêts, les pubs…

Tu ne crains pas que ce spectacle desserve votre musique, qui est très bien par elle-même ?

C’est une très bonne question au moment où tellement d’artistes transforment leurs concerts en show. Ça reste un concert dans notre cas. Le metteur en scène a fait un travail très subtil. Ce sont des lumières et des décors très sobres. L’aspect visuel compte aussi pour moi : il faut autant voir que entendre. Cela nous aide à être immergé dans la musique, même si les décors sont symboliques. On peut plus facilement emmener le public dans notre univers qui est très particulier. Mais cela ne nous empêche pas de jouer dans cafés concert à trois avec un petit ampli et à peine amplifiés. On aime beaucoup passer d’un extrême à l’autre.

Tu attends quoi de cet album ?

On attend qu’il soit écouté par le plus grand monde. Cela va nous permettre d’avoir un peu de recul, de rencontrer un nouveau public. On voulait un bel objet avec une belle pochette. Ça nous a permis de proposer notre univers sur un format assez long.

Le mot de la fin ?

Cet album nous a permis de rencontrer du monde, de prendre des contacts ….

Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’emmener vers la musique ?

C’est compliqué comme question (rires) ! Je te dirais Michael Jackson, première époque mais aussi Queen.

http://www.theredfolks.com/