Mackie : Rencontre avec un chanteur canadien parisien

mercredi 19 mai 2021, par Franco Onweb

Artiste et chanteur canadien, James D. Bryan vient de sortir une collection de chansons épatantes sous le nom de Mackie. Un mélange absolument parfait entre l’électronique et la folk-music, qui font de ce projet, une des plus grandes réussites de ce printemps. Découverts par les activistes-défricheurs de « French Fries Publishing », ces morceaux m’ont emballé. J’ai voulu en savoir plus et j’ai donc envoyé quelques questions à James pour mieux connaître cet artiste atypique qui vient de débouler, avec grand talent, dans le paysage musical. 

Peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle James. Je suis un auteur-compositeur Canadien basé à Paris. Mon signe astrologique est le bélier et j’adore le pesto fait maison. Je suis récemment devenu accro à l’eau gazeuse. C’est en train de devenir un problème.

Crédit : Alex Horn

Quel a été ton parcours musical ?

Je joue et publie de la musique depuis 2010 avec divers projets. Je fais partie d’un groupe de folk rock au Canada appelé The North Shore et j’ai fait paraître de la musique sous le nom de James D. Bryan pendant plusieurs années. J’ai également écrit des chansons et des albums pour des groupes en Suisse. Mon projet le plus récent s’appelle Mackie et c’est un mélange de folk et d’électronique avec des collages de sons et des chanteurs invités.

Comment décrirais-tu ta musique ?

Je décrirais ma musique comme réflexive. Des berceuses qui peuvent vous aider à passer la nuit

Quels sont tes principales influences ?

Ces derniers temps, mes principales influences musicales ont été Nurse With Wound, Erik Satie, Willie Dunn et la musique instrumentale Nord-Américaine. Mes colocataires Alex et Morgan écoutent beaucoup de Nirvana, de Guns and Roses et de Doom Metal. Est-ce que ça influence ma musique ou non, je ne saurais dire. Mais c’est ce que j’entends le plus en ce moment.

Quand et comment est né ce projet ?

Mackie a repris vie lorsque j’ai signé avec French Fries. Je savais que je voulais faire quelque chose de différent. J’ai fait de la musique en tant que James D. Bryan pendant 10 ans et j’ai perdu de l’intérêt pour le projet ; j’avais besoin d’une nouvelle direction. J’ai donc appris moi-même à jouer du piano (très mal), acheté une boîte à rythmes et commencé à écrire des chansons d’une manière différente.

Tu mélanges très bien de l’électronique avec de la guitare « folk », c’est assez rare, pourquoi fais-tu ce mélange ?

J’ai vécu sur la côte Nord du lac Shuswap au Canada pendant de nombreuses années. Il y avait là beaucoup de musiciens folk vivant dans les arbres avec lesquels je jouais ou que j’écoutais au moment des kitchen parties et de Hootenanny. Il y avait aussi beaucoup de chansons de John Prine, Fred Eaglesmith, Townes Van Zandt, Willie P. Bennett et Hank Williams. J’ai également vécu en Europe de façon intermittente depuis 2009. Je me suis retrouvé maintes fois à des concerts de musique électronique et des amis m’ont montré des classiques de l’électro ou de la New Wave que j’ai appréciés, sans vraiment comprendre comment ils étaient faits... Jusqu’à maintenant ?

Tu viens de sortir un nouvel album “Ancien Light”, peux-tu en parler ?

La chanson-titre Ancient Light vient d’une jam avec le groupe électro parisien KYLN où j’ai eu une expérience hors du corps. J’étais dans le centre de Paris, légèrement éméché et j’ai été submergé par la joie. Si tu m’avais dit, alors que j’étais un jeune garçon à Edmonton, au Canada, qu’un jour je jammerais en plein Paris avec un groupe d’électro, je t’aurais envoyé balader ! C’était vraiment surréaliste. Les paroles sont venues instantanément et j’ai pris ça comme un signe qu’il fallait que je continue dans cette direction. Pour le meilleur ou pour le pire, je me suis lancé dans l’écriture d’albums qui parlent de Paris.

Au cours des mois qui ont suivi, je suis sorti à Paris avec mon ami Anthony pour quelques nuits de débauche civilisée. Nous allions voir des concerts quand nous ne nous retrouvions pas tout simplement dans une belle rue à 4 heures du matin, une bière à la main. C’était tellement rafraîchissant de voir et entendre de nouvelles textures et couleurs avec lesquelles je sentais que je pouvais travailler. Puis le COVID est arrivé et je n’étais pas sûr de pouvoir continuer à écrire dans ce contexte. Alors j’ai acheté un nouveau synthé et j’ai essayé d’imaginer des nuits qui n’ont jamais eu lieu. Conduire en banlieue en écoutant FIP ou Koudlam était une image à laquelle je revenais souvent. J’ai eu l’idée de la chanson Along The Periphery et peu après, le poète Sofiane Deliere est venu chez moi et a improvisé sur la chanson Hammer and Dance en une seule prise ! C’est alors que j’ai réalisé que l’album pouvait encore fonctionner. L’intention initiale n’avait pas disparu avec la pandémie.

Il a été fait où et avec qui ?

J’ai enregistré aux studios Basement et dans mon propre home studio. Certains jours, j’allais chez Basement avec des chansons complètes ; d’autres jours, avec juste une idée vague : un sample de boîte à rythmes et une ligne de chant. Nick Buxton et moi discutions alors de ce qu’il fallait ajouter ou enlever. À partir du moment où les morceaux arrivaient chez Basement, cela devenait une expérience très collaborative. Anthony Serina a joué de la batterie sur plusieurs chansons et les a fait groover. Nicola Casanova a lui aussi joué de la batterie et fait une partie parlée sur Mein Meisterstuck. Chris Bartlett joue l’intégralité de la partie de pedal steel. Julien Gracia joue de la basse sur Along The Periphery. L’été dernier, Simona Ricco a injecté sa belle voix dans le projet, de même que Nell Wilmott, Tiffany Metivier, Liam Lunden, Lisa Fauran et Emma Damecour. Anthony et Poutch jouent des synthés sur Ancient Light. Nick Buxton joue de la basse, chante et produit l’album. Cheers et merci Nick !

Un de tes titres s’appelle “Notre Dame” : peux-tu en parler ?

La chanson elle-même a été coupée et collée à partir de beaucoup d’idées différentes. J’ai enregistré de nombreux sons de la rue, dont une chorale répétant à l’extérieur d’une église, sur mon téléphone. J’ai coupé une section d’une chanson que je n’allais pas utiliser, je l’ai d’abord ralentie, puis répétée. Je savais que je voulais planter le décor de l’album en partant d’un lieu emblématique (il s’agit du tout premier morceau de l’album). Cela me fait aussi penser à un virus bourdonnant autour d’une cathédrale.

De quoi parlent tes textes ?

Sur cet album, beaucoup de paroles sont venues rapidement, quand j’étais assis sur des bancs, que je voyageais en train ou marchais le long de la Seine en écoutant Philip Glass et The Fall. Elles sont ouvertes à l’interprétation. Vous pouvez aussi tout simplement les ignorer.

Crédit : Alex Horn

Comment cela va se passer sur scène ?

Oui, dès que possible ! J’adorerais reprendre la route, rendre visite à de vieux amis et rencontrer de nouvelles personnes. Se connecter avec une salle pleine de monde est quelque chose qui commence vraiment à me manquer. Ça fait un an que je rêve de la configuration scénique pour cet album. Ce sera un bon spectacle !

Quels ont été les principaux concerts que tu as fait ?

Le dernier spectacle que j’ai joué était le 13 mars 2020. C’était à Kamloops, au Canada, juste avant que la pandémie oblige tous les lieux à fermer. Mon groupe et moi nous sentions peu confiants quant à l’avenir mais nous avons quand même joué un set très décousu et le public était en extase ! L’énergie nous a permis de tenir bon malgré le contexte. Les concerts en Pologne et Irlande ont toujours été des moments privilégiés et j’ai hâte d’y retourner bientôt.

Quelle est ta « position » sur la scène Parisienne ?

Les premiers spectacles que j’ai donnés en France ont eu lieu avec des chanteurs francophones. J’étais honoré qu’ils me laissent jouer. Tout ce que j’ai eu la chance de faire en France découle de ces premiers concerts et je suis très reconnaissant à la scène musicale parisienne d’avoir témoigné autant de gentillesse à cet étrange Canadien Anglais (sic).

Pourquoi et comment as-tu signé sur French Fries ?

Pourquoi ? Pour la célébrité et la gloire. Pour les déjeuners enjoués et l’amitié. J’adore tous ceux qui travaillent chez Basement. Ce sont des personnes avec les pieds sur terre et un grand goût pour la musique. Et ils ne sont pas blasés. Nick a écouté ma musique à la suite d’un concert que j’ai donné avec Stephanie, sa compagne. Il m’a alors contacté ; le reste pourrait faire l’objet d’écrits pour les siècles à venir...

Quels sont tes projets ?

Rester mentalement sain. Trouver un semblant de routine dans le chaos. Montrer à ma fille toute la beauté de ce monde. Faire du bon art. Tomber amoureux ?

Quel est ton avis sur la situation actuelle : concerts compliqués, peu de salles ouvertes…

C’est très difficile mais les artistes s’adaptent au changement. Les artistes trouveront un moyen. Ils y parviennent toujours.

Le mot de la fin : tu peux dire ce que tu veux ?

Faites attention à vous ! J’espère que nous pourrons nous réunir à nouveau bientôt et profiter de la compagnie de celles et ceux qu’il nous tarde tant de retrouver !

https://mackie2020.bandcamp.com/
http://www.frenchfriespublishing.com/