Comment est née cette exposition ?
Wendy : Ça a commencé quand j’ai été invitée à Paris, il y a cinq ans, à montrer quelques photos des groupes de rock des années 80 de LA. Cette première exposition est née quand j’ai trouvé des photos de 1978 à 1989 d’artistes de la scène rock. Toutes ces photos viennent d’un reportage sur les groupes de Los Angeles avec tous les genres : pop, rock, ska, punk, heavy métal, Hip Hop… Pleins de gens qui faisaient de la musique dans la même ville. Ça avait une image assez agressive. J’ai envoyé un message à la Médiathèque Musicale de Paris dans les Halles. Ils m’ont invité à présenter ce programme au public. J’ai proposé un diaporama. Ça a été un vrai succès et pour donner suite à ça je suis resté en contact avec la Médiathèque Musicale. Quelques années plus tard, j’ai découvert qu’il y avait un programme aux USA, où l’on pouvait proposer des échanges avec d’autres pays. J’ai proposé une candidature et voilà !

Est-ce que la collaboration entre Paris et Los Angeles pour les jeux olympiques à un rapport ?
W : C’est une longue histoire ! C’était un projet entre la médiathèque musicale et moi. Quand j’ai été approuvé en 2022 pour ce programme. Damien, mon contact à la ville de Paris, a proposé à la ville de faire une exposition de photographies. On voulait démarrer dans les années 20 parce que c’est l’époque de la prohibition avec les gangsters. Ils dirigeaient les boîtes de nuit sur le Sunset Strip pour fournir l’alcool illégal. Mais c’était trop compliqué de trouver des photos de ces années-là. On a donc décidé de commencer dans les années soixante parce que c’est le moment où le rock est apparu sur le Sunset Strip. Entre-temps, le département des affaires culturelles a soutenu l’idée que nos deux villes accueillent les Jeux Olympiques l’une après l’autre, nous avons donc combine les deux idées.
Pourquoi la musique ?
W : Parce que la médiathèque est musicale ! Avec Christina nous avons choisi des images de musique entre 1960 et 1990.
Pas après ?
W : Non, parce que le Grunge est apparu à la fin des années 80 et il a tué le fun !
Christina : La fête était finie !
W : Le Sunset Strip a beaucoup changé depuis cette époque ! Beaucoup de lieux ont été détruits, mais il y a toujours le « Whisky à Gogo » et « Le Roxy ».
Comment s’est faite la sélection ?
W : On avait des photos en couleur et noires et blanches mais on a aussi retrouvé, par chance, des planches contact avec beaucoup de photos incroyables, notamment de Sonny and Cher en studio et de pleins d’autres artistes. La bibliothèque de Los Angeles a ces archives incroyables et elle en est propriétaire. Il y en a eu plus de quatre millions. Nous en ajoutons tout le temps. Dernièrement on a reçu des diapositives couleurs par un photographe qui sont incroyables ! Ce sont des diapos entre 1960 et 1990, il y a 200 portraits de musiciens américains ou anglais, et même quelques français comme Johnny Hallyday, Julien Clerc ou Jacques Dutronc… Ces photos ont, parfois, été dans la presse comme Richard Hewitt qui travaillait pour Times ou d’autres titres. La plupart de ces photos sont inédites !
Pour nous la West Coast américaine est une sorte de « terre promise » pour la musique ?
C : Los Angeles est une terre promise pour beaucoup mais ce n’est pas la réalité (rires).
Pourtant il y a beaucoup d’artistes qui sont sortis de cette ville. Dans les années soixante c’était vraiment une terre promise pour les artistes français. Vous aviez les Doors, les Beach Boys ou Love …. On a rêvé devant ces artistes et leurs pochettes !
W : Oui, je comprends mais j’ai décidé de ne pas expliquer la musique. Je voulais que le public se fasse son propre avis a partir des images. Les photographies racontent les histoires de cette musique et de cette époque et chacun peut le voir à sa manière. On a fourni les photographies et on a organisé un concert où des artistes français ont joué des chansons emblématiques de groupes Los Angeles. Ce n’est pas mon envie de donner des conférences ou des cours d’histoire, je dois juste montrer les images. C’est un projet de collaboration entre deux pays donc nous le présentons de cette façon.
Mais on a vu des artistes français qui ont essayé de reprendre l’imagerie de la plage des pochettes de certains groupes de LA. ?
W : C’étaient des groupes de surfs, je suppose, comme les Beach Boys. C’est un genre très en vogue à LA. Mais il y a eu aussi de la pop rock avec des groupes comme Buffalo Springfield. C’est une vraie imagerie ! Il fallait surtout que nous montrions nos photos. Il y a des pochettes de disques qui sont exposées. Même si certaines, comme Iggy Pop qui est du Michigan, ne sont pas toutes de LA.
Pourquoi ?
W : Parce que beaucoup de labels étaient sur Sunset Boulevard, comme Casablanca Records. Le disco est né sur ce label et donc il peut être assimilé à la ville, même si son succès a commencé à New York. Et Iggy Pop, Alice Cooper et Suzi Quatro étaient les têtes d’affiche du Sunset Strip et leurs spectacles étaient légendaires, ils sont donc inclus même s’ils ne sont pas de L.A.
Pour les Français il y a trois endroits où la musique s’est construite : Londres, New York et Los Angeles. Cette dernière a un côté rêve avec le climat et plein de lieux pour jouer.
W : Oui, c’est l’image habituelle, par exemple Michel Polnareff a « relancé » sa carrière à LA au Roxy mais même si beaucoup le pensent ce n’est pas la réalité. La vision des musiciens des années 60, n’est absolument pas celle des musiciens des années 80.
C : Je peux comprendre que certaines pensent ça mais c’est trop restrictif de penser comme ça !
Mais la musique à Los Angeles a connu aussi son moment terrible avec la famille Manson en 1969 et ces meurtres horribles !
W : Dennis Wilson des Beach Boys a aussi été très proche d’eux. Tout ça a un côté sombre. Avant les meurtres, la scène du Sunset Strip était déjà finie depuis les manifestations de 1966. Après ça, les boîtes de nuit pour les adolescents ont fermé. Seuls les adultes pouvaient encore y aller. La scène a beaucoup changé à cette période, notamment la scène de Laurel Canyon avec les Mamas and Papas.
Les groupes des années 80 font moins rêver avec notamment Motley Crue ?
C : Je suis une fan de Motley Crue !
W : Ça a été le premier groupe de Glam Rock avec le maquillage et tous les vêtements. C’était pour moi l’extension des New York Dolls, T Rex ou de David Bowie. C’est une réalité (rires). Ils sont dans cette lignée et ils ont été un groupe qui a relancé pas mal de trucs. Ils ont été parmi ceux du Sunset Strip à avoir un immense contrat avec une maison de disques. C’était vraiment un gros fun !
W : Ils ont été vraiment immenses et importants pour nous.
C’était important de montrer ce groupe ?
C : C’était indispensable !
W : Sunset Street dans les années 80 était le royaume de Motley Crue, Guns and Roses et Poison. Ils étaient les rois du Sunset. Motley Crue ont été les premiers après sont arrivés Poison, Quiet Riot et les Guns. Ils ont vraiment été importants dans la musique à LA, surtout sur le Street…
Quand on voit l’exposition on se rend bien compte qu’il y a eu plusieurs périodes à Los Angeles dans la musique avec des groupes assez « intellos » comme les Doors ou Love et quand arrivent les années 80, ça rigole plus avec des groupes comme Motley Crue. Comme s’il y avait eu montée en crescendo ?
W : Cela vient du fait qu’il a fallu aller vite pour le début de l’exposition : il a fallu faire des choix. Christina a numérisé toutes les photos et me les a envoyées par mail. Il a fallu aller vite et c’est le responsable graphique et la médiathèque qui a fait tout ça. J’ai pris des images sur le sujet mais nous n’avons pas mis toutes les images sur le sujet. Il y a une chronologie.
Que va-t-il y avoir comme manifestations autours de l’exposition ?
W : On a fait quelques manifestations comme un concert où des groupes français dont French Boutik, reprenaient des titres des groupes de LA. On a eu aussi des ateliers d’écriture avec Jérôme Attal. Il fallait choisir une pochette avec des groupes importants et créer un poème sur ces couvertures. J’ai fait les visites en anglais et français. Il y a eu des conférences sur le sujet, une fête pour les enfants avec de la laque et du maquillage (rires) comme Kiss (rires).

Ça se termine quand l’exposition ?
W : En avril, il y aura d’autres événements, mais pas associés avec la ville de Los Angeles. Il y aura des choses sur le Rap et le Hip Hop…
Justement il n’y a pas beaucoup de rap ?
W : En voilà une bonne question ! Il n’y a pas eu de rap sur le Sunset Strip, ni de jazz d’ailleurs… Le Sunset Strip était uniquement rock !
Quel disque ou groupe est le favori de votre exposition et qui représente le mieux cette époque ?
C : Guns and Roses « Appetite for destruction ». C’est un disque incroyable, pleins d’énergie et qui faisait peur aux parents (rires). C’est vraiment le Strip à la grande époque. J’aime beaucoup aussi les « Doors » et surtout « When the music’s over ». Mon père les a vu en concert sur le Strip à la grande époque. Il parait que c’était incroyable !
W : Pour moi les Byrds avec « Mrs Tambourine Man ». Ils sont vraiment le son de Sunset Strip des années 60. En plus ils étaient amis avec les autres groupes, ils vivaient au même endroit… Je pourrais aussi dire que c’est le Buffalo Springfield. Ils étaient de la même époque, du même quartier et de la même communauté. Mais les Byrds sont plus connus et plus importants. Il y a aussi les Runaways.
C : J’y ai aussi pensé…
W : C’étaient des filles adolescentes qui traînaient tous les soirs sur le Sunset dans les salles, les parkings, les cafés… Kim Fowley les a repérés et il a créé le groupe. C’est, pour moi, l’histoire du rock à Los Angeles. Beaucoup de groupes se sont créés comme ça.
Comment les Français réagissent à cette exposition ?
W : Je remarque que chaque jour il y a des visiteurs et ils ont l’air ravis à chaque fois. Ils lisent les textes, regardent les photos et les vitrines. Je crois que l’exposition est bien reçue par le public. Ils s’intéressent beaucoup !
Quels sont vos projets pour la suite et il y aura une suite ?
W : J’ai des idées et je dois rencontrer l’archiviste de la bibliothèque de la ville de Paris pour essayer de faire quelque chose autour de France – Soir qui ressemble beaucoup à des Tabloïd que nous avons à LA. Je voudrais faire des comparaisons avec les différentes histoires qui se sont déroulées.
Le mot de la fin !
C : Je tiens à dire que nous avons une collection incroyable de photos qui est disponible sur internet. La base de données peut être consultée de n’importe où dans le monde à
www.tessa.lapl.org
Exposition Sound Of Sunset
Médiathèque musicale de Paris (MMP) - 8 porte Saint Eustache, Paris 1e jusqu’au samedi 12 avril 2025- Entrée Libre