Avec « Signac », ton dernier album en date, tu n’en es plus à ton premier coup d’essai ?
C’est mon septième album, sept disques, mais aussi un CD deux titres inédits.
Ton premier disque c’est en 1995. Comment résumerais-tu ton parcours en quelques mots ?
C’est déjà une passion qui a commencé très jeune, vers six ans, en écoutant de la musique. C’est un monde dans lequel je me sentais bien. J’écoutais des chanteurs comme Léo Ferré, que des gens autour de moi écoutaient. J’adorais en particulier « Cette blessure ». Elle m’a amené vers la beauté de la musique. Ensuite, en grandissant, tu cherches par toi-même, et j’ai découvert autre chose. J’ai commencé à écouter de la musique anglo-saxonne. À quinze ans, je me suis mis à la guitare. Je suis autodidacte, et j’ai commencé les reprises. Et puis, dans les années 90, il y a eu le Lo-fi avec des groupes comme Smog, qui m’ont montré que je pouvais faire des chansons avec deux accords.
Archive Dimanche Désuet
Mais tu connais le solfège ?
Non, pas du tout ! Au début, j’avais un harmonica pour essayer de comprendre les accords. Je pensais que l’on ne pouvait pas faire de la musique avec un, deux accords. Y plaquer une chanson. Depuis la cinquième, je connais Joël Rodde, frère de cœur. Il a commencé très tôt à écrire. On a eu l’envie ensemble, dans les années 90, d’essayer de mettre ses textes en musique, et moi de chanter en jouant.
La rencontre avec Joël a donc été déterminante ?
Oui, le premier texte que nous avons fait s’appelait « Étrange vipère ». C’était l’histoire d’un gars qui sort d’un bistrot, ivre, et qui urine contre un lampadaire. C’est ça l’étrange vipère : le dessin formé par son urine sur le trottoir tel un serpent, urine allumée par la bière ! Loin d’être une chanson à boire, Joël l’a écrite sous forme poétique, en alexandrins. Après, il y a eu « Nuits Saint Georges » (rires). Poésie sur la vie, le vin, l’ennui. J’avais juste un magnétophone pour m’enregistrer, mais j’arrivais à m’exprimer. Je me suis aperçu que je pouvais mettre des mots sur ma musique, et c’était un grand pas pour moi.
Tu veux dire que la musique est arrivée avant l’envie de chanter ?
Oui, j’étais très timide. Au début, je chantais en anglais. C’était pratique pour moi. Je reprenais « Héroïn », « Venus in Furs », le Velvet... J’étais à Grenoble, et on répétait dans une ancienne rôtisserie avec deux gars, Michel Tirard et Jean Gonzalez, « Le Poulet Rôti ». C’était un local en dessous d’où habitait le groupe Gnawa Diffusion. On répétait tout le temps, c’était un peu destroy, mais le fait de sortir cette énergie faisait du bien. Joël de son côté écrivait, et il me disait : « un jour tu chanteras en français ». Pour moi, c’était un handicap. Il fallait d’abord que j’enlève ma timidité…
https://www.youtube.com/watch?v=tPL3omodaME
L’enfer est une drogue dure (extrait de l’album Signac)
Comprendre par-là que c’est extrêmement difficile de chanter en français ?
La langue ne s’y prête pas : elle est beaucoup plus subtile et définie. Si tu veux exprimer une idée ou un sentiment, il faut des mots qui sonnent juste ; et poétiques, que tu puisses interpréter. En anglais, tu dis « so nice » et déjà ça sonne, alors qu’en français, et c’est la richesse de cette langue, tu dois bien choisir tes mots, sinon c’est banal. On a voulu chanter en français pour affirmer nos personnalités. À l’époque, tout le monde chantait en anglais et une chanson c’est quand même ton âme profonde et intérieure et qui définit ta personnalité. Donc j’enregistrais des cassettes que j’envoyais un peu partout : les magazines, les labels, les radios… À l’époque, je m’appelais « Dimanche Désuet », c’est Jean Gonzalez qui avait trouvé le nom. En envoyant une cassette à Magic !, j’ai été contacté par un micro label, « Candy Chérie ». C’était un type de Strasbourg qui m‘a trouvé un premier concert à Strasbourg et puis un deuxième. Il m’a alors proposé de faire un mini vinyle bleu 6 titres « La couleur de l’or ». C’était la concrétisation de mes envois de cassettes. Ce vinyle, je l’ai envoyé aux Inrocks et JD Beauvallet m’a appelé en me disant « je vais vous chroniquer et vous passer chez Bernard Lenoir », je n’y croyais pas ! À l’époque, je bossais à la Poste, je me levais à quatre heures du mat. À partir de là, j’ai été contacté un peu plus souvent par des gens comme Alain Artaud, le DA de Virgin, Alan Gac qui travaillait à l’époque chez Barclay. Cette chronique à a été importante avec, en plus, le fait d’être diffusé sur France Inter. On se dit qu’après ces années de dévotion : « ça arrive qu’en chantant en français, cela puisse plaire à quelqu’un qui écoute beaucoup de musique ». C’étaient les débuts de Dominique A ou de Katerine… Il y avait beaucoup de fanzines comme Octopus ou Hyacinth, très pointus et éclectiques, qui chroniquaient des autoproduits, même sur cassette !
Jean Gonzales et Fred Signac (archive Dimanche Désuet)
Ce déclic a donc eu lieu quand il y a eu une résurgence des artistes français ?
Ce qui me surprend encore, parce qu’à l’époque les enregistrements étaient pourris alors que maintenant mes disques sont bien arrangés, mais ils restent confidentiels (rires). C’était en 1995.
Comment as-tu senti ton évolution par rapport à ton travail ?
J’ai senti l’évolution en réussissant à plaquer des accords tout en chantant. Avant, je ne faisais que des arpèges. Je me suis aperçu que j’arrivais à apprécier ma voix dans mes enregistrements. En 1996, suite à un festival « Candy Chérie » au Café de la Plage à Maurepas, j’ai rencontré des musiciens, Pascale Jeanne Morisseau et Christophe Jouanno qui m’ont aidé par la suite à enregistrer le premier CD, « Le liquide allumé ». Dimanche Désuet a disparu pour laisser place à Fred Signac en 2000. Cette collaboration s’est enrichie avec Éric Signor, pianiste, accordéoniste, poète, qui interviendra sur trois albums. Ensuite, de nouveaux musiciens interviendront sur le cinquième et le sixième album, mais le fidèle compagnon sera toujours Christophe. Le nouvel opus, « Signac », se créera d’ailleurs autour de lui, Éric et Joël, intimes parmi les intimes.
Tu fais partie de ces musiciens qui sont surtout des conteurs. Quelque chose d’intimement gravé en profondeur dans la façon dont tu interprètes tes chansons.
Oui, tu peux le dire, mais c’est surtout par rapport aux paroles qui font qu’il y a une histoire qui se raconte. Mais j’écris de moins en moins. C’est Joël, qui écrit et qui comprend les mots que je veux mettre dans mes musiques.
Tu as finalement rencontré la personne idéale pour toi ?
Oui ! Joël m’envoyait des paroles et en les lisant la musique me venait : c’était une alchimie qui se faisait, une musique des mots. Il peut écrire sur tout : des textes simples ou des choses plus profondes. Il est capable d’écrire sur un cendrier avec une cigarette qui fume ou sur une femme qui passe dans la rue. Mais à chaque fois, ses mots collaient à mes musiques intérieures : il est le seul en France à pouvoir faire ça ! Avant, avec l’énergie, je pouvais canaliser mon émotion avec ses textes et cela passait par une voix qui racontait une histoire. Quand tu n’as pas la possibilité de faire des arrangements incroyables, tu n’as que la possibilité de la simplicité, deux accords et un texte fort sans pour autant tomber dans le ridicule, dans l’emphase parce que tu as toujours cette idée en tête, donner une émotion. À partir du moment où j’ai pu dégager des émotions avec ses mots, je me suis dit : j’ai le droit ! Je peux et dois aller dans cette direction. Ce qui s’est confirmé, car avec un peu de recul des personnes viennent te voir pour te dire que tu as les touchés. Le but est atteint.
(Fred Signac – Collection privée)
C’est donc ça l’alchimie Signac ?
Oui, c’est ça : cette émotion qu’on arrive à traduire dans la poésie, avec la beauté écrite qui se retrouve dans la beauté vocale et puis musicale. Tu découvres ça dans les disques d’artistes comme Léonard Cohen ou Bob Dylan, une émotion incroyable. Quand tu écoutes Dylan avec « The Times They are a-changin’ », c’est le Graal : c’est juste beau et simple quand il est seul avec sa guitare. D’ailleurs c’est pour ça que je ne fais que la musique que je voulais entendre.
Tu ne copies personne ?
Non jamais. Je me suis inspiré, mais je fais vraiment la musique que je veux entendre.
J’ai l’impression que chacune de tes chansons est comme une peinture où tu mets une couleur particulière ?
C’est ton impression, une peinture… Ça me fait du bien ! Parce que c’est pareil : la peinture c’est une couleur, ça transmet des émotions. Quand je crée la musique, pour moi ce ne sont pas des couleurs, mais ce sont les mots qui viennent…
Sur ton dernier album, il y a les mots, mais il y a aussi beaucoup de silences qui prennent toute leur place ?
Tu as entièrement raison. Sur le dernier album, je ne joue de la guitare que sur deux titres. J’ai voulu juste me concentrer sur l’interprétation et donc, en ne faisant que ça, tu ne t’occupes plus que des mots. Je sais que le silence est dans la musique, c’est dans le solfège. Je m’arrêtais au milieu des phrases, je repartais, mais c’était naturel et à la fin cela a donné tous ces silences. Avant, quand il y avait la guitare c’était dur de faire du silence et là, j’avais une liberté incroyable pour placer ces silences… J’étais libéré. J’étais comme un peintre qui croit qu’au début il faut en mettre beaucoup, et puis peu à peu qui libère son trait. Je pense que ça, tu l’atteins à la maturité. Disons que le silence te trouve, et pas le contraire. Au début, le silence c’est pour cacher des hésitations et là, non, il est là et tu veux le montrer… Un silence est une émotion où il se passe plein de choses…
En même temps, tu laisses de l’espace à l’auditeur pour qu’il écoute ?
Oui, oui, ses oreilles se calment et ensuite ça repart avec un nouveau souffle dans la chanson et ça lui laisse de la place. Dans une chanson, il ne faut pas tout remplir, il faut vraiment laisser de l’espace sans tout remplir…
La pochette de l’album est magnifique. Elle est le reflet de l’album : sombre et lumineux. Et pourquoi désormais te faire appeler Signac ?
La pochette, c’est ma fille Marie qui l’a réalisée. Auparavant, j’apparaissais très souvent sur les pochettes. Là, je lui ai fait écouter l’album et je lui ai dit : « tu as carte blanche, mais je ne veux plus voir ma tête ». Elle m’a envoyé ses photos. Elle a tout conçu et j’ai trouvé que c’était vraiment réussi avec ce sombre, et puis ces lumières. Pour moi, elle avait tout compris ! Je l’ai appelé Signac parce que c’est un disque de rupture par rapport aux musiciens qui avaient travaillé avec moi sur mes deux derniers albums. Je suis parti d’un échec parce que ce fut une séparation douloureuse : je ne voulais plus de faire de musique pour souffrir autant.
Il s’agit donc un nouveau départ ?
J’ai eu l’impression de tout recommencer, c’est pour ça qu’il n’y a plus Fred Signac, mais uniquement Signac. J’ai laissé le champ libre à Christophe Jouanno pour les compositions, arrangements rythmes, sons, guitares, piano ; Éric Signor pour les paroles et arrangements sur un titre. Joël avait des textes magnifiques, sombres, urbains. De mon côté je n’ai écrit que deux compositions : donc un nouveau virage où je m’affirme beaucoup plus en tant qu’interprète. Je n’ai voulu autour de moi que des très proches : mes compagnons, ma fille pour la pochette, et mon fils qui a fait la première vidéo. Se sentir dans un cocon pour ne pas souffrir et renaître !
https://www.youtube.com/watch?v=IU6iX9gbbwc
Ce qui ne tue pas assassine (extrait de l’album Signac)
Tu es en autoproduction, et on a parlé ensemble de la difficulté de trouver des gens attentifs au travail que l’on fait : c’est difficile dans ce métier ?
C’est difficile de trouver des gens bienveillants. En 2001 Warner a publié une compilation intitulée « Destination France Rock », un double CD ; le premier incluait des groupes professionnels et l’autre uniquement des artistes autoproduits. Une de mes chansons a été sélectionnée. J’ai signé un contrat, et suite au succès de ce disque, 35 000 exemplaires vendus, j’ai été remarqué par Warner. Tu vois, en 2005, j’ai fait un disque et j’ai envoyé ce disque à des labels, journaux, etc. Un type de Keffren Production, ancien directeur artistique de Warner, m’a fait signer un contrat pour être manager éditeur, et on y a cru. Pendant cinq ans il ne m’a rien proposé : pas un concert, rien. J’ai pu dénoncer le contrat grâce à la Sacem. Désabusé. Et ça s’est arrêté là… J’ai ensuite travaillé avec Microcultures, qui m’ont promis un tas de trucs, des concerts, une distribution nationale avec une attachée de presse pour la promotion ; je devais rédiger les textes pour la promo, lamentable, et encore une fois aucun suivi ni conviction.
C’est la façon dont on traite les artistes ?
Oui, par-dessus la jambe. À chaque fois, j’ai senti que les gens ne cherchaient pas à creuser, mais je n’ai jamais cru que je deviendrais un artiste important en termes de vente. Je voulais juste réussir à survivre dans ma vie quotidienne. La musique m’a donné une existence. Quand mes disques sont finis, je ne les écoute pas tout le temps, mais quand je les écoute, là j’ai le sentiment d’exister. Joël, il est pareil : tu as le sentiment d’exister grâce à toi. Tu as envie que tes chansons soient écoutées, mais le système ne fonctionne pas vraiment comme ça (rires). Mais je n’ai pas de rancœur… vraiment !
On ne conçoit plus aujourd’hui un chanteur sur une carrière, mais sur un coup ?
Oui, plus sur plusieurs albums, même les radios sont moins intéressantes : je n’ai pas ma place. On me reproche de faire des chansons tristes (rires), comme si c’était un problème. Moi, ce qui me rend triste, ce sont les chansons joyeuses. Ce n’est pas triste, je pense que c’est profond, et même, il faut savoir affronter la tristesse, ça fait partie de la vie… On a reproché à Manset d’être triste ?
Disons que son public, comme celui de Murat, n’évolue plus.
On le voit bien avec leurs ventes, j’ai l’impression que les gens ont peur de leurs émotions, pourtant on est tous tristes à un moment ou à un autre. Si la musique c’est taper dans les mains, boire du champagne en rigolant, et bien, pour moi, ce n’est pas ma conception de la musique.
Les gens sont dans un moule. Où « ressembler à » semble avoir pris définitivement le pas sur « tenter d’être ».
Oui, on touche à un tabou quand on fait des choses comme moi, pourtant jamais je ne me dis que je vais faire une chanson triste. Parfois les ambiances sont très rock, presque industrielles, il faut savoir écouter sans préjugé. Les chansons sont comme des miroirs qui te renvoient ta vérité intérieure et là, tu joues sur une corde ultrasensible que des personnes ne peuvent supporter.
https://www.youtube.com/watch?v=FqHE_SQsIsg
En solitude (extrait de l’album Signac)
On va citer toutes les personnes qui travaillent avec toi depuis longtemps, et puis tu vas dire un mot sur chacun. Joël Rode ?
Mon frère, talent, droiture, honnêteté, sensibilité, ultra sensibilité.
Christophe Jouanno ?
Sorcier, technique, magicien et grande intelligence, concentration.
Éric Signor ?
Poésie ; et il est d’une autre époque. On dirait un poète du 19e siècle. Il est d’une grande gentillesse et il écrit sa musique : un musicien, un vrai.
Quel regard portes-tu sur cette époque où essayer d’être audible dans un monde où quasi tout est devenu inaudible ? Ce travail de fond est pourtant aujourd’hui plus que nécessaire ?
Oui, il est nécessaire pour moi.
Et pas pour les autres ?
Je vais te dire, je pense que ce disque est mon meilleur disque. Il peut toucher du monde et s’il ne peut être audible que par une minorité, ce qui ne me dérange pas du tout, j’espère que cette minorité va vraiment ressentir quelque chose de fort… Tous ceux qui m’intéressent en littérature ou en peinture sont minoritaires au départ.
Beaucoup de grands noms sont morts dans la misère.
Oui, il y en a beaucoup... Il faut garder la foi et même si tu es dans la minorité, franchement, cela t’aide à avancer, d’être sûr de ce que tu fais parce que tu es sincère. Donc ce n’est pas un souci. C’est pareil avec tes livres Jeff, qui m’ont transporté. Ton œuvre, quand elle est prise en main par des gens que tu ne connais pas et que tu arrives à dégager des émotions chez un public, c’est extraordinaire ! C’est ça qui est important !
Tu te dis que demain des gens peuvent le découvrir.
Je vais te raconter une anecdote : un jour une dame âgée de la Creuse, suite à un show case lors d’une émission de radio à Guéret, m’a commandé des disques. Elle m’a appelé plusieurs jours après en me disant : « j’ai écouté vos disques, assise dans mon fauteuil, et moi qui suis tout le temps devant la télé et uniquement la télé, je l’ai coupée et j’ai écouté vos chansons qui m’ont bouleversée ». Pour moi, c’était énorme.
C’est à l’auditeur de faire le pas ?
Oui, nous on a fait notre travail et c’est à l’autre de faire le pas et d’arrêter d’avaler ce qu’on lui donne, de chercher. J’ai parfois l’impression que la majorité n’a même plus la notion du beau. Les gens zappent, ils n’écoutent plus ou ne regardent plus rien en entier. Pour moi, il faut aller chercher un disque, s’arrêter à un moment de la journée pour l’écouter. C’est comme aller chercher une pépite. Quand tu trouves, tu te dis que ce disque est fait pour toi. Pour moi, c’est comme si tu entendais ce que tu désirais entendre, quelque chose qui est là pour toi ! Ce disque me fait le même effet : il m’attendait, un jour ou l’autre, et je me suis offert une pépite !
https://www.youtube.com/watch?v=PuX6IKD2tlQ
Unipolaire (extrait de l’album Signac)
Pour moi, un disque comme le tien est un acte de résistance à une époque où l’on détruit la création artistique. C’est le plus grand danger qui nous menace : on ne veut plus que les gens réfléchissent.
Je suis entièrement d’accord, et j’irai plus loin : on est dans le nivellement pour que les gens achètent le même produit, d’ailleurs tout est produit pour qu’il se vende plus vite, eh bien on nivelle toujours par le bas et jamais par le haut. C’est la technique. La découverte, la curiosité sont extrêmement rares et à la place, on s’adresse aux plus bas instincts. C’est comme ça que tu vendras ton produit que ce soit livre ou disque. Pour moi, c’est dramatique, parce que c’est la création qui disparaît alors qu’elle est le socle d’une société avancée. Nous avons besoin de diversité, d’émotions plus qu’avoir l’envie d’acheter le même t-shirt ou de devoir écouter la même musique. On pourrait agrandir notre minorité.
Oui, surtout que cette minorité se rétrécit de plus en plus.
Ce qui est dramatique c’est que les créations artistiques sont devenues des produits commerciaux qu’il faut vendre. Il fut un temps où la création n’était pas un produit : c’était une œuvre ! Maintenant, c’est un produit pour que tout le monde écoute, voit ou lise la même chose sans aucun goût critique.
Tu ne fais plus de scène avec ce disque. C’est un souhait ou cela ne s’inscrit-il pas avec la vie de cet album ?
J’ai fait des concerts sous le nom de Fred Signac, mais Signac n’a pas fait de scène, je suis très timide et pour moi, les concerts étaient une angoisse, certes jubilatoire. J’existais, j’arrivais à jouer jusqu’au bout… J’ai joué à la fin avec des musiciens qui m’ont détruit et j’ai toujours ce souvenir nauséabond qui fait que je ne peux pas. Peut-être que dans quelques mois, j’en aurai envie… En tout cas, je ne voudrais plus jouer de guitare, juste chanter : cela me donnerait une liberté incroyable, mais pour l’instant c’est trop proche de la douleur et il me faut encore du temps…
Tu as des projets en cours ?
D’autres chansons un peu, mais pas grand-chose…
Tu mets combien de temps entre chaque album ?
Ça dépend vraiment.
Tu as été cité dans plusieurs playlists en 2018 ?
C’est bien : j’ai réussi à toucher des gens que je ne connaissais pas et merci, merci… cela m’a ému, en même temps je suis très émotif (rires). C’est bien que des gens se rappellent que ce disque existe (rires).
Archive Dimanche Désuet
Lien Facebook : https://www.facebook.com/fred.signac
Lien Soundcloud : https://soundcloud.com/fredsignac
Lien Bandcamp : https://signac.bandcamp.com/releases
Lien YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCkkCsY1SJ-7xdofIux4WGbQ