Ça commence comment la musique pour toi, c’est une vieille histoire visiblement ?
Oui, une très vieille histoire, ça a commencé dans mon enfance. Je suis né au Maroc et mes parents avaient un « électrophone » où ils écoutaient du « Cha Cha Cha » et du « Mambo »… Mon frère avait des 45t assez intéressants aussi comme Stevie Wonder… Je suis arrivé à Lyon en 1962 comme beaucoup …
Tu as découvert comment le Velvet Underground qui est un groupe qui t’a beaucoup marqué ?
A travers David Bowie, il avait produit un album de Mott The Hoople, sur lequel il y avait « Sweet Jane » et ça a été une révélation. Bowie est quelqu’un qui a toujours eu cette démarche de faire découvrir des choses à son public en littérature, en musique ou en cinéma.
A la base tu es un fan de David Bowie ?
Oh oui, lui et Roxy Music ça a été la révélation absolue ! Avant, comme tout le monde, j’étais fan de Jimi Hendrix et de Ten Years After. J’ai vu le film Woodstock quand il est sorti au cinéma et quand le « Glam Rock » est arrivé il a tout balayé.
Ça se forme comment ton premier groupe « Femme Fatale » ?
Au lycée, mais c’était une classe bizarre ! Il y avait Marie et Kent (Futur Starshooter Ndlr) dans ma classe, mais aussi Jean Marc Vallod le futur bassiste du groupe. Érik, mon ami d’enfance n’était pas avec nous, mais il était dans le même lycée. On était une bande d’amis qui se faisaient découvrir la musique ensemble. Par exemple, j’ai été celui qui a amené Ziggy Stradust » au lycée. A l’époque, on amenait ses disques et on les faisait découvrir à tout le monde. Alice Cooper nous a beaucoup influencé : j’avais un classeur avec ses photos où il était avec son maquillage noir ! (rires) Le dimanche souvent j’allais chanter des reprises de Roxy Music avec Starshooter, qui ne s’appelait pas encore comme ça…
Mais tu devais être fan des New York Dolls ?
Bien sûr, parce que j’étais fan de Todd Rundgren qui les produisait. A l’époque avec Marie on achetait beaucoup nos disques en fonction des pochettes … Cela avait une énorme importance pour nous. Pour en revenir à tout ça on a commencé à se réunir dans une chambre avec Marie qui chantait avec moi et Éric à la guitare. Le premier morceau qu’on a chanté c’était If There is something » de Roxy Music, un morceau très compliqué en plus.
Dans le Velvet Underground c’était le côté pop qui t’a plu ou le côté la « Factory » , Andy Warhol… ?
En fait je suis fan des morceaux les plus expérimentaux. Il y aussi la « Factory » qui me fascinait : c’était une nouvelle famille pour moi alors que c’était des personnages, des putes et des transgenres qui prenaient de la drogue, ce qui n’était pas mon univers (rires). New York et le Velvet ont été très importants pour moi culturellement à ce niveau-là !
Beaucoup plus que Los Angeles ?
Je ne connais pas (rires) !
Cela devient quand « Marie et les Garçons » ?
Fin 1976, début 1977… On avait fait deux fêtes du lycée une sous le nom de Femme Fatale où on reprenait le Velvet et Bowie, et ensuite on s’est appelé NY 35, toujours ce truc avec New York où on a commencé à faire des chansons originales et ensuite les Garçons Sauvages en hommage à Burroughs. On l’avait découvert avec les traductions de Claude Pélieu et il y a eu Dashiell Hedayat et son album « Obsolete » qui nous a permis de chanter en Français sans un côté lourd, sans faire de la variété… On a beaucoup improvisé de choses à l’époque. Un jour, Marc Zermati et Philippe Manœuvre sont venus nous voir répéter dans notre cave. C’est Zermatti qui nous a juste dit que nous n’avions rien de sauvage et qu’ on ferait mieux de s’appeler Marie et les Garçons.
Tu ne devais pas être très fan des punks anglais ?
J’aimais beaucoup les premiers 45 t. On a très vite adopté les groupes comme les Clash, Subway Sect, ATV… C’était une vraie révolution et en plus comme j’étais aussi un fan de Doctor Feelgood et du pub Rock c’était assez cohérent. On a adoré cette période même si rapidement on a eu un lien assez fort avec les Talking Heads et Television qui étaient différents.
A l’époque Lyon était « la capitale du rock Français » ?
C’était un peu des conneries (rires). Il y avait deux groupes avec nous : Electric Callas et Starshooter, groupe qui ne m’a plus plu assez rapidement, pourtant Kent était mon meilleur ami ….
Ah bon ?
Oui du marketing ! Rien de sincère pour moi.
Vous allez jouer au festival de Mont de Marsan en juillet 1977 ?
C’était extraordinaire ! Marc Zermati a eu le courage de nous programmer. On n’avait fait qu’un concert avant et on s’est retrouvé sur scène, dans cette grande arène.
Quand on voit les images du festival, on voit tout de suite que vous n’avez pas grand-chose à voir avec les anglais mais plutôt aux américains comme les Talking Heads ou Télévision ?
C’était revendiqué surtout dans l’attitude ! On a toujours voulu se démarquer du "Rock’n Roll attitude ». J’avais une passion pour cette musique mais je ne supportais pas cette attitude et les codes inhérents : je ne portais pas de perfecto ou de santiags … J’ai toujours trouvé ça vieux et ridicule. On luttait contre ça de manière assez violente même et ça nous a couté cher !
Mais vous aviez un côté « arty » ?
Oui, mais c’était naturel chez nous. J’étais en arts plastiques, j’ai toujours aimé le cinéma et l’art. Il me semblait naturel de le retranscrire. On était traité d’intellectuels et de bourgeois ce qui ne me gênait pas du tout parce qu’ on venait de la petite bourgeoisie. Il y avait Ganafoul avec le rock ouvrier à Lyon qui disait : « c’est le rock ou l’usine », nous on disait « c’est le rock ET la fac » comme une boutade !
Ensuite vous croisez Michel Esteban qui vous envoie à New York où vous allez être produit par John Cale et croiser les Talking Heads ou Patti Smith ?
C’était incroyable : on côtoyait nos idoles ! On avait contacté Michel Esteban parce qu’on avait acheté « Rock News » et on avait enfin trouvé des gens à Paris qui aimaient la même chose que nous. On lui a envoyé une cassette et il nous a signé. On a fait un premier 45 t avec « Rien à Dire » dans un studio du 13éme arrondissement avec un ingé son variété, ce qui a été compliqué d’ailleurs …. Je suis allé avec Michel voir le concert de John Cale au Nashville, qui est devenu ensuite le Rose Bonbon. Il n’avait pas le temps de nous produire a ce moment-là ,mais il était d’accord pour le single suivant. Esteban avait signé Lizzy Mercier Descloux qui vivait à New York chez Richard Hell : c’était la même famille. On est parti à New York enregistré « Re Bop », réalisé par John Cale, et grâce à tout ce monde-là on a pu jouer au CGBG grâce à eux.
On va s’arrêter sur ce titre très emblématique : tu ne penses pas que Marie et les Garçons et ce titre posent les bases de la pop Française, je pense notamment à des gens comme Étienne Daho ?
Si, il a toujours dit que c’était un de ces 45 t Français préféré. On est peut-être les pères de cette scène … Ce qui est incroyable c’est que on ne voulait pas enregistrer ce titre, c’est John Cale qui a insisté. C’était un morceau avec une structure bizarre, peu de textes … On était passé à autre chose et lui a vraiment insisté ! Je le remercie encore (rires) !
C’est aussi la découverte de New York pour toi. On a l’impression que toute ta culture a explosé à New York ?
Ça a commencé par la « Factory » et ça a fini par la House ! C’est la ville qui m’a inspiré et dont je suis le plus proche ! C’est une ville qui m’a fondée ! On croisait les Talking Heads, DNA,James White… C’était très simple les relations entre les groupes !
C’est à New York que vous avez découvert la Disco ?
Non, c’est en Suède (rires) ! Quand on est allé en vacances en juillet 76 à Stockholm. Érik le guitariste de Marie et les Garçons était d’origine suédoise par sa mère. On connaissait un peu avant parce que on répétait dans une cave en dessous d’un bar où il y avait un Jukebox. On écoutait les premiers titres de Donna Summer… Ça commençait à émerger. Et c’est en Suède que on a vraiment vu des bacs avec marqué disco et on allait dans une boite « le Big Brother » qui ne passait que ça, Donna, Bohannon, Parliament etc... On a adoré ça tout de suite !
Mais tu devais être fan avant de Sly Stone par exemple ?
Oui, d’ailleurs c’est lui que je préfère à Woodstock ! Le premier disque de funk que j’ai acheté c’est Betty Davis en 1975, à cause de la pochette. Après j’ai acheté et écouté Parliament et je me suis tout de suite intéressé à la musique noire, probablement à cause des 45 t de mon frère …
Tu as toujours eu un pied dans la pop et l’autre dans la « Dance Music » ?
Je pense que j’ai beaucoup plus écouté de la musique noire, comme de la Disco ou de la House, que du rock. J’ai écouté beaucoup de rock pendant 7 ans, de 1970 à 1977. Après je n’en ai pratiquement plus écouté ou très peu …
Pourquoi ça n’a pas fonctionné Marie et les Garçons ?
Parce que il n’y avait pas de structures, on était sur un tout petit label aussi … Il faut préciser que Michel Esteban nous a laissé faire ce que on voulait et casser tous les codes ce qui était essentiel ! Bon a fait n’importe quoi, on a saboté une carrière… Il faut dire que le côté concept que j’avais à l’époque n’a pas été perçu de manière correcte.
En France, on aime les cases ?
Ce qui n’est pas mon cas ! J’ai toujours évolué dans plusieurs univers. Moi, j’ai toujours adoré la Disco alors que les autres ne l’ont aimé que quelques mois. Ils se sont peut-être sentis un peu piégés par ce truc-là. Quand l’album est sorti il a été mal perçu et compris parce que il était « tronqué ».
Quand vous êtes à New York, pour enregistrer votre album, Marie quitte le groupe ?
On ne peut pas dire qu’elle a quitté le groupe, en fait on a été assez minables. On ne s’entendait plus du tout avec elle et on l’a quand même amenée à New York parce que on a été trop lâche pour lui dire de partir. Elle n’aimait pas la Disco, ce n’était qu’un prétexte ,nous n’aurions pas continuer de toutes façons avec cette formation ;
Il y a eu un live qui est sorti chez New Rose où, sur la pochette , vous êtes habillés comme les Talking Heads, bien loin de la Disco ?
C’est une photo de 1977. J’ai voulu que cette photo soit sur le disque parce que je n’en pouvais plus de la pochette « officielle » de l’album de Marie et les Garçons avec ce polo Lacoste, qui était un raccourci mais aussi un symbole du "clean" Je n’en ai jamais porté. Ça donne l’image d’un groupe pop alors que on ne l’était pas : les textes étaient violents, la musique aussi mais contrôlée. Ça parlait beaucoup de sexe mais avec un côté très graphique ! Je n’en pouvais plus de cette image pop, jeunes gens modernes … On aimait le cinéma violent et barré ! On était un groupe violent !
Vous aviez l’image d’un groupe pop ?
On avait l’image d’un groupe lisse ce qui n’était absolument pas notre cas. On ne voulait pas rentrer dans les codes du punk et du rock donc on s’habillait autrement, on ne jouait pas très fort, on s’habillait en beige et en clair mais c’était un concept assumé par le groupe, pure provocation à l’époque. Bref on s’est fait jeter partout !
Il y a ce fameux festival à Fourvière en juillet 1978 ?
(Rires) On est monté sur scène et on a fait notre répertoire habituel avec un côté minimaliste. On avait déjà beaucoup évolué à l’époque … C’était un peu houleux parce qu’ils nous avaient collé avec la scène de « Boogie Rock »,Ganafoul notamment (rires). A un moment il y a eu beaucoup de cris, de hués et j’ai dit « vous n’aimez pas la Disco ? » et là ça a été la catastrophe ! Heureusement Vincent Palmer est monté sur scène pour nous aider suivis par d’autres artistes comme Kent. On s’est vraiment pris des canettes.
Mais vous êtes les premiers à avoir dit que l’on pouvait écouter de la pop et aimer danser ?
Oui, bien sûr mais les anglais l’ont très bien compris avec cette scène Rave qui mélangeait punk et funk. Johnny Rotten a toujours dit qu’il écoutait du funk, les Clash aussi … Pour les anglais le Funk ce n’est pas un gros mot, pour les Français si. En fait,les Français ne sont jamais sortis de la Soul version Aretha Franklin et Otis Redding,plus Rhythm and Blues en somme… Ce n’est que la génération des années 90 qui a réhabilité cette scène Disco Funk.
Vous deviez être mal à l’aise à Paris avec la scène des « Jeunes Gens Modernes » ?
On allait pas à Paris tout simplement ! On a toujours refusé de jouer au Gibus, trop rock pour nous et le Rose Bonbon n’existait pas encore. On n’a jamais joué à ce jeu-là. Pourtant on les connaissait tous : Jacno, Suicide Roméo… La plupart ont fait des trucs pop discoïdes bien après.
Tu as quitté le groupe en 1980 ?
Oui, je suis parti à New York pendant deux ans où je suis beaucoup sorti dans les clubs. Je voulais beaucoup écouter de Disco et de Funk. Je suis rentré parce que refaire de la musique me manquait beaucoup, j’allais acheter le journal « The Face » chaque mois et je voyais qu’il se passait un truc en Europe avec des groupes comme Soft Cell, donc je suis rentré.
A cette époque tu n’as fait que du clubbing ? Tu avais arrêté la scène du CGBG ?
Oui je n’ai fait que des clubs Disco,Funk et Latinos et surtout des concerts Prince, Roberta Flack Aretha, Luther Vandross etc...
Mais le groupe a marché ?
Un grand impact critique mais ça n’a pas beaucoup vendu ! Aujourd’hui je suis fasciné par l’impact du groupe. Il y a peu j’ai remonté un groupe. Les musiciens connaissaient les morceaux de Marie et les Garçons . Quand on fait des concerts, il y a des gamines de 18 ans qui chantent les paroles. C’est très étonnant l’impact du groupe. Je connais des mecs de 24 ans qui ont des groupes et qui se revendiquent de Marie et les Garçons pas de Starshooter ou de Téléphone. C’est une réalité !
Tu deviens chanteur de Octobre en 1983, le nouveau groupe de Frank Darcel.
Oui, je rentre en France en 1982, d’abord à Lyon puis à Paris. Quand je suis rentré à Lyon, j’ai commencé à faire de la musique avec des amis. Emmanuel de Buretel qui était à l’ENTPE a intégré les Bains Douches comme directeur artistique et avec Olivier Carrié avec qui je partageais ma passion du Funk nous sommes devenus les Djs résidents de la boîte.
Tu étais déjà DJ ?
Pas du tout, mais comme je revenais de New York j’avais ramené avec moi pleins de disques de Hip Hop comme les premiers Afrika Bambaataa, Grandmaster Masterflash… A l’époque le Hip Hop était une musique incroyable avec cette influence européenne Kraftwerk et Depeche Mode
Dont tu étais un grand fan ?
Kraftwerk oui à Lyon en 1977 et ça a été un grand moment !
Tu es donc devenu le chanteur de Octobre ?
J’ai envoyé des maquettes, que j’avais fait tout seul, à Frank sur les conseils de Michel Esteban qui était le manager d’Octobre. Ça lui a plu et j’ai débarqué à Rennes en 1983. C’est là que j’ai rencontré Étienne Daho qui m’a donné les clés de l’appartement où j’allais habiter.
Cela va donner « Paolino Parc » le deuxième album de Octobre ?
Je rentre dans un groupe qui existe déjà, j’arrive avec mes textes.
C’est un album sur lequel tu vas avoir une vraie influence avec un côté plus funk, plus dansant que sur le premier disque ?
Je le pense mais en fait Frank était déjà un peu dans le funk mais un titre comme « Paolino Parc » me ressemblait beaucoup plus … On en a reparlé avec Frank il y a peu et lui pense que certains morceaux de ce disque sont parmi les meilleurs de son répertoire personnel.
Ensuite il y aura une tournée avec une première partie prestigieuse ?
David Bowie à l’hippodrome d’Auteuil en 83 ! Un grand souvenir pour moi. On a joué le deuxième soir et ça s’est bien passé. Bon le concert était un peu tendu : il faisait chaud et le public attendait l’idole. Ce n’était pas très agréable en fait sur scène.
C’est un grand souvenir ?
Oui même si c’est un album de Bowie que je n’aime pas du tout « Let’s Dance » et impossible de l’approcher !
Ensuite il y aura ce 45 t de Senso « l’Ocean ne sera pas la fin », un très bon titre toujours avec Frank (Darcel Ndlr) mais qui restera sans suite pourquoi ?
D’abord il y a eu une erreur de maison de disques et Frank pour le groupe a voulu monter une formation du groupe à Paris et une à Rennes : c’était un peu compliqué (rires) ! Mais j’adore cette chanson et ce 45 t. On a été produit par le producteur d’Eurythmics Adam Williams et Frank a voulu tout refaire, ce qui a compliqué l’affaire … Pourtant on a fait toutes les télés possibles mais bon le label ne nous a pas vraiment soutenu.
Au même moment, ce label « Café Wha » ressort une version de Re Bop avec pleins de gens qui chantent. Pourquoi tu fais ça ?
Je n’ai pas vraiment compris (rires) ! En fait c’était un moyen de réunir pleins de copains et surtout de réunir Marie et les Garçons encore une fois. On s’était quittés un peu … difficilement et là on se retrouvait ! Bon c’est Dorian des Fils de Joie qui faisait la batterie, Éric les arrangements et pleins de potes de l’époque comme Kent qui chantaient dessus. La maison de disque pensait que le morceau n’avait pas été exploité à l’époque et en plus on venait de récupérer les éditions.
Tu étais toujours DJ à l’époque ?
Bien sûr, je n’ai jamais arrêté depuis 1983 ! Je faisais les after Kit Kat, au Privilège , je jouais à la Casbah et aux Bains Douches.
Mais tu es un des pionniers de la « House » à Paris ?
Je crois que j’ai commencé à en jouer en 1986. J’ai découvert cette musique au Sept et tout de suite cela m’a interpelé. Cela a été une musique fédératrice comme la Disco et cette vague en Europe autour de la House était captivante.
Tu ne devais pas trop aimer les « Raves » ?
La première où j’ai été c’était en 1989 et j’ai trouvé qu’il y avait une vraie énergie. J’en ai fait que deux, je suis un clubber moi (rires).
Mais la « House » c’était la revanche des Français sur les Anglais ?
On peut dire ça, mais il y avait de la très bonne musique anglaise à l’époque avec des gens comme Loyd Cole, Scritti Politti , Prefab Sprout…
Mais tu es fan à la fois de pop et de House ?
Oui et je ne vois pas où est le problème. J’aime la perfection des mélodies des anglais comme The Divine Comedy. Sur mon album solo j’ai essayé de faire la même chose mais je n’ai pas réussi aussi bien qu’eux (rires) !
En 1990 tu as sorti cet album solo superbe ?
En fait, ce sont les démos de Senso. Frank a pris Pascal Obispo à ma place et moi je suis resté avec les musiciens que j’avais à l’époque. : Dorian des Fils de Joie à la batterie et d’autres… Et puis sur cet album j’ai aussi reformé Marie et les Garçons sur un morceau.
C’était une envie chez toi ?
Oui, on s’était quittés de manière un peu abrupte ! Ca me désolait et ça m’a paru naturel de refaire un morceau expérimental avec eux pour graver quelque chose. Dans la foulée on a fait un concert pour les 10 ans de « New Rose » au Kremlin Bicêtre.
A ce concert ce qui a étonné les gens c’est que on attendait un groupe de pop et on a eu un groupe de rock !
On n’a jamais été un groupe de pop ! Il y a eu une mauvaise image avec la pochette de l’album !
Mais tu es un des seuls à avoir eu la possibilité d’avoir un pied dans la pop et un autre dans la Dance ?
Etienne (Daho Ndlr) a essayé aussi mais moi, contrairement à lui, je n’avais pas de maisons de disques qui me bloquait. J’ai pu faire pleins de choses comme Discotique avec Christophe Monier sorti sur Rave Age.
Tu vas faire aussi Sutra, tout en tournant dans le monde entier ?
J’ai adoré faire Sutra, c’est l’album qui me correspond le plus.
Mais tu n’as jamais su choisir entre le rock et la dance ?
J’ai quand même une vraie passion pour la musique noire, j’écoute de la Disco tous les jours ce qui n’est pas le cas du rock. J’écoute aussi du jazz, de la pop, ….
Mais est ce que le public qui te voit mixer sait que tu es un des pionniers de la pop en France ?
Je ne suis pas sûr, parce que les gens me connaissent surtout en électro. Quand j’ai remonté un groupe (A Boy Called Vidal, ndlr) les gens étaient étonnés quand ils m’ont vu à la Maroquinerie ou à Lyon. C’était quand même assez violent, très rock et pas vraiment pop. Ma position les a surpris.
Pourquoi dans A Boy Called Vidal il n’y a pas les autres ?
Marie nous a quittés (en 1996, ndlr) , Érik a sa librairie à Lyon et Jean -Pierre est fatigué. Quand on s’est reformé pour « So Punk à Lyon » en 2009, on était avec Diane la fille de Marie à la batterie, Jean-Pierre, Erik et moi. On a refait un concert et tous les problèmes sont réapparus : c’était assez pénible ! Érik voulait rejouer note pour note les morceaux de 1976. Je ne pouvais plus chanter les mêmes textes : j’avais évolué. Le concert était super mais bon … Quand le disque est ressorti sur Gonzaï, Thomas qui y bosse m’a proposé de me présenter des musiciens et ça m’allait parce que ça restait dans l’esprit du groupe mais avec une vision plus actuelle. On a déjà fait une vingtaine de concerts. Ils m’ont donné une confiance et une énergie que je n’avais plus. Je suis vraiment épaulé par un groupe.
Vous faites quoi comme répertoire ?
On ne joue que Marie et les Garçons mais avec des arrangements actuels. C’est assez violent, ça ne plaisante pas (rires) !
Il n’y aura pas de disque ?
Non, on fera un maxi sur Bancamp avec deux nouveaux titres.
Mais tu as besoin de ce groupe ?
Je pense. Chanter ses propres textes avec un groupe pareil me fait plaisir parce que cela a toujours été un peu houleux pour nous. Les seules fois où on ne s’est pas fait jeter c’est quand on était tête d’affiche mais dans les festivals on était malmené. J’étais tellement content de retrouver la scène avec un groupe qui a une envie de partage.
La musique pour toi ce n’est pas une fin : culturellement tu es très ouvert. Tu aimes le cinéma, la littérature …
Il faut que je découvre toujours des choses, sinon je m’ennuie…
Comment tu vois la situation actuelle ?
C’est violent parce que moi je suis dans une situation assez précaire : je ne peux plus jouer. Je suis directeur artistique d’un club qui ne peut pas rouvrir. Il me reste le « sound design » pour des marques mais je ne peux pas gagner ma vie avec ça. Il y a un côté liberticide en ce moment qui est insupportable. J’ai construit ma vie autour de la musique et d’un partage absolu. Tout ça est fini.
Mais les clubs pourraient ouvrir ?
Un club sans promiscuité, sans sueur et sans gens qui se touchent ce n’est pas un club ! Les gens sont ensemble et on n’ouvrira pas des clubs avec 100 personnes au lieu de 600.
Quand tu regardes ta carrière qu’est-ce cela t’évoque ?
C’est compliqué ! Je pense avoir essayé de retranscrire tout ce que j’ai aimé en faisant ma version tout en restant digne.
Mais tu as été un grand passeur et on a l’impression que tu minimises ton rôle ?
Peut-être, non certainement (rires) ! Le seul truc que je vois que j’ai des demandes d’interviews autant pour le rock, la pop, la House, la dance et la disco … et ça me fait très plaisir !
Tu veux dire quoi pour la fin ?
En ce moment « Fuck off » comme la chanson de Wayne County !
Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’amener à la musique ?
C’est très compliqué comme question ! je dirai le « White album » des Beatles parce qu’ il y a une palette de genres musicaux très large.
Pas un disque de Dance ?
Je ne pense pas que l’on puisse aborder la musique Afro Américaine uniquement avec ce terme , certainement "Songs in The Key of Life" de Stevie Wonder…