Nika Leeflang : la révélation pop du printemps

mardi 22 juin 2021, par Franco Onweb

Nika Leeflang a sorti au printemps dernier un premier album, « Bad Sunday » qui est une merveille de pop-music ! Un disque qui m’a enthousiasmé par sa qualité de composition et sa production. La Montpelliéraine n’est pas une inconnue, elle fut la chanteuse de scène des merveilleux Liminanas. Au début du printemps dernier, j’ai discuté avec Nika pour en savoir plus sur une musicienne qui va faire beaucoup parler d’elle dans les prochains mois et années. 

Peux-tu te présenter ?

Je viens de l’Hérault, je fais de la musique depuis longtemps. J’ai commencé par écrire des poèmes. J’ai appris ensuite la guitare en autodidacte. Après j’ai rencontré des amis qui faisaient du rock à la fac de Montpellier. J’avais un entourage de musiciens. A l’époque j’étais très « post punk » avec une grosse influence du Velvet. On faisait des répétitions. J’ai commencé à écrire mes morceaux et en 2005, après avoir quitté la fac, j’ai commencé un groupe de jazz, j’ai accompagné des artistes en tournée… J’ai rencontré les Liminanas, qui tournaient beaucoup à l’étranger. Ils m’ont proposé de partir en tournée avec eux et c’était dingue ! Je n’avais jamais pu vraiment voyager et là mon souhait de voyage à été vraiment entendu (rires). Aujourd’hui je partage la vie des autres groupes et je développe mon propre univers que j’utilise pour m’exprimer face à mes émotions.

Crédit : François Medaerts

Tu étais la chanteuse de scène des Liminanas, on le rappelle partout : c’est pas un peu pesant ?

C’est cinq ans de ma vie ! Je ne peux l’occulter comme ça. C’était un truc énorme : j’ai voyagé, j’ai fait de grosses scènes… Je suis content de l’avoir fait. C’est vrai on est obligé d’en parler mais maintenant je suis sur mon projet !

Tu as fait un premier EP en 2017 ?

Oui, je l’ai fait avec mon ancien batteur et c’était super.

Mais tu as décidé quand de devenir chanteuse solo ?

Depuis que j’ai des mélodies en tête, j’étais très jeune. Ma mère est irlandaise et elle travaillait dans une école bilingue. Quand elle m’a mise dans cette école, les trajets étaient longs et j’ai commencé à avoir des chansonnettes en tête, j’étais très jeune (rires). Ça me permettait d’extérioriser les choses. Comme je suis timide, la chanson me permettait de me rassurer. Tout d’abord j’ai crié et ensuite j’ai fait du « Talk over » que j’ai pratiqué beaucoup sur scène avec les Liminanas. 

Tu en as sur ton album ?

Oui sur « Bad Sunday » et « Talk over » qui est mon morceau d’adieu à la période Liminanas. Ça a été une période très compliquée pour moi de quitter le groupe. Ce sont des amis, je pensais pouvoir faire les deux ensemble mais ce n’était pas possible donc j’en ai fait un morceau.

Tu as sorti un premier album « Bad Sunday » : tu as un problème avec le dimanche ?

(Rires) Carrément ! Personne ne m’a posé la question. Je vis comme une musicienne et donc pour moi c’est un jour comme les autres le dimanche. Quand tu es musicien les dimanches, ou les lundis d’ailleurs, ce sont des jours où tu es sur la route ou tu rentres juste de concert. Il y a eu des dimanches « fatigués » et des dimanches où tu aimerais être samedi (rires).

Tu l’as fait où et avec qui le disque ?

J’ai écrit les morceaux à la maison ou pendant mes voyages. Mon manager, que je connais depuis 20 ans, a réussi à avoir des subventions de la région Occitanie. J’ai donc créé mon équipe, parce qu’à ce moment-là j’étais vraiment en solo. Je voulais enregistrer au studio Vox à Montpellier avec Aymeric Severac qui est aussi un auteur / compositeur avec son groupe DPMT. J’adore ce groupe ! je voulais bosser avec lui. J’ai bossé avec Romain Preuss avec la guitare qui a bossé avec Ours et Pauline Croze. J’adore cette fille qui m’a montré que l’on pouvait être seule quand on était une fille. Le batteur c’est Nick Gomez, le batteur de DPMT. On a mixé le disque avec David Darmon à Mirador Sound studio : un studio qui accueille beaucoup de groupes de ma région et ça a été super ! Ca a été long à enregistrer et en plus il a été reporté à cause du confinement !

Quelles sont tes influences ? J’y ai vu de la pop avec des lignes mélodiques et beaucoup d’acoustique ?

Merci de me dire ça parce que c’est ce que voulais faire ! Dans mes influences il y a Pj Harvey qui est la fille qui m’a donnée confiance en moi, je l’ai beaucoup écouté avec toutes les émotions possibles. Sinon je suis en admiration devant Catherine Ringer qui incarne pour moi la chanteuse avec beaucoup d’énergie ! J’ai aussi beaucoup écouté Elysian Fied et Cat Power, surtout son album « Free ».

Tu passes aussi de la pop à un rock plus énergique avec ce morceau « Night Call » qui ferme l’album.

Je n’ai pas la prétention de faire du rock … C’est trop facile de dire ça ! Moi, je suis une chanteuse, une performeuse qui peut avoir qu’une seule corde à sa guitare et une scène de un mètre carrée, tant qu’il y a un spot je peux transformer une vie monotone en moment d’excitation collective. Mon côté rock il est là : sur scène je suis à fond ! Mais je suis profondément pop !

Ton disque est très acoustique : il n’y a pas du tout d’électronique ?

Je suis profondément amoureuse des musiciens ! Quand tu prends un bassiste c’est pour jouer ! Le seul morceau où il y a un peu de production plus « moderne » c’est « Night Call ». Je venais de quittan. C’était très dur pour moi et là j’ai écrit ce texte. Mon conjoint m’a proposé d’enregistrer avec un enregistreur. On a rentré la basse et Ty (son conjoint, ndlr) a fait une batterie électronique à la maison mais c’est le seul moment où il y en a une !

Sur scène avec les Liminanas
Droits réservés

C’est une volonté naturelle de mélanger le Français et l’Anglais ?

Je ne me prends pas la tête : ça vient tout seul ! J’ai écrit un morceau en anglais que j’ai traduit et c’était parfait. Pour moi c’est une perte de temps de se poser cette question. L’anglais me permet de traduire des émotions plus fortes, plus violentes, notamment avec les voyelles qui permettent de crier et les fins de phrases où tu peux t’énerver. Le Français est plus ciselé avec des expressions plus détaillées qui vont me permettre de m’exprimer.

Ils parlent de quoi tes textes ?

Ils essaient de refléter une palette de mes émotions. Ça parle de mes voyages, du trac du scène avant le concert… Il y a un morceau qui parle de quelqu’un qui se fait virer et qui ne déprime pas. « No Title » c’est mon fantasme d’aller aux USA où je ne suis pas allé. Il y a aussi des morceaux sombres comme « Never Tell It » c’est sur les violences conjugales et le tabou des femmes qui n’osent pas le dire. C’est mon arrangement préféré de l’album avec ces orgues… Ce morceau me touche beaucoup !

Comment cela va se passer sur scène ?

Il y aura les musiciens du groupe Claque, des amis, avec qui je travaille pour le live. J’adore ces mecs. J’ai rencontré toute la famille de Vincent Morin, le guitariste, avant de le rencontrer (rires). C’est un musicien fabuleux et il joue avec ses meilleurs amis depuis longtemps. C’est un groupe hyper Lo-Fi, des passionnés… Le live aura une teneur beaucoup plus psyché sur scène que sur le disque. On prépare ensemble un deux titres surprises pour l’été !

Tu pourrais faire une série de 45t ?

J’aimerais déjà que « Bad Sunday » sorte en vinyle. Comme je n’ai pas de label et de trésorerie je vais être obligée de faire une prévente, un crowfunding ! J’ai peur de ne pas y arriver ! Pourtant c’est un vrai plaisir de mettre un disque sur une platine.

Les projets ?

Le 45t, des concerts… Toutes nos dates ont été reportées, il y a une incertitude …

Que penses-tu de la situation que nous avons vécu ?

Ça a été dramatique pour les artistes. Nous avons réalisé que faire ses courses dans une grande surface n’est pas un problème et qu’être dans un métro bondé n’est pas non plus un problème ! Mais aller au spectacle ou au cinéma est un problème. J’ai travaillé dans le milieu hospitalier et je sais ce que sont les virus et comment s’en protéger. Il y a un problème avec l’exception culturelle française puisque nous sommes le pays au monde avec ce statut d’intermittent. Le gouvernement a rallongé les droits mais il a oublié que ceux à qui ils manquaient trois dates ils ont un problème, ceux qui ont besoin de jouer, comme moi, ils ont un problème… Les salles rouvrent et c’est tant mieux parce que la culture est vitale.

Le mot de la fin.

La scène me manque, allez sur mon site http://www.nikaleflang.com/, vous pourrez suivre notre actualité !

Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’amener vers la musique ?

« Washing Machine » de Sonic Youth