Dans son sublime et dernier album You Want It Darker , paru le 21 octobre dernier, et puisque « vous voulez plus sombre », tel que le proclamait Léonard Cohen, ajoutant : « je suis prêt seigneur »… Et à la suite de la disparition de Marianne, sa muse, ô So Long Marianne , qui s’est éteinte en juillet dernier, dans une lettre hommage, Cohen déclarait la rejoindre bientôt. A l’âge de 82 ans, ce 10 novembre 2016, c’est chose faite.
Deux événements majeurs, finalement, s’entrechoquent en cette année 2016. La disparition du chanteur canadien et l’attribution du Nobel à Bob Dylan, à propos duquel Léonard Cohen de déclarer : « Donner le Nobel à Dylan, c’est comme dire du mont Everest que c’est une grande montagne. »
Et d’écho en écho, alors que nous assistons, à la fois impuissant, sans humaine réponse, qui plus est dans une extrêmement grande indifférence, à la fin du vieux monde, il est une phrase qui me hante, extraite de la chanson d’ouverture du dernier album de Cohen :
« Un million de bougies de bougies qui brûlent pour une aide qui n’est jamais venu ».
Qu’en sera-t-il dans l’entre-deux, si toutefois un nouveau monde est possible, de la parole, de la musique élevée comme art littéraire ?
Nous venons de perdre l’un de nos plus grands poètes. La question est : où se tient la relève ?
Oserais-je dire qu’il y a urgence à sortir de sa tanière, à reprendre au plus vite le maquis à travers mots, et ainsi transcender la vie à coups de véhémentes utopies s’il en est, écrire n’étant qu’écrire, mais la force que l’on y met, entre les lignes, pouvant servir de détonateur.
Il ne suffit donc pas en ce jour de célébrer Cohen, son héritage ses chansons, mais bel et bien de s’en nourrir ; de songer à œuvrer. C’est ce message que j’entends et que je perçois à travers la mort de Cohen : c’est à notre tour.