Pouvez-vous présenter le groupe et ses membres ?
Lame est né à Nantes en 2018. On se définit souvent comme un groupe « indie pop rock » ce qui ne veut suffisamment rien dire pour nous permettre de faire juste ce qu’on veut ! Nous sommes 4 (contrairement au nombre de temps dans les mesures d’Étienne ! #privatejoke). Étienne, chanteur et guitariste rythmique. David à la guitare lead et aux chœurs. Bertrand à la basse et aux chœurs. Et Nicolas à la batterie et… aux chœurs !
Quels sont vos parcours musicaux respectifs ?
On est tous essentiellement autodidactes. On s’est mis à faire de la musique avant tout parce qu’on adorait écouter de la musique. On a tous eu plusieurs expériences dans des groupes de rock différents depuis le collège ou le lycée. On n’écrit pas la musique, tout se fait de manière orale. D’ailleurs quand on compose les arrangements, qu’on cherche une mélodie pour une ligne de guitare ou de basse, on ne parle généralement pas en termes de notes mais avec des métaphores, des images. Ça donne parfois des échanges qui peuvent paraître chelous de l’extérieur, du genre « Non mais là tu vois j’entendais un truc plus aquatique, alors que tu me fais un phasme en équilibre sur une feuille qui bat dans le vent d’automne !… » Au final ça fonctionne ! Je ne sais pas si on se comprend, mais ça fonctionne ! L’oralité c’est vraiment une notion importante pour moi [Étienne], d’ailleurs j’insiste souvent sur le fait qu’on dise « paroles » de chanson plutôt que « texte ».
Comment s’est formé le groupe ?
Au départ Étienne avait le projet de monter un groupe avec un de ses potes qui était guitariste. Ils ont recherché d’autres musiciens pour compléter la formation. Étienne a pensé immédiatement à Bertrand à la basse, car ils avaient joué ensemble dans un groupe précédent quelques années avant. Ensuite ils ont passé une annonce pour trouver un batteur. On a auditionné plusieurs personnes. Et puis un jour un mec s’est pointé à l’audition sans baguette ni cymbale ni rien, les mains dans les poches ! Il a dû frapper à la porte d’autres studios pour taxer des baguettes ! C’était Nico ! Ça a matché tout de suite !!! Puis Josh, le guitariste, a déménagé et a quitté le groupe donc nous avons passé une nouvelle annonce. Après plusieurs auditions on est tombé sur David, qui était de loin le meilleur et il connaissait déjà les morceaux par cœur ! On a fait semblant d’avoir un choix difficile à faire, on l’a fait patienter quelques jours… pour pas qu’il voit tout de suite qu’on le kiffait trop !
Quelles étaient vos influences au début du groupe ?
Fondamentalement les mêmes qu’aujourd’hui : The Strokes, Franz Ferdinand, Arctic Monkeys, Bloc Party, Interpol, pour les plus connues.
Quand on vous écoute, on trouve deux caractéristiques : une influence anglaise et grand sens de la mélodie, êtes-vous d’accord ?
Plutôt d’accords. Nos morceaux sont des chansons. C’est à dire qu’ils sont structurés autour de la mélodie lead du chant. C’est cette mélodie qui définit l’univers de la chanson, qui pose le cadre, l’histoire à raconter. Ensuite on réfléchit collectivement à la manière de raconter cette histoire, à la mise en scène en quelque sorte… C’est comme ça qu’on aborde la phase d’arrangements. On n’a donc pas de recette toute faite, on s’adapte à chaque fois à la chanson sur laquelle on travaille.
La mélodie c’est le nerf de la guerre. Une chanson doit fonctionner même sans arrangement, en mode minimaliste guitare/voix. La mélodie c’est vraiment ce qui définit la musique pop. C’est quelque chose qui s’adresse à tout le monde de manière très immédiate, très intuitive. Il n’y a pas besoin d’avoir de bagage musical particulier pour être transporté par une mélodie. C’est une porte d’entrée ouverte à tout le monde. Une fois qu’on entre dans nos chansons par cette mélodie, on peut, avec une oreille plus exercée, un niveau d’analyse plus poussé, accéder à une dimension plus complexe de l’arrangement des morceaux : analyser la manière dont les différents instruments interagissent, les harmonies, les changements rythmiques etc. En un mot on essaie en permanence d’allier la simplicité immédiate de la pop avec la subtilité et une certaine sophistication des arrangements.
Concernant l’influence British c’est vrai, notamment pour ce goût pour les mélodies et les harmonies. Étienne est un grand fan des Beatles et de la scène anglaise des 60’s. On aime beaucoup de nombreux groupes anglais des Beatles à Arctic Monkeys en passant par Queen… Mais il y a aussi dans la musique de Lame une grosse influence de la scène indie américaine : Velvet Underground, Television, Pixies, Strokes, Arcade Fire, Interpol… On retrouve pas mal de traces de cette scène-là dans nos arrangements.
Quelle est l’importance de l’image pour vous ?
Ce qu’on aime aussi dans la musique c’est la collaboration avec d’autres artistes d’autres disciplines. On trouve passionnant de pouvoir développer notre univers à travers d’autres outils et par le filtre d’autres personnes. On aime bien cette idée « d’art total ». Et les grands disques qui ont marqué l’histoire sont en général accompagnés de visuels iconiques : « Sergent Pepper », « Dark Side Of The Moon », « Nevermind », on pourrait en citer des centaines…
On voulait vraiment honorer cette tradition-là. La première chose qu’on perçoit d’un disque c’est sa pochette. On voulait donc que la pochette de notre EP permette d’emblée à l’auditeur de rentrer dans notre univers. Et Lohengrin Papadato, le graphiste avec lequel nous avons travaillé, a magnifiquement réussi à retranscrire en image cet univers. A tel point que cela a même eu un impact sur l’intro de notre morceau « Summer Sun » qui ouvre l’EP. On a vraiment voulu créer une continuité entre le visuel et le morceau, donc nous avons totalement modifié l’intro en s’inspirant du visuel, pour en faire une version sonore en quelque sorte. Sachant que le visuel était lui-même inspiré de nos musiques et des paroles, il y a un véritable dialogue créatif qui s’est instauré entre ces 2 aspects sonore et visuel. On est d’ailleurs tellement fiers de ce visuel qu’on l’a décliné en posters qu’on peut trouver sur notre site ou pendant les concerts.
Nous avons aussi collaboré avec Alejandra Vaughan pour la réalisation du clip de « Summer Sun » (1er single extrait de l’EP) qui, avec très peu de moyens, a parfaitement rendu l’ambiance du morceau. Nous avons également travaillé avec elle pour une série de photos, en prenant soin aussi de la cohérence entre notre univers musical et sa déclinaison graphique.
C’est hyper intéressant d’essayer de transposer des émotions transmises par la musique en images. C’est d’autant plus intéressant que notre musique est très « visuelle », on pense toujours nos chansons comme de petits films, avec un aspect assez narratif, presque cinématographique (la dernière chanson de l’EP, « In The Desert », étant la plus emblématique de cette approche).
De quels groupes Français vous êtes proches musicalement ?
Peut-être des groupes comme Stuck In The Sound ou Skip The Use, The Dø… On ne sait pas trop… C’est vrai qu’on est plus tournés vers la scène anglo-saxonne…
Pourquoi ce nom ?
On s’était fixé comme impératif de trouver un nom en une syllabe et facile à prononcer ! Du coup Lame c’était bien pour ça. En plus on s’est dit que même si les gens le prononcent à la française (ce qui arrive souvent) ça signifie quand même quelque chose ! Au-delà de ça, « boiteux » ça fait référence au goût d’Étienne pour les mesures amputées ou les cycles impaires, qui rythmiquement donnent un aspect « boiteux » aux morceaux. Et aussi parce que de manière plus imagée le mot signifie aussi « foireux », « nul », et comme on s’inscrit dans un genre musical qui n’est pas au top de la hype en ce moment on s’est dit : « autant assumé notre côté ringards » !
Quelles ont été les grandes étapes du groupe ?
L’enregistrement de notre 1re démo, nos premiers concerts et enfin toute la phase de préparation et de production de ce premier EP !
Avez-vous fait beaucoup de concerts et lesquels ont été les plus marquants ?
On a fait une quarantaine de concerts depuis 2018, sachant que depuis mars 2020 ça s’est bizarrement un peu tarit… Les plus marquants : notre 1er festival, à côté de Limoges au « Feuyastival » en 2019 : ça a été assez épique ! Notre concert au Ferrailleur à Nantes en 2019 aussi c’était top, d’ailleurs c’est là qu’on fait notre Release Party pour l’EP le 3 mars prochain !
Comment cela se passe t’il sur scène ?
On branche les guitares, on allume les amplis, 1,2,3,4 et c’est parti !!!
Vous sortez un premier EP « Pleasantly Disappointed », pouvez-vous le présenter ?
C’est à la sortie du tout premier confinement, frustrés par 8 semaines sans pouvoir jouer de musique ensemble et sans pouvoir faire avancer nos projets, qu’on a décidé de se lancer dans la production de ce 1er EP. Le titre de l’EP : « Pleasantly Disappointed » (= agréablement déçu) est évidemment le détournement de l’expression « pleasantly surprised » (= agréablement surpris). Ce détournement provient d’un lapsus très spontané de Bertrand, lors d’une discussion où on le vannait sur son pessimisme légendaire ! C’est devenu rapidement une « private joke », un gimmick entre nous, qu’on répétait tout le temps. L’expression s’est donc naturellement imposée lorsqu’il a fallu choisir le titre de ce 1er EP, d’autant qu’elle exprime parfaitement la tension fondamentale qui structure toute la musique du groupe : entre luminosité pop et paroles ombrageuses, simplicité et sophistication. Les 4 morceaux ont été choisi pour les ambiances différentes qu’ils explorent : de l’indie plutôt sombre du morceau d’ouverture « Summer Sun » à l’épique « In The Desert » qui clôt le disque, en passant par le pop-rock accrocheur de « Relieved » et la ballade désabusée « Granted ». Mais derrière cette diversité, les 4 titres se complètent pour former une sorte de voyage existentiel.
Vous l’avez fait où et avec qui ?
Le disque a entièrement été enregistré, mixé et masterisé à Nantes. C’était important pour nous de tout faire dans notre ville, riche en équipements et en talents. Les instruments ont été enregistrés dans les studios de Trempo sur l’île de Nantes. Les prises voix ont été faites dans le salon d’Étienne, dans le centre de Nantes. C’est notre ami l’ingé son Sébastien Condoloqui a réalisé l’EP, c’est lui qui a fait toutes les prise et le mix, c’est un peu le 5e membre de Lame. Le mastering a été réalisé par Ronan Cloarec de la boite nantaise Master Lab Systems, qui a fait un super taf aussi.
Qui compose et qui écrit les textes ?
C’est Étienne qui fait les compos et paroles. Il arrive au studio avec les morceaux en format guitare/voix. Ensuite on choisit ceux sur lesquels on veut bosser. On bosse ensuite de manière totalement collective sur les arrangements.
Comment peut-on se procurer vos disques ?
L’EP est dispo en digital sur toutes les plateformes de streaming. On peut se procurer la version physique via notre site web (tous nos liens ici : https://linkr.bio/lame), et surtout vous les trouverez sur notre stand de merch pendant nos concerts. Car le plus important à retenir c’est que : la musique se vit LIVE !
Que pensez-vous de la situation actuelle, où la culture est mise au silence ?
C’est compliqué !… On est partagé entre le fait, tout à fait naturel, de la jouer collectif et de faire les efforts nécessaires pour sortir de ce merdier au plus vite… Et d’un autre côté on n’a pas l’impression que nos gouvernants mettent tout en œuvre pour trouver des solutions pour permettre au spectacle vivant de retrouver sa place légitime et nécessaire… On ne va pas pouvoir vivre éternellement dans ce monde triste, désincarné…
Quels sont vos projets ?
Un maximum de concerts en 2022 !!! Ça nous manque énormément !!! Et on commence déjà à travailler sur de nouveaux morceaux en vue de notre 1er album ! On vous tient au courant !
Votre avis sur internet et les réseaux sociaux ?
Initialement et potentiellement un outil formidable de culture et d’échanges (le nombre incalculable de groupes/films/artistes qu’on a pu découvrir !!!)… Malheureusement dévoyé par une poignée de pauvres cons et de firmes très riches !…
Le mot de la fin ?
Une pensée spéciale à nos fans, qui nous soutiennent plus que jamais, et qui nous ont permis de réaliser cet EP via leur incroyable mobilisation sur Ulule cet été, et qui nous envoie régulièrement des messages qui font chaud au cœur, et compensent un peu l’absence de chaleur humaine des concerts annulés…