Peux-tu présenter cet album en quelques mots ?
Cet album est avant tout inattendu. Il y a 2 ans, j’ai rencontré Christophe Simplex à la projection « Sauvages », un film sur le rock Lyonnais, à Confluence, à Lyon. Il me présente son label et me demande si j’ai des inédits de Floo Flash . Je me lance donc dans des recherches, à partir de mes souvenirs, qui aboutissent finalement à cet album, dont je suis assez fier en fait, et qui n’existerait évidemment pas sans la détermination et la passion de Christophe.
Présente nous le label « Simplex Records » ?
Basé dans l’ouest lyonnais, c’est un label 100% vinyle et 100% lyonnais qui ne propose que des enregistrements inédits ou rarissimes de groupes locaux du passé, dans une démarche patrimoniale et responsable ». Les disques sont fabriqués à Annecy, ma ville natale. La dernière sortie, avant nous, est un album de Ganafoul qui a très bien fonctionné.
On va décrire les titres un par un : peux-tu nous décrire une anecdote sur chacun ?
« Pendu au téléphone » (la reprise des Nerves) ?
En fait, il faut partir des Plimsouls pour arriver à l’idée de cette reprise. En 1983, sort « A million miles away » des Plimsouls, puis leur album « Everywhere at once » . Nous sommes tous fans de ce disque. En s’intéressant un peu à son histoire, je découvre que le chanteur Peter Case était auparavant dans un groupe, The Nerves, dont le bassiste, Jack Lee, avait écrit le titre « Hanging on the telephone » sur leur unique EP, chanson devenue ensuite un hit avec Blondie. Ça nous a aussitôt amusé de reprendre ce titre qui collait bien à notre univers.
« Tes discours d’enfants »
C’est un des derniers titres que l’on ai écrit et je suis assez fier de cette chanson. Pour ceux qui connaissent l’histoire des Jam , toute proportion gardée, c’est un peu notre "Beat Surrender" , leur dernier single qui est peut-être également leur meilleure chanson de tout point de vue. Une belle manière de finir sa carrière en beauté … « Tes discours d’enfant » n’a pas eu le même destin puisqu’elle est restée 35 ans dans un tiroir, mais c’est sans doute une de mes chansons préférées de Floo Flash . Une forme d’aboutissement. Je suis passionné de songwriting, j’aime notamment travailler sur les structures des chansons. Et je trouve que sur celle-ci, on a bien réussi notre coup.
« Jouer »
Ce titre fait partie de ces démos enregistrées pour Polydor, que j’ai pu retrouver. Je ne me souviens plus trop de son histoire mais j’entends aujourd’hui une influence XTC, ce qui me paraît logique, tant on adorait ce groupe.
« 500 Km »
C’est une de nos premières chansons et également une de nos plus célèbres, la plus interactive sur scène. On a fait chanter à des milliers de personnes « A 500 Km, je pense encore à toi » ! Le spleen du Lyonnais qui a laissé son amour de vacances repartir à Paris … La version du disque est une version studio, très habillée, notamment par un sax, le tout réalisé par Paul Scemama, l’ingénieur du son de Gainsbourg et de Dutronc dans les années 70 qui nous a pris sous sa coupe à partir de 84. Sur scène, c’était beaucoup plus « rough » et sauvage que ça … ( rires)
« Au bout de la piste »
Cette chanson est en fait la première mouture d’un titre qui va devenir « Sha Ho Ho » le titre qui nous fera finalement signer chez Polydor. Avec le temps, je me dis qu’on aurait dû en rester à cette version. Mais il faut situer ça dans son époque, au milieu des années 80 on se met à passer des jours en studio pour enregistrer une chanson. On découvre ce qu’on appelle « le travail de studio », avec comme exemple des groupes comme Talk Talk, Duran Duran, Tear For Fears, FGTH qui passent des mois en studio sur une chanson … On est parti un peu dans ce genre de délire et on s’est planté. On n’était pas fait pour ça. On était juste un groupe de Power Pop.
« Soirée spéciale »
Un de nos premiers titres, bien pop. On cherchait encore notre style à l’époque. Je sens une petite influence du premier album de Police, avec une structure qui comprend des couplets plutôt cool et des refrains plus enlevés. Je crois que c’est un copain de Fac qui joue du sax. On sent également un peu l’influence du mouvement Ska. J’aimais beaucoup The Beat (je ne parle pas du Beat de Paul Collins, le batteur des Nerves, que j’adorais évidemment mais du Beat anglais).
« Recommencer »
Une de mes chansons préférées sur scène, quand on attaquait avec ça, on se mettait directement sur de bons rails. Il y a plein d’ambiances différentes qui se succèdent, ce qui donne de la dynamique à la chanson. L’influence des Who de « Quadrophonia », sans doute …
« Dans 10 ans »
Là aussi c’est une première mouture. Cette chanson va figurer ensuite sur mon premier album solo, produite par Jeff Eyrich, le producteur des Plimsouls, sous une forme différente. C’est sans doute notre chanson la plus courte. J’aime la surprise provoquée par le fait qu’elle se termine de manière abrupte.
« Comment font-ils ? »
Une chanson qu’on a beaucoup joué et qui a traversé nos différentes périodes. Une chanson « type » de ce qu’était notre couleur musicale en fait. On travaillait souvent nos titres par groupe de 3 chansons. Je ne sais pas pourquoi. Pour passer de l’une à l’autre en répétant et garder de la fraîcheur peut-être. Ce titre a été écrit en même temps que « Recommencer ».
« Fille de papier »
Une vraie chanson d’ado … Quand nos fantasmes érotiques s’éveillaient à la lecture de « LUI », une autre époque … Il me semble avoir été influencé musicalement sur ce titre par un très éphémère groupe pop anglais, The Photos, que j’avais vu en concert à Brighton.
« A côté de moi (déjà présent sur l’ EP « Mon époque ») »
C’est la seule chanson de ce disque qui figure également sur le EP sorti chez New Rose. Par contre cette version est inédite, enregistrée dans les locaux de la Radio Suisse Romande, dans l’émission de Gérard Sutter. Je la préfère à la version du disque. C’est plus brut. C’est pour ça que je tenais à ce qu’elle soit sur ce disque.
« Un homme qui sort de l’ordinaire »
C’est la première chanson que l’on a écrite. Elle a toujours gardé une certaine fraicheur pour moi, un air de « première fois » , avec toutes ses petites maladresses … En fait, le texte original a été écrit par Denis du temps de Dyalix, puis il a été un peu retapé par Jean-Luc. Mon riff de guitare est très influencé par « Inoxydable » une de mes chansons préférées de Starshooter.
Avec la sortie de cet album et du 45 t de Dangerhouse as-tu prévu un avenir pour Floo Flash ?
Un avenir, je n’irai pas jusque-là, mais je dois dire que je suis agréablement surpris par l’accueil de ce disque. Je ne pensais pas que, 35 ans après, autant de gens se souviennent de Floo Flash. Cela contraste vraiment avec ce qui se passait pour nous à cette époque où on avait vraiment l’impression d’être les vilains petits canards du rock français. Sans que je sache vraiment pourquoi, on était très clivant. On nous adorait ou on nous détestait. Le problème c’est qu’on était particulièrement méprisé par les maisons de disques. Je me souviens notamment d’un directeur artistique influent chez Virgin qui appelait tous ses collègues des autres labels pour leur dire de surtout ne pas nous signer. Pour le business de l’époque, on était pas dans l’air du temps même si des gens comme Michka Assayas écrivait de jolies choses sur nous.
Mais du coup, cela donne des idées, il existe encore des inédits, dont la chanson préférée de Jean-Luc, affaire à suivre … ! (rires)
Floo Flash : « Moderne » - Simplex Records
Pour le commander :
simplexrecords@orange.fr
En vente chez les disquaires suivants :
- Dangerhouse, 3 rue Thimonnier, Lyon (tel 04 78 27 15 64)
- Sofa Records, 7 rue d’Algérie, Lyon (tel 04 78 39 06 56)
- Tiki Vinyl Store, 13 rue René Leynaud, Lyon (tel 09 51 23 44 83)
- Hands And Arms, 72 rue Crozatier, Paris 12e (tel : 06-48-36-62-07)