Pouvez-vous vous présenter ?
Elsa Barrère, en âge de commencer à recevoir des propositions d’escortes masculins sur Instagram… Auteure, réalisatrice, écrivain de comédie, stand-uppeuse.
Quel a été votre parcours ?
J’ai grandi au Kremlin Bicêtre, j’ai fait un bac littéraire, des études d’anglais, puis j’ai été hôtesse de l’air… Je précise qu’aujourd’hui j’ai peur en avion. Puis j’ai écrit et réalisé des courts-métrages, j’ai beaucoup écrit pour la télé, et je fais du stand up.
Comment vous définiriez vous ?
Comme quelqu’un de fantasque, parfois énervée, mais pas méchante.
Vous avez plusieurs activités : auteur, animatrice de radio, One Woman Show… quel est le point commun entre toutes ces activités ?
L’écriture, je pense que c’est la base, c’est ce qui me plaît le plus, je suis concentrée, je ne vois pas le temps passer, c’est génial.
Vous êtes auteur pour Groland, comment êtes-vous arrivés à écrire ces textes ?
Grâce à un court-métrage que j’ai coréalisé et qui est passé à un festival ou Benoit Delepine et Noël Godin étaient dans le jury. Pas de prix pour nous, mais Noël Godin s’était énervé à propos d’un autre court-métrage qu’il avait trouvé scandaleux, il avait fait une longue diatribe ; il y avait ensuite une fête, et je m’étais faite passer auprès de Noël Godin et les gens de Groland pour la réalisatrice de ce court-métrage (qui était absente en réalité) et j’avais fait semblant de pleurer en disant que j’allais me venger… Ils étaient tout gênés, super gentils, bien sûr j’avais rigolé et je m’étais grillée, du coup on a sympathisé, nous sommes restés en contact, et après j’ai demandé à travailler à Groland.
Vous avez écrit un livre « Paris Trash » : quel est le sujet ?
C’est un guide de Paris, arrondissement par arrondissement, bien loin de la carte postale idyllique qu’on nous vend constamment ; là je raconte une petite histoire un peu trash, ou drôle, qui m’est vraiment arrivée dans chaque arrondissement, en délirant juste un petit peu. Un exemple : une attaque violente d’un homme en manque de Voluto à la boutique Nespresso du 7e arrondissement, ou bien l’histoire incroyable d’une flaque de vomi (un truc fou que j’ai vu en vrai, il faut lire le livre pour savoir).
Vous appartenez à un collectif : « Laugh Steady Crew », pouvez-vous le décrire ?
Je n’y suis plus ! Car je me concentre aujourd’hui totalement sur mon spectacle, telle une âme solitaire. Le LSC, c’est un collectif d’humoristes sous la houlette de Thierno Thioune, le metteur en scène de Haroun. Il faut écrire des textes de stand up toutes les semaines à partir de thèmes donnés par le public.
Quels sont vos influences pour votre humour ?
Bill Burr, Ricky Gervais, South Park … J’aime beaucoup aussi des films style « Travolta et moi » ou bien « welcome to the Dollhouse », (Bienvenue dans l’âge ingrat) de Todd Solondz, c’est mon film culte. Mais bon je vais arrêter de me la péter, ma série préférée, c’est Malcom.
Quel est votre processus de création et d’écriture ?
Quand j’ai une bonne idée, c’est facile, ça coule tout seul. Sinon… il faut chercher ! Et réfléchir.
Que pensez-vous de « l’ambiance » actuelle qui remet en cause beaucoup de choses et on peut comparer ça à une forme de censure ?
La censure a toujours existé. Ce que je n’arrive pas à comprendre, enfin plutôt je le comprends, mais je le déplore, c’est que les gens détestent quelque chose et s’en plaignent sur les réseaux… Sans se rendre compte que les décideurs se disent : « ça fait le buzz, on garde », et donc ces gens non seulement se tirent une balle dans le pied, mais la balle ricoche et blesse la société toute entière.
Sinon, pour le côté « on ne peut plus rien dire »… Je ne sais pas. Je trouve le thème intéressant, en tout cas.
Je trouve juste que les termes « fasciste », « nazi », sont beaucoup trop utilisés.
Des fois, je me dis que c’était mieux quand l’armée était obligatoire… Pardon, je pensais tout haut.
L’humour n’est il pas obligatoire dans notre époque ?
A partir du moment où on sait que les gens disaient des blagues à Auschwitz…
Là j’ai lu qu’un homme qui avait attaqué et blessé un roi, après l’annonce de son éviscération à venir, a dit : « la journée va être rude ». Quelle classe !
Donc, tout ça pour dire, notre époque…
Que conseilleriez vous à un/une jeune qui voudrait se lancer ?
Rien ! Pars ! On est trop d’humoristes ! Bon… Je lui dirai que si c’est un bon auteur, eh bien qu’il écrive. J’en ai marre d’entendre des gens dire « je ne suis pas auteur, parce que j’ai pas le temps, je ne suis pas auteur parce que si, parce que ça… ». Si t’es auteur, écris, c’est tout ; si c’est bien, des gens vont trouver que c’est bien. Aie confiance ! (je précise que je pars du principe que tout art comique part de l’écriture).
Votre avis sur la situation actuelle où la culture a été mise en silence ?
Nous avons été mis sous silence, c’est vrai, mais comme tout le monde. Ok, la culture a été sacrifiée, ça a mis plein de gens dans des problèmes, mais franchement ça aurait été quand même bizarre que les cinémas, les théâtres et les caves de stand up restent ouverts alors que les restaurants et certains commerces non.
Le mot de la fin ?
Dis donc t’es pas un peu gêné comme journaliste de me laisser trouver quelque chose d’intelligent pour finir ?
Attends, j’ai trouvé :
Venez voir mon spectacle « Doux Massacre » tous les dimanches à 20 h jusqu’à mi-juillet, au théâtre « le Paris de l’Humour » 8 rue Pradier, dans le 20e, à Paris. Réservations sur Billetreduc ou au 0612632461 pour les vieilles personnes qui n’ont pas internet.