Qui es-tu ?
Grégory, 48 ans, breton d’origine et juvisien depuis 10 ans. Fan de musique (tous styles), de foot et de photographie.
(Grégory Pichet - Droits réservés)
Quel est ton parcours ?
Un parcours à la fois classique et atypique pour en venir à être disquaire. Diplômé d’une école de commerce et d’un master 2 en management des entreprises culturelles, j’ai passé toute ma vie dans le secteur privé. Avant de créer la boutique, j’étais salarié depuis 10 ans dans le médico-social. J’ai démissionné pour mener à bien ce projet.
Pourquoi ouvrir un magasin de disques en 2021 ?
Un projet tout simplement personnel, une envie d’autre chose, un changement de vie, quoi.
Ou se trouve ton magasin ?
Il est à Juvisy-sur-Orge dans le nord-Essonne (56 grande rue). Juvisy est à 15 km au sud de Paris.
Peux-tu le décrire ?
La boutique comprend 2 salles, je n’ai pas choisi, c’est son aménagement d’origine. On y trouve principalement des disques vinyles sur 80% de la surface, mais aussi un coin librairie Rock, un beau corner mode vintage avec des marques anglaises et allemandes (et bien sûr la cabine d’essayage qui va bien !), des produits dérivés (mugs et tee-shirts). Il y a aussi une platine en libre-service pour tester des disques d’occasion !
Quel est l’importance de la scène locale pour ta boutique ?
Je souhaite m’inscrire dans le territoire donc je suis ouvert au travail en commun d’autant plus qu’il y a sur ce territoire des salles de concert intéressantes (Le Plan, Paul B, Le Rack’Am…).
Tu travailles avec beaucoup de labels indépendants et des artistes en dect ?
En direct, non. Je travaille avec des distributeurs de labels indépendants.
(Droits réservés),
Que vends tu le plus des Cds ou des vinyles ?
Ce n’est pas compliqué, je ne propose même pas de CDs !
Quels sont les artistes les plus demandés dans ton magasin ?
Sans surprise, les groupes phare tels que Pink Floyd, les Rolling Stones ou Queen. Les groupes des années 90 et 2000 marchent bien aussi : Arctic Monkeys, Foo Fighters, Queens Of The Stone Age … La Soul et le Funk partent bien aussi.
Et puis j’ai pu avoir 10 exemplaires du dernier Daft Punk en date fin avril. C’est parti en une journée !
L’importance des rééditions ?
C’est évidemment important, sinon comment pourrait-on acheter un Nirvana ? En effet, les exemplaires d’occasion originaux sont quasiment introuvables. Et puis il y a des gens qui préfèrent des objets neufs et c’est légitime !
Tu vends aussi des vêtements, des goodies et des platines : pourquoi se diversifier ?
Je voulais créer un concept-store un peu global autour de la culture « musique ». Tout ce que je vends en plus des disques doit pouvoir concerner aussi les clients et passagers de la boutique. C’est ce que j’appelle des produits connexes. Et puis je voulais aussi faire rentrer dans la boutique des gens qui n’ont pas de platine. Tout le monde peut venir finalement, pour soi ou pour un cadeau.
Quel est le profil de tes acheteurs ?
Il n’y a pas de profil majoritaire. Les clients ont entre 20 et 60 ans. Majoritairement des hommes mais je vois passer beaucoup de femmes. Certains viennent pour les occasions, d’autres pour du neuf uniquement. Il y a des « petits » acheteurs qui cherchent des disques à 8 € et des « gros » qui peuvent repartir avec 150 € de disques. Non, vraiment pas de profil type.
(Photo Moïse Fournier)
Beaucoup de disquaires font des opérations parallèles : label, concerts, show case et toi ?
Je n’ai pas eu le temps encore de m’y consacrer, n’étant ouvert que depuis 5 semaines. Ce sera l’objet de réflexions futures éventuellement. Et concernant les show case de toute façon, la période n’est pas propice.
L’avenir du disque pour toi : cd, vinyle, réédition …
Le CD est en perte de vitesse indéniablement. Il se retrouve coincé entre le streaming dont il partage les avantages (musique en balade) et le vinyle qui est comme lui un objet mais moins qualitatif que ce dernier. Le vinyle avait presque disparu. Le CD en fera-t-il autant ? Difficile à dire, mais la courbe va continuer à baisser tout comme celle du vinyle encore monter.
Les rééditions en vinyles sont essentielles, car il y a un public pour tout racheter, pour refaire sa discothèque qui était en CD par exemple. Les maisons de disques l’ont bien compris et en profitent parfois beaucoup pour les prix… Le disque vinyle est déjà un produit de luxe.
Quelle est l’importance des réseaux sociaux pour faire connaitre ton masin ?
C’est essentiel car une entreprise comme la mienne n’a pas accès à la publicité payante en termes de budget. Et puis c’est aussi le moyen de fidéliser, construire une communauté, travailler une image de marque.
Le mot de la fin ?
Je ne sais pas si je fais le plus beau métier du monde, mais jamais je ne regretterai d’avoir démissionné d’une situation confortable pour ce grand saut qui est extrêmement épanouissant. Les autres disquaires me comprendront !
DISCOPHENIA
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