Crocodile Candy : Rencontre avec Manu Castillo pour un groupe de rock revigorant !

vendredi 16 avril 2021, par Franco Onweb

La période actuelle n’est pas très joyeuse : confinement, plus de bars, arrêt des concerts … pas la peine de vous faire la liste. Dans ce marasme, une très bonne nouvelle est arrivée : Manu Castillo venait de monter un nouveau groupe et allait sortir un nouvel album ! Ici, à Buzzonweb, on aime beaucoup Manu, et depuis fort longtemps ! On aime son jeu de guitare, le son qu’il sort de l’instrument, sa vision de la musique et nous avons suivi toutes ces évolutions, alors un nouveau groupe ne pouvait que m’intéresser !

A la mi-mars j’ai reçu dans ma boite aux lettres le disque. Il s’appelle « Enjoying the moment » et le groupe Crocodile Candy  ! En plus de Manu, il y a l’incroyable chanteuse Margot Cassilia, le batteur (pour l’album) Christophe Gaillot mais aussi Gangster, l’incroyable bassiste de la scène parisienne qui retrouve Manu… 35 ans après les Outsiders, le groupe qu’ils avaient monté ensemble ! Un casting parfait pour un album absolument fabuleux, un disque pleins de rock, de soul, de blues… J’ai donc téléphoné à Manu pour en savoir plus sur ce nouveau combo déjà indispensable 

Avant de te parler, j’ai compté : il s’agit de ton sixième groupe ?

Je n’ai même pas compté ! En fait il y en a plus que ça mais oui, c’est un nouveau groupe auquel je participe !

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(Gangster, Margot et Manu - Droits réservés)

Comment est né ce projet ?

Ça a commencé pendant le premier confinement. Comme tout le monde j’étais enfermé chez moi, je lisais, j’écoutais des disques … Je faisais aussi pas mal de visio avec des copains qui me disaient que ce serait bien si j’en profitais pour composer pour un nouvel album. Je n’y arrivais pas ! J’étais parti avec l’idée de faire un huitième Tio Manuel et ce n’était pas ça. J’écoutais des disques : du garage, du punk, des trucs un peu pêchus dont les Bellrays . Ça ressemblait beaucoup à ce que je faisais quand j’étais plus jeune mais avec une chanteuse. J’en ai parlé autour de moi et on m’a proposé de contacter Margot (Cassila Ndlr).  On a commencé à travailler au début à distance et après on s’est rencontrés. Voilà ça a commencé comme ça !

Tu ne la connaissais pas ? Pourtant elle a travaillé avec beaucoup de gens que tu connaissais.

C’est ce qu’on s’est dit quand on s’est rencontré : on a beaucoup d’amis en commun, on a travaillé dans les mêmes endroits au même moment. On a dû se croiser avant, c’est fort possible.

Ça a matché tout de suite ?

Oui, je voulais faire du gros son avec une belle voix : une voix soul sur une musique bien pêchue. J’ai envoyé à Margot quelques démos, elle a posé sa voix dessus et ça a marché tout de suite. C’était parfait !

Sur ce disque, tu as aussi retrouvé Gangster (Bassiste de nombreux groupes Ndlr) avec qui tu as fait les Outsiders il y a 35 ans ?

Oui, c’est fou à quel point ça passe vite ! On avait bossé ensemble dans les années 80 sur un projet qui a capoté, comme beaucoup à l’époque, malgré le fait que nous avions tous les ingrédients pour faire un truc sérieux. On ne s’était pas trop revu depuis. On s’était croisé deux ou trois fois. Il était régisseur sur de grosses tournées internationales. Il était tout le temps pris et donc on ne se voyait plus. Par contre il connaissait Margot et il me connaissait aussi. Dès qu’il a vu qu’on bossait ensemble, il m’a contacté proposant ses services à la basse. Je lui ai aussitôt dit : « bienvenu ». C’est incroyable parce que même si nous avons vieillis je retrouve un pote… comme si le temps s’était arrêté…

Et il y a aussi Christophe Gaillot ?

On n’a pas eu de chance avec la batterie ! On a commencé avec une fille très sympa mais ça n’allait pas au niveau du style. J’ai ensuite appelé Léon, mon batteur sur Tio Manuel. Je lui ai envoyé les morceaux un vendredi, on s’est parlé le samedi. Il m’a dit qu’il allait commencer à travailler dessus et le dimanche il a été hospitalisé parce qu’il avait attrapé le Covid. Il va beaucoup mieux maintenant mais on s’est beaucoup inquiété pour lui. Comme j’avais décidé d’enregistrer le disque avant la fin de l’année parce qu’il fallait que les choses avancent, j’ai demandé à Christophe que je connaissais, s’il pouvait le faire. En dehors du fait que c’est un type absolument charmant, c’est un très bon batteur qui a joué avec des gens sérieux. Je savais qu’il aurait le niveau. On a fait deux répétitions avec lui. On ne lui a même pas montré tous les morceaux et on est allé en studio. Il a tout enregistré en un jour et demi. Ça sonne parfaitement bien, c’est rock et fin en même temps.

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(Christophe Gaillot - Droits réservés)

Le groupe c’est qui ?

Margot, Gangster et moi ! Christophe ne peut pas s’engager sur un seul projet. Il est très demandé. On est en bon terme mais il ne peut pas rester dans le groupe. Il ne voulait pas nous planter. Donc le batteur c’est Rascal qui a joué avec pas mal de monde dont Pat Kebra. On a essayé et ça marche parfaitement.

Pourquoi ce nom Crocodile Candy ?

Parce que c’est un des premiers titres que nous avons composé avec Margot. Je trouvais que le titre était fun, l’histoire d’une fille un peu déjantée. J’aimais bien le nom. Je trouvais que pour un groupe s’appeler Crocodile c’était bien, j’en ai parlé à Margot qui a trouvé que c’était une bonne idée qu’on s’appelle comme ça !

Pour moi il y a trois facettes avec tout d’abord du rock « classique »

Ça vient de ma jeunesse. Les premier groupes punk que j’ai écoutés ce sont les
Stooges et tous ces groupes de Detroit comme eux ou le MC5  … Ce rock dur, urbain m’a vraiment plu.

Il y a un côté plus soul aussi

Ça vient de Margot ce côté Soul !

Et enfin le morceau « blackout » où on retrouve le Tio Manuel du dernier album.

C’est une balade qui a un côté très sombre ! C’est une balade bluesy en Mi mineur. Tu as évoqué les trois directions que nous voulions avoir. J’ai un bagage très rock et c’est moi qui amène ce côté rock blues sur l’album avec mes guitares. La tendance Soul et Blues, vient de Margot, elle connaît parfaitement tout ça parce qu’elle a vécu aux USA, c’est son univers … Je crois qu’à nous deux nous avons parfaitement exploité ce sujet.

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(Manu et Margot - Droits réservés)

Si on suit ta carrière avec tes disques de Tio Manuel tu allais de plus en plus vers ce son blues et là tu reviens à tes fondamentaux : le rock !

Mais je voulais ça ! C’est peut-être à cause du confinement mais j’avais vraiment envie de retrouver la combinaison classique Gibson-Marshall. C’est peut-être une sorte de défouloir ! Attention j’aime vraiment ça. Je ne me suis jamais privé de quoi que ce soit ! Je me moque de ce que pensent les autres ! Au printemps dernier j’avais envie de faire ça et j’ai eu la chance de croiser Margot. Si elle n’avait pas été là, je ne suis pas sûr que je serais allé au bout. Elle a la voix pour ça ! C’est notre rencontre qui a fait cet album, sinon j’aurais traité les morceaux différemment pour faire un autre album de Tio Manuel mais ce n’aurait pas ce son-là.

Justement sur ce disque il y a toujours ta guitare avec ce son qui la met en avant.

J’avais envie de faire ça ! Forcément, on en a parlé entre nous. Gangster trouvait que la guitare était trop en avant. On aurait pu faire un truc plus « bass and drums » avec une guitare plus rentrée, un autre mix. Ça aurait été autre chose, là on a quelque chose de punchy comme je le souhaitais.

Les textes sont de Margot avec Andrew More ?

Quand on s’est rencontré pour la première fois avec Margot on a vraiment discuté de ce que nous allions faire. Elle m’a expliqué que depuis le début elle a travaillé avec lui. C’est un anglais avec qui elle bosse. Elle travaille avec lui comme je travaille avec Ian Ottaway. Elle est bilingue mais elle peut aller chercher une forme poétique par moment et c’est là où il intervient. Comme elle le connaît depuis longtemps, elle l’intègre régulièrement à son travail.

Justement tu n’as pas été tenté d’aller chercher Ian Ottaway avec qui tu as déjà travaillé ?

Non, je voulais que sur ce projet ce soit son univers ! C’est quelqu’un de sérieux et il fallait surtout qu’elle soit totalement en accord avec ce qu’elle chante ! En ce moment, on prépare le live et forcément on va incorporer des Covers. Elle fait très attention au choix parce qu’il y a certains morceaux qu’elle ne se sent pas de chanter. C’est pour ça que je me suis occupé que de la musique et elle a posé son univers dessus. C’était important de se partager le travail comme ça !

Tu aimerais avoir d’autres musiciens sur scène avec vous comme des cuivres ?

Je ne sais pas. On s’est posé la question mais je n’en suis pas sûr. Il faut bien comprendre que ce groupe n’existait pas il y a un an. C’est tout frais. C’est la première fois que je fais un truc aussi vite. Je sais à peu près comment cela va sonner sur scène. J’aimerais que cela fonctionne en quatuor et on verra à l’usage si on renforce le groupe avec une autre guitare ou des cuivres…. Je peux déjà t’assurer que rien que la basse de Gangster ça claque.

Quand tu as enregistré ce disque, tu avais quoi dans la tête ?

Beaucoup de choses , et pas seulement les Bellrays. Je suis fan depuis longtemps de blues rock, cela se traduit sur l’album par le titre « Half Full », qui rappelle le blues rock Anglo saxon. Il y a des musiciens qui m’ont beaucoup aidé pour comprendre la guitare et me construire musicalement. Quand j’ai commencé tu prenais un disque et tu essayais de le reproduire. J’ai adoré Jimi Hendrix mais aussi Jimmy Page et Led Zeppelin. J’adore leur deuxième album. « Half Full » est inspiré, dans sa première partie, des riffs de Jimmy Page sur ce disque. La deuxième partie du morceau, c’est vraiment de la soul. Si je l’ai fait comme ça c’est parce que je savais que Margot ferait quelque chose avec ce titre. J’ai plein d’influences mais j’ai aussi mes (faux)secrets de guitariste : toutes mes rythmiques et mes morceaux punk je les fais avec une Gibson parce que ça envoi vraiment. « Blackout » je l’ai fait avec la Gretsch, dont je me sers pour Tio Manuel. Sur « Half Full » aussi il y a trois petites notes de blues au milieu je les ai faites avec une Stratocaster. En fait j’ai une banque de sons dans ma tête, alimentée de façon logique avec tout ce que j’ai écouté.

D’ailleurs c’est un son très américain …

Le blues vient de là et encore une fois les premiers trucs que j’ai écoutés venaient de Détroit.

Mais on est loin du punk …

Je te rappelle que les punks sont américains avant d’être anglais, écoute les Dead Boys , les Stooges  ou encore les New York Dolls. Le punk vient de là, après les anglais y ont apporté leur son et leur très bon style.

Ce disque a été enregistré au studio Garage avec Bernard Natier, ton complice depuis très longtemps et un studio que tu connais parfaitement

Je n’existe pas musicalement sans Bernard Natier ! Il est le filtre indispensable à ma musique. Il aime aussi le rock et franchement après l’année qu’on venait de passer ça nous faisait du bien. On est un vieux couple maintenant (rires) !

On peut espérer un nouvel album de Tio Manuel où tu vas te concentrer que sur Crocodile Candy ?

Pour l’instant je suis sur Crocodile Candy. On a eu pas mal de retours très positifs sur le dernier album de Tio Manuel, on avait pas mal de concerts programmés mais tout a été annulé. Je pense que quand tout sera rentré dans l’ordre, tous les plans reviendront mais pour l’instant on attend et Léon se repose. On va ressortir le groupe de la boîte quand ce sera le moment. Je n’arrête jamais de composer pour Tio Manuel, c’est mon bébé. En fait j’ai un rêve qui serait de louer une bagnole et de rouler de l’Alaska à la Terre de feu et le disque serait un Road Movie de tout cela !

Quand on regarde la pochette du disque, à l’intérieur il y a des photos de vous plus jeune. C’était une volonté de votre part de faire le pont entre hier et aujourd’hui ?

C’est une histoire un peu folle, avec Gangster. On a raté le coche dans les années 80 quand on a monté les Outsiders  ensemble. C’est de ma faute et c’est tant pis. Après il a continué à travailler avec d’autres gens, dont Margot, je crois. Quand ce projet s’est mis en place, il m’a recontacté et forcément on a reparlé du passé. Par moments j’ai l’impression que Crocodile Candy  est la suite de ce qui s’est passé dans les 80’s. Ce n’est pas de la nostalgie, c’est juste une envie de mettre des photos de nous à cette période et maintenant. J’aime beaucoup cette idée parce que ça nous ressemble.

Tu penses déjà à un autre album de Crocodile Candy ?

Je pense déjà à celui-là parce qu’il est tout frais. On espère le jouer sur scène et que le public appréciera. Si c’est le cas on réfléchira à un deuxième mais c’est trop tôt pour l’instant, défendons d’abord celui-là.

Quel est ton sentiment sur la situation actuelle, notamment pour les concerts ?

On n’en peut plus ! Ce qui m’énerve c’est qu’on a sabré la culture et avec ça la vraie vie des gens : échanger, voir un concert, aller au cinéma, être en famille, avec des copains … C’est bien de travailler mais la vraie vie ce n’est pas ça. Ce qui est agaçant c’est qu’on entasse des gens dans les supermarchés ou dans le métro mais on ne peut pas faire de concerts. En disant ça je sens bien que j’enfonce des portes ouvertes mais bon …

Ce nouvel album sort chez « la Fugitive », est-il distribué ?

Non, pas cette fois avec La fugitive. Avec la crise sanitaire les labels ont passé une très mauvaise année. J’ai démarché des labels et des distributeurs dont Inouïe qui est très bien. Ils m’ont dit oui et je suis ravi que cela sorte chez eux !

Le mot de la fin ?

Merci à toi et au public et à bientôt pour un retour dans la vraie vie !

http://crocodilecandy.bandcamp.com/