Peux-tu te présenter ?
Je suis Boris Maurussane, je suis musicien. J’ai œuvré - et continue - dans quelques groupes avant (Athanase Granson, Domotic, Serieyx) et j’ai fait un album avec le groupe Like Billy-ho, en 2013.
Tu as une éducation musicale ?
Pas vraiment, je suis autodidacte. J’ai juste fait un peu de guitare classique vers 13 ou 14 ans mais sinon j’ai surtout appris par moi-même et en faisant des groupes. J’ai toujours eu un penchant pour la pop psychédélique et pour ce qui est très arrangé. J’ai commencé avec les premiers Pink Floyd, les Beatles et puis les Beach Boys, les Kinks. Après j’ai découvert après des choses comme Montage et Left Banke. Je savais que quelqu’un comme George Martin venait du classique, donc très rapidement j’ai écouté des choses. Cela m’a donné envie mais il m’a fallu du temps pour être en confiance, pouvoir composer mes propres morceaux mais aussi trouver des musiciens pour les jouer. Cela a pris du temps mais ça s’est fait.
Quand on écoute ta musique on pense à Left Banke, Brian Wilson, Montage, les Zombies ou encore Robert Wyatt ?
J’adore tous ces gens-là. Wyatt, par exemple, je l’ai découvert à 17 ans et j’adore sa façon de faire de la musique avec un côté très ouvert. C’est très pop et avec une vraie liberté musicale.
As-tu été influencé par la British Pop des années 80, 90 ?
Le seul groupe, un temps affilié à la britpop, que j’ai vraiment beaucoup écouté c’est les Boo Radleys, en particulier « Giant Steps ». Ce disque a été important pour moi, il y avait ce mélange de pop et de classique. avec de la clarinette, du clavecin. J’aime les gens qui ont l’audace de faire des choses, de s’emparer de la musique… Sinon j’ai écouté Pulp, que j’aimais beaucoup mais ce n’est pas une influence. Ou Divine Comedy qui m’a plu par l’écriture mélodique et la richesse des arrangements… mais ce n’est pas vraiment de la British pop… J’ai découvert bien après les High Llamas, ou même Stereolab, mais c’est encore autre chose…
Like Billy Ho, c’est ton premier groupe ?
Non, mais c’est le premier où il reste quelque chose : un album « La Vacance », en 2013 ! On l’a composé à deux, mais je considère que mon album solo en est la suite. Il y avait déjà une démarche orchestrale (cordes, vents…) mais à l’époque on avait utilisé surtout des samples alors que là pour mon premier album je suis passé à une autre étape : j’ai enregistré des musiciens.
Sur ton disque, il y a du monde ?
Oui, c’est une longue histoire. Je finissais le précédent album avec mon groupe quand j’ai commencé à penser à ce disque. Je savais à peu près où je voulais aller, donc j’ai avancé assez rapidement. C’était l’idée de faire quelque chose de solitaire. Je me suis mis un peu à l’écart et c’est comme ça que c’est devenu un disque solo mais paradoxalement rapidement j’ai eu envie de faire appel à des gens. J’entendais des batteries, des cordes… Ça a pris du temps pour tout mettre en place. Je tiens à saluer Jean Thévenin, le batteur, qui a beaucoup compté sur le disque. Il joue dans des groupes comme François & The Atlas Mountain. Il a fait du jazz avant de faire de la pop et ça me plaisait beaucoup… J’aimais cette rythmique un peu élastique qui me permettait de sortir d’une rythmique assez binaire.
C’est un album très riche musicalement !
Oui, parce que j’ai besoin de me surprendre. Il y a beaucoup de musiciens mais qui n’ont pas joué ensemble. Pour les cordes par exemple, il y avait l’équivalent d’un quatuor mais qui n’ont pas enregistré ensemble… malheureusement ! Pour des raisons techniques et matérielles, je ne les ai pas enregistrés ensemble. Il y a aussi des musiciens à vent : flûte, hautbois, trompette, cuivres…
Ça va être compliqué sur scène ?
Oui (rires), j’ai adapté la musique à la scène. Sur le disque il y a 19 musiciens, sur scène on sera cinq : batterie, basse, clavier et un autre guitariste. Aux clavier c’est Jan Stumke, qui joue, entre autres, avec Olivier Rocabois et les autres musiciens sont des membres des Dorian Pimpernel.
Tu es d’accord si je te dis que tu es un musicien pop en mélangeant le classique, la pop et le rock ?
Je ne dénigre pas le rock que j’adore mais c’est compliqué pour moi : il faut faire naître le morceau en groupe. C’est sûr que je fais plus de la pop.
Il y a beaucoup d’instrumentaux : c’est compliqué de chanter pour toi ?
Chanter n’est pas une obligation mais depuis peu de temps je découvre que cela peut être un plaisir. Avant je n’étais jamais satisfait, maintenant ça va mieux. J’aime bien que la voix soit englobée dans le mix.
Est-ce que le côté direct de la scène ne t’effraie pas ?
Si, c’est effrayant la scène (rires). Mais c’est bien de s’y frotter même si pour l’instant je n’ai fait que deux concerts avec ma formation : au Supersonic à Paris en novembre et un à venir à l’International à Paris le 5 mai 2023. J’ai vraiment envie d’en faire mais il faut que je trouve un booker. Au début je suis pétrifié de tract mais après je me détends. Je pense que je suis normal.
De quoi parlent tes textes ?
Il y a plusieurs choses : Les amitiés perdues, les amis qui ne viennent pas au rendez-vous. Le premier morceau, c’est une promenade dans les bois, une sorte de méditation poétique, sur l’attente. Il y a l’attente d’un bouleversement social, dont l’espoir est provoqué par une musique suffisamment forte et fédératrice. Il y a aussi les relations amoureuses, la sensualité… Il est beaucoup question de relations, du sentiment d’être relié, jusque dans la solitude. Il y a des choses assez personnelles finalement, ça raconte un peu une histoire, de ma jeunesse assez solitaire (très loin des villes), des amis perdus à la rencontre tardive avec une petite famille musicale, une sorte de petite société un peu idéale, au sein de la (grande) société, avec le questionnement : est-ce que la première peut encore avoir un effet sur la seconde ?
Et il y a aussi un morceau qui adopte l’angle opposé, celui de la réalité économique et sociale qu’on se prend dans la figure lorsqu’on doit se retrouver à faire un boulot…
Quels ont été les retours sur l’album ?
Plutôt bon, surtout en Angleterre avec Shindig ! par exemple où l’auteur était élogieux. Il y a eu aussi des radios avec Chris Evans. En France, j’ai eu de belles critiques dans Magic, La Vie ou encore Le Monde.
C’est quoi la suite ?
Je travaille sur la suite… Je compose des morceaux que je cherche en permanence à améliorer. J’essaye de progresser. J’ai des morceaux en préparation.
Tu n’as pas l’impression d’appartenir à une espèce de famille avec Mehdi Zannad, Olivier Rocabois ou Christophe Vaillant avec le Superhomard ?
Si bien sûr, ce sont des gens que j’apprécie. On a un peu la même démarche. J’essaye d’être un passeur.. un peu comme eux. J’ai des liens très chaleureux avec Olivier, et avec Medhi, qui nous a montré la voie d’ailleurs. Je voudrais rajouter les Dorian Pimpernel, importants pour moi à titre personnel : on s’apprécie beaucoup. Aquaserge m’a marqué également. Ainsi que Domotic, qui a d’ailleurs beaucoup travaillé sur mon disque.
Le grand frère, c’est Bertrand Burgalat pour vous tous ?
Peut-être, pour ma part j’ai découvert ses albums souvent un peu après - j’ai un faible pour le premier et le dernier - et c’est vrai qu’il a un peu une figure paternelle.
Quels sont tes projets ?
Il y en a pas mal. Tout d’abord un nouvel album solo - ou un EP - assez vite. En 2023, j’espère enregistrer quelques morceaux et faire des concerts.
On parle de ton label ?
Il y a WeWant2Wecord avec qui j’ai sorti le disque - un bien joli label qui a réédité les 2 premiers disques de Mehdi Zannad alias Fugu entre autres belles choses - on s’est rencontrés depuis et c’est un type super - et Hot Puma pour la distribution. Les deux m’ont beaucoup aidé et soutenu.
Ta musique serait parfaite pour de l’image ?
Je suis bien d’accord ! Je pense souvent à mes arrangements en terme d’images ou de couleurs. Je serais ravi de faire une musique de film. Lecteurs, si vous avez des propositions !
Le mot de la fin ?
Vive la paix
Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’emmener vers la musique ?
Pour parler de mon expérience : le premier disque de Pink Floyd « The Piper at the Gates of Down » a bien marché avec mes enfants quand ils étaient très jeunes ; c’est un de mes disques préférés toutes catégories confondues donc c’était impossible qu’ils ne le croisent pas ! Je crois que ce côté comptines enfantines, fantasmagoriques, avec une poésie sonore et musicale incroyables, peut plaire… il vaut mieux privilégier les chansons, courtes, du disque, sur les instrumentaux plus difficiles à suivre sans doute… Ennio Morricone (« Giu la testa » au hasard) c’est parfait aussi, une porte d’entrée assez pop pour la musique orchestrale… il y a aussi des disques qu’on avait un peu délaissés, et qu’on redécouvre parce que nos enfants s’en emparent : ça m’est arrivé avec Bjork dont je me sens un peu éloigné musicalement aujourd’hui, et que j’ai eu plaisir à réécouter précisément pour cette raison ! Ou des choses plus récentes, le dernier disque de Louis Cole, et pour le rap, les 2 derniers de Tyler the Creator… ça peut plaire à un ado ou pré-ado d’aujourd’hui par le caractère assez « actuel » de la production, et dans le premier cas, le sensibiliser à une écriture harmonique hyper sophistiquée ; dans le second cas, l’amener à goûter à un travail de production, sur la texture - avec une musicalité certaine, là aussi, harmoniquement.
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