Je suis Yannick, le guitariste et chanteur du groupe Tarsius. On est basé à Paris et on vient de sortir notre premier album : « Avancer ». Nous sommes six dans le groupe, deux cuivres (un trombone et un saxophone), un clavier, une basse et une batterie.
Ça a commencé quand et comment Tarsius ?
A la base, avec le bassiste et le saxophoniste nous sommes potes nous avons appris à jouer ensemble, dans un premier groupe puis il y a six ans nous avons monté Tarsius. Depuis on a beaucoup joué : on adore ça ! On a joué principalement à Paris et en région parisienne. On a aussi auto-produit trois EP, un LP avec des titres des ep et des versions live et on a réalisé 4 clips.
Ça veut dire quoi Tarsius ?
C’est un petit primate d’Amazonie avec des énormes mains et de très gros yeux : ça nous a fait marrer comme nom. C’est presque un animal sacré en Asie. Il vit la nuit, il mange un peu tout, dont des insectes, il entend les ultras sons. Il est tout petit et tout mignon avec une tête d’extraterrestre. C’est un animal spécial (rires) !
C’est pour ça que vous avez fait un titre sur les Bonobos ?
C’est pas directement à cause de ça mais on aime bien les singes, la nature en général et les animaux ou plutôt l’animalité ….(rires)
Quelles étaient vos influences à la base ?
Très larges ! Comme on est six en plus, on avait chacun les nôtres. Globalement on navigue entre la chanson, le rock, la musique Afro, surtout l’Afro Beat, et même un peu d’électro.
(Tarsius, au premier plan Yannick Walet - Photo Niels Benoist)
Ce qui frappe dans votre musique en premier c’est effectivement l’Afro Beat sur plusieurs titres mais aussi de la pop
Oui, on a un format très pop que l’on assume totalement. On mélange plusieurs styles mais on essaye toujours de revenir au format chanson pop avec des couplets et des refrains pour rendre notre musique plus accessible
Il y a beaucoup d’influences Françaises comme Brel, Bashung, Manset et même un peu des groupes comme les Têtes Raides pour les textes.
J’aime bien les Têtes Raides mais j’ai surtout grandi avec Brel et Brassens et ça m’est resté. Il y a aussi quelqu’un que j’aime énormément c’est Higelin ! J’adore son côté « touche à tout » : je l’adorais sur scène et sur disque. C’est vraiment une énorme inspiration pour moi. J’étais triste quand il est parti.
Vous me faites aussi penser à Charlélie Couture ?
Merci, c’est un beau compliment : j’aime beaucoup sa voix parlée-chantée
Sur votre disque il y a une unité de sons et de production mais seuls les cuivres sont vraiment l’unité du groupe. Tu es d’accord ?
C’est voulu ! On assume le fait de ne pas se cantonner à un style précis mais on voulait donner de la cohérence à l’album. Les cuivres donnent tout de suite une couleur, un style. En live aussi ils sont très importants d’autant plus qu’il peuvent improviser sur nos morceaux que l’on n’hésite pas à ouvrir ou rallonger.
Autre caractéristique : vous écrivez à la fois en Français et en Anglais ?
Oui, on ne s’est jamais dit on va écrire avec les deux langues mais souvent c’est le style musical qui invite à une langue plutôt qu’à une autre, en fonction des influences que l’on a dans l’oreille. Le bassiste par exemple a écrit deux textes en anglais sur des musiques très typées anglo-saxonnes.
C’est toi qui écrit les textes en Français ?
Oui mais j’en ai fait en anglais aussi ! Il y en a même que nous avons fait en anglais et puis ensuite traduit en français : ils ont eu plusieurs vies (rires).
Il y a un morceau disco, sur votre album ?
Ce morceau disco est un peu à part : on l’a produit en MAO, sur ordinateur …On a mis un gros beat disco pour qu’il soit efficace mais il y a aussi des boucles de guitare répétitives qui s’emboîtent un peu comme en afrobeat, l’idée est d’installer une mini transe. C’est un morceau que l’on aime bien faire en live : on peut rajouter des paroles, des solos ….
Votre album passe de morceaux très joyeux, à des morceaux très sombres ?
(Rires) C’est bien résumé notre album : c’est vrai ! (rires)
Vous l’avez fait ou ?
Au studio Midilive à Aubervilliers et nous avons eu la chance de le faire avec Manu Guiot qui l’a réalisé et mixé. C’est un grand monsieur : il a enregistré les voix de Sid Vicious et les Sex pistols, de la chanson Française, du jazz, Mick Jagger,… C’est aussi un ancien bassiste qui a joué notamment avec Dave Stewart de Eurythmics.
Quel est votre rapport au jazz : il y en a dans la manière d’appréhender les morceaux ?
Même si nous ne faisons pas du jazz, nous en écoutons tous. On aime le côté libre du jazz, ne pas forcément faire des morceaux courts, laisser libre court aux instruments…
Mais sur scène avec les cuivres il y a une part d’improvisation jazz ?
Oui, il y a des morceaux que nous n’avons pas composé sur scène mais presque. On les a largement structurés après les avoir beaucoup joués. On les a raccourcis parfois pour l’album mais sur scène on se laisse aller à l’improvisation : suivant l’envie et l’énergie on peut les démultiplier.
(Photo Ben Barber)
Donc vous n’êtes pas trop un groupe de rock ?
Sur cette idée-là pas trop,… peut être plus sur l’énergie que l’on a sur scène ! Après il y avait des groupes de rock qui improvisaient beaucoup dans les années 70.
Justement cela se passe comment sur scène ?
On essaye vraiment que ce soit une fête, on aime aussi que les gens dansent et réagissent, c’est pour ça que l’on aime faire durer les morceaux pour installer la danse. Après comme sur l’album on aime bien aussi faire retomber la pression avec des ballades.
Vous avez joué où ?
Beaucoup en région parisienne mais on a joué aussi en Belgique, en Bretagne, dans le Limousin … On était en résidence pendant 2 ans à l’Alimentation Générale (Paris 11). Beaucoup de petites salles et de bars mais on a fait aussi quelques belles scènes comme la fête de l’Humanité avant les Fatals Picards, c’était un super moment …
Avec cet album vous allez tourner ?
C’est l’idée ! On a une belle date le 25 avril au Studio de l’Ermitage (Paris 20) pour le lancement de l’album. On a tout arrêté pour se concentrer sur cette date. On a quelques dates pour l’été mais ce sera surtout à la rentrée que nous allons tourner.
Mais vous vivez de votre musique ?
Certains oui, d’autres non. On est trois sur six dans le groupe à être intermittents. Les autres ont des métiers à côté.
Vous avez aussi un morceau soul ?
Oui, la première inspiration du morceau est partie d’une rythmique de Tom Waits, qui a glissé vers le rock bayou… C’est vrai que ça fait un peu soul Nouvelle Orléans…
Sur votre album l’influence américaine est peu présente sauf ce morceau de Soul. On peut penser qu’avec les cuivres vous risquez d’aller vers là ?
Peut-être c’est vrai que c’est un morceau jouissif à jouer sur scène : c’est une fusion de choses que l’on aime, on adore la musique américaine surtout période 60/70
Tes textes en Français vont de choses super graves à des choses plus légères ?
Mes influences sont variés : çà peut être personnel ou en fonction de l’univers musical . Je peux partir dans plusieurs directions. Ce qui est sûr c’est que j’aime mettre de la mélancolie dans les choses joyeuses et un peu de légèreté dans des morceaux un peu plus noirs : j’essaye de ne pas me prendre trop au sérieux et de trouver un équilibre !
Tu sais vers où vous allez ?
On a envie d’écrire plus en français et garder nos couleurs musicales principales, l’afro et le blues rock 70’s. On a envie que ce soit la fête dans nos concerts, qu’il se passe des choses, qu’il y ait des contrastes de l’improvisation et que ça raconte quelque chose. On se laisse la possibilité de s’ouvrir à pleins de trucs.
Que veux-tu dire pour la fin ?
Venez nous voir en concert !
Quel disque tu donnerais à un enfant pour lui faire découvrir la musique ?
Pour l’avoir vu avec des enfants il y a une musique qui marche c’est le rockabilly : un bon vieux Elvis ou alors du jazz aussi ça peut fonctionner !
Tarsius en concert le 25 avril au Studio de l’Ermitage
https://www.studio-ermitage.com/index.php/agenda/date/tarsius-1
https://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/ticket-evenement/rock-tarsius-man70116-lt.htm