Je suis Aurélien de Slim & the Beast, un groupe de pop indé avec des nuances un peu folk. Je suis Franco-Américain. Je fais le groupe avec Aaron et Samuel qui sont frères jumeaux. On est plutôt de culture américaine avec des origines un peu européennes parce que je suis né et j’ai grandi à New York. Je suis arrivé en Europe à15 ans. J’ai étudié à Montréal, j’ai travaillé dans une maison de disques à New York, j’ai vécu à Barcelone, j’ai bougé à la Nouvelle Orléans avec les frères jumeaux et je me suis réinstallé à Paris il y a deux ans. Je suis à la fois batteur, guitariste et chanteur pour le groupe.
Vous vous êtes formé comment ?
J’ai rencontré Samuel sur le terrain de basket de Saint Paul dans le Marais qui est un super terrain. En tant qu’américain, on est des fans de basket. A force de se voir on a commencé à jouer ensemble de la musique. Au début nous faisions des « jams ». On jouait du blues, de la soul musique… On a commencé à composer ensemble et au bout de trois mois il m’a parlé de son frère. Il pensait que ce serait bien de lui faire écouter nos titres, et que lui nous fassent écouter les siens. Aaron est venu un été voir son frère et c’est là qu’on a pensé que ce serait bien de faire un groupe ensemble. C’était un peu compliqué avec la distance. Un jour Samuel m’a proposé de quitter Paris et nos jobs, pour rejoindre son frère à la Nouvelle Orléans, où il jouait souvent, pour monter un groupe et c’est ce qu’on a fait (rires) !
Quelles sont vos influences ?
Évidemment les Beatles, Aaron c’est Neil Young, James Taylor, la Soul, notamment dans sa manière de jouer du piano. Moi j’adore le jazz avec mes années à New York mais aussi le « East Coast Rap » … On est très ouvert à pleins de choses notamment en rap. On aime aussi beaucoup l’électro, notamment le label « Headbanger ». Tout ça nous a influencé.
Tu viens de New York et les autres du sud des USA qui ont des références différentes, ce n’était pas trop compliqué pour vous ?
Non, on se retrouve sur beaucoup de choses.
Vous faites comment pour composer ?
Quand il s’agit de composer c’est Aaron qui va avoir une idée soit à la guitare, soit par la voix… Moi je fais la production en m’occupant aussi de la batterie, de la basse et de la guitare. Samuel est entre les deux. Donc on se réunit tous les trois, Aaron nous joue le morceau, moi je rebondis avec la guitare et Samuel va aussitôt se mettre sur les voix parce que il est très chanteur. Sinon cela peut être moi qui viens avec une maquette sur ordinateur, comme pendant le confinement. Ils m’ont renvoyé des trucs par internet. A la base c’est surtout nous trois qui nous réunissons.
Et sur scène ?
Quand on est en trio c’est essentiellement acoustique : on est deux guitares, trois voix et Samuel prend son synthé ou son harmonica. Quand on est à quatre, avec Thibault notre bassiste, je passe à la batterie électronique.
Votre son est vraiment inspiré du sud des USA, c’est à la Nouvelle Orléans que vous avez commencé à mettre en place cette musique ?
La Nouvelle Orléans a surtout influencé Aaron qui a vécu neuf ans là-bas. C’est lui qui nous a introduit dans les clubs. Il y a, là-bas, une grande diversité de styles : du rap, du blues, du jazz … Quand on est arrivé on a beaucoup apprécié cette ouverture parce tu as toujours un public devant toi. Par contre, les deux frères ont un père qui vit à Pasadenas en Californie et ils passent beaucoup de temps là-bas. Avec un de nos producteurs nous avons décidé de rendre hommage à cette musique West Coast.
Vous avez beaucoup joué là-bas ?
Oui, pendant trois mois on a joué trois soirs par semaine : soirées privées, clubs, grosses scènes et même dans des barbecues. Pendant que nous composions on jouait tout de suite les titres sur scène.
On parle de Red Oak ?
(rires) C’est un peu une légende de la Nouvelle Orléans, c’est un peu le côté spirituel de la ville. Il est venu nous voir dans un club. A la fin du concert, il est venu nous féliciter. Il nous a invité à une soirée qu’il fait tout les mois pour la nouvelle lune. C’est une sorte de défouloir pour pleins de gens avec un côté vaudou. On avait l’impression d’être dans Las Vegas Parano (rires). Mais comme on partait on n’a pas pu assurer, c’est dommage mais on a vraiment senti que nous étions intégrés. On n’a donc pas pu faire cette soirée de débauche !
Il vient d’où votre nom ?
C’est le nom du roman que Samuel a écrit en 2015. Il l’a publié lui-même et donc il a mis beaucoup de lui dans cette histoire qui est un roman d’amitié entre un personnage, Slim, et un autre qui est The Beast. Ils viennent de deux endroits différents. The Beast c’est le type un peu musclé, qui a fait l’armée, c’est le beau gosse avec toutes les filles. Slim c’est au contraire le Nerd. Ils se sont rencontrés autour d’un bar durant une scène apocalyptique et ils ont trouvé un juste milieu entre eux. C’est une histoire qui ressemble un peu à la nôtre quand on s’est rencontré tous les trois. C’est un bel hommage à ce roman.
Mais vous n’êtes pas un groupe Français ?
Non, on est un groupe américain qui vit en France parce que c’est pratique : on a tous les trois la nationalité française. Les frères sont nés en France mais ils sont repartis tout de suite aux USA avec leurs parents.
Il n’y a pas grand-chose de Français dans votre musique ?
Non, on nous demande souvent si on va chanter en Français mais non. On travaille avec des Français mais on cherche vraiment des gens qui sont tournés vers la culture ou le style américain.
Vous avez enregistré un peu partout ?
On a fait un premier EP en 2019 « Slim and the Beast » à Barcelone. On a tout de suite cherché à rencontrer du monde, à développer le projet. On a eu de la presse, des radios nationales, on a rencontré quelques labels qui nous ont aidé. Un jour Caravane Palace, dont je suis le parolier, ont écouté notre musique et ils nous ont proposé de partir en tournée avec eux et ça nous a beaucoup aidé pour le développement.
Mais vous avez une attitude très cool, très tranquille, très américaine en fait, celle de la West Coast, avec un esprit très années 70, vous ne devez pas vous sentir à l’aise avec la scène Française ?
Quand on joue en France ça se passe très bien parce que les gens ressentent cette énergie à la cool. Ça détend tout le monde ! On n’a pas de codes, on ne cherche pas être ce que nous ne sommes pas et franchement ça le fait !
Vous m’avez fait penser à Beck
On l’adore ! C’est une référence pour nous pour sa capacité à aller dans plusieurs genre. Il a un côté un peu Woodstock, un peu comme nous même si lui et nous on a dépassé ce côté depuis longtemps, on est quand même moderne ! On est axé vers la communication, les réseaux sociaux, internet, le digital … Naturellement des références 70 sortent pour nous mais avec des codes d’aujourd’hui !
Vous sortez un nouvel Ep avec cinq morceaux et des remixes qui respectent votre musique ?
On a poussé l’aiguille vers quelque chose de plus actuel pour dépasser ce côté 70. On est allé vers le côté électro notamment avec C2C. Ces remix ont poussé notre style pour aller vers la modernité.
Mais les remix sont de ton fait ?
C’est venu de moi parce que j’avais des contacts artistiques et que comme je suis new yorkais, j’ai une vraie culture de tout ça.
Ils parlent de quoi vos textes ?
Il y a des chansons d’amour, des choses qui nous distraient… « First time », par exemple, parle de l’influence féminine dans nos choix de vies et à quel point certaines femmes ont eu de l’importance dans nos vies. Il y a un texte qui parle aussi de comment profiter de moments importants avec des personnes dans nos vies et de la tristesse de les quitter. Nos textes sont variés.
Comment juges-tu la situation actuelle ?
Je ne suis pas un activiste politique et les autres non plus. On ne peut pas vraiment pointer du doigt quelqu’un sur ce qui arrive. On a envie d’être sur scène, on est arrivé à jouer entre les deux vagues. On espère que cela va s’arranger, on continue de travailler et d’avancer. On sait que les gens ont besoin de culture et de musique et cet appétit là ne va pas bouger. On sera présent quand ça va reprendre.
Quels sont vos projets ?
Revenir sur scène le plus vite possible ! Sinon on collabore avec un artiste de Californie et un artiste Français. On a cinq morceaux en cours de finalisation… On a un album qui est prêt à 60%.
On peut les trouver où vos disques ?
Sur les plateformes de streaming, on peut trouver nos vinyles en nous écrivant par Instagram.
Quels disques donnerais- tu à un enfant pour l’emmener vers la musique ?
Pour un français je dirais Slim & the Beast , mais le disque pour découvrir la musique pourrait être les Beatles mais c’est trop évident donc je rajoute avec un disque de Slim & the Beast. Les mélodies et la simplicité des Beatles ont changé le monde et y ajouter Slim & the Beast amène une pointe de modernité.