Shaggy Dogs : le retour des chiens hirsutes !

lundi 4 juillet 2022, par Franco Onweb

Les Shaggy Dogs sont de retour et ça, c’est une très bonne nouvelle ! La plus meute de chiens que le rock d’ici a engendré vient, enfin, de sortir un nouveau disque : "Sorry for the Delay". Un disque à la hauteur de leur réputation avec pleins de groove, de chansons avec cette énergie si communicative que le groupe déploie sur scène, bref c’est juste du Shaggy Dogs « grand cru ».

On s’est croisé plusieurs fois avec le groupe et c’est toujours un plaisir de discuter avec Red, le chanteur de ce combo si précieux. C’est ce que j’ai fait il y a quelques semaines pour prendre des nouvelles de nos chiens favoris et en savoir un peu plus sur un nouveau disque qui est déjà un des « must » de l’été.

Comment vont les Shaggy Dogs ?

Comme un groupe qui est content de repartir sur la route après deux ans de doutes, de peurs et d’inaction surtout !

Les Shaggy Dogs
Crédit : Philippe Poitevin

Cela a dû être terrible de ne pas monter sur scène pendant deux ans ?

Terrible, c’est le mot ! Bon, on a la chance que ce ne soit pas notre « gagne-pain », contrairement à certains de nos amis qui ont dû trouver des solutions de remplacement.

Vous sortez votre huitième album : il a été écrit et composé pendant le confinement ?

Pas du tout (rires) ! Le premier confinement a débuté en mars 2020 et on devait rentrer en studio en juillet. Bon, cela ne s‘est pas fait et ça nous a miné le moral. On avait dix titres prêts. Comme nous ne pouvions pas nous voir, nous avons expérimenté la musique à distance. On a commencé à enregistrer des titres depuis la maison, en essayant de maîtriser les logiciels, pour faire les prises. Cela n’a pas été simple pour un groupe comme nous qui sommes des fervents amateurs du live et qui concevons la musique tous ensemble dans une pièce. Il a fallu s’adapter.

Vous êtes remontés quand sur scène ?

En juin 2021 dans un festival à Jarnioux. On est restés plus d’un an sans monter sur scène.

Votre nouveau disque a un côté très « jouissif ». On sent que vous êtes contents de jouer.

Bien sûr, on est contents de jouer et nous avons vraiment une forme de plaisir à se retrouver, enfin, ensemble.

Vous avez mis combien de temps pour le faire ?

Une petite année. On a enregistré les titres, on les a améliorés, puis réenregistrés pour certains… Si on avait enregistré en juillet 2020, les titres n’auraient pas sonné pareil. Ils étaient là mais on les a vraiment peaufinés. On s’est retrouvés, en toute modestie, comme les Stones à la Villa Nellcote pour « Exile On Main Street ». On n’avait pas de budget mais pas de pression non plus … On a maîtrisé notre temps !

Le groupe n’a pas changé ?

Alors, sur le disque, c’est la formation du précédent album mais depuis l’enregistrement, le batteur Guillermo nous a quittés pour de nouvelles aventures. On a trouvé un nouveau batteur : Vince, un ancien de « Blonde Amer ». C’est un super batteur de pop et de rock.

Toujours les textes de Laurent Bourdier ?

Bien sûr, on ne change pas une formule qui marche. C’est hyper facile, parce que c’est quelqu’un qui me connait parfaitement et on n’a pas besoin de beaucoup se parler. Je lui donne une thématique, un début de couplet ou de refrain et il écrit. On voulait quelque chose autour des plaisirs simples, immédiats…

Il y a quand même un texte un peu engagé contre les hommes politiques « The Ones Who Know It All ».

C’est plutôt un texte contre tous ceux qui croient détenir la vérité ! Ils ne tiennent pas souvent compte de l’autre et ils restent dans leurs bulles en assénant leurs vérités !

On parle de votre nouveau producteur : Sam Miller ?

On l’a découvert sur quelques groupes anglais. C’est un mec assez jeune, qui a amené une touche de modernité dans notre musique. C’est parfaitement réussi. Il a le flegme typiquement anglais. Le titre de l’album « Sorry For The Delay ! » est un clin d’œil à cette expression qu’il a beaucoup employée (rires).

Dans votre bio, vous dites que vous faites du rythm’n’roll, cela me semble parfait parce que vous avez un côté Southside Johnny avec les cuivres, et Animals avec le clavier qui a pris de la place ou encore Them.

Merci, on prend le compliment. On voulait revenir vers ce rythm’n blues en faisant venir sur le disque Sax Gordon qui est le cuivre le plus demandé du moment. C’est un super showman qui a parfaitement compris ce que nous voulions.

Vous avez écouté quoi avant de faire le disque ? Vous aviez quoi en tête ? Il y a un côté très british blues avec moins de Dr Feelgood qui était votre influence de base ?

Avec le temps c’est moins présent, c’est vrai ! C’est parce qu’on vieillit et que nous avons moins la gouache (rires). En tout cas, c’était une envie de notre part cette nouvelle direction musicale et Sam Miller nous a donné cette coloration.

Les cuivres amènent un truc incroyable !

Si on n’en a pas avec nous, sur scène, c’est uniquement pour des raisons économiques ! Ce sont des cachets en plus, des gens à transporter et à loger… Si nous avions les moyens, on aurait des cuivres, c’est évident ! On va aller de plus en plus vers le rythm’n blues parce que Ben, le pianiste, a vraiment pris sa place dans le groupe et il amène un vrai truc.

Vous êtes vraiment de l’école blues anglais des années 60 ?

Nous sommes plus anglais qu’américains dans notre musique. On assume ça !

Vous partez en tournée ?

Oui, on a une trentaine de dates à venir d’ici à la fin de l’année. On va essayer de monter une date parisienne avec les cuivres ; pour la province ce sera en fonction du budget.

Vous allez (re)faire un Live ?

Il serait temps, le dernier a plus de 15 ans … Il faut juste que l’on soit prêts avec des guests, des surprises…

Vous jouez la seule musique qui ne se démodera jamais.

J’en suis persuadé et le but est que les gens, en nous voyant, s’éclatent. On ne joue pas pour nos chaussures mais pour les gens en face de nous. On est reconnu pour ça et toutes nos dates se passent ainsi. Notre musique est un moment de partage.

Vous allez faire des reprises ?

De moins en moins, on en a toujours deux ou trois …

Crédit : Thierry Wakx

Pourquoi vous êtes en rouge et noir sur scène ?

Parce que ce sont deux couleurs rageuses et ça nous colle à la peau.

Un jour vous chanterez en Français ?

J’ai évolué et donc je ne dirais pas non. Ce n’est pas dans les projets mais avec le temps, je me dis « pourquoi pas » ? Si tu écoutes Nino Ferrer c’est du rythm’n et ça le fait ! Il faut juste que le texte assure et ce n’est pas donné à tout le monde de trouver le bon.

Vous êtes parmi les derniers à faire du rock ?

Pas du tout : il y a plein de groupes en province qui font du rock un peu partout !

Vous avez fait « école » ?

On croise pleins de groupes qui font du « Pub Rock », qui rendent hommage à Feelgood mais ce sont des combos qui ne sont pas très médiatisés. On n’est pas des reliques de musée. Cette musique est vivante et il y a plein de gens qui la jouent. On veut que les gens passent un bon moment avec cette musique.

Tu es aussi beaucoup plus à l’aise au chant !

On se bonifie avec l’âge (rires).

Vos projets ?

Tourner ! On va en Norvège, notamment et au Portugal. Pour l’Angleterre, avec le Brexit, c’est plus compliqué. Il y a tellement à faire, on travaille tous à côté et on a des familles. On se débrouille pas trop mal pour un groupe qui fait tout, tout seul. On est vraiment DIY (Do It Yourself) c’est notre côté punk (rires).

http://shaggy-dogs.com/wp-shaggydogs/