Qu’est-ce que un groupe de rock ? Il y a plusieurs réponses possibles, comme un rassemblement de musiciens ou des passionnés d’un style qui se retrouvent pour faire vive la musique qu’ils aiment.
Dans le cas de The Hyènes, la réponse est beaucoup plus simple : c’est presque un hasard si le groupe existe, parce que rien, mais alors rien n’a jamais été prémédité chez eux !
A la base, quelques copains au glorieux passé se font plaisir en écrivant la bande-son d’un film et puis la machine s’emballe, le public les réclame et c’est parti sans aucuns plan de carrière… Alors pourquoi se compliquer la vie ? The Hyènes va se faire plaisir et seulement se faire plaisir, en n’oubliant jamais de préserver ce bonheur, partagé, de jouer de la musique entre pot
Alors que sort son, splendide, troisième album j’ai discuté avec Denis Barthe, un musicien concerné, et surtout le batteur de ce groupe pour qui la musique est et sera toujours un plaisir.
THE Hyènes est un groupe à géométrie variable. On est né un peu par hasard grâce à Albert Dupontel qui nous a contacté pour faire une partie la musique de son film « enfermé dehors » en 2006. Au moment de signer les morceaux nous ne voulions pas juste mettre nos noms en file indienne On s’est alors inspiré de la longue tirade de Albert dans « Bernie » sur la Hyène ( c’est un animal très important dont on ne parle jamais, il est plus important d’être ami avec une hyène qu’avec des vrais amis… ) On s’est dit que ça allait le faire marrer, ça ne devait pas forcément avoir de suite. On a donc signé la musique sous ce pseudo, sans cacher qui nous étions pour autant mais sans nous mettre en avant. Et puis à la sortie du film, on a eu quelques propositions de concerts. Au début nous avons répondu que nous n’existions pas en tant que groupe et que donc nous ne faisions pas de concerts et puis très vite on s’est dit << mais pourquoi ne pas faire comme quand on avait seize ans ? >> : on a mis le matos dans la voiture et on est parti sur les routes. On n’avait pas de tourneur, pas de label, pas d’affiches… rien (rires) ! Et donc… on a joué
(The Hyènes de gauche à droite Denis Barthe, Luc Robène, Olivier Mathios et Vincent Bosler – Droits réservés)
Il y avait qui dans le groupe ?
Vincent Bosler à la guitare et au chant, Jean-Paul Roy à la basse et moi à la batterie, c’était donc un trio. Très vite on a fait pas mal de concerts Jean-Paul, ne souhaitait pas faire de longues tournées, il a pris un peu le large et Olivier Mathios nous a proposé de prendre la basse. ; nous avons fait quelques concerts dans cette formation puis Jean-Paul est revenu mais en tant que deuxième guitariste.
Vu de l’extérieur on a vraiment l’impression que vous êtes un groupe de potes qui se fait plaisir sans contrainte, vous avez fait notamment pas mal de reprises.
Au départ nous n’avions simplement pas assez de compos, on avait juste les morceaux de la bande originale et quelques chansons, on s’est permis de faire quelque chose qu’on ne s’accordait jamais avec nos groupes respectifs : des reprises ultra évidentes comme « I wanna be your dogs » It’s a long way to the top » . Pour nous, ce groupe et ces concerts, c’était une récréation, et ce sera de même pour notre première tournée nous faisions ça comme si nous avions fait un footing alors qu’on ne fait pas de footing (rires) !
Il y aura un premier album totalement autoproduit en 2009 ?
Oui, c’est un disque qui a une histoire : on l’a reçu la veille de partir en tournée sur « le bordel tour ». En l’a fait quelques semaines avant la première date : on s’était aperçu qu’on avait même pas de disque (rires). On est rentré en studio, on a enregistré les titres que nous jouions en concert et voilà.
Ça fait vraiment sans contrainte vue de l’extérieur ?
Ça c’est sûr (rires) ! c’était un joyeux bordel . Aujourd’hui on est sur quelques choses de plus … structuré, mais l’esprit de liberté souffle toujours. La question en fait s’est posée, juste au moment du split de Noir Désir ! Je suis rentré chez moi et j’ai annoncé à mes proches que j’allais sûrement tout arrêter Ça faisait trente ans que j’étais sur les routes, je voulais poser un peu mes valises. Mais ma grande fille a répondu à mes interrogations en me disant : « C’est dommage avec THE Hyènes vous êtes sur le point de faire un deuxième album, vous vous éclatez en concerts, pourquoi tout arrêter ? ». Je me suis dit qu’elle avait sans doute raison. On s’est réunis on a décidé de faire un deuxième album mais pour cela si nous voulions passer la vitesse supérieure il fallait trouver :un label, un tourneur. Tout est venu assez vite ! Le label (At) Home nous a proposé un contrat et nous avons signé en tour chez « Mélodyne, ». il nous restait à enregistrer un bel album.
C’est là où vous êtes devenus un groupe ?
C’est là où nous avons cessé de bricoler, avant c’était du coup par coup, un échappatoire, il y avait un esprit un peu Punk dans la démarche. Ce groupe n’aurait jamais dû exister, il existait grâce à sa musique grâce à la BO de Dupontel, grâce à notre insouciance et notre volonté de jouer à chaque fois que l’occasion se présentait. Avec Cali nous avions donné un coup de main aux frères Cantona pour leur projet avec Emmaüs ainsi qu’au « Rugby Bordel Football Club » avec Christophe Hamacek . Nous avions fait des collaborations avec des artistes différents sur des projets spéciaux On avançait au gré du vent et des rencontres. Le premier album et la première tournée s’étaient bien passées. On était aux portes d’un deuxième album, on s’est dit que c’était le moment de passer la vitesse supérieure. Rien n’était vraiment prévu ou programmé, on s’est posé, on a pris le temps de composer nous voulions faire un deuxième disque plus abouti. Nous avons envoyé les maquettes à Ted Niceley avec qui j’avais eu la chance de travailler pour deux albums studio de Noir Dez, notre démarche était juste consultative car Ted était aux Etats Unis mais sa réponse fut très claire << Fucking great rock and Roll band je veux produire cet album >>. C’était inespéré. Nous nous sommes mis d’accord et nous nous sommes organisé pour que ça puisse se faire.
Mais quelles étaient et quelles sont vos influences ?
Elles sont larges, ce sont nos amours d’adolescences qui ont duré … On espère toujours que ses premières amours vont durer (rires), au moins les amours musicales. C’est Motorhead , ACDC ou encore Iggy Pop, les Ramones mais c’est aussi Johnny Cash, Serge Gainsbourg Nick Cave, Alain Bashung… On est sur des choses diverses, certaines sont évidentes comme celles que je viens de te citer et aujourd’hui nous sommes surpris par des groupes comme Delgrees, Kaléo ou encore The Kills
Moi, j’ai pensé aux Ramones …
C’est presque de l’acquis pour nous les Ramones … ce sont des sons qui sont dans nos gènes On est ravi par exemple par le nouvel album des Pretenders . ( hate for sale)
Etes-vous un groupe engagé
Nous sommes tous des éponges, forcément on écrit et on joue avec ce qui nous entoure, on s’imprègne . On vit dans un monde bizarre, de plus en plus dur … Je n’aime vraiment pas le terme groupe engagé pour nous décrire. On est plutôt … concerné, responsable… On essaie de ne pas parler à tort et à travers. En fait les gens qui ont des avis sur tout et qui passe leur temps à énoncer des grands principes qu’ils ne s’appliquent pas à eux-mêmes m’énervent.
(Photo Laurent Besson)
Vous avez fait aussi un « Bd concert » ?
Ça c’était extraordinaire ! Thierry Murat dessinateur chez « Futurapolis » (maison d’éditions de BD Ndlr ). est mon voisin de village. On s’est rencontré, on a sympathisé et un soir d’été à l’apéro, il m’a proposé de nous confier la mise en musique de sa nouvelle Bd " Au vent mauvais " L’idée était de composer une bo qui serait jouée en direct sur la projection de la bande dessinée, un film d’animation dont le montage serait emprunté au cinéma avec des travellings, des fondus enchainés … Les cases devant défiler sur l’écran pendant que les gens assis comme au cinéma découvrirait le spectacle. A ce moment-là on était assez occupé : on repartait en tournée ! Je lui ai proposé d’en parler au printemps suivant quand nous serions libres et reposés ». Il est revenu me voir en septembre avec un premier montage de quelques minutes, j’ai regardé, c’était superbe. Ça ressemblait vraiment à un film : c’était très rythmique. Il y avait moyen de faire quelque chose d’intéressant … Je lui ai dit que j’allais voir avec mes camarades Il est revenu me voir en octobre en me disant que nous étions invité au festival d’Angoulême… On avait rien, il était sur le montage On s’est dit « allons-y, c’est une chance unique ! Peut-être que l’année prochaine Angoulême sera passé à autre chose. c’est maintenant ou jamais »
Et alors ?
On s’est mis dans le studio, on a tendu un écran au mur et au fur au mesure que Thierry apportait les images, on composait !
Vous avez totalement composé en fonction de l’image ?
Ah oui, on a tout fait par rapport à l’image ! On lançait le film et on jouait comme ça, juste en regardant l’écran. On avait décidé assez rapidement qu’ il n’y aurait pas de paroles. Comme le scénario de Rascal ( dessinateur Belge Ndlr ) était très bien écrit , et que les dialogues se suffisait à eux-mêmes ce n’était pas nécessaire de surcharger. Nous avons travaillé avec deux amis, un violoniste et un harmoniciste, (Hervé Toukour, Kiki Graciet ) nous avons pu ainsi élargir notre palette harmonique et musicale. L’histoire, étant un « road movie », l’harmonica semblait une évidence et le violon apportait de son côté une note dramatique, on a travaillé comme ça en improvisation. Thierry Murat est arrivé à la fin de son montage et nous au bout de notre musique. On a fait venir Thierry et Rascal au studio. Ils se sont assis au milieu des instruments, on a joué, ils étaient nos premiers spectateurs. A la fin ils nous ont dit que c’était comme si la musique avait toujours été là ! C’était le plus beau des compliments.
C’était assez « casse gueule » comme projet ?
Totalement ! La première fois qu’on vu les images dans le silence, on s’est demandé dans quoi on avait mis les pieds ! Mais bon, ça s’est fait assez naturellement. Nous avons choisi aussi d’être dans le noir total, de ne pas avoir de « Time Code » pour nous guider. Tout était dirigé par l’image, ce qui faisait que cela pouvait changer légèrement tous les soirs.
Vous aviez donc des parties d’improvisation ?
Pas du tout : c’était écrit du début à la fin ! On a découvert comme ça la dureté de l’exercice du tout écrit. Quand tu fais des concerts : tu commences quand tu veux, tu t’arrêtes quand tu veux, tu changes l’ordre des morceaux au gré des soirs, parfois tu es dérangé par un truc du public … Là c’était 4, 3 , 2 , 1 et ça partait pour une heure. On pouvait tomber parfois pile poil ou avoir un peu de décalage, ça ne changeait pas fondamentalement le rendu on avait cette souplesse-là. C’est pour ça qu’ au bout de 120 représentations, nous n’étions toujours pas lassés de le jouer.
Vous avez dû beaucoup évoluer avec ce concept ?
Tout d’abord merci au « Bd Concert » qui nous a permis de jouer différemment. Ca nous a nourri de choses que nous n’aurions pas forcément été chercher. Nous avions un peu abordé ça avec les Bo de film ou de courts métrages mais là il nous fallait composer en fonction de l’image pendant une heure entière et jouer en live sans envoyer 110 décibels. On a dû travailler ça et on a appris. A la fin du concert d’Angoulême on a eu droit à une « standing ovation ». Il y avait dans le public des dessinateurs que nous lisions, pour certains, depuis notre enfance, c’était un moment incroyable. En sortant de scène j’ai dit à mes potes : « c’est génial, on a réussi : le concept du spectacle fonctionne On va faire probablement quelques dates dans le réseau BD et ça va nous faire du bien, nous aérer » Ce que je ne savais pas, c’est que nous étions partis pour quatre ans et 120 dates.
Pourquoi il n’y a pas de long métrage de ça ?
Parce que l’éditeur, et Thierry Murat, ont voulu garder l’intégralité et l’intégrité de la Bd en tant que telle. Cela se fera peut-être un jour mais à partir du moment où le spectacle sera sur un support, comme un DVD, la magie de l’instant sera dans un sens fixée, pourquoi pas ? Il n’est pas non plus impossible que nous rejouions « Au vent mauvais », en deux répétitions on est reparti.
En 2019 Luc Robene rejoins le groupe à la place de Jean Paul Roy ?
C’est plus simple que ça : on a décidé d’arrêter le « Bd concert » parce qu’on avait peur qu’il ne s’arrête jamais ( rires ) Ensuite avec Olivier (Mathios Ndlr) on est parti en tournée avec Mountain Men , dont je venais de produire le disque sur lequel nous avions tenu la basse et la batterie. A la fin de l’enregistrement Mat, le chanteur, nous avait proposé de participer au concert de lancement au « Café de la danse » Nous avions accepté, et hop 10 jours de répètes, on a fait le concert et à la fin on s’est tellement éclaté qu’avoir répété pour un seul soir étaitt stupide, on est parti en tournée avec eux mais ce que nous ne savions pas c’est qu’on était parti pour … 110 dates (rires).
Tu peux faire un guide des stations de service de France ?
Oh oui (rires), je peux faire un guide des stations-services et des hôtels (rires). Entre Noir Désir, Mountain Men The Hyénes, je connais bien le sujet (rires). A la fin de la tournée Moutain Men le groupe a splitté pour de sombres raisons. De retour à la maison l’envie de faire un troisième album The Hyènes s’est faite sentir. Nous nous sommes réunis et lors de la discussion Jean-Paul nous a fait part de son envie d’être plus tranquille, de travailler sur d’autres projets en studio et ne pas forcément re-rentrer dans le rythme des tournées ; Je peux le comprendre mais je sais juste que le jour où moi je m’arrêterai ce sera définitif. Je prendrai peut être un jour la décision si j’ai l’impression de ne plus le faire bien, si je me retrouve devant une page blanche sans pouvoir la remplir, j’arrêterai sans doute, en attendant… La question s’est alors posée de savoir si on ne partait en trio .mais l’envie d’un guitariste était là. Je connais Luc Robène depuis 30 ans je connais sa façon de jouer, son amour du rock. J’en ai parlé à mes potes et nous avons proposer à Luc de rejoindre The Hyènes . Tout de suite ça a collé humainement et musicalement parlant. Luc était ravi de venir jouer avec nous, et nous de l’avoir comme sniper. Après une répétition son jeu de guitare faisait partie de The Hyènes.
Mais est ce que The Hyènes n’est pas devenu le « Bordeaux Rock’n Roll all stars » ?
Pas exactement, Olivier habite Dax, Vincent Bayonne et moi j’habite dans les Landes depuis 22 ans (rires), Luc est effectivement bordelais.
(Photo Pascal Laplassotte)
Luc Robène a joué avec beaucoup de monde ?
Avec Noir Désir de 82 à 85, puis avec Strychnine ( encore aujourd’hui ), il joue aussi avec Arno Futur et il donne des cours à la fac…
Il dort quand ?
Il ne dort pas (rires) !
Et donc on arrive à cet album « Verdure » !
C’est une sorte d’accomplissement pour nous : c’est le troisième album The Hyènes ! Celui d’une somme d’expériences celle du « BD Concert » de nos autres aventures perso … On s’est retrouvé dans notre local de répétition et tout est allé très vite. Luc est tout de suite rentré dans le son du groupe et nous avons enregistré douze chansons avec une nouvelle énergie.
Il a été fait ou et avec qui ?
Chez moi : j’ai un studio ! C’est une grange que j’ai aménagée et dans laquelle j’ai produit pas mal d’albums. C’est une sorte de gros atelier. C’est pratique : on arrive, on joue ! L’acoustique est bonne, l’ambiance sympa, on connais le matériel. L’ingénieur du son est Ludovic Palabaud. On travaille ensemble depuis plusieurs années, c’est un ami. j’aime son côté perfectionniste. C’est un amoureux des guitares qui remplissent la pièce et des basses / batteries qui font taper du pied. On se connait bien avec Ludo, nous avons réalisé plusieurs album ensemble, travailler avec lui est un plus, un vrai bonheur, et puis c’est un épicurien…ce qui ne gâche rien (rires )
C’est un disque de guitare avec une grosse rythmique : on sent que vous avez joué live et que c’était naturel !
C’est un disque de rock, tout simplement ! C’est notre démarche depuis le début et c’est naturel. On fait les choses comme ça ! On ne cherche pas forcément à rajouter des sons électroniques ou des claviers parce que c’est dans l’air du temps. On fait les morceaux comme on le sent, rien de plus. Si la compo appelle des arrangements un peu spéciaux, on rentre dans de la recherche, Sur le disque il y a de l’orgue du Thérémine des percussions, quelque sons synthétiques mais à la base c’est deux guitares, une basse, une batterie, un chant et trois chœurs. En fait un bon morceau il tient joué sur un coin de table avec une guitare un chant et une percussion.
Vous avez aussi des paroles très … concernés ?
C’est Vincent qui écrit les textes, on est influencé par ce qui se passe autour de nous. Bien sûr aussi que nous sommes dans un sens concernés : quand on nous appelle pour un coup de main si cela nous touche on y va et on hésite pas à prendre la parole si le besoin s’en fait sentir
Par exemple dans « Bègles » vous dites que vous en avez rien à faire de sauver la planète. C’est à l’encontre du discours actuel ?
Ce n’est pas nous qui le disons mais l’anti-héros de la chanson. « Bègles » c’est l’histoire d’un ouvrier qui médite sur sa condition. Il faut d’abord nous sauver nous non ? La planète se sauvera : c’est nous qui allons disparaitre. Elle a connu des aires glacières, des tempêtes, des impacts de météorites et elle est toujours là. Elle sera là encore bien après nous On se rend compte aujourd’hui que peut être des civilisations, comme les Mayas ont pu disparaitre à cause d’épidémies. Tu peux renverser les pires produits toxiques sur des pavés, répandre de l’essence sur l’herbe, tout bruler et bien après plusieurs années il y aura un truc qui repoussera. Un petit truc qui reprendra. C’est juste la vie humaine qui risque de disparaitre, pas la planète ! Ne soyons pas stupides , sauvons l’humanité et prenons soin de la terre qui nous permet de vivre . Dans le même morceau nous faisons dire à notre héros qu’il n’en a rien à faire non plus de sauver le système bancaire…les deux seraient -ils liés ? (rires).
Autre point dans vos textes : la déshumanisation de la race humaine. Vous voulez remettre l’individu au centre de la vie ?
Cela fait des décennies qu’on nous désunis, qu’on nous ignore, qu’on nous maltraite … Pour l’industrie l’individu est quelqu’un qui doit encore et toujours consommer et si possible produire avant de mourir, même son enterrement lui coutera cher. L’être humain engraisse depuis bien longtemps un système mis en place par des gens qui ne pensent pas exactement au bonheur de leur prochain. On « range » les personnes dans des boites que des promoteurs appellent appartements, ils vont faire leurs courses dans des grandes surfaces qui ont des allés plus longues que des rues, pour acheter des produits qui sont parfois, toxiques pour leur santé… Tout cela va à l’encontre de la vie, et du bon sens
Quand vous avez enregistré vous aviez un modèle musical en tête ?
Pas du tout, quand on enregistre c’est le moment où nous écoutons le moins de musique, c’est un moment aussi où nous prenons du plaisir. Il y a quelque chose qui m’énerve définitivement ce sont les gens qui se plaignent de la dureté de composer, de créer quelque chose. Bien sûr que c’est dur et on y laisse parfois des plumes mais ce n’est pas plus dur que le boulanger qui allume son fournil à deux heures du matin ou le mécanicien qui plonge les mains dans un moteur à moins 4 degrés en hiver.
Il y a un titre anglais ?
Oui, c’était une volonté de notre part, « Fucking Mondays » est un vieil amour.
Mais les guitares sont aussi très en avant ?
C’est notre son naturel. On avait une revendication de nos deux guitaristes, qui ont exigé d’être au moins aussi forts que la rythmique (rires) mais blague à part c’est vraiment notre son.
Avant de parler des projets je voudrais que l’on aborde la situation actuelle des musiciens : annulation de concerts, tournées annulées … Tu as indiqué qu’il fallait se réinventer, tu peux développer ?
On n’a pas le choix : il faut se réinventer ! On est dans un monde où l’on à tendance à attendre que la solution tombe du ciel. Du ciel, il ne tombe que de la pluie et encore dans le meilleur des cas. Si on attend qu’on nous dise quand les salles réouvriront de manière normale, on est foutu ça va prendre beaucoup de temps car personne ne veut endosser la responsabilité que cela implique, ça peut durer. Agissons : jouons sans bien sûr mettre les gens en danger mais soyons créatifs
(Photo Pascal Laplassotte)
Et donc ?
Il ne faut pas attendre ! Il faut que l’on se débrouille pour rencontrer le public. Notre métier c’est de rassembler des gens, pas de les mettre devant les écrans. Les concerts confinés c’étaient très bien parce que on avait pas les moyens de faire autre chose et que c’était une résistance mais notre métier c’est de jouer « en vrai »et que ça danse, que ça bouge devant nous. Les gens se rencontrent, se parlent, ils partagent des verres. Nous on serre des mains, on fait des bises, on signe des disques et le lendemain on recommence : c’est ça notre boulot et notre passion. Tu as des producteurs de spectacles qui sont en train de réfléchir à l’idée de filmer un concert et de le diffuser en ligne ou en salles de cinéma … Ok, c’est très bien, c’est très joli mais ce n’est pas notre truc. Les artistes sont là pour déballer le matos avec l’équipe technique, faire des balances, diner avec les organisateurs et les bénévoles et le soir monter sur scène pour rencontrer le plus de public possible.
Comment faire alors ?
On doit réfléchir à jouer dans des endroits inattendus, en plein air semble être plus adapté. En salle il va falloir accepter d’être masqué, mais maintenant on a l’habitude, et surtout ne pas jeter les masques par terre après comme on le voit parfois en ville : c’est stupide ; Il faudra montrer que nous sommes à la fois volontaires et responsables. On va aller dans des endroits qui acceptent le public dans le respect des règles sanitaires et de la faisabilité du concert. Je pense qu’avant de prendre des mesures draconiennes dans le monde du spectacle, de la culture et le monde général il faudrait peut-être soulager les gens des charges et des contraintes. On ne peut pas dire à des lieux qui recevaient mille, deux mille personnes que maintenant ils vont en recevoir 150 ou moins et que les contraintes financières ne bougent pas. Cela devrait être pareil pour les commerces ou les PME-PMI. L’intelligence aurait été de les soulager des charges patronales ou salariales pour sauver les gens les aider à encaissé le choc . A la place on nous parle de faillites inévitables, de lieux qui ne vont pas rouvrir, notamment dans la restauration ou les bars et les boites de nuit. Les gens sont étouffés. Donnez-leur de l’air ! Il n’y a pas de problème d’argent : on a trouvé 735 milliards et si on avait besoin de plus on trouverait plus. Il ne faudrait pas que les mouvements de révolte se transforme en mouvements de désespoir parce que quand on est désespéré on a plus rien à perdre…. et tout peut arriver.
(Pochette de l’album « Verdure » - Droits réservés)
C’est quoi vos projets ?
On travaille sur des clips. On vient de bosser avec un jeune concepteur pour « Ca s’arrête jamais » avec comme base d’idée un jeu vidéo 8 bits des années 90 mais adapté au texte de la chanson , Jean Baptiste Baillon a fait un super travail. On a enchainé avec le clip de « Bègles » qui est plus dans un format classique et met en scène un personnage inattendu. Pour le suivant … vous verrez bien. On aimerait bien clipper tous les morceaux de l’album. Nous allons par ailleurs essayer de partir sur la route le plus vite possible, peut être que ces concerts ouvriront quelques brèches et que les autorité sanitaires, verront qu’il n’y a pas plus de risques que dans les transports en commun ou les supermarchés. On espère pouvoir prouver qu’avec des jauges raisonnables on peut le faire. Cette année la moindre occasion de jouer sera saisie parce que c’est notre passion et qu’on veut défendre notre album . On ne va pas rester à la maison à se lamenter : on va prendre nos instruments et on va jouer.
Pourquoi avoir appelé l’album « Verdure » ?
En discutant entre nous ça nous a paru évident pour tout ce qu’ on vient d’évoquer sur notre rapport à la planète et à la société . On est pas dans l’écologie forcenée mais raisonnée. On n’est pas dans le meilleur des mondes on mais est en train de le saccager et il se révolte et commence peut être à prendre conscience de sa perte. Peut-être que la pollution nous exterminera, ou que la covid aura raison de nous. Pour en revenir au titre de l’album , j’ai remarqué que curieusement pendant le confinement les gens cherchaient un coin de verdure et pas vraiment les blocs de béton… peut être un signe. ( rires)
Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’amener vers la musique ?
Sans hésiter les Beatles dans leur musique il y a ce sens mélodique et harmonique indéniable parfois ils ont même ce petit côté comptine pour enfant qui touche le cœur des petits et des grands . Je pense qu’un enfant peut facilement être réceptif à la musique des Beatles !
Le mot de la fin.
Quand pourrons nous de nouveau nous serrer dans nos bras, quand pourra-t-on embrasser quelqu’un que l’on ne connait pas ?
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