Je suis Rawb. J’ai commencé mon projet personnel de Reggae en 2017. Avant cette date, j’ai été pendant cinq ans à l’usine. C’était un autre univers.
Tu as grandi à la Réunion, c’est là que tu as découvert le Reggae ?
Oui, j’ai grandi là-bas et je suis arrivé à seize ans en France. Pour ce qui concerne le Reggae, c’est une musique qui est très médiatisée à la Réunion. J’ai eu des groupes au collège mais pas dans ce style de musique, c’était plutôt du rock ou du Funk. Ce sont des copains qui m’ont proposé de rentrer dans leurs groupes. Comme je faisais de la basse c’était sympa et c’est vraiment en métropole que j’ai commencé le reggae.
Tu as commencé comment à Paris ?
Par des « Open Mics » ! c’est ce qui m’a permis de rencontrer TRKA. C’est devenu mon binôme. Quand je suis arrivé ma stratégie était d’aller dans ce type d’événements pour jouer et rencontrer du monde. C’est comme ça que j’ai rencontré TRKA qui est « Beatmaker » et ingénieur du son. Il est venu vers moi et m’a proposé de passer à son studio pour faire des essais. C’est comme ça que tout a commencé !
Quelles sont tes influences ?
Elles sont larges ! C’est surtout des musiques Réunionnaises traditionnelles comme le Maloya ou le Séga qui fonctionnent un peu comme le Reggae. C’est des musiques à messages avec un peu les mêmes sonorités et mélodies. Les artistes principaux sont ceux de la Réunion comme Danyèl Waro. Pour le Reggae c’est la Jamaïque avec le « Reggae revival » avec des artistes comme Damian Marley… C’est un peu la nouvelle scène !
Ta musique est plus moderne que celle des artistes Reggae « traditionnels » : tu incorpores un « Beatmaker » comme les artistes rap. Tu mélanges les deux musiques ?
Exactement ! A la base je voulais vraiment m’éloigner du Reggae traditionnel. Je n’écoute pas que ça, j’écoute beaucoup de Hip Hop et je ne voulais pas m’en couper. J’adore le Reggae c’est une musique ultra puissante mais je voulais moderniser mes sons. C’est là où TRKA m’a aidé à moderniser mes sons et il a réussi.
La nouvelle scène Reggae Française suit le même parcours que toi en mélangeant le Reggae et le Hip Hop, c’est le « Dancehall » non ?
C’est un peu différent parce que le « Dancehall » est un truc beaucoup plus dansant mais cela suit la même logique. Pour la nouvelle scène, c’est simple : on est un jeune, on a grandi avec des sons de notre génération et le Reggae ancien. On essaye de mélanger les deux. Je ne me vois pas faire une musique Rastafari parce que ce n’est pas du tout ma culture. J’adore cette musique mais je veux la faire à ma façon.
Quand tu as rencontré TRKA, vous avez produit des sons ensemble ?
J’avais déjà des compositions et il a enregistré ma voix et ma guitare. Après je lui ai proposé de mettre de la modernité dedans avec des beat par exemple. C’est comme ça que nous avons fait le premier EP « Heart in Progress » en 2018. Il y avait quatre titres.
Tu as fait des concerts ?
Pas spécialement, j’ai passé beaucoup de temps en studio. J’allais dans les soirées Reggae et je faisais des Jam. Mais avec mon projet, je n’ai fait qu’une dizaine de concerts avec un groupe qui s’appelle Liva que j’ai rencontré à Paris. Ce groupe n’est plus actif avec le confinement.
Tu as un nouveau single qui est sorti au printemps « Ups and Downs » et tu as tourné cet été ?
J’ai fait quelques concerts dans des lieux et chez des gens que je connaissais. J’étais en Haute Marne à l’usine et comme les gens connaissaient les titres, on en a profité pour aller là-bas pour faire quelques petits concerts.
Tu sors maintenant un nouveau single « Come along » ?
Oui, on avait bossé sur l’album pendant le confinement et quand je suis revenu en studio après ça, je me suis aperçu que je n’avais pas de sons vraiment clean et entraînant. On avait donc la volonté de faire un truc cool et accessible. J’ai pris la guitare et le morceau m’est venu directement. On a ensuite arrangé comme à notre habitude : on a rajouté une basse etc … Ça parle de la mise en condition d’un spectateur à un festival quand tu arrives et que tu vois le premier groupe avec de la bonne basse et qu’il envoie le son. Tu lâches tout et tu te fais plaisir avec la musique.
Tu annonces un album pour le printemps 2021 ?
Oui, on a continué le studio et le 9 avril sortira mon premier album. Il a été composé à distance pendant le premier confinement. C’était un peu spécial TRKA, il m’envoyait tous ses beats par internet… Au niveau de l’orientation c’est à mi-chemin entre le reggae et le Hip Hop, c’est une facette que nous n’avons pas encore montré. On est assez excité de le sortir.
Tu vas rester sur ce mélange Reggae Hip Hop ou tu vas aller vers un reggae plus « classique » ?
Dans tous les cas je chercherais à mélanger pour rester fidèle à mes influences. Il y a aussi d’autres « Beatmakers » qui me contactent pour me proposer des sons. J’écoute et si ça me plait on les intègre. Ce sont des sons beaucoup plus « Roots ». Mais il n’y a donc pas vraiment de règles : je cherche à mélanger au maximum !
Ils parlent de quoi tes textes ?
C’est assez positif : rester fidèle à soi-même, d’aller au bout de ses envies… Parfois ça peut tourner aussi autour de l’actualité. Il y a des textes sur le confinement par exemple, mais le plus souvent ce sont des textes sur le fait de rester positifs.
Pourquoi tu chantes en anglais ?
J’ai fait un texte en Français et il peut y en avoir d’autres mais sinon j’écoute beaucoup de reggae Jamaïcain et ce sont des sonorités qui m’ont marqué. Dès que j’ai une musique, je prends le micro et j’improvise un texte, souvent c’est du yaourt mais c’est l’anglais qui ressort. Bon, ça me prend du temps parce que ce n’est pas ma langue maternelle mais bon, j’y arrive … à peu près !
Est-ce que ton album va sortir en physique ?
Oui, on essaie de faire une belle pochette et un beau visuel !
On peut imaginer des concerts ?
On espère et on est chaud pour ça ! On travaille avec le label « Flower Coast » qui bosse dessus et on espère que malgré le contexte sanitaire on va pouvoir y aller.
Quelle est ta position sur la situation actuelle ?
C’est terrible : personne n’a envie de vivre ça. Pour les artistes qui veulent en vivre c’est terrible par contre au niveau artistique il n’y a pas que du négatif : on a jamais été aussi inspiré peut-être parce que on a du temps… Mais pour vivre de la musique c’est impossible !
Le mot de la fin ?
Écoutez Rawb, n’hésitez pas à venir nous écouter parce qu’on aime vraiment ce que nous faisons et nous sommes convaincus que ça peut vous parler !
Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’amener vers la musique ?
J’irais vers Damian Marley avec le disque « Welcome to Jamrock »