Comment s’est formé le groupe ?
Avec Cédric, on s’est rencontré quand j’étais encore aux Beaux-Arts de Lyon en 2012 dans un repère de musicien à Villeurbanne. Cédric n’était d’ailleurs pas censé venir ce soir-là (rires), les projets tiennent à peu de choses parfois ! On s’est donc rencontré en improvisant ensemble, lors de cette scène ouverte d’une trentaine de musiciens, dont on avait quelques connaissances en commun.
Vous êtes restés à deux ?
Oui, on s’est vu pendant un an régulièrement, pour faire de la musique. Il venait avec ses ballets et il jouait sur ma table basse. Moi, j’avais une pédale Wah Wah avec une guitare électrique. Ça avançait sous un air un peu folk, sur mes textes en anglais. On utilisait également d’autres instruments, mais à la base c’était ça. Quelques mois plus tard j’ai découvert la MAO et comme je jouais pas mal d’instruments cela m’a ouvert les portes. On a intégré le côté électronique, on a pris le nom Pethrol et on a vraiment lancé le projet un an plus tard.
Pourquoi ce nom ?
Ça a été décidé au moment où je cherchais un nom court qui pouvait être percutant. C’est une référence à l’album de Bashung qui était souvent sur la table basse à ce moment-là. Plusieurs fois, on m’a demandé : “Pourquoi gardez-vous encore ce nom ?”. Pour moi cela fait sens. La plupart de nos textes parlent de l’environnement et le pétrole est un des éléments qui crée des soucis aujourd’hui. Ça fait contrepied : on met un coup de pied là-dedans !
On a l’impression que vous avez envie de vous rapprocher de la nature avec un côté apaisant que peuvent donner les plantes ?
(Rires) Oui, j’ai plein de plantes vertes à la maison ! C’est surtout sur le nouvel album, « Terre », où c’est visible. Je dois dire que pour les premiers EP et le premier album, je n’avais pas confiance en moi et je collaborais avec des poètes pour les paroles. Maintenant j’ai récupéré la plume, ça m’ennuie d’écrire des chansons d’amour et c’est pourquoi j’écris sur ce qui parcourt ma génération. C’est mon quotidien, je ne pouvais pas parler d’autres choses. J’ai grandi à la ferme où j’ai toujours été “la rêveuse qui pouvait regarder des heures les paysages”, plutôt que de s’intéresser à l’agriculture…
Mais c’est un peu engagé ?
Je ne voulais absolument pas d’un album « engagé », c’est juste un état des lieux. C’est pour ça que le disque s’appelle « Terre » comme la base de nos vies et absolument pas comme un côté majestueux, sinon je l’aurais plutôt appelé « monde » ! (rires)
Quelles étaient vos influences à la base ?
C’est très divers ! Ce qui est drôle, c’est que Cédric et moi, nous avons commencé tous les deux avec le métal. Lui est parti ensuite vers le jazz fusion et moi le jazz plus classique. Mais il y a également les influences de mes parents avec des artistes comme Supertramp ou Geoffrey Oryema, la musique classique comme Chopin (je joue régulièrement de la musique classique au piano), le chill californien avec Feng Suave ou encore la french pop du moment avec Ezéchiel Pailhès. Cédric, lui, trouve des références aussi bien dans le blues que la musique cubaine. Il aime toujours apprendre de nouveaux rythmes, méthodes. Nos influences sont très éclectiques.
Dans votre biographie vous citez Fabien Berger, Bjork et Metronomy.
Oui, bien sûr les trois font sens que ce soit au niveau électronique pour Fabien Berger. Björk est une référence depuis longtemps et Metronomy parce qu’on nous a dit que Capital faisait penser à The Bay !
J’ai vu que Cédric était aussi batteur pour des groupes de blues, c’est bizarre quand tu écoutes votre musique !
Pas tant que ça si tu écoutes ses groupes, c’est un batteur très ouvert ! Il va chercher des choses dans le blues qui ouvre des portes.
Vous avez fait un premier album en 2016. Cet album est-il la continuité du premier ?
Humainement et dans la manière de travailler, oui, mais il y a eu un vrai changement d’un point de vue thématique. Cela n’a plus rien à voir. Au niveau musical aussi puisque nous avons imaginé l’album en 5 pistes (guitare, piano, basse batterie, voix) pour être cinq sur scène. Avant, tout était pensé pour l’électronique où nous étions deux sur scène. Par contre, la méthodologie de travail est toujours la même !
Vous avez beaucoup joué ?
Aux Printemps de Bourges, aux Trois Baudets, aux Nuits Sonores… Nous sommes aussi soutenus par une SMAC, à Saint Dizier. On doit y faire une résidence. Nous avons fait pas mal de choses en six ans mais peu durant les deux dernières années, à cause du Covid. Mais comme on arrive avec un projet un peu différent, pour moi c’est un peu comme un nouveau départ où il faut que nous retrouvions des gens et des contacts pour se relancer sur scène.
On parle du nouvel album « Terre ». Vous l’avez fait comment ?
Les trois quart des chansons ont été composées à Royan, où nous avons fait une résidence, pendant trois semaines. Tous les jours, nous avions une routine, musique toute la journée et balade à 18h. J’ai la sensation que le contexte “eau salée” et “coucher de soleil” transpire mélodiquement à travers l’album.
On a l’impression que l’on peut incorporer votre musique dans la nature ?
Je n’aurais pas osé le dire moi-même, mais merci beaucoup. On vient d’ailleurs de faire quatre concerts filmés en extérieur dans le parc naturel du Morvan qui vont bientôt sortir !
Il est sorti quand le disque ?
Il est sorti en numérique fin octobre et il y aura un vinyle au printemps avec un titre en plus.
Il sort chez Milano Records qui n’est pas connu pour ce style de musique ?
(Rires) Oui, c’est vrai. J’ai rencontré Grégoire (Garrigues, NDLR) dans un cadre professionnel et on s’est tout de suite très bien entendu. On échangeait beaucoup ensemble et après avoir fait le tour de quelques labels, j’en avais marre d’attendre des réponses qui se faisaient toujours tarder. Je suis allé le voir puisqu’il m’avait déjà proposé de nous aider à sortir nos disques. C’était le moment où Milano s’ouvrait à l’édition et cherchait de nouveaux projets différents de ce qu’ils avaient déjà fait. On est le début d’une nouvelle ère pour le label !
Ça va se passer comment sur scène ?
En fonction du budget, on sera entre trois et cinq sur scène. Nous allons travailler la scénographie pour permettre au public de rentrer dans notre univers.
Vous avez une musique qui peut être très facilement adaptée à l’image ?
Oui c’est vrai et en plus c’est mon métier ! Ma vie c’est autant le graphisme que la musique, les deux sont clairement liés !
Quels sont vos projets ?
Une résidence et surtout trouver un tourneur !
Le mot de la fin ?
Cet album n’est pas pro écolo, il est seulement un état des lieux qui rend hommage à la nature. J’espère juste que certaines personnes qui écouteront le disque seront sensibles aux textes. Qu’ils puissent se dire « Pethrol a mis des mots sur ce que je ressens en ce moment ».
Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’emmener vers la musique ?
« Discovery » des Daft Punk ! Les enfants de mes cousins aiment beaucoup Pethrol aussi (rires) donc ça doit marcher chez les enfants.
http://www.milano-records.com/pethrol.html
https://www.facebook.com/Pethrol/