Normcore est un groupe de potes : on s’est rencontrés au fur et à mesure pour jouer ensemble. On est quatre dans le groupe : FX, à la guitare et au chant, Xavier qui est aussi chanteur guitariste (absent au moment de l’interview Ndlr), Baptiste à la batterie et Lucas à la basse.
(Normcore - Photo Clémence Elman)
Ca a commencé quand et comment votre histoire ?
Ça a commencé il y a cinq ans, avec juste Xavier et Baptiste en adaptant des chansons de Xavier, des morceaux de folk qu’il composait dans sa chambre. Il y avait de belles mélodies et on s’est dit que l’on pouvait remonter un groupe, dans la prolongation de ce qu’on faisait au lycée. C’était juste guitare, batterie et voix. Là-dessus FX s’est greffé rapidement. On s’est rencontré au « Festival des Aventuriers » à Fontenay sous-Bois où nous (Baptiste et FX) étions en stage. On a fait quelques boeufs pour le fun et comme ça s’est bien passé, il est resté à la guitare. On a commencé à jouer comme ça, juste pour le plaisir …. Moisés, notre premier bassiste nous a rejoint peu après (recruté sur internet !). Et c’était parti ! Depuis deux ans, c’est Lucas, recruté à l’occasion d’une soirée très arrosée, qui a pris le relais à la basse, Moisés étant parti vers d’autres types d’aventures."
C’étaient quoi vos influences ?
On avait chacun les nôtres : on ne vient pas du même milieu musical mais ce qui nous rassemblait c’était le rock 90’s. On s’est vraiment retrouvé là-dessus : le rock de notre adolescence. Des trucs comme Weezer ou Dinosaur Jr., ce genre de choses qui aujourd’hui marchent plutôt bien. Il y a pas mal de groupes qui jouent dans cette veine ces derniers mois.
Effectivement quand on écoute votre musique, on entend un son très Américain ?
C’est vrai, mais c’est voulu ! Même si on a tous commencé par jouer sous l’influence des anglais. Les premières compositions folks de Xavier étaient très influencées par des groupes anglais comme les Libertines et la scène rock du début des années 2000… Après on a tout effacé pour revenir à un son plus américain et redécouvrir toute la musique de la côte Ouest. On a réadapté nos titres pour sonner comme ça. En fait au lycée, on a tous écouté Blink-182 et même si ce genre de groupes peut faire sourire, on a toujours eu ça dans un coin de notre tête.
Vous êtes fan du « Skate Core » ?
Très peu, on préfère vraiment des groupes moins hard, comme Blink 182 ou Offspring … On a tous écouté cette musique et nous l’avons digérée chacun à notre manière. C’est la musique de notre adolescence : nous ne l’avons pas reniée.
Je disais ça à cause de votre nom : Normcore. Ça vient d’où ?
Cela vient d’un article dans Vice qui disait : « Plus hipster que le hipster, il y a le Normcore » (rires). Ce n’est pas qu’on n’aime pas les hipsters mais cela nous a fait rigoler. On venait de commencer à jouer ensemble avec des influences assez diverses : c’était un peu indéfinissable cela donnait un mélange bizarre qui avait pas trop de sens et avec cet article on a trouvé le nom qu’il nous fallait parce que il y avait le côté Core, le côté année 90. Ça se goupillait bien. Ce nom a presque influencé notre musique qui évoluait.
Vous savez qu’il y a un groupe Japonais de pop sirupeuse qui s’appelle NormCore ?
On a écouté : c’est horrible ! On a même fait un concours pour savoir lequel d’entre nous était capable de rester le plus longtemps à les écouter : personne n’a gagné ! (rires)
Vous avez fait un premier EP en 2016 ?
On en a fait plein des EP mais il y a les officiels qui sont sortis et les autres… Le premier truc que l’on a appelé EP on l’a enregistré à Montreuil, dans une maison où nous avions ramené deux potes ingés sons, et en deux jours on a enregistré 12 morceaux à l’arrach’ sans pédale d’effets, ni rien … On n’avait pas encore fait de concerts, on jouait ensemble depuis six mois mais c’est vraiment l’acte fondateur du groupe. C’est là que notre nom a vraiment fait sens : il s’agissait d’envoyer du gros son ! On est d’ailleurs en ce moment en train de réadapter quelques vieux morceaux pour les rejouer.
Vous avez beaucoup joué ?
Il y a eu pas mal de concerts ces dernières années, mais là on vient de faire notre premier retour sur scène depuis un an. On s’était arrêté pour se concentrer sur notre nouvel EP, « Six Pack » et pour préparer un nouveau live pour sa sortie. Maintenant nous y sommes !
(Normcore en concert - Droits réservés)
Mais vous êtes intégrés à la scène parisienne ?
Vaguement… mais on ne vient pas tous de Paris ! On n’a pas grandis avec cette scène, ces musiciens… On est un peu en décalage c’est vrai.
Ça se passe comment sur scène ?
C’est assez bruyant (rires) mais on essaye de garder le côté pop/chansons de deux ou trois minutes… Il y a de grosses saturations mais on tient vraiment à garder ce côté pop.
Vous avez un côté très mélodiques sur disque mais est-ce que sur scène ce côté n’est pas occulté par la puissance du son ?
Ce n’est pas faux mais on essaye vraiment de garder ce côté mélodique. Sur scène la batterie envoie fort et forcément le côté guitare/voix n’est pas toujours prédominant mais on essaye (rires).
Mais sur votre disque la voix n’est pas noyée pourtant ?
On part de la mélodie, de la ligne mélodique et ensuite on trouve le reste. En concert, on essaye de mettre des effets comme de la reverb’ pour mettre la voix au même niveau que les autres instruments mais c’est clair qu’on envoie le boulet…
Mais vous n’avez pas peur d’être trop « serré » sur scène : pourriez vous intégrer d’autres instruments sur scène comme un clavier ou un sax ?
A la base c’est un choix de faire du guitare, basse, batterie. On aurait pu rajouter un synthé parce que Xavier sait en jouer. On aurait pu aussi en mettre dans les arrangements sur le disque et on ne l’a pas fait parce que ça ne se justifiait tout simplement pas.
Et un sax ?
Genre comme « Fun House » des Stooges ? Mais on ne voit pas comment on pourrait intégrer ça… On a déjà joué quelques fois en live avec une pote qui joue du cor d’harmonie en live par contre !
(Normcore - Photo Clémence Elman)
En fait je pensais à ça parce que le sax offrait aux Stooges des parts d’improvisations et je voulais savoir si sur scène vous improvisiez un peu ?
Pas vraiment, on a quelques plages pour ça, mais à l’arrivée ça fout un peu le bordel dans notre set. On le fait un peu en répétition mais notre musique, malgré le côté bordélique, est très structurée. On peut le faire mais on ne préfère pas trop.
Vous voulez dire que votre musique est très écrite ?
C’est très carré, on reste sur du format court avec parfois un peu de rajout d’un refrain…
On parle de votre nouveau maxi « Six pack » ?
Ce sont des morceaux qui existaient depuis un bon moment. On l’a enregistré en Normandie dans une ferme avec Lord Henri d’Armancourt qui est très présent dans la scène parisienne. On l’a rencontré sur un concert avec son groupe Shoefiti et on a bien accroché. Il est arrivé avec un gros savoir-faire en larsens et pas mal de matos qui nous ont permis de gonfler et d’épaissir encore plus notre son avec le fuzz qui va bien.
Il est distribué cet EP ?
On est distribué sur le net mais pour le vendre on compte sur les concerts.
Vous venez de sortir un clip « Buddy bud » qui est assez énorme ! C’est à mourir de rire : je veux tout savoir dessus !
Merci ! (Rires) La chanson parle d’un gros buveur de bière qui célèbre sa meilleure amie : sa cannette de bière. L’idée du clip est née un soir d’été un peu arrosé, avec des amis devant une chope de 5 litres, le fitbeer, sport révolutionnaire, était né ! On voulait mélanger cette idée avec l’esthétique d’un de nos 1ers émois adolescents : le clip de « Call on me » et ses sportives en lycra. On a tout fait nous même avec des copains en Normandie à un kilomètre de l’endroit où nous avons enregistré.
On a l’impression que Chuck Norris va arriver ?
C’est exactement ça, tu as tout compris ! (Rires) On voulait une ambiance Bernard Tapie chez Véronique et Davina ! Mais le morceau fait 2m30 et plus long cela aurait été un peu trop au vu de la simplicité du pitch. On a ramené une dizaine de copains, on a trouvé des éléments comme des perruques coupes mulets et du lycra, on a acheté des litres de bière cheap et on a fait le truc (rires). On s’est vraiment marré ! Enfin surtout nous, le groupe, parce qu’on était les seuls à ne pas avoir de courbatures après…
Vous faites des reprises sur scènes ?
Oui, une reprise de Daniel Johnston pour laquelle on a même fait un clip avec des images de tournée. On l’a envoyée sur le site de Daniel Johnston et son frère l’a mise en ouverture de son site. On était trop fier, c’est quelqu’un que l’on respecte beaucoup !
Mais c’est votre contraire : il est totalement Lo-fi avec un côté presque acoustique et minimaliste ?
Mais on a un côté Lo-fi, même si il n’y a que nous qui le voyons (rires).
C’est quoi la deuxième reprise ?
Les Beatles, « The Long and Winding Road » que l’on reprend de manière plus stoner. L’exact opposé de la version orchestrale d’origine.
Vous chanterez en français un jour ?
Non, ce n’est pas le but : on est là pour faire du son. On n’est pas un groupe à message, on ne fait pas de la poésie. On parle des trucs foireux de la vie.
Qui écrit les textes ?
Xavier et FX. Le plus souvent, on part d’une mélodie et ensuite on adapte au niveau des paroles. Par exemple « Buddy Bud » un mec qui aime la bière, « Calypsa » c’est l’histoire de l’un d’entre nous qui est tombé amoureux d’une stripteaseuse… des trucs débiles quoi !
C’est quoi vos projets ?
Tourner pour vendre l’EP et comme on est tout seul, on espère qu’avec lui on va enfin rencontrer du monde comme des petits labels ou des tourneurs, pour avancer. On joue au Black Star le 27 avril pour la release party de « Six Pack » !
(Photo Clémence Elman)
Et cet été ?
On a des dates en France (Anger, Saint-Malo, Nantes…) mais on se focalise sur le rentrée pour les tournées : le temps de tout caler, on va attaquer vraiment en septembre. L’objectif à moyen terme est de repartir en enregistrement pour faire un album : on a déjà les titres !
Si vous pouviez avec quelqu’un qui ce serait qui ?
Lucas : Les français de Bryan’s Magic Tears qui marchent bien en ce moment ! On est super fan de ce groupe.
FX : Voiid, un groupe de filles Australiennes basique et simple ! C’est vraiment bien !
Baptiste : Black Sabbath, groupe mythique avec qui je casse les pieds de tout le monde, que j’adore et qui ont construit un son unique et novateur dans les années 70, encore moderne dans les sphères du rock indé aujourd’hui. Mais c’est un peu trop tard (rire)…
Quel disque vous donneriez à un enfant pour l’amener à la musique ?
Le premier « Blue album » de Weezer, « Rubber soul » des Beatles, les Jb’s et « Americana » D’Offspring.
Le mot de la fin ?
On va tout défoncer dans les six mois tellement on a envie de jouer !
Normcore en concert le 27 avril au Black Star
Nouvel Ep : 6 Packs