My Concubine : le groupe que vous allez adorer partager

lundi 3 octobre 2022, par Franco Onweb

Parmi les sorties de disques de la rentrée, un album m’a particulièrement séduit « Comme elles s’en vont », le nouvel album de My Concubine. Je dois l’avouer : j’étais passé complètement à côté de ce groupe que l’on pourrait qualifier de « pop ». J’avais bien tort, le groupe a sorti des albums magnifiques ces dernières années et ce dernier opus est absolument épatant.

Derrière My Concubine se trouve un homme, un musicien talentueux : Éric Falce. Un artiste, qui a eu plusieurs vies, et qui se consacre maintenant totalement à sa musique. J’ai discuté avec ce « concubin » de la musique pour en savoir plus.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Éric Falce et je fais de la musique dans un groupe qui s’appelle My Concubine. J’écris et je compose des chansons. C’est mon cinquième album.

Eric Falce
Crédit : Jack Torrance

Tu as fait partie de Tango Luger ?

Oui, c’est un groupe où il y avait Lucas Trouble créateur du Kaiser studio. On a fait les deuxièmes Transmusicales de Rennes. J’ai commencé My concubine avec lui. C’est même lui qui a trouvé le nom du groupe. Après il est parti jouer avec les Vietnams Vétérans.

Ça a commencé quand My Concubine ?

C’est une vieille histoire qui a commencé au début des années 90. On avait fait des maquettes avec la première chanteuse, Pascale Kendall, et Lucas Trouble. On voulait revisiter le répertoire Gainsbourg – Birkin, simplement parce que cela nous amusait. On a vite laissé tomber le projet que nous avons repris au début des années 2000 parce que Pascale était mariée au producteur Paul Kendall, qui travaillait pour le label Mute. Il avait produit des gens comme Wire, Nick Cave ou Depeche Mode. On a fait un album qui n’a jamais été distribué mais la radio « Le Mouv », qui était une radio naissante avait une émission qui s’appelait les Indés et Bruno Lorenzi qui animait l’émission a aimé notre titre « trois petits singes ». Il l’a programmé et tout a commencé comme ça ! ,

C’est à ce moment que tu es devenu musicien à plein temps ?

Oui, j’étais avocat. Et puis j’ai voulu essayer la musique « à plein temps ». Cela m’a permis de rencontrer des gens formidables, de faire un travail en studio et maintenant sur scène…

Quelles seraient, selon toi, tes influences ? Pour ma part je trouve qu’il y a du Bashung …

C’est drôle que tu dises ça parce qu’avant on me disait Gainsbourg, maintenant on me dit Bashung. Les gens ont besoin d’étiquettes et de se rattacher à quelque chose. Dès que l’on chante en Français, et que l’on essaye d’avoir du texte, il n’y a pas beaucoup de références : c’est Trenet, Gainsbourg, Boris Vian, Brassens, Brel… bref des grands chanteurs qui ont su faire swinguer les mots. Maintenant on me parle de Bashung parce que c’est le plus proche. J’aime beaucoup ce qu’il a fait mais il n’a pas du tout influencé mon travail. Je pense que je suis influencé par la chanson française classique mais je cherche surtout à faire sonner les mots sur de la pop. C’est le « crossover » que je veux réaliser. De la chanson française classique avec un côté pop vintage.

Tu as un son assez pop mais tu vas aussi parfois vers la new wave.

Il y a aussi du Krautrock… Ce sont les influences que j’ai eu quand j’avais 16 ans. Ce sont celles qui nous marquent à jamais. Avec le recul, j’ai essayé de tout intégrer à ce qu’on appelle « la Chanson Française ». .

Pourquoi ce nom My Concubine ?

Ah, je ne sais pas. Il faudrait demander au regretté Lucas Trouble. Je crois qu’il y a une référence au film chinois « Adieu ma concubine ». Ça évoque pour moi un engagement sans contrat. En latin c’est la personne avec qui l’on couche. Je trouve ça charmant.

Une autre personne importante dans ton travail, qui est là depuis deux albums, c’est Brigitte Fontaine !

Oui, elle a joué dans le clip “Ah que la vie est belle” reprise de sa chanson qui figurait,sur l’album précédent et sur le nouvel album elle est venue dire merde sur un titre (rires). Ah chaque fois je lui dit que c’est un travail de tout repos : pour le premier elle était couchée sur un lit et pour celui-là, elle dit merde. C’est ça la consécration d’un artiste quand on te propose ce genre de choses (rires).

Justement, tu ne serais pas dans la lignée de Higelin Areski et Brigitte Fontaine ? *

Oui, je me reconnais dans ces gens. J’aime leur travail, leur démarche par rapport à la langue. J’en ai parlé avec Areski : ce qui me plaît, c’est de faire sonner les mots.

Tu sors un nouvel album « Comme elles s’en vont ». Tu l’as fait où et avec qui ?

Mathieu Denis à la basse et Loïc Maurin à la batterie. C’est le troisième album que nous faisons ensemble. A la réalisation, au mixage et aux arrangements, avec moi, il y a Yann Arnaud. On a enregistré au studio de La Frette et au studio Melodium.

Tu définirais comment cet album ?

C’est un album qui parle d’amour. De la pop française, de la chanson pop vintage … . Il y a un côté un peu vintage donc un peu pop sixties. J’ai aussi travaillé pour la première fois avec des cuivres et ça a été un vrai plaisir de travailler avec des gens qui venaient d’horizons différents que ce soit du classique ou du jazz…

Mais ça reste très pop ?

Oui bien sûr et c’est un exercice de faire sonner des mots en français sur de la pop. En fait, je compare toujours la chanson au travail d’un artisan qui construit un meuble : il faut qu’il tienne debout, mettre des tiroirs, des tiroirs secrets … Je n’aime pas du tout le côté chanson frontale où tout est dit d’un coup où il n’y a plus rien à découvrir… J’aime les sous-entendus (rires).

Crédit : Patrick Rault

Justement, de quoi parlent tes textes ?

Là, ils parlent d’amour (rires). Dans tous les arts, que ce soit en musique, au cinéma ou en littérature, il y a des sujets récurrents : l’amitié, l’amour, la guerre, les problèmes sociaux …. Là je parle d’amour d’une manière plus évidente que sur les albums précédents, avec des angles différents, de manière plus générale que ce soit l’amour des autres, du monde, ou simplement l’amour de soi.

Tu as toujours une ligne mélodique et ce sont tes arrangements qui donnent ce côté pop. Tu n’as pas été tenté de faire un truc plus acoustique ?

Justement Yann Arnaud m’a proposé que le prochain album soit acoustique avec la même équipe que sur celui-là.

Tu avais quoi en tête musicalement quand tu as fait le disque ?

J’avais en tête la brillance et la dynamique des cuivres que tu entends dans certaines BO de feuilletons des années 60, comme « le Prisonnier ». Les cuivres sont à la fois froids et dynamiques. Je voulais vraiment goûter à cette expérience. Quand j’écrivais les chansons j’avais en tête les arrangements de cuivres. Yoan Le Dantec a supervisé et co arrangé avec moi. Il est excellent.

Ça va se passer comment sur scène ?

On va jouer les titres de manière plus dépouillée. On a décidé de ne pas avoir de pad avec des samples. On sera à deux guitares, basse et batterie.

Pas de clavier ?

Non. J’aurais aimé mais ce sera pour une autre fois.

Tu fais une première scène le 4 octobre à « La Dame de Canton » ?

Oui, j’aime cet endroit, cette jonque chinoise ou l’on est très bien accueillis. Nous y avons déjà joué et toute l’équipe est très sympa. Nous partagerons la scène avec Fergus et Nina Morato.

C’est quoi tes projets ?

Être plus visibles, défendre ce disque, faire des concerts …. Après j’aviserai…

Tu n’as jamais eu des gens qui t’ont demandé d’écrire pour eux ?

J’aimerais beaucoup. Je l’ai fait une fois ou deux et c’est un travail très différent : il faut tailler un costume sur mesure.

Quel disque donnerais- tu à un enfant pour lui faire découvrir la musique ?

Pour que ce soit facile d’accès je dirais « Rubber Soul » des Beatles.

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