Johan Asherton « Matinee Idols », le retour du baladin électrique

jeudi 14 mars 2024, par Franco Onweb

C’est le retour du baladin électrique Rouennais : Johan Asherton avec un nouvel album « Matinee Idols ». Un disque à l’image de ce musicien indispensable : pleins de mélodies et de chansons. Un album teinté de plusieurs ambiances, comme à son habitude, du folk, du rock mais aussi des ambiances un peu jazzy. Une vraie réussite soutenue par les activistes de Smap Records.

J’ai donc envoyé quelques questions à ce chanteur à la carrière aussi élégante qu’indispensable !

Qu’est-ce que tu as fait depuis 2021 comme concerts ?

Essentiellement des concerts privés, et quelques dates en salles. Un concert à Paris, au Walrus en Janvier 2023, puis le festival A Different Kind, en Normandie. Mais je joue beaucoup moins, maintenant.

Johan Asherton
Crédit : Philippe Dufour

En 2022, tu as sorti de manière assez confidentielle un disque de musique électronique « Machines Médiévales », peux-tu nous en parler ? C’était une facette très méconnue de ton travail, pourquoi l’avoir sorti ?

J’ai toujours été intéressé par la musique électronique, j’en écoutais beaucoup dans les années soixante-dix. C’était un courant qui voisinait sans problème avec le glam rock, le hard rock, les singer-songwriters, le reggae et tous les autres styles qui ont rendu si riches ces années-là. C’est à cette époque que j’ai rencontré Claude Arto qui a créé plus tard Mathématiques Modernes. C’est lui qui a produit mon premier 45tours, et qui m’a fait rencontrer l’ingénieur du son et producteur Patrick Chevalot, avec qui j’ai travaillé de nombreuses années. « Machines Médiévales » était dans mes archives depuis le début des années 80, des enregistrements d’instrumentaux destinés à de l’illustration musicale pour des projets vidéos qui n’ont pas abouti. J’ai toujours eu l’espoir de les sortir, et quand une occasion sérieuse s’est présentée, je l’ai fait.

Quand as-tu commencé ce nouvel album « Matinee Idols » ? Pourquoi ce titre ? Tu l’as fait où et avec qui ?

Au printemps 2022, chez mon vieil acolyte Stéphane Dambry. Au départ, je n’avais que trois chansons, l’idée étant d’écrire les autres au fur et à mesure de l’enregistrement. D’habitude, j’attends d’avoir tout écrit avant de commencer quoi que ce soit, mais là j’avais envie de changer. Peu à peu, le thème d’un album en sorte d’hommage à la grande période hollywoodienne du cinéma américain s’est profilée. J’en ai parlé à mon amie Angela DeCristofaro, qui est peintre et photographe. Pour la pochette, nous sommes partis d’une photo extraite du film de George Stevens « A Place In The Sun », avec Elizabeth Taylor et Montgomery Clift. Tinseltown était un des surnoms de Hollywood, « la ville des paillettes ». Et le terme « matinee idol » désigne un jeune premier, une belle gueule… La chanson « Tinseltown » elle-même parle de beaucoup de ces jeunes acteurs et actrices qu’on a jeté à la poubelle une fois passé leur moment de popularité… Sur l’album, on retrouve Loïc Kohler à la basse, Cédric David à la batterie, Frédéric Jouhannet au violon, Eva Dambry-Royou aux choeurs, et des invités comme Mohini Konstantinidis qui chante « Tinseltown » en duo avec moi, la violoncelliste Mathilde Poinsignon, le pianiste Tony Baker, et Fabrice Bisson au saxophone. Gene Clarksville est très présent sur l’album, et Stéphane Dambry y déploie à nouveau l’étendue de sa palette sonore !

Peux-tu nous parler plus précisément de Gene Clarksville et comment vous travaillez ensemble ?

Stéphane m’a fait rencontrer Gene il y a longtemps déjà, et j’aime beaucoup ses disques, son esprit mélodique, nous avons de nombreuses références communes. C’est un excellent musicien et pianiste, qui tire le meilleur parti de son propre studio. J’avais adoré son travail sur « Passiontide », et j’ai voulu le faire participer d’avantage sur ce nouvel album. Avec lui comme les autres musiciens, c’est souvent carte blanche avec un minimum d’indications préalables.

Quel disque tournait sur ta platine au moment de l’enregistrement ?

J’ai tendance à toujours écouter mes mêmes vieilleries… Des disques très familiers, qui me réconfortent, dans lesquels je me retrouve. Dylan, Cohen, Lou Reed, Kevin Ayers, Bryan Ferry… Pas mal de Tamla Motown, aussi… De la musique classique, un peu de jazz… Des musiques de films, Ennio Morricone en tête, François de Roubaix…

Comment le définirais-tu en termes artistiques ?

Il est toujours difficile de parler soi-même de son propre album… Je voulais quelque chose qui soit un peu comme une palette. Je ne fais pas que d’écouter des disques, et le cinéma, la littérature, la peinture m’inspirent beaucoup. Certaines rencontres, certaines personnes aussi.

Crédit : Sarah Andreacchio.

C’est un album où il y a plusieurs ambiances avec des morceaux comme « Enfant Terrible » ou le single « For Added Charisma » où l’on retrouve une ambiance proche de tes premiers disques, sur « No Doubt About It » on dirait du jerk américain des années 50 et des morceaux comme « Tinseltown » font penser à du blues du bayou et « Navire Night » et « Small Talk » semblent inspirés de Léonard Cohen. Était-ce voulu toutes ces ambiances ou simplement tes influences naturelles ?

J’étais parti dans l’idée de continuer dans la direction de l’album précédent, « Passiontide », dont j’étais particulièrement fier. Mais des couleurs différentes se sont imposées, certaines plus rock avec des teintes fifties, sixties, seventies… D’autres plus latines, comme « Small Talk ». Ce n’était pas forcément voulu, et il était intéressant de faire se voisiner ces différentes ambiances. Depuis longtemps je rêvais d’un vrai slow rock avec des choeurs woo-ooh-woo, saxophone, et changement de tonalité en cours de route, et c’est devenu réalité sur « Paramour ». Pareil pour « No Doubt About It », qui est plutôt jazzy. Mais il y avait déjà des ambiances semblables sur « Precious », sorti en 1989… Donc, je pense que c’est effectivement assez naturel, chez moi.

De quoi parlent tes textes ?

Rien de bien nouveau ! De la vie, de l’amour, de la mort… De souvenirs, de peines, de petites joies, d’espoirs… De personnes rencontrées ou imaginées…

Comment cela va se passer sur scène ?

Idéalement, j’aimerais pouvoir réunir les principaux intervenants de l’album.

Ton disque sort sur Smap Records : peux-tu nous parler de ce label Rouennais ?
C’est dans un premier temps un travail de mémoire, avec des sorties de raretés ou d’inédits de certains groupes qui ont fait l’histoire rock de cette ville, comme les Olivensteins ou Mister Moonlight, mais pas seulement. Claude Levieux marche au coup de coeur, dans un esprit très indépendant et artisanal.

Quels sont tes projets, notamment pour les concerts ?

Pour les concerts, il faudrait qu’il y ait des propositions et des conditions raisonables , et ce n’est pas souvent le cas ! Je me tourne surtout vers le coaching de musiciens, jeunes et moins jeunes, voix et guitare, écriture…

Le mot de la fin !

Je suis heureux d’avoir encore la possibilité de sortir un album de ce genre aujourd’hui, en grande partie grâce à des personnes proches, qui se remuent pour que les choses avancent. Le monde a bien changé depuis mes premiers pas dans la musique, les jeunes artistes semblent ne plus se faire aucune illusion. Peut-être n’est-ce pas plus mal, je ne sais pas… Maintenant, tout semble planifié, calculé… Ca fait un peu peur ! Mais il faut suivre sa passion… Que faire d’autre ?

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