Je suis François Magnol, musicien grenoblois dans le groupe Holy Bonnes que j’ai monté moi-même il y a 6 ans.
Tu es venu comment à la musique ?
Assez tard, j’ai repris ma première guitare à 25 ans après de nombreux voyages.
(François Magnol en concert avec Holy Bones le 20 juillet 2019 - Photo Franc k Benedetto)
Quelles étaient tes influences de base ? *
Il y en a deux : les Anglo-Saxons qui privilégient la mélodie comme dans le folk ou les popistes comme les Beatles ou Bowie, et une autre influence qui se voit moins : la chanson Française Old Scholl. J’ai beaucoup écouté Brassens dans mon enfance.
Tu as commencé comment le groupe ?
En fait j’ai commencé par faire de la chanson Française et, même si j’aime en écouter, je me suis aperçu que je n’aimais pas trop en faire. J’ai donc j’ai fait évoluer ma musique vers le folk américain : j’écoutais Calexico en boucle. J’ai rencontré des musiciens qui étaient branchés sur les mêmes musiques que moi, notamment16 Horsepower, et voilà c’était parti.
Et Nick Cave aussi non ?
Je ne le connaissais pas beaucoup à l’époque, je l’ai découvert assez tard et j’ai apprécié son « songwritting » et son élégance.
Ta musique a beaucoup d’espace, beaucoup de silences aussi, pourquoi ?
Peut-être pour exorciser le fait que je ne suis absolument pas calme dans la vie courante, mais globalement je trouve que le silence est très important en musique : c’est comme une partition. Il y aussi beaucoup d’imagerie dans ma musique qui vient du sud des USA et où il y a beaucoup d’espace. Le silence est, pour moi, une pierre angulaire de mes concerts.
Tu as beaucoup voyagé ?
J’ai eu cette chance, notamment au Mexique, aux USA ou en Asie Le son du groupe vient de ces voyages puisque je l’ai fondé à mon retour. C’est là où la notion d’espace et notamment de grands espaces prend son sens. En fait c’est en revenant du Mexique que le projet Holy Bones est né.
Mais c’est un groupe Holy Bones ou c’est que toi ?
C’est un groupe ! Il y a toujours eu des musiciens, même si ce sont mes influences et mes compositions qui ont fait le groupe. J’ai rencontré des musiciens qui avaient des influences communes avec moi mais j’ai été auteur-compositeur du projet !
C’est donc toi le leader ?
A la base non mais maintenant oui (rires), dans la première version du groupe j’avais une idée très romantique du travail collégial : c’est mieux structuré, c’est mieux écrit … Mais on était quatre et même cinq à un moment et il y a eu des problèmes de motivations et d’implications. On avait tous trente ans et certains avaient déjà des enfants. Il n’y avait pas la même implication et donc cela a fini par « clasher ».
https://www.youtube.com/watch?v=q9xkBUZLcb4
Le groupe maintenant c’est qui ?
Nous sommes trois : Vincent Travaglini à la guitare qui est l’ancien ingé son du groupe qui a basculé à la guitare et Michaël Clément le bassiste qui est là depuis le début.
Pas de batteur ?
Si, on vient de recruter ! Mais sur l’écriture de « Silent Scream » les batterie sont très soft !
La mélodies sont à la base de ta musique : tu peux les jouer seules à la guitare acoustique ?
C’est ce que je fais depuis un an, tout en continuant à jouer parallèlement en trio. J’ai remonté le groupe de façon plus personnelle, et on peut dire que je porte le projet.
Quand les conditions sont bonnes on vient en trio et sinon je fais le concert en solo. C’est 50/50.
Mais le groupe et le projet est axé autour de toi : ce sont tes chansons, tu poses seul sur la pochette, on ne voit que toi sur le clip …
C’est vrai, comme j’ai lançé la formule solo et que j’ai réalisé le disque de façon tres personnelle, j’en ai parlé avec les autres et on s’est dit que ça avait du sens de faire comme ça pour bien identifier le projet, mais pour la suite ca va changer, on reste un groupe.
Ta démarche et ton parcours m’ont beaucoup fait penser à Jean Louis Murat ?
Je connais mal pour être honnête ! J’aime beaucoup « Mustango » mais ses déclarations publiques me gênent en général, il semble assez amère ...
Tu te sens proche de qui en France ?
Piers Facini, H Burns ...
Tu n’as jamais été tenté de chanter en Français ?
Si, sur le premier EP il y a un morceau en français mais le timbre de ma voix ne collait pas : ça faisait trop chansons françaises. Je n’exclue pas de chanter en français un jour. Pour l’instant je ne suis pas prêt !
Tu as fait de grosses scènes ?
Une Dizaine de SMAC en Rhône-Alpes, quelques centres culturels, j’ai joué au Cabaret Frappé en juillet, c’est le gros festival de Grenoble … J’ai fait de grosses scènes locales et une fois à Paris aux Trois Baudets. C’est pas la folie mais je n’ai pas de tourneur, de manageur, je fais tout seul … donc ça va moins vite.
https://www.youtube.com/watch?v=oy-ZlTnxFXw
Tu es aussi très attaché à l’image ?
Oui, à l’image en tant que partenaire du son, j’y passe beaucoup de temps : je voulais quelque chose de pur et de sobre. Les visuels traduisent l’âme du projet, et sur scène on s’accompagne d’une création vidéo.
Mais tu assumes ce côté de chanteur rural ?
Bien sûr, je me suis installé il y a peu dans un chalet au milieu des champs. Avant je vivais entre la ville et la campagne, là j’ai basculé totalement dans le côté folk (rires), je quitte la ville pour continuer les pieds dans la terre :)
On parle de ton album « Silent Scream » ?
On l’a fait deux temps : d’abord dans le chalet où je m’installe. Comme il y a des ingénieurs du son dans le groupe, on a commencé comme ça. A la fin je n’étais pas content des voix et globalement je voulais refaire des choses. On a tourné pendant un an et on est retourné en studio où nous avons tout refait avec François Carle au Studio « Little Big », un mec au top tant sur le plan professionnel que humain. On avait tout le groupe plus et Adrien Virat à la batterie qui a quitté le groupe juste après parce que il changeait de vie professionnel. Je lui ai demandé de faire des batteries très sobres.
(Pochette de l’album "Silence Scream" - Droit réservé)
Ton disque ce n’est pas du rock, ce n’est pas totalement du folk : c’est un équilibre que tu as trouvé ?
J’espère ! Cela veut dire que le projet a son identité propre. Moi je pense que on fait de l’Indie Folk, une musique pervertie par plusieurs influences mais à la base c’est de la folk.
Ta musique se caractérise aussi par du dépouillement ?
C’est pour ça que je fais aussi le solo. Comme je te l’ai dit il y a plusieurs formules : solo, trio ou avec un batteur. J’ai la chance de travailler avec des musiciens qui savent se mettre au service du morceau, de la musique… et je fais pareil. On cherche plus l’élégance que la grosse prestation scénique.
D’où viennent tes textes ?
La priorité c’est la musique et les arrangements mais quand tu chantes il faut que les textes tiennent la route. Comme je parle assez mal anglais j’essaye de chanter des choses qui me touchent et de manière courte. Ce sont des sentiments, des émotions oniriques et métaphoriques. Je trouve des structures de phrases qui me plaisent bien, je mélange et j’élude autours de ça avec peu de lenteur. Si tu écoutes bien et comme tu l’as remarqué il y a beaucoup de silence.
Tu veux dire que les textes ont peu d’importance pour toi ?
Non, parce que je sais que il y a des gens qui parlent anglais qui m’écoutent mais avec le public français généralement le texte est secondaire. Ce n’est pas ce qui est sur le devant de la scène : ce n’est pas du Dylan !
Tu ne revendiques rien ?
En terme de texte non, juste la sincérité : la mort de ma grand-mère, la naissance de mon premier enfant … des chocs de vie. Rarement futile pour le coups.
Il est auto-produit ?
Oui, je mange des pates sans gruyère depuis un an (rires). Je suis intermittent et donc je ne fais que ça. J’avais bien préparé mon affaire : j’ai eu une subvention de la ville de Grenoble et pour l’instant j’ai de bons retours en presse et radios. Mon objectif maintenant c’est de trouver des concerts. J’ai quelques dates dans la région de Grenoble et j’ai une tournée prévue ne Bretagne pour l’automne.
Tu fais aussi des ciné concerts ?
Oui, c’est l’idée de re écrire la musique d’un film sur laquelle tu joues. Nous on a fait ça pour la première fois pour un festival à Grenoble : « le tympan dans l’œil ». On avait pris « Badlands » le premier long métrage de Terrence Malik, un road trip… L’idée est que on garde juste les dialogues, on enlève la musique et on rejoue la bande son. On se met sur le côté pour que les gens voient l’image. Dans le cadre de ce projet on est vraiment au service de l’image et les gens découvrent une autre bande son que celle qu’ils connaissent !
https://www.youtube.com/watch?v=yCrZHXQ-o6o
Tu vas en faire beaucoup ?
Pour l’instant on nous appelle deux à trois fois par an dans de bonnes conditions. Jusqu’à présent on a gardé le même film parce que je suis à fond sur le groupe et son organisation. Quand on sera au point on passera à autre chose que « Badlands ». On l’a joué une dizaine de fois mais c’est vraiment un « side project ». Cela nous a permis de voir que nous voulions de la vidéo sur scène pour un morceau sur deux.
Sur scène cela doit être calme ?
C’est très calme : je joue assis pour tout te dire parce que je fais aussi tambourin et grosses caisses. La version avec batteur est plus rock.
Tu ne penses pas que tu vas vers le country-folk ?
Plutôt vers l’americana !
Tu vas jouer à Paris ?
Je cherche. J’y serai pour le MAMA FESTIVAL en tant que public. Je fais tout seul et donc je n’ai pas beaucoup de temps et il me faudrait un booker. Je suis vraiment en indépendant.
Le disque est distribué en numérique.
Qu’est-ce que tu veux dire pour la fin ?
Merci d’écouter ma musique et de vous intéresser à ce projet !
Quel disque ferais tu écouter à un enfant pour l’amener vers la musique ?
Back to basics : Brassens et Beatles. On verra Radiohead et les mesures composées plus tard !
(Droit réservé)