Hermetic Delight : rencontre avec un groupe indé

mercredi 27 mai 2020, par Franco Onweb

Ils sont l’une des sensations de ce printemps : Hermetic Delight . Après plus de 10 ans à jouer un peu partout ces Strasbourgeois ont enfin sorti un premier album : « F.A Cult ». On parle ici d’un groupe qui a grandi avec cette musique indé qui faisait tellement vibrer dans les années 80 et 90. On parle d’un groupe multiculturel qui a évolué avec Wire, Joy Division ou autre Minimal Compact.

A l’écoute de leur disque, j’ai voulu en savoir plus et j’ai donc posé quelques questions à ce quartet. Leurs réponses sont juste après.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter 

Nous sommes Hermetic Delight , un groupe de 2 filles et 2 garçons. On fait de la musique qui tourne autour des mouvements populaires qu’a connu le rock, et on existe depuis 10 ans. On a quelques EPs à notre compteur et on a sorti le 22 mai notre premier album « F.A. Cult » chez October Tone Records. Le premier single s’appelle « Rockstarları », il est déjà sorti avec son clip depuis début mai.

Quels sont vos parcours musicaux respectifs ?

On est cinq sur scène : Zeynep a suivi des études supérieures de chant lyrique, Théo a étudié le clavier au conservatoire, Delphine a pris des cours de batterie pour apprendre les fondamentaux et Bob (basse) et Atef (guitare) sont autodidactes.

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(Hermetic Delight - Photo Philippe Mazzoni) 

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Delphine et Atef se sont rencontrés de façon assez classique : elle commençait la batterie, il commençait la guitare et se sont trouvés à un moment où ils avaient envie d’arrêter de jouer tout seuls. Bob et Atef se connaissaient depuis le CP. Et Zeynep, elle vivait d’abord en Turquie et elle est arrivée à Strasbourg au moment où on commençait nos premières répètes. On a évolué ensemble, aujourd’hui c’est perceptible.

Comment s’est formé le groupe ?

On considère que le groupe s’est formé en 2010 avec l’arrivée de Zeynep. Nous cherchions quelqu’un pour le chant, et lorsqu’elle a contacté le numéro de notre petite annonce, son téléphone a eu un bug et c’est avec une voix d’extraterrestre qu’elle s’est présentée !
Une fois qu’on avait la voix qu’on cherchait, on a pu avancer plus vite vers des concerts et des nouvelles compositions.

Quelles étaient vos influences au début du groupe ?

On aimait le rock ciselé de Sonic Youth , la cold wave de Bauhaus ou de Siouxsie and the Banshees , et les mélanges mélodiques et distordus de My Bloody Valentine , pour n’en citer que quelques-uns…

De quels groupes êtes-vous proches musicalement ?

Aujourd’hui, notre musique peut se rapprocher de Chromatics, Cocteau Twins ou encore Goldfrapp. On a pris un virage pop et ajouté de nouvelles textures sonores qui délivrent une ambiance plus contrastée que par le passé. On apprécie l’univers artistique d’Anna Calvi qui nous a apporté de précieux conseils. Anna Calvi est une amie de Zeynep, et Rachid Bowie (le projet dj set d’Atef) a parfois joué en première partie de la tournée de son dernier opus Hunter .

Pourquoi ce nom ?

Il y a quelques années, on était plus jeunes et on a trouvé que c’était le nom qu’il nous fallait. Il souligne la dualité de l’être. C’est aussi un mélange entre ésotérisme et rock’n roll.
On connaît tous ce sentiment étrange d’être habité par plusieurs “personnes” ; il reflète nos propres contradictions, c’est une énigme universelle.

Quelles ont été les grandes étapes du groupe ?

La sortie de notre premier EP nous a confrontés à un monde extérieur plus large que le cercle d’amis qui nous encourageait jusqu’ici. Puis la rencontre avec Charles Rowell du groupe américain Crocodiles (Atef joue de la basse dans le groupe.) Il a travaillé avec nous sur ce disque, c’est la première fois que l’on s’est entouré d’une tierce personne. Et bien sûr, sortir ce premier album est une consécration artistique.

Avez-vous fait beaucoup de concerts et lesquels ont été les plus marquants ?

On a fait de nombreux concerts, ce sont de superbes moments à conserver. Quand la connexion avec le public se produit, une atmosphère magique s’installe dans la salle et tout devient électrique. On espère bientôt revivre ce genre d’instants. Nous avions joué en première partie de Wire en 2015 à « La Laiterie » à Strasbourg, on écoutait ce groupe depuis longtemps alors ça restera un grand souvenir.

Comment cela se passe-t-il sur scène ?

Nos différentes personnalités forment un mélange très éclectique. Et même si on joue fort, l’énergie qui s’en dégage est nuancée. Certains évoquent le mot sensualité comme une invitation au plaisir des sens, au “délice hermétique”… ?! En ce moment, on élabore justement l’aspect scénique en vue de la saison prochaine.

Vous venez de sortir un premier album « F.A Cult », pouvez-vous nous le présenter ?

C’est un album cinématographique. Il invite l’auditeur à voir défiler des images, peut-être celles d’ Ennio Morricone ou de David Lynch… Une sorte d’élégance mêlée à de l’énergie brute. On s’est rapproché de la pop music et de la pop culture, et à notre façon on a cherché à la débanaliser, avec des arrangements bruitistes et une certaine idée du romantisme.

Comment et avec qui l’avez-vous réalisé ?

Charlie (Crocodiles ) est venu à Strasbourg 3 semaines pour produire l’album. Les enregistrements ont été réalisés par Atef dans notre studio de répétition. Et on a fait le mixage aux Strongroom Studios à Londres, avec Duncan Mills qui a travaillé sur la majorité des disques de Crocodiles .

Qui compose et qui écrit les textes ?

Sur cet album, Zeynep a écrit certains textes avec la collaboration d’Atef. C’était une première dans l’histoire d’HD. Et comme à l’accoutumée la plupart des instrumentaux ont été composés par Atef.

Comment peut-on se procurer vos albums ?

On sera dans les bacs et chez la plupart des disquaires indépendants et aussi sur notre site hermeticdelight.com, et celui de notre label octobertone.com. Et sur Bandcamp, bien sûr : hermeticdelight.bandcamp.com.

Quels sont vos projets sachant qu’aujourd’hui, suite à la crise sanitaire, on ne peut pas jouer sur scène ?

On ne peut pas miser sur la scène aujourd’hui, c’est vrai, mais on compte bien y retourner. Notre but à court terme est de faire exister notre album par d’autres canaux jusqu’à ce qu’on puisse le défendre en concert. On y réfléchit en ce moment…

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(Photo Philippe Mazzoni) 

Comment envisagez-vous l’avenir de la musique pour des artistes indés comme vous avec cette crise sanitaire ?

C’est avant tout les professionnels du milieu qui vont en pâtir. Les intermittents, les indépendants… Beaucoup d’indés ne gagnent de toute façon pas leur vie avec la musique. Avec les frontières qui se referment, on imagine qu’il est plus que jamais temps de favoriser les circuits courts, de miser sur les scènes locales, régionales, nationales. Par leur résilience, les indés ont une carte à jouer. Une chose est sûre, le game va changer.

Quel est votre avis sur internet et les réseaux sociaux ? Et notamment quelle utilité en avez-vous en cette période difficile et interdite aux rassemblements ?

Internet et les réseaux sociaux ont prouvé leur valeur. Ils ont permis au plus grand nombre de ne pas se sentir isolé en situation de confinement. Pour nous, c’était essentiel pour continuer à travailler en groupe, ne serait-ce que pour se réorganiser. Ce n’est pas sans défaut mais il est évident que la situation serait plus déplorable sans ces outils.

Le mot de la fin !

Solidaires !

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