Freddy Miller : Just Be Yourself ou la voie de l’élégance musicale

mardi 27 février 2024, par Franco Onweb

Il existe des petits miracles dans la musique et le deuxième album de Freddy Miller en fait partie ! « Just Be Yourself » est un petit joyau de musique « black » où le blues rejoint la Soul dans un cocktail splendide. Attention, ici on parle d’un vrai amoureux de la musique noire américaine et qui a su en perpétuer la tradition sans tomber dans le revival, qui est malheureusement le piège dans lequel sombre trop d’artistes.

Il faudrait, pour être précis, ajouter que Freddy Miller a une voie absolument splendide et que derrière lui il y a un groupe impeccable qui sait l’accompagner parfaitement sans en rajouter. Bref, l’ancien chanteur des Shake your Hips, a trouvé une formule magique, à la fois élégante et excitante. L’écoute du disque m’avait emballée et j’ai donc décidé de contacter Freddy Miller pour en savoir un peu plus.

Peux-tu te présenter et comment cet amour de la musique noire est venue ?

Je suis Freddy Miller. Je suis un peu connu pour chanter du blues, de la Soul et des musiques noires. J’ai eu la chance d’avoir un père qui m’a élevé aux Beatles mais aussi à des musiques noires américaines comme Georges Benson, Ray Charles, Otis Redding… Beaucoup d’influences que les gens de ma génération ont vu apparaître dans les radios libres. Grâce à ça, notre spectre musical s’est ouvert. A l’époque c’était révolutionnaire. Comme ça j’ai pu découvrir le reggae, le funk… Mes influences sont multiples mais mes amours un peu moins !

Freddy Miller
Crédit : Alain Hiot

Tu as passé 10 ans dans le groupe « Shake Your Hips », qui a été connu dans le circuit blues ?

J’ai un parcours atypique puisque j’ai commencé à chanter à 35 ans dans un sous-sol, chez des potes en région parisienne où j’étais invité à m’amuser avec eux. Un type présent a été interpellé par ma voix et il m’a fait rencontrer des gens qui montaient un groupe de blues. Ils m’ont auditionné et dès la première écoute, ils m’ont recruté. Je suis passé, presque instantanément, de la cave à la scène puisque j’ai fait mon premier concert avec ce groupe, « Shake Your Hips ». On a joué 10 ans. On a eu pas mal de belles aventures puisqu’on a gagné les Tremplins les plus importants de blues comme « Blues sur Seine »… On a fait une tournée au Canada, on a représenté la France à l’International Blues Challenge à Memphis. On a sorti deux albums et on préparait le troisième quand on s’est séparé. C’est là que j’ai eu envie de continuer l’aventure musicale et j’ai monté cette formation, qui porte mon nom, depuis 2015 !

Il n’y a pas eu de changement musical brutal ?

Non, pas vraiment « Shake your Hips » était vraiment du pur Memphis blues. Là, je suis sur quelque chose de différent. Mon premier album « My Blues » a bien marché, il a été élu parmi les meilleurs albums de Blues de 2017 par « Blues Magazine ». Il y avait une volonté de continuer ces influences très blues alors que sur le nouvel album, il suffit d’écouter dès les premières notes que c’est complètement différent. C’est une musique plus teintée de Blues, de Soul et de Rythm’n Blues… C’est ce qu’on aime Chris Bertin, mon batteur qui a composé plus de 80% de l’album, et moi. Cela tourne vraiment autour de nos différentes influences.

Quand j’ai écouté ton disque, j’ai trouvé que c’était de la Soul !

(Rires) Tu n’es pas loin de la vérité (rires). J’ai des gens qui y trouvent du Blues, d’autres de la Soul ! Mais c’est vrai il y a beaucoup de Soul dedans, certainement parce que c’est ce que nous écoutons le plus en ce moment. C’est la musique qu’on aime et le titre de l’album « Just be yourself » , qui est un texte de l’album que j’ai écrit pour mon fils, résume bien mon état d’esprit « sois toi-même », faisons la musique que l’on aime et pas seulement du blues.

Ce n’est pas une progression naturelle par rapport à ta voix ?

Je suis proche des musiques Souls, j’ai rencontré le blues en 2005, quand les gens qui montaient « Shake Your Hips » sont venus me chercher mais avant j’écoutais surtout de la Soul. Quand je partais en vacances avec mon père en vacances à l’Île d’Oléron, dès que nous arrivions, il mettait la musique de George Benson et moi j’avais « Give me the Night » dans les oreilles ! Merci à lui de m’avoir fait découvrir des artistes comme Sam Cooke, Otis Redding et Ray Charles. J’adore ces artistes, ces voix noires Nord-Américaines. Une des chansons de l’album « One more Star » s’adresse à un de ces chanteurs américains à belle voix : Dale Blade.

Le Freddy Miller Band en concert
Crédit : Alain Hiot

Il y a presque le côté spirituel de la Soul ?

Je n’ai pas eu la volonté de faire quelque chose de spirituel mais il en ressort de la spiritualité parce que nous y avons mis beaucoup de nous, de notre âme… Ce que nous racontons, ce sont des vraies histoires : on s’adresse à chaque fois à nos chéries, à nos ex, à nos enfants, à nos parents… On ne l’a pas fait consciemment, mais inconsciemment il y a de la spiritualité dans cet album !

J’ai lu aussi que de temps en temps tu te réclamait du rock ?

Non, mais sur scène j’ai quelques des reprises qui sont un peu plus rock. C’était aussi un peu visible sur le premier album avec quelques morceaux. Maintenant sur ce disque je ne dirai pas qu’il y en a. C’est un mélange de Blues, de Soul et de Rythm’n Blues.

Ta voix peut rappeler des gens comme Éric Burdon ou Van Morrison ?

J’ai la chance d’avoir cette voix qui, effectivement, fait passer des émotions. Je ne me doutais pas que le chant sur scène pouvait ressembler à ça ! J’ai compris que l’on pouvait faire passer et surtout recevoir des émotions ! C’est ça qui est incroyable !

C’est un album aussi très intimiste, qui s’écoute calmement !

Oui, je comprends ça parce qu’on y a vraiment mis beaucoup de nous dedans. J’ai tenu absolument à avoir 2 choristes et deux cuivres sur le disque alors qu’à la base nous sommes six. J’ai voulu que l’on retrouve sur scène la formation de l’album ! Le disque prend une autre dimension sur scène.

Tu l’as fait où l’album et avec qui ?

On l’a enregistré à « la Boîte à Meuh » dans la Sarthe, un studio parfait pour un petit groupe comme nous : une qualité de travail impeccable. Il a été mixé par Nicolas Machet, qui a su nous écouter. On a eu la chance que Mickaël Rangeard a masterisé l’album. On a eu la joie qu’il accepte de travailler avec nous parce que c’est quelqu’un qui a travaillé avec Iggy Pop ou encore Jean Louis Aubert entre autres !

Comment cela se passe avec Christophe Bertin qui co-compose l’album ?

Ah, Christophe c’est quelqu’un qui est assez incroyable : il joue de tous les instruments ! Pour quelqu’un comme moi pour qui la musique est arrivée assez tard dans ma vie et qui n’a qu’une voix, c’est remarquable d’avoir Christophe à mes côtés. Quand j’ai une idée, je la chante sur mon téléphone et Christophe Bertin est capable de la mettre en forme. Il peut jouer de la basse, trouver un riff de guitare, se mettre aux claviers . Voilà comment cela se passe.

C’est lui qui met en place ?

Oui, sur cet album on a retenu beaucoup de ses idées et de ses chansons. Je dis-nous, parce que je ne suis pas seul dans le groupe : c’est 10 musiciens maintenant. Les choristes, par exemple, ont créé toute la partie chœur de l’album. Nico le deuxième sax alto, a composé les parties cuivres de l’album… Le résultat est une expérience humaine et musicale ! Mais la majorité des idées viennent de Christophe à la base.

Sur scène vous êtes 10 ?

On est six, huit ou dix (rires) suivant le budget et la place sur scène.

En concert
Crédit : Alain Hiot

Vous avez beaucoup joué depuis 2015, c’est quoi la suite ?

On va essayer d’aller chercher de bonnes dates et des festivals où nous avons envie de jouer. On ne vit pas de la musique : on évolue dans le mieux pro mais on a un métier à côté comme Didier Wampas (rires). On va faire plus de dates bien sûr mais sans forcer. On a de bons retours avec ce disque et on veut juste partir le weekend pour faire des bons concerts. Ce qui me rend le plus heureux c’est que ce groupe est avant tout une expérience humaine !

Ce n’est pas compliqué de se retrouver dans des festivals de Blues face à public assez puriste et vous, vous jouez presque de la Soul ?

Non, parce que ma couleur vocale semble plaire aux amateurs de Blues et de Soul ! Bien sûr il y aura toujours des puristes mais on essaye de faire les choses bien et en plus on fait des reprises où ce public se retrouve. Ce mélange peut moins convenir à certains puristes mais la grande majorité des amateurs de Blues aime ça !

Ton disque a une vraie personnalité !

C’est ce qu’on veut : on invente rien, mais quand tu viens nous voir en Live, nous proposons quelque chose que tu n’entendras, et ne verras pas autre part !

Vous allez jouer à l’étranger ?

C’est en projet, j’aimerais beaucoup notamment le Canada ou l’Angleterre. Je n’avais pas fait les démarches pour, mais l’album peut nous ouvrir des portes. On a vraiment quelque chose d’original à proposer !

Ça vient d’où cette originalité ?

(Silence) De ma sincérité ! Plus jeune j’étais, comme beaucoup de monde, dans un rôle et maintenant je veux juste être moi-même. Quand on me découvre, c’est à prendre ou à laisser. Je suis la même personne dans mon boulot, que dans la vie de tous les jours et à la scène !

Vous pourriez tourner dans un réseau Jazz ?

Peut-être, en tout cas, je ne me suis pas posé la question. Je ne connais pas bien ce réseau et cette musique. Je l’ai rencontrée un jour en prenant une grosse claque quand j’ai vu en pleine nuit un concert de Michel Petrucciani ! Mais je serais ravie de tourner dans ce réseau.

Certains jazzmen, comme Miles Davies, peuvent rentrer dans ta « famille » !

Tu as beaucoup de festivals de jazz qui s’ouvrent à d’autres musiques et on va essayer d’aller y jouer parce que j’ai l’impression qu’il se passe quelque chose autour de notre musique et de cet album. Cela dépasse le Blues et cela va nous ouvrir d’autres portes comme le jazz ou les musiques du monde ! Ce sera un vrai bonheur !

Le mot de la fin !

Aller nous découvrir sur notre site, allez nous voir en Live et surtout prenez du bon temps en nous écoutant !

https://freddymiller.fr/