Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Lisa : Ça fait bien longtemps que les Double Françoise et Popincourt se connaissent, mais je ne sais plus exactement quand. Max ?
Maxence : On s’est d’abord connu parce qu’on partageait l’affiche d’un concert : moi jouant avec mon ancien groupe (Modern TanzMusic), et Olivier accompagnant Perio. C’était il y a près de 20 ans. Olivier avait accroché à la musique du groupe. Un lien s’était créé. Comprenant mes goûts, Olivier m’avait gentiment envoyé une compilation de Library music gravée par ses soins (on trouvait tout ça moins facilement à l’époque). Ensuite il s’est passé tout un moment sans contact, et puis par les chemins des réseaux sociaux, on s’est retrouvés, à peu près au moment où Olivier a commencé sous le nom de Popincourt.
Lisa : Double Françoise a joué en première partie de Popincourt à Bagnolet il y a quelques années. Et on s’est retrouvés aussi lors de la release party d’une compilation pop sur laquelle on avait donné chacun un morceau (It’s a Deluxe World, Martyrs Of Pop, 2023). On est en contact à distance, et puis de temps en temps on a des occasions de se voir.
Comment est née l’idée de ce 45t ?
Lisa : C’est Olivier qui nous l’a proposé. Il avait une compo composée pour son album précédent, et finalement pas utilisée ; c’était une sorte de bossa lente, et il s’est dit que ça pourrait être l’occasion de faire une collab avec nous. On a aimé la compo, et on aime Olivier, alors forcément, on a dit oui.
Qui a écrit le morceau ?
Lisa : J’ai écrit des paroles sur la compo d’Olivier. Max a fait des arrangements. Une version bossa lente, et une version pop plus enlevée.
Max : En écoutant la démo d’Olivier, j’ai tout de suite pensé que cette mélodie, en version plus rapide, serait super pop et catchy, dans la veine de la pop sixties inspirée par la bossa, les Bacharach, Jimmy Webb et compagnie. Alors j’ai eu envie de réaliser aussi cette version. C’est là qu’est née l’idée d’un 45 tours avec une version sur chaque face.
Pensiez-vous que vos deux styles se marieraient facilement ?
Lisa : Absolument. Aucun doute. Quand une compo est bonne, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?
Max : Oui, parce qu’Olivier avait déjà mis un peu de français sur un de ses albums, habituellement en anglais. On avait trouvé que ça marchait très bien, et puis de toute façon il y avait le côté bossa de sa démo initiale qui nous reliait. On ne partage pas entièrement toutes les mêmes obsessions musicales qu’Olivier, mais il est évident depuis notre première rencontre qu’on en a pas mal en commun.
N’était-ce pas dangereux pour vous, sachant que ce genre de « mariage musical » est généralement « périlleux » artistiquement ?
Lisa : Ah bon. Bah écoute : même pas peur ! On a déjà fait des collab (entre autres avec Gilles François de French Boutik, et avec le crooner américain Ryan DeHues) ; une collab c’est toujours un enrichissement, aussi bien humainement que musicalement, c’est toujours du plus, jamais du moins. Et puis moi j’ai tellement confiance dans le talent de Maxence pour habiller la chose que je n’ai pas peur une seconde quant au résultat.
Max : Il y a toujours une part de "danger" dans une collaboration. Les Sparks, dont j’apprécie l’humour et parfois la musique avaient sorti un album en collaboration avec Franz Ferdinand. Un des morceaux s’appelait "Collaborations don’t work", ha ha.
Au début on peut se demander où le projet va aller, mais si les rôles sont assez clairs, comme dans notre cas, ça peut donner des résultats intéressants. Sur la version pop, la guitare électrique d’Olivier a donné une touche rock qui démarque le morceau du côté Bacharach & Co. Bon, il y a aussi la boîte à rythme et un synthé un peu minimaliste, c’est mon côté Kraftwerk. Il y a aussi un aspect moteur dans cette collab’, car Olivier est quelqu’un d’organisé qui ne perd pas le fil du projet.
Pourquoi ce titre « Tes samedis » ?
Lisa : Parce que c’était ce que j’avais envie de dire à ce moment-là. Mes paroles sont transparentes, il n’y pas de code secret, ça dit exactement ce que ça dit. Leur légèreté est délibérée, c’est un antidépresseur (comme souvent la pop). Je vis en province, à la campagne, et je rêve de Paris. Parce que c’est Paris, et parce que c’est là qu’il vit. Un ami m’a un jour surnommée « la Bovary du Poitou », ce qui m’avait blessée à l’époque. Mais avec le recul, force m’est de constater qu’il avait raison. Cela dit, je ne désespère pas de réussir à changer de roman avant l’issue fatale.
Qui a fait quoi (instruments, production…) ?
Paroles : Elisabeth Jutel
Musique : Popincourt
Arrangements, réalisation, mixage, mastering : Maxence Jutel
Lisa : Chant
Maxence : Guitare nylon, choeurs, Fender Rhodes, orgue Philicorda, synthé, basse, contre-basse électrique, shaker, cymbale ride, boîte à rythme
Popincourt : Guitare électrique, Wurlitzer
Il sort quand et chez qui ce 45t ?
Lisa : Le single dans ses deux versions sort en digital (distribution Freaksville) sur toutes les plateformes le 5 juin 2024 ( https://ffm.to/dfpo ), et en 45 tours dans la foulée. Les disques seront disponibles le 3 juillet.
Comment se le procurer ?
Lisa : En le commandant en ligne à partir du 5 juin sur le Bandcamp de Double Françoise @Freaksville : https://doublefrancoise.bandcamp.com/
Peut-on espérer une suite commune sur un format plus long ou même des participations à vos projets respectifs ?
Lisa : Ce serait cool d’avoir un projet commun une fois tous les… je ne sais pas à quel rythme. Tous les deux ans ? La biennale pop ? En attendant, Double Françoise comme Popincourt ont leurs projets respectifs à nourrir.
Y aura-t-il un ou des concerts en commun ?
Lisa : Ce serait super ! Si des salles ou organisateurs passent par ici : n’hésitez pas à nous appeler.
Que diriez-vous pour convaincre les programmateurs de radio et les journalistes de vous diffuser ou vous chroniquer ?
Lisa : Je leur dirais d’écouter le single, tout en lisant ce qu’en a écrit Mathieu David Blackbird (de la revue Persona)
« (…) L’épatant duo Double Françoise, alliance de Maxence Jutel – musicien, arrangeur et producteur de première – et de son épouse Elisabeth – délicate émule de Françoise Hardy et d’Astrud Gilberto – conjugue ici son talent à celui de l’éminent Popincourt – fils tout à fait légitime de Paul Weller et de Joe Jackson et responsable d’une triplette d’albums de haute volée dans lesquels la nostalgie de ce qui fut et ne reviendra plus le dispute toujours à l’envie d’en découdre.
A marriage made in heaven, pour résumer – et qu’ils soient trois importe peu.
Une basse élastique et une contrebasse électrique convoquent une féérie de Rhodes, de Wurlitzer et de Philicorda pour soutenir des chœurs parfaits ainsi qu’un chant gracile et délicieusement mutin évoquant le doux souvenir d’un pluvieux – mais manifestement exaltant – samedi parisien. (…) »
Le mot de la fin !
Lisa : Vive la République ! Vive la Pop !
Max : "C’est tout pour aujourd’hui !" (disaient les Shadoks)